François Fillon a annoncé le 6 Mai un plan d’austérité marqué par le gel, en valeur, des dépenses de l’État, de 2011 à 2013. Cela représente, selon certains experts, une baisse de 50 milliards d’euros en rythme annuel, selon les calculs de J. Attali. Au tour des retraites maintenant ?
Avec cette annonce le gouvernement à lever le voile sur le plan d’austérité qu’il entend imposer aux Français et qu’il concocte depuis des mois, instillant progressivement certaines de ses dispositions (réforme de l’hôpital, baisse du nombre de fonctionnaires), en préparant d’autres (retraites, collectivités territoriales).
Que signifie ce gel en valeur?
° Jusqu'alors, avec Sarkozy, les dépenses de l’État augmentaient comme l’inflation chaque année.
° Avec le gel, elles resteraient d’un même montant d’une année sur l’autre. Ainsi, leur pouvoir d’achat, leur valeur réelle serait amputé par la hausse des prix. Cela représenterait une baisse de 10% en 3 ans!!!
Le programme de stabilité de la France 2010-2013 , qui correspond aux engagements de la France vis-à-vis de la Commission de Bruxelles afin d’en revenir aux règles du pacte de stabilité européen, table sur une augmentation des prix à la consommation de 1,5 % en 2011, 1,75 % en 2012, et autant en 2013. Chacune de ces années, les dépenses de l’État devraient donc être érodées d’autant.
Qui va en payer les pots cassés?
° La poursuite de la politique de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d’État est confirmée.
° Les aides économiques (à la construction de logements…), à l’emploi (contrats aidés…) et les aides sociales (aide au logement, allocation adulte handicapé…) seront soumises à « un réexamen », avertit aussi le premier ministre.
° Les niches fiscales, qui coûtent 37,49 milliards d’euros à l’État, sont particulièrement pointées du doigt par la droite au pouvoir. Parmi elles figurent le crédit d’impôt recherche (4 milliards), le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (2,9 milliards), ou encore l’abattement de 10 % sur le montant des pensions et des retraites (2,67 milliards).
"On peut deviner sur qui tombera le couperet et l’on peut préjuger que cette agitation autour des niches vise à dissimuler le véritable « chien » à qui l’on veut s’en prendre : le citoyen de base qui vit de son travail" écrit Pierre Ivorra, dans l'Humanité du 7 Mai.
La véritable raison
° Comme ils en ont pris l’engagement auprès de l’Allemagne, l’Élysée et Matignon entendent ramener le déficit public à moins de 3 % en 2013. Cet objectif est présenté comme indispensable pour permettre à l’Europe de sortir de la crise qui la déstabilise, et à l’euro de se refaire une santé.
° Le véritable motif a en fait été révélé par le premier ministre,le 5 Mai, lors de son intervention sur TF1. « La France est à l’heure actuelle avec l’Allemagne la meilleure signature en Europe et nous devons tout faire pour conserver cette signature. »
Qui donc valide cette signature? Les agences de notation, c’est-à-dire les entreprises chargées par les marchés financiers, les banques, de déterminer la capacité des États à rembourser leurs dettes. Nous sommes bien à la remorque des "marchés financiers", des spéculateurs de tout poil. L'actuelle construction européenne, en interdisant à la Banque Centrale Européenne de faire des crédits aux Etats ( qui prête aux banques commmerciales à un taux de 1%!), pousse ces Etats à emprunter aux mêmes marchés financiers, à 5% et plus, faisant des Etats des "vaches à lait" pour ces spéculateurs.
Le plan d’austérité: une réponse aux exigences des "marchés financiers "
Ainsi, le gouvernement français se plie à leurs desiderata dans l’espoir qu’ils continueront à financer la dette publique du pays.
Le scandale tient, notamment, au fait que cette dette publique a gonflé sensiblement en peu de temps parce que ce même gouvernement français a dû voler au secours des banques et des marchés financiers qui, en 2008, se sont effondrés.
Retraites: l'austérité risque de guider la "réforme"
Réduire les dépenses sociales, c'est la "variable d'ajustement" pour réduire les "déficits budgétaires". Les retraites ... coûtent cher, nous dit-on à longueur d'onde! De là à ce que le gouvernement décréte des mesures qui augmentent la durée de cotisation, l'âge légal du droit à prendre sa retraite, il n'y a qu'un pas.
Les "fuites" distillées montrent la voie!
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