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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 07:17

Le scandale des banques en France


Les profits mirobolants des banques aidées par l’Etat

Les banques se sont empressées à l’automne 2009 de rembourser par anticipation les sommes prêtées par l’Etat (21 milliards apportés à leur capital fin 2009), pour éviter de se voir imposer des contraintes à l’avenir, notamment sur le crédit aux entreprises et les bonus. Seule Banque Populaire – Caisses d’épargne, la plus aidée par l’Etat (suite au naufrage Natixis), n’a pas encore remboursé l’essentiel de l’aide de l’Etat.


11 milliards de bénéfices 2009 pour les 5 plus grandes banques françaises

(soit le double de 2008) : 

° 5,8 milliards de bénéfices pour BNP Paribas (+ 93 %)

Et 500 millions d’euros en bonus pour les cadres dirigeants et traders de la banque,

soit 10 % de l’aide publique reçue.

Revenus de Michel Pébereau : en 2007, 1,6 millions + des stocks options. En 2008 :

731 000 (a renoncé cette année là à son bonus) + 836 000 de stocks options = 1,5 millions.

En 2009 : salaire non encore connu mais cette fois-ci avec bonus …  

° 2,7 milliards de bénéfices 2009 pour le Crédit agricole (+ 12 %)

° 1,2 milliards de bénéfices 2009 pour le Crédit mutuel – CIC (+ 240 %)

° 700 millions de bénéfices 2009 pour la Société générale

°500 millions de bénéfices 2009 pour BanquesPopulaires-Caisse d’Epargne

Pendant ce temps l’économie réelle a perdu 500 000 emplois et le PIB a reculé de 1,2 %.


Les engagements non tenus des banques

° Fin 2008, les banques françaises s’étaient engagées de manière informelle avec le

gouvernement à permettre une progression des crédits entre 3 et 4 % en 2009.

° Résultat (source Banque de France) : le crédit a progressé d’à peine 0,2 % en 2009 et a

même baissé de 0,9 % pour les entreprises (moins 14 % pour les seuls crédits de

trésorerie). L’encours du crédit aux entreprises a atteint en décembre 2009 son plus bas

niveau de mai 2005.

Les banques françaises ont donc utilisé les aides publiques pour investir sur les marchés financiers plutôt que pour financer l’économie.

Et, lors d’une nouvelle réunion à Bercy le 10 février 2010, les banques ont refusé pour 2010 tout nouvel engagement chiffré avec le gouvernement.


Taxation des profits bancaires : une idée qui progresse sauf en France

Alors qu’elle avait été votée par la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le

gouvernement a refusé toute taxation exceptionnelle des profits des banques.

La surtaxe proposée de 10 % sur les profits du secteur financier aurait pourtant rapporté 2 milliards d’euros de recettes fiscales en 2010.


Pourtant beaucoup d’autres pays préparent une taxation spéciale des banques :

- la Belgique l’a déjà appliqué sous le forme d’une taxe de 0,15 % due par les banques sur

tous les dépôts, qui va rapporter 540 millions par an à l’Etat belge

 

- le gouverneur de la FED américaine s’est prononcé fin octobre pour ». Obama a confirmé sa volonté de mettre en oeuvre une effectué sur l’industrie financière telle taxe sous la forme d’un prélèvement de 0,15 % sur le passif (c'est-à-dire leurs fonds propres et les dépôts de leurs clients) des plus grandes banques ayant un passif supérieur à 50 milliards

« un prélèvement

- l’Allemagne est également en train de finaliser une taxe sur les banques qui s’inspirerait du projet américain et pourrait rapporter jusqu’à 9 milliards d’euros par an


Taxation des bonus : une taxe finalement indolore pour les banques

 

Annoncée par Sarkozy dans la foulée de Gordon Brown, la taxation de 50 % des bonus des banquiers est dérisoire en pratique :

- Seulement 360 millions d’euros de recettes estimées

- La taxe est provisoire et ne concerne que 2010 (pour les bonus 2009)

- La taxe est compensée par l’annulation pour 2010 de la cotisation supplémentaire que les banques devaient verser au Fonds de garantie des dépôts (contrepartie obtenue de Bercy par les banques). Cela compense la taxe sur les bonus.

- pour anticiper la taxe et en réduire l’effet, les banques ont maquillé à la fin de(selon étude internationale sur 42 banques, 63 % ont augmenté les salaires fixes et 83 % ont diminué la part des bonus dans les rémunérations en 2009).

l’année une partie des bonus en augmentant provisoirement les rémunérations fixes


Les aides de l’Etat aux banques : le contribuable volé

Si l’Etat était devenu actionnaire des banques avec les 21 milliards qu’il leur a apporté,

il aurait réalisé entre l’automne 2008 et la fin 2009 une plus value d’une quinzaine de

milliards d’euros,

 

sans compter les dividendes qu’il aurait perçu au titre de leurs profits restaurés. Alors que les titres subordonnés qu’il a acquis auprès des banques pour les aider ne lui rapporteront que 700 millions d’euros environ. Qui plus est sans donner à l’Etat aucun pouvoir pour infléchir les comportements des banques, à la différence de l’acquisition d’actions.

Exemple de la BNP :

Au versement de l’aide publique (5,1 milliards), l'action BNP valait 27,20 euros. A son remboursement à l’automne 2009 par la BNP, l’action était à 58,20 euros. Si l'Etat était vraiment entré au capital de la banque ou avait choisi d'investir sous la forme d'obligations convertibles en actions, il aurait pu réaliser une plus-value de 5,8 milliards d'euros rien que sur la BNP, au lieu de se contenter de seulement 226 millions d'intérêts.


C’est au contraire ce qu’a fait la Suisse
.
 
Pour un investissement similaire dans UBS, le
gouvernement suisse va recevoir 1 milliard d’euros de revenus, car il a acquis des actions. Une « clause de retour à meilleur fortune » figure aussi dans le plan américain d’aide aux banques, pour permettre de convertir les obligations bancaires souscrites par l’Etat en actions et ainsi de faire bénéficier l’Etat de la hausse des cours rendue possible par l’aide publique.


L’argent facile de la BCE pour les banques

La BCE a multiplié les initiatives pour refinancer les banques dans des conditions

extrêmement avantageuses, sans imposer de contreparties pour limiter la spéculation et les

risques. Ces facilités ont artificiellement gorgé les marchés financiers de liquidités.

La BCE a ainsi fourni pour plus de 800 milliards de liquidités en 2009 contre 450 milliards en 2007.

Résultat, le bilan de la BCE s’est envolé sous le poids des prêts consentis et des actifs pris en pension : au niveau de 1 200 milliards d’actifs en 2007, le bilan de la BCE a grimpé à 1 500 milliards en 2008 et dépassé en 2009 les 2 000 milliards (pour revenir autour de 1800 milliards début 2010). Le bilan de la BCE représente ainsi 16 % du PIB de la zone euro.

Exemples des largesses de la BCE au profit des banques :

- elle a baissé ses taux directeurs à un niveau très bas, rendant la liquidité quasi

gratuite pour les banques : le taux principal (dit Refi) est passé de 4,25 % à l’été

- elle a accepté depuis octobre 2008, de recevoir des actifs de plus en plus risqués en

garanties des prêts qu’elle fait aux banques (opérations de prises en pensions). Elle

accepte désormais les actifs notés BBB-, alors qu’elle n’acceptait pas de garanties en

dessous de A- jusqu’alors. De quoi contribuer à aggraver les risques pris par les

banques plutôt qu’à les limiter !

- elle a offert aux banques des nouvelles possibilités de financement « non:

 

conventionnelles »

- en élargissant ses lignes de financement des banques  au-delà du court terme

(qui est pourtant l’essentiel de sa mission de refinancement), en ouvrant des

lignes illimitées et à taux fixe, à 3 mois, à 6 mois et même à 1 an.

conditions de refinancement de court terme (taux de 1 %) !


Alors que les banques française se refinancaient à 1 % fin 2009 contre 4,25 % à l’été
2008, voici comment ont évolué les taux qu’elles pratiquent sur la même période :

 

 

 

- taux moyen sur découverts ménages passés de 11 % à l’été 2008 à 10 % fin 2009

- taux moyen des crédits revolving ménages passés de 15,83 % à 14,78 % de fin 2008 à fin 2009
- taux moyen des crédits aux ménages passés de 6 % à l’été 2008 à 5 % fin 2009.

- taux moyen des crédits aux entreprises passés de 5,5 % à l’été 2008 à 3 % fin 2009.

Les taux de  crédit « revolving » subis par les ménages modestes peuvent monter jusqu’à 18 %. Christine Lagarde a refusé toute suppression du credit revolving (proposée par amendement à l’Assemblée nationale), alors que le surendettement des ménages a progressé de 17 % en 2009. Lagarde veut maintenir le credit revolving, car selon elle c’est un moteur décisif de la consommation : « 40 % des achats par correspondance à la Redoute ou aux Trois Suisses se».

font par credit revolving. Ce sont des milliers d’emplois à la clef

Selon le Médiateur de la République, 15 millions de Français bouclent leurs fins de mois

entre 50 et 150 euros près et peuvent tomber dans le surendettement au moindre

incident social.


Pistes de propositions :

- surtaxer les superprofits des banques

- créer un grand pôle financier public

- restaurer le cloisonnement entre banque de dépôts et banque d’affaires pour

freiner la spéculation, limiter les risques pour les particuliers et réorienter

l’activité des banques vers le financement de l’économie réelle.

- durcir les règles d’encadrement des banques (aujourd’hui réserves obligatoires

auprès de la BCE à 2 % des dépôts et ratio de fonds propre/prêts à 8 %)

- imposer des objectifs de financement de l’économie aux banques en

contrepartie de l’accès à la liquidité de la banque centrale

- mettre la BCE au service de la politique économique en lui permettant de

refinancer les Etats et les institutions publiques (comme le fait la FED avec

l’Etat fédéral américain)

Bureau de Jean-Luc Mélanchon

Le tout auxUne aubaine pour

les banques qui ont ainsi pu reprendre à plein régime leurs jeux sur les marchés financiers. Ces prêts longs ont en effet obtenu un énorme succès : 1 120 banques bénéficiaires, plus de 600 milliards pour les 3 adjudications successives de juin, septembre et décembre 2009 (dont 442 milliards rien que pour celle de juin, la plus importante opération de refinancement jamais effectuée par la BCE en une seule fois)

- Elle a accepté d’acheter aux banques des titres de dettes pour 60 milliards, pour soutenir leurs émissions obligataires sur les marchés. Là aussi c’est une mesure qui s’écarte des outils traditionnels de la BCE.

- elle a plaidé pour que le secret des plans de sauvetage bancaires soit conforté (dans le

cadre du projet de directive sur la transparence financière) dans l’intérêt des banques

et au détriment du contribuable.

Tout ce qu’elle a fait pour les banques, sans résultat pour l’économie, la BCE devrait au

contraire le faire pour l’économie réelle et les Etats en difficulté comme la Grèce, des

interventions d’intérêt général qui sont toutefois interdites par le Traité de Lisbonne.

Du côté des banques, les taux d’intérêt ont certes baissé mais sans commune mesure par

rapport à la baisse du coût de l’argent distribué par la BCE. Les banques encaissent donc

l’essentiel de la différence

2008 à 1 % depuis mai 2009 (inchangé à 1 % début 2010)

compte tenu de la remontée des actions des différentes banques. Et cela
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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 20:17

C'est clair: la gauche a gagné les élections régionales.Lle PS engrange l'essentiel des présidences de région, Mais le PS fait perdre celle du communiste réunionnais Paul Vergès, en se maintenant face à lui et à la droite.
Ne mégottons pas: une victoire, c'est une victoire! Ca change la donne politique nationale, même s'il ne faut pas confondre élection régionale et élections nationales.

La droite doit en tirer les leçons !
Qu'elle le veuille ou non, ces élection, régionales, ont aussi une signification nationale: la politique nationale de Nicolas Sarkozy et de la droite UMP  n'a plus le soutien d'une majorité du peuple français, de ceux qui ont voté et de ceux, trop nombreux, qui se sont abstenus.
Alors N Sarkozy et la droite vont-ils s'entêter à continuer leurs "réformes", c'est-à-dire imposer une mise en cause du système de retraite, la taxe carbone, pour prendre ces 2 exemples ?
 Vont-ils, comme jean-François Coppé l'a dit sur une T.V., faire voter une loi contre la "burka", pour donner encore du grain à moudre au Front National, autre vainqueur, triste vainqueur de ces élections, remis en selle par les campagnes dangereuses de la droite ( sur "l'identité nationale", sur le voile inégral, contre les immigrés)

Plus fondamentalement, la gauche va -t-elle transformer l'essai en 2012?
Car la gauche avait gagné les régionales en 2004 et perdu... les présidentielles et les législatives!
La vraie question n'est-elle pas:  quelles propositions, quel projet la gauche peut présenter, comme alternative réelle, de gauche, face à la droite et à son ou ses candidats en 2012? 
C'est maintenant le débat qui doit s'ouvrir, sans tarder, et de manière citoyenne, la plus large.
 Nous aurons le temps de voir les candidatures!

Car changer, ce n'est pas continuer une politique anti sociale!
Ce n'est pas avoir un gouvernement socialiste qui, comme en Grèce ou en Espagne, fasse une politique de mise en cause des droits sociaux, des services publics, du pouvoir d'achat populaire. Il ne s'agit pas de vouloir une simple alternance de gouvernement, mais de provoquer une alternative réelle, une rupture avec la politique de droite actuelle et à venir.  Je vous renvoie à la fin de mon article écrit  avant le 1er tour
Dans l'immédiat, ne voit-on pas pointer une possible crise politique? 
Cela ne va-t-il pas aussi aussi donner de l'élan aux mouvements sociaux?


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Les électeurs condamnent l'arrogance
                                 sectaire du PS en Limousin

 

Alors qu’au soir du 1er tour, la liste d’union « Terre de Gauche » PC – NPA – PG avait réalisé 13 % des voix et avait proposé au PS une « fusion démocratique » pour le second tour, le PS, méprisant, avait tourné les talons.

Au soir du second tour, cette liste d’union de la gauche radicale dépasse les 19 %. Les électeurs ont ainsi infligé un camouflet au PS qui progresse peu entre les deux tours et paye ainsi son arrogante attitude hégémonique.


Au-delà de la région limousine, le score obtenu par la liste PC – PG – NPA interpelle toutes les composantes de la gauche de gauche pour, demain, offrir une véritable alternative sociale, écologiste et démocratique susceptible de combattre le bipartisme réunissant le libéralisme partagé tant par une droite dure que par un centre gauche mou.


Cette « bonne nouvelle » se joint aux enseignements de ces « régionales » qui voient la droite sarkozyste s’effondrer en dessous de 37 %.

C’est « gros » d’une crise politique qui s’ajoute à la crise économique et sociale.

La situation sociale devrait, en toute logique, entraîner un regain des mouvements sociaux pour stopper la « casse sociale » organisée par le pouvoir UMP.

 

Archie Velveth
http://www.mediapart.fr/club/blog/velveth
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De la force à gauche contre les réformes de la droite

La mise bout à bout des projets de réformes que le gouvernement entend mettre en oeuvre au lendemain des élections régionales donne la mesure de la portée nationale des résultats qui viennent de sortir des urnes dimanche soir.
Fin avril, le ministre du Budget présentera « un plan d’action complet pour réduire les dépenses de l’État ». En clair une cure d’austérité pour faire payer aux Français la crise financière.
* Au cours du printemps sera lancé le projet de réforme des retraites, donc chacun sait maintenant que celui-ci vise trois objectifs :
- repousser l’âge de départ à la retraite
- diminuer le montant des prestations
- favoriser les assurances privées.
* Dans le même temps, le gouvernement entend poursuivre la réforme des collectivités locales avec comme conséquences prévisibles le recul de la démocratie locale et de graves difficultés pour les services publics de proximité.
* Par ailleurs, ce pouvoir veut aller au bout de la réforme hospitalière pour que fin 2012 tous les hôpitaux retrouvent l’équilibre financier. Peu lui importe si cela se traduit par un recul de l’offre publique de soins sur l’ensemble du territoire et, au bout du compte, une remise en cause du droit à la santé pour tous.
Si, il y a quelques semaines, Nicolas Sarkozy parlait de « pause » en 2011, c’est aujourd’hui que les risques existent.(...)

Extraits d'un article de l'Humanité du 20/3/2010


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Le résultat des régionales vient d'effacer politiquement la victoire de Sarkozy en 2007.
Déclaration du Secrétariat du Parti de Gauche

Trois ans après son large succès à la présidentielle, la droite enregistre une déroute électorale (35% des voix) qui est sans précédent depuis 1958. Elle est décimée.
- D'abord par l'abstention qui fait un retour en force puisqu'elle n'avait jamais été aussi élevée lors d'une élection régionale
- Ensuite par le glissement d'une partie de son électorat qui retourne à l'extrême droite. Le Front national, qui a profité du débat sur l'identité nationale et plus largement des déclarations répétées de dirigeants de l'UMP flirtant avec le racisme et la xénophobie, dépasse 11% des voix au premier tour, et 17% au second là où il a pu se maintenir. Dorénavant, la droite des beaux quartiers contribue aussi à cette poussée. Symbole de cette déroute, la droite est battue par la gauche dans son fief des Hauts-de-Seine pour la première fois depuis la création de ce département. Et l'UMP est devancée par le FN dans le Pas-de-Calais.

Bien sûr la contestation du pouvoir ne s'est pas uniquement exprimée par l'abstention et le vote FN. Elle s'est aussi traduite par un vote massif pour la gauche qui a dépassé les 54 % le 21 mars, un score qu'elle n'avait jamais atteint sous la Cinquième République sauf au second tour de la présidentielle de 1988. C'est aussi un succès pour la stratégie du Front de Gauche. Nous avons toujours dit qu'en rassemblant dans la clarté  l'autre gauche de manière autonome au premier tour, on élargissait le périmètre du rassemblement au second tour dès lors que la volonté de cet électorat est respectée et non manipulée.

En revanche, on a pu vérifier que le pays ne cherche pas d'issue au centre : le Modem s'effondre littéralement à 4,2%. C'est une très grande satisfaction pour nous de voir les sirènes de l'alliance démocrate si brutalement écartées. Cette disparition tient lieu de vertu aux écologistes et aux socialistes qui se sont aussitôt rabattus sur l'alliance à gauche, comme nous l'avions voulu.

Enfin on ne peut se cacher que le NPA est également en net recul. Cela ne signifie pas que la radicalité qu'il a incarnée se soit effacée. Au contraire. Elle a voulu se rendre efficace. Les électeurs de l'autre gauche ont clairement fait le choix de l'unité et appuyé notre ambition de changer la gauche pour gouverner le pays sur de nouvelles bases. On peut dorénavant espérer que nos camarades du NPA entendent ce message de masse et fassent dorénavant le choix de l'unité.

Bien sûr institutionnellement, tout pourrait continuer comme avant car l'élection concernait uniquement les assemblées régionales. Mais politiquement, c'est une autre affaire. Le pouvoir a perdu l'assise qui lui a permis jusqu'ici d'appliquer ses orientations sans relâche. L'échec personnel de Sarkozy fait que la clé de voûte de la droite et des institutions vermoulues de la Cinquième République est à terre. L'édifice est déjà en train de se défaire. On le voit par exemple avec la cacophonie sur la taxe carbone. Cela rappelle la vieille formule « en bas on ne veut plus, en haut on ne peut plus ». D'autant qu'en donnant à voir ce décalage, l'élection en est aussi un terrible accélérateur. Le pays est entré en état d'urgence politique.

Ce résultat remet donc en question la légitimité du pouvoir
 Comment Sarkozy répond-il à cette situation ? Pour l'heure il envoie un double signal.
-  D'abord son remaniement vise à empêcher toute alternative au sein de la droite en bâillonnant par la solidarité gouvernementale  les composantes de la droite qui pourraient être tentées par l'autonomie. Mais cela ne règle rien. Au contraire, s'il  parvenait ainsi à empêcher toute expression d'un désaccord à droite, hors du vote FN, il rendrait le système politique plus bloqué que jamais. Ce serait un nouveau facteur de crise.
- Deuxièmement, Sarkozy a décidé de maintenir sa réforme des retraites. Il veut exploiter la position accommodante du PS sur le sujet et tenter d'effacer sa défaite électorale par une victoire sociale. Les formes et l'issue de la crise dépendront donc des résultats de la lutte sociale et politique que nous mènerons ces prochains mois sur la question des retraites. Pour l'heure, nous avons heureusement l'avantage. Mais il ne faut surtout pas déduire de ces régionales qu'un chemin assuré et paisible s'est ouvert sous les pas de la gauche.
- Troisièmement, malgré l'urgence des défis écologiques tels que la lutte contre le changement climatique et la sauvegarde de la biodiversité, Sarkozy claironne « l'environnement ça commence à bien faire! », vértiable blanc-seing pour encourager les programmes autoroutiers, de construction d'aéroports, de développement de la filière nucléaire et de la filière OGM en agriculture.

La gauche doit maintenant se préparer avec méthode et détermination à la confrontation voulue par Sarkozy sur la question des retraites. Elle doit aussi penser l'alternative en 2012 à la lumière de l'expérience grecque, où les pressions des banques et le carcan des traités européens sont parvenus à priver le peuple de la politique pour laquelle il avait voté. C'est une gauche de combat que le cycle politique qui commence met à l'ordre du jour.

Dans ce cadre, le Front de Gauche a une responsabilité décisive.
Cette élection nous a installés politiquement malgré un verrouillage médiatique qui en dit long sur l'état de notre démocratie et le niveau d'asservissement de nombre de médias et grâce à la remarquable campagne de terrain menée par nos militants.
 Non seulement au premier tour avec la présence de nos listes dans 17 régions et les 7% que nous y avons obtenus.
Mais aussi au second tour avec les 19% de la liste Front de Gauche-NPA en Limousin. C'est tout juste si ce résultat a été signalé lors des soirées électorales dimanche dernier. Il est pourtant extraordinairement révélateur des potentialités d'un Front de Gauche élargi. Nos camarades, conduits par Christian Audouin, gagnent plus de 50% de voix entre les deux tours !

Le PS était convaincu de nous faire reculer dans ce bras de fer qu'il a voulu localement comme nationalement pour relativiser le poids du Front de Gauche et jeter un interdit sur toute alliance avec le NPA (quand bien même dans le Limousin il se soit agi de NPA unitaires).
Nous avons fait à l'inverse la démonstration que le Front de gauche a des réserves électorales considérables. La preuve est faite que la cohérence du vote Front de gauche se renforce dans l'épreuve de la clarification politique. Nous pensons que cela est de nature à faire avancer l'adhésion au Front de Gauche d'un nombre croissant de consciences de gauche. Et aussi de militants et dirigeants politiques. En particulier cela devrait définitivement convaincre les cinq régions et les départements dans lesquels les dirigeants communistes avaient le choix de l'alliance au premier tour avec les socialistes. Selon nous, cette confusion qui nous a couté cher ne se reproduira plus à l'avenir et nous félicitons les responsables nationaux et fédéraux du parti communiste qui ont fait avec nous le choix de l'autonomie quand bien même cette décision les a conduits à obtenir moins de sièges d'élus que par faveur socialiste. Nous avançons vers notre but. Un nombre croissant ne nous voit plus comme une nuance de premier tour ! Ils nous voient comme nous voulons être : une alternative pour diriger. Voilà ce qu'il nous faut conforter dorénavant.

Cela implique que le Front de Gauche trouve un nouveau souffle.
-  Il doit se remettre en question positivement. Il n'y aurait pas de sens à vouloir seulement faire fructifier notre petit pactole électoral. Nous avons d'autres responsabilités dès lors que nous estimons que le PS et Europe Ecologie ne sont pas à la hauteur de l'état d'urgence sociale et écologique du pays.
- Le Front de Gauche doit se hisser à une nouvelle hauteur afin de devenir un recours pour le pays. Son objectif doit être un gouvernement d'unité populaire. Populaire par sa base et son programme, d'unité parce qu'il aura pour boussole l'intérêt général populaire. Dès lors, en accord avec ce projet, le  Front doit  s'enraciner par la base dans tous les secteurs de la société, sur tous les grands thèmes qui seront à l'ordre du jour de l'action d'un véritable gouvernement de gauche. Le Front de Gauche doit notamment incarner le projet d'écologie sociale dont notre société et la planète ont besoin. Il s'agit d'engager la planification écologique pour reconvertir nos modes de production et de consommation dans le respect de l'intérêt général, en rupture avec le système capitaliste, ce qui est incompatible avec le projet « écolo-centriste » ouvert à des personnalités de droite, que porte aujourd'hui Europe-Ecologie et que confirme les déclarations du 22 mars de Daniel Cohn-Bendit.


Cette conquête du pouvoir se prépare aussi par des candidatures communes au "paquet" des prochaines élections
 Toutes : cantonales, sénatoriales, présidentielle, législatives, chacune épaulant la préparation de la suivante en élevant le niveau de conscience populaire. Notre méthode doit être de construire autour de plateformes partagées qui en viendront à constituer une alternative globale, un programme pour le gouvernement du Front de Gauche que nous proposons pour la France.

Dans les prochains jours, le Parti de Gauche demandera à rencontrer ses partenaires du Front de Gauche et toutes les forces de l'autre gauche. Mais aussi, d'une autre façon évidemment, le PS, Europe Ecologie.  En effet, il y a de nouveau 21 régions métropolitaines sur 22 gérées par la gauche. Qu'allons nous faire de notre victoire électorale ? On doit éviter l'écueil de l'émiettement qui a prévalu dans la précédente mandature. Cela doit se traduire par des actions communes des régions construisant des rapports de force inédits avec le pouvoir. Au plan national, nous voulons savoir comment chacun compte engager la bataille des retraites. Nous souhaitons également discuter des enseignements de la crise grecque afin d'ouvrir le débat sur la manière dont la gauche, si elle gouvernait notre pays, ferait face à la guerre financière que mènent les banques contre les peuples avec le soutien du FMI.

Nous proposons que le Front de Gauche s'élargisse sans tarder
 D'une part  à toutes les forces de l'autre gauche qui le souhaitent et notamment à celles avec lesquelles nous venons de faire campagne. Ensuite en nous enracinant le plus largement possible. Nous proposons d'offrir la possibilité d'adhérer au Front de Gauche sans être obligés de rejoindre les partis qui le constituent. Ce mouvement d'adhésion pourra notamment nourrir les campagnes que lancera le Front de Gauche sur la défense des retraites. Enfin, nous proposons de constituer comme parties prenantes du Front de Gauche des rassemblements par professions et thèmes. Notre objectif doit être ainsi d'organiser la mobilisation et la prise de conscience pour aujourd'hui. Mais aussi de préparer l'implication populaire qui devra être demain la caractéristique d'un gouvernement d'unité populaire.

 

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La lettre des communistes (vendéens soutenus par la fédération du PCF 85) engagés dans le Front de Gauche à Marie-Georges BUFFET (extraits).

Transmis par JC CHEVALLIER communiste à SAINTES – soutien au Front de Gauche en Charente-Maritime – ex membre de l’Exécutif départemental du PCF de la Vendée de 2004 à 2007.

 

« Avec 5 % des voix, nous avons fait la démonstration qu’il était possible dans la région des Pays de la Loire, de faire vivre la ligne du Front de Gauche.

Certes pour 40 voix, ce communisme politique de nouvelle génération ne sera pas représenté à la région. Près de 60 000 électeurs ligériens, plus nombreux encore qu’aux élections européennes n’auront pas les élus qu’ils étaient en droit d’obtenir. Cet objectif était à portée de main, mais nous nous sommes heurtés à des obstacles dont il faudra bien tirer les conséquences.

Le non respect du choix démocratiquement exprimé par la majorité des communistes de notre région par trois directions départementales du PCF (44,49,53) a constitué un lourd handicap pour la campagne. Leur participation à des listes du Parti Socialiste dès le 1er tour, la présence des logos du PCF sur les tracts et circulaires de ce dernier a aggravé la confusion. L’impossibilité de notre direction nationale à faire respecter la démocratie….

…Cette situation particulière en Pays de la Loire nous aura privés d’une dynamique de campagne nationale. Le Parti communiste français porte donc une part de responsabilité importante dans ce résultat qui aurait pu être bien meilleur mais il n’est pas le seul.

Cependant, que dans ces conditions, nous ayons progressé de 1 % sur les élections européennes tient de la gageure, il faut se féliciter du courage, de l’intelligence, de l’engagement des communistes de cette région (Pays de la Loire) qui contre vent et marée ont menée une campagne admirable…

A l’issue de cette campagne, le Parti Communiste Français est confronté dans notre région à son propre avenir…Une rencontre avec la direction nationale au plus haut niveau de ses dirigeants, nous semble indispensable, et cela avant toute autre initiative…. »

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  • : Espace de débat pour contribuer à l'élargissement du Front de gauche, la victoire de la gauche pour une réelle alternative au néolibéralisme et au capitalisme
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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