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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 10:38


Le 1er décembre les partis socialistes et sociaux-démocrates européens ont adopté à Madrid le Manifesto du PSE.

 
Les socialistes ont immédiatement présenté ce texte comme une avancée de gauche :

- « Le Manifesto ne se contente pas de quelques mesures de régulation face à la crise » 
- « il propose aux Européens l'espoir d'un nouveau modèle dans lequel l'économique prend le pas sur le financier »
  
- « Il propose de nombreuses solutions concrètes en faveur de l'Europe sociale » (Martine Aubry le 1er décembre 2008)

- «Avec le "manifesto"  qui prévoit un revenu minimum européen, on peut sans complexe faire une campagne de gauche sur l'Europe» (Razzy Hammadi, proche de Benoît Hamon, dans Libération 15 janvier 2009)

 

Cela restait à vérifier concrètement, d’autant que le fameux Manifesto n’a d’abord été disponible qu’en anglais.

Une traduction française, présentée alors comme « provisoire » n’est apparue sur les sites socialistes qu’entre les fêtes de fin d’année, c'est-à-dire plus d’un mois après. Cette traduction réserve d’énormes surprises car elle déforme lourdement le texte original du Manifesto en inventant parfois de toutes pièces certaines formulations sociales et plus à gauche. Depuis la mi-janvier, nouvelle entourloupe, la traduction française diffusée en ligne n’est d’ailleurs même plus présentée comme « provisoire » …

 

Les plus gros mensonges de la traduction française du Manifesto :

 

·       là où le Manifesto se réclame de l’action des « partis progressistes de gauche et de centre-gauche au pouvoir », la traduction française escamote le « centre gauche » et ne parle que de « partis de gauche »

·       là où le Manifesto appelle à « tirer le meilleur profit des opportunités qu’offre la mondialisation » comme le ferait n’importe quel libéral, la traduction française fait l’impasse sur la « mondialisation » et parle juste de « saisir les possibilités nouvelles d’un monde ouvert »

·       là où le Manifesto écrit de manière très générale et floue que  « le processus de libéralisation doit être évalué », la traduction française affirme que « les politiques de libéralisation déjà adoptées doivent faire l’objet d’une évaluation sociale », ce qui n’est plus du tout la même chose.

·       là où le Manifesto défend « des salaires minimum décents dans tous les Etats-membres », la traduction française propose « l’établissement d’un salaire minimum décent dans tous les Etats membres » … On fait ainsi croire que le Manifesto propose un salaire minimum européen, alors que ce n’est nullement le cas !

·       là où le Manifesto  propose de « travailler à promouvoir des horaires de travail décents », la traduction française prétend carrément « agir pour la fixation d’une durée maximale de travail décente », ce qui à nouveau n’est absolument pas la même proposition.

 

 

Quelques autres mesures libérales et atlantistes du Manifesto :


- « il faut parachever le marché intérieur européen  – et réduire les formalités imposées aux entreprises »

- « construire un partenariat transatlantique fort »

- « La nouvelle initiative européenne de défense doit être développée en coordination avec l’Otan »

L’alignement sur le Traité de Lisbonne contre l’avis des peuples

 

Le Manifesto du PSE défend « l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne », alors même que le peuple irlandais l’a rejeté par référendum et que les peuples français et hollandais avait déjà rejeté sa copie conforme la Constitution européenne.

 

 

Quelques citations ...

 

n François Hollande le 21 octobre 2008 sur RTL : « quand nos engagements européens sont en cause, il n'y a plus de clivages politiques qui demeurent ».

 

n Martine Aubry lors du point de presse au Conseil national du PS le 25 novembre 2008 : « L’Europe est un projet pour la gauche en soi »

 

n Jacques Delors en 1992 quelques jours avant le référendum sur Maastricht : « Votez oui à Maastricht, et on se remettra au travail tout de suite sur l'Europe sociale »

 

 

 

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commentaires

H
 Seuls 20 des 27 pays de l'Union ont un salaire minimum légal national. Sept pays n'en ont pas : Allemagne, Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie, Suède. Dans ces pays, existent en revanche des dispositifs conventionnels négociés par branche d'activité.<br /> En Autriche, par exemple, le salaire minimum négocié dans l'industrie est traditionnellement élevé (les écarts de salaire y sont plus faibles qu'en France). Dans certaines branches de l'industrie, il s'élève à plus de 80% du salaire moyen de la branche. Il en va de même en Suède.<br /> Par précaution, il est donc sage de demander « un salaire minimum européen égal au minimum à 60% du salaire moyen de chaque pays ». C'est ce que demande le Front de gauche<br /> Cela contribuerait à la fois :- à augmenter les bas salaires dans chaque pays ;- à réduire les inégalités à l'intérieur de chaque pays ;- à réduire quelque peu les pressions en faveur des délocalisations à l'intérieur de l'Union, puisque les pays de l'Europe centrale et orientale (PECO) comptent plutôt parmi ceux qui sont les plus éloignés de la norme.<br />  Mais il faut un salaire européen minimum, par référence au salaire moyen et non au salaire médian<br /> Le salaire médian (celui qui sépare la population en deux : 50 % touchent plus et 50 % touchent mois) est, par construction, toujours inférieur au salaire moyen. La revendication d'un Smic européen à 60 % n'a de sens qui si on fait référence au salaire moyen et surtout pas au salaire médian.<br /> Et cela pour deux raisons au moins: * dans le calcul du salaire moyen, les hauts salaires sont pris en compte (ils tirent le salaire moyen à la hausse), ce qui n'est pas le cas avec le salaire médian. Dit autrement, une hausse des hauts salaires augmente le salaire moyen (et donc le Smic si on le réfère à celui-ci) alors qu'il n'augmente pas le salaire médian *  très concrètement le salaire net moyen en France est aujourd'hui de l'ordre de 2000 euros (cf. ci-dessous), ce qui donne, avec le critère 60%, un Smic à 1200 nets, alors que le salaire médian net est de l'ordre de 1600 euro, ce qui donne, avec le même critère, un Smic à 960 euros nets... soit moins que ce qu'il est actuellement en France (1037,53 € le 1er juillet 2008) !<br /> Or, les revendications du PS sont sur le salaire médian et non sur le salaire moyen<br /> Le Manifesto qui est le texte commun aux partis socialistes et socio-démocrates ET de centre-gauche,  se contente de la formule suivante :proposition n°16."Nous proposons un Accord européen sur les salaires, garantissant un salaire égal à travail égal et prévoyant l'établissement d'un salaire minimum décent dans tous les États membres, soit par la loi, soit par la négociation collective".Le PS a essayé de concrétiser le contenu du Manifesto et cela donne en effet le salaire minimum à 60% du salaire médian !Ainsi, la résolution du conseil national du PS du 28 février (adoptée à la quasi unanimité !), affirme-t-elle:"Des salaires minimaux dans tous les États membres, qui pour nous devraient atteindre 60% du salaire médian de chacun des pays, étape vers un salaire minimum européen"<br /> Le PS propose donc de baisser considérablement le coût du travail en France !!!<br /> Un Smic à 60% du salaire moyen cela donne en France un Smic mensuel à 1200 euros nets ; mais il faut être précis sur ce dont on parle<br /> Le salaire net moyen en France est de l'ordre de 2000 euros pour les salariés à temps complet et si du moins on prend en compte l'ensemble des primes (dont celles liées à l'intéressement et à la participation).<br /> Sur cette base, le critère du Smic à 60% du salaire moyen donne un Smic net mensuel (pour un temps plein) de 1200 nets et 1600 euros bruts. C'est mieux que son niveau actuel (1037,53 € depuis le 1er juillet 2008). Cela représente une hausse de l'ordre de 150 euros nets, soit +15%, ce qui est à la fois non négligeable et loin d'être exorbitant.<br />  <br />  <br /> <br /> <br /> Répondre au commentaire <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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H
La question de Matthieu sur la possibilité d'un salaire minimum en Europe est une question pertinante: est-ce possible compte-tenu des différences de niveau de vie et de salaire, particulièrement avec les 1à entrants nouveaux, les pays de l'Est européen?L'Union a mis en place l'Euro, la monnaie UNIQUE de l'Europe, à partir de critères ( dits de "convergeance") et avec un calendrier ( les 2 furent d'ailleurs très stricts)Pourquoi ne pas se fixer une démarche identique d'objectif d'un salaire minimum européen, avec une démarche progressive là aussiMais cela exige de révisrr les Traités européens, à commencer par celui de Maastricht, qui ne prévoit pas de politique sociale européenne. Le Conseil européen PEUT, par décision unanime, prescrire des directives sociales, mais les politiques sociales restent du domaine des Etats nationaux. Cependant la méthode européenne (MOC) de convergeance des législations pourrait tout de même permettre une telle évolution, qui passe aussi par les luttes des salariés de ces pays pour promouvoir de meilleurs salaires ( voir la grève des salariés de la filiale roumaine, Dacia, de RenaultMais, sur le fonds, il faut remettre en cause ces Traités européens de Maastricht à Lisbonne, pour décider d'une harmonisation sociele ( et fiscale) par le haut. D'où l'intérêt de soutenir le ... Front de gauche qui préconise cette démarche, alors que l'UMP et le Modem, mais aussi le PS et les Verts et leurs alliés soutiennent ces Traités ultra libéraux. Mais le débat est loin d'être épuiséEn fait l'Union européenne, OUI, mais pour faire quelle politique: de concurrence entre pays, salariés, systèmes fiscaux nationaux, OU BIEN europe de la coopération, du progrès social, d'un développement autre, écologique, durable?C'est ce débat que beaucoup tentent d'escamoter, et que les grands médias explusent. C'esy t'y pas mieux de parler pendant 10 jours de Ségolène: ira-t-elle ou pas à Rézé avec Martine!!!???
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R
Bonsoir,Je découvre votre blog, et j'apprécie tout particulièrement votre article qui est un très bon argument de campagne afin de faire ouvrir les yeux sur le double discours du PS/PSE. En tout cas félicitations pour cette article.Pour répondre au commentaire précédent, oui la GUE ( et non la "gae" ;) ) possède un texte commun. Il s'agit du manifeste de la gauche européenne, tu peux le retrouver sur la site du PGE: www.european-left.orgFraternellement,Renaud, mjcf82
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M
Merci Henri pour cette mise au point sur le manifesto et sa traduction.J'ai une question sur la notion de salaire minimum: est ce que l'on peut proposer dans l'europe actuelle, un seul salaire minimum alors que les niveaux de vie sont très différents, c'est peut être l'idée de la phrase mal traduite ?. On peut très bien imaginer un seul salaire minimum qui soit l'objectif avec une couverture équivalente. Se fixer des objectifs sociaux sur le mieux portant c'est un vrai challenge pour l'europe. Tirer vers le haut et non vers le bas comme aujourd'hui.Dans tous les cas je trouve que l'idée d'un texte commun pour un groupe au niveau européen est une bonne idée. Existe t'il la même chose pour le groupe GAE (dont fait partie le front de Gauche) ?. Est ce que le manifeste Utopia n'est pas un bonne objectif ?.Au plaisir de te laire.PS: une petite coquille sur une date au début je pense que c'est plutôt 1er décembre 2008 et pas 2009
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
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