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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 07:33

Le gouvernement vient d’adresser aux syndicats et au patronat son « Document d’orientation sur la réforme des retraites » ( voir texte complet).

 Il persiste et signe dans son intention d’aggraver encore les conditions de travail des salariés et celles dans lesquelles ils pourront prendre leur retraite. Trois dimensions caractérisent ce projet : le gouvernement ment, il manipule l’opinion et il fait preuve d’une mauvaise foi sans pareille.

 

Mensonges

Le gouvernement affirme que « la véritable cause du déséquilibre de nos régimes de retraites est la démographie ».

C’est doublement faux.

-  Le Conseil d’orientation des retraites a indiqué dans son rapport d’avril 2010 que la principale raison de l’aggravation des déficits sociaux était la crise financière : en 2006, donc avant la crise, le déficit de l’ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d’euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010.

- D’autre part, l’allongement de l’espérance de vie ne devient une catastrophe que si on refuse de mettre en débat la richesse produite, sa nature, son évolution et la manière dont elle est répartie.

 

Manipulations

Le gouvernement affirme s’engager à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage ». Or, prétendre inciter les salariés à travailler plus longtemps, que ce soit en reculant l’âge légal de la retraite ou en augmentant la durée de cotisation, entraîne inéluctablement une baisse du niveau des pensions, malgré tous les serments qui prétendent le contraire. C’est déjà le résultat des contre-réformes de 1993 et de 2003, ce sera le cas avec celle de 2010 si elle est effective.

Alors que le chômage continue d’augmenter, le travail forcé des seniors se substituera à l’emploi des jeunes. Le « travailler plus » des uns se traduira par l’exclusion et la précarité des autres, jeunes, femmes, non diplômés. La reconnaissance de la pénibilité du travail semble se limiter pour le gouvernement aux salariés déjà « cassés » par leur travail, qu’on ne contraindra (peut-être) pas à travailler plus longtemps…

Toute alternative au « travailler plus » est a priori exclue sans possibilité de discussion : toute augmentation des cotisations est interdite. On nous dit que les déficits des régimes de retraite se chiffreront par dizaines de milliards d’euros, voire plus de 100 milliards en 2050 : mais on refuse d’accompagner l’évolution démographique par une augmentation des cotisations au fur et à mesure que la richesse s’accroît. Pourtant la seule application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, le régime général de la Sécurité sociale.

Quant à la « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal », elle restera largement symbolique au regard des sommes nécessaires. Le flou règne sur ces nouveaux financements, mais le choix de reculer l’âge légal de la retraite et/ou de rallonger la durée de cotisation est présenté comme ferme et définitif.

 

Mauvaise foi

Le gouvernement réaffirme l’impératif de solidarité et sa confiance dans le système par répartition. Mais il organise en même temps la baisse inéluctable du niveau des pensions parce que de moins en moins de salariés pourront satisfaire aux nouvelles obligations de travailler plus longtemps.

Il ouvre ainsi la voie à tous ceux qui, comme le Medef ou les compagnies d’assurance, veulent élargir le champ des retraites complémentaires par capitalisation auxquelles pourront souscrire les titulaires de hauts revenus ou de hauts salaires. Les inégalités sociales en seront encore aggravées, dans la société et au sein même du salariat.

Loin de consolider la solidarité du système par répartition, le document gouvernemental met au programme des prochaines années une « réforme systémique » pour transformer notre système en un système « par points » ou « par comptes notionnels ». Le Conseil d’orientation des retraites, dans son rapport de janvier, a montré comment une logique individualiste viderait alors de tout son sens le système par répartition. Les pensions seraient calquées sur les contributions personnelles de chaque salarié cotisant : adieu au principe de solidarité qui inspire les fondements de la Sécurité sociale. Alors même que – comme le reconnaît le Conseil d’orientation des retraites - cette réforme systémique n’aurait aucune efficacité face à un choc économique ou démographique.

La logique profonde de la réforme annoncée des retraites n’est donc pas de préserver la solidarité mais au contraire de rassurer les marchés financiers : à l’image de ce qui se passe en Grèce, en Espagne et maintenant partout en Europe, le gouvernement veut montrer sa détermination à faire payer la réduction des déficits publics aux salariés et à la population, en laissant intacts les revenus et le pouvoir de la finance.(...)

   

Attac France

 

document d-orientation du Gouvernement[1] document d-orientation du Gouvernement[1]   : texte complet

 

     ° sur ce blog une analyse des propositions du Parti Socialiste du 19/5/ 10

 

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 Financer les retraites à 60 ans :

            tout à fait possible, sauf pour le patronat vorace.

 

Pour celles et ceux qui ne seraient pas encore convaincus de la possibilité d'assurer le financement d'une retraite à 60 ans à taux plein pour tous, je vous joins un extrait d'un entretien de Bernard Friot (dont je vous conseille l'excellent bouquin qui vient de sortir "L'enjeu des retraites" Ed La Dispute), Professeur de Sociologie à l’Université de Paris Ouest Nanterre, avec JP Duparc, journaliste :

" L’arithmétique de Madame Parisot est à la fois ridicule et scandaleuse. Ridicule : en disant que nous ne pourrons pas assumer un retraité pour un actif en 2050 alors que nous en assumons un pour deux actifs aujourd’hui, c’est comme si elle avait dit en 1900 : les paysans vont passer de 30% à 3% de la population, la famine en 2000 est arithmétique.

 Le PIB augmente, en moyenne séculaire, de 1,6 % par an, c’est-à-dire qu’il double en monnaie constante tous les 40 ans.

-        Les pensions représentent aujourd’hui 13% d’un PIB de 2000 milliards d’euros, reste donc 1740 milliards.

-        Si elles représentent 20% d’un PIB de 4000 milliards d’euros en 2050, restera 3200 milliards, soit près du double d’aujourd’hui, parce qu’un actif en 2050 produira au moins autant que deux actifs aujourd’hui.

 

Il n’y a aucun problème démographique, la nullité de ce pseudo argument doit être dénoncée sans relâche. Il suffit d’affecter le quart des gains de productivité du travail à une hausse annuelle du taux de cotisation patronale pour que la place croissante des retraités dans la vie du pays soit reconnue sans aucun problème.

Mais l’arithmétique du Medef, qui est celle aussi du gouvernement, ajoute au ridicule le scandale : elle repose sur le fait que tous les gains de productivité du travail doivent aller au profit, et qu’il faut travailler plus si nous voulons gagner plus. C’est effectivement ce qui se passe depuis les trois dernières décennies, où la modération salariale(en réalité un pillage salarial) a été imposée prétendument pour sauver l’emploi.

Le financement des retraites ne peut reposer que sur une hausse régulière du taux de cotisation patronale afin d’éviter que les gains de productivité du travail aillent au profit pour alimenter la bulle spéculative (la part des dividendes dans le PIB est passée de 3,2% en 1982 à 8,5% aujourd'hui, soit l'équivalent de 90 milliards d'euros d'aujourd'hui qui sont ponctionnés tous les ans sur ce qui revenait autrefois aux salariés, c'est moi qui précise ! )"

 

 

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commentaires

D
<br /> <br /> <br /> Retraites : mettre fin aux faux débats !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nous ne devons pas céder au chantage injuste à la dette !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> La dette de la France est injuste, elle n'est pas le résultat de trop de santé, trop de services publiques, trop de fonctionnaires, trop de retraites... Mais elle est bien le résultat de la<br /> destruction de l'économie physique, et le pillage des établissements bancaires avec de lourds intérêts composés sur la dette depuis la fin du crédit public productif de la Banque de France.<br /> La loi Giscard Pompidou du 3 janvier 1973 puis le traité de Maastrich interdit au gouvernement d'émettre de la monnaie et oblige de fait de s'endetter avec des taux d'intérêt aux banques<br /> privés !<br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Chaque jour nous subissons un bourrage de crane qui appelle les citoyens au bon sens avec de mensonges patentés, comment garder une retraite à taux plein si la population vieillie etc etc !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nous devons sortir de la mentalité monétaire, la mentalité calculette, c'est bien la peine de faire de si grande étude pour apprendre à faire des divisions. Nous devons apprendre les principes de<br /> l'économie physique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Une économie à taux plein d'emploi sans chômage ! Et oui c'est minimum avant de parler de rallonger le temps de travail !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un retour à l'économie productive, et non une économie de financier et de commerce ! Une économie productive peut permettre de redistribuer les vrais fruits de la croissance physique.<br /> L'argent n'est pas un richesse, personne ne vit en mangeant des billets.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ceci suppose de sortir de la logique de pillage de notre système actuelle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La force publique et nos responsables politiques doivent reprendre la main sur les intérêts financiers, nous devons remettre en place la loi Glass Steagall à la Française afin de séparer les<br /> banques par activités. Les banques de dépôts séparer des banques d'affaire et des compagnie d'assurance afin de remettre les banques à leurs place, travailler pour faire vivre l'économie physique<br /> et non jouer l'argent dans la spéculation et les casinos financiers.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Citoyens, nous devons nous organiser pour mettre en place une alternative. Vous voulez vous battre pour connaître les agissements des intérêts bancaires et financiers alors rejoins moi sur<br /> facebook : http://www.facebook.com/group.php?gid=104166076293247&ref=ts<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> David CABAS<br /> <br /> <br /> http://david.cabas.over-blog.fr<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> les liens dont parle Eric Durand :<br /> <br /> <br /> http://17.lepartidegauche.fr/<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://jacquesgenereux.fr/<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.dailymotion.com/video/xday9w_j-genereux-l-esprit-de-munich-a-env_news<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bonjour ! Il est vrai qu'adhérent au PG, je dispose d'un certain nombre d'informations que ne sont pas toutes en présentation "grand public". Néanmoins vous avez déja à votre disposition sur<br /> notre site deux tracts : "Pas touche à la retraite à 60 ans" et "Non à la regression sociale ! oui a une nouvelle<br /> répatition des richesses". Quand aux propositions du PS, je vous invite à consulter l'excellent article de Jacques Géréreux (économiste du Parti de Gauche) sur son blog qui passe en revue les contradictions et interrogations soulevées par leurs propositions. En dernier lieu, je me permets de vous<br /> proposer de visionner l'interview de Jacques Généreux "L'autre solution ou L'esprit de Munich a envahi les têtes qui nous gouvernent" qui replace la crise, donc ses conséquences sociales, dans son contexte, et mets en évidence, non<br /> seulement la capitulation de nos gouvernents face au "marché", mais également les solutions pour y faire face. Bien cordialement à votre disposition.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je suis sympathisant du PG, participe à des réunions etc. et je sais qu'elle est la position générale du parti (il n'y a qu'à voir les interventions de Mélenchon !) mais je trouve surprenant<br /> qu'il n'y ait encore pas de véritable projet précis nommé "financement des retraites" et accessible par tous, un peu du même type que celui paru il y a un an sur le "bouclier social" par exemple.<br /> <br /> <br /> Je ne doute pas que le PG, aux manettes, sauraient y faire ! Encore faut-il montrer le véritable "contre-projet" PG. <br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> A propos du Parti de gauche, je vous invite à aller sur son site national, et à feuilleter le document en bas à droite intitulé "Lignes d'horizon", texte programmatique en cours d'amendement en<br /> vue du prochain congrès national du Pg<br /> <br /> <br /> Voici un extrait concernant les MOYENS de financer une Autre politique, dont celle des retraites et du maintien du droit à prendre sa retraite à partir de 60 ans<br /> <br /> <br /> Lignes 2046 à 2072<br /> <br /> <br /> "Les richesses existent, c'est maintenant qu'il faut les redistribuer ! Voilà pourquoi une<br /> autre<br /> <br /> <br />  répartition des richesses est nécessaire, elle suppose un nouveau contrat social.(...)<br /> <br /> <br /> L'adresse du site du PG est dans mes liens favoris sur ce blog en bas à gauche<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Il y a un truc que je pige pas bien;<br /> <br /> <br /> comment se fait-il que le PS a déjà sorti son programme avec hausse des cotisations, taxe sur les banqes, les stock-options et qu'il n'y a toujours pas de programme précis du côté du PG, par<br /> exemple, qui a pourtant une ligne générale beaucoup plus claire ? Certes, l'idée est la même mais yjs rien d'officiel <br /> <br /> <br /> <br />
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  • : Espace de débat pour contribuer à l'élargissement du Front de gauche, la victoire de la gauche pour une réelle alternative au néolibéralisme et au capitalisme
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
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