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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 13:29



 Enzo est assis à sa place, parmi ses 32 camarades de CP. Il porte la vieille
 blouse de son frère, éculée, tachée, un peu grande. Celle de Jean
 Emilien, au premier rang, est toute neuve et porte le logo d'une grande
marque.


La maîtresse parle, mais il a du mal à l'entendre, du  fond de la classe.

Trop de bruit.


 La maîtresse est une remplaçante, une dame en retraite qui vient remplacer leur maîtresse en congé maternité. Il ne se souvient pas plus de son nom qu'elle se souvient du sien. Sa maîtresse a fait la rentrée il y a 3 semaines, puis est partie en congés. La vieille dame de 65 ans est là depuis lundi, elle est un peu sourde, mais gentille. Plus
gentille que l'intérimaire avant elle, il sentait le vin et criait fort. Puis il expliquait mal.


Du coup Enzo ne  comprend pas pourquoi B et A font BA, mais pas dans BANC ni dans BAIE ; ni la soustraction ; ni pourquoi il doit connaître toutes les dates des croisades.
 On l'a mis sur la liste des élèves en difficulté, car il a raté sa première évaluation.
Il devra rester de 12h à 12h30 pour le soutien.. Sans doute aussi aux vacances.
 Hier, il avait du mal à écouter la vieille dame pendant le soutien ; son ventre gargouillait.
 Quand il est arrivé à la cantine, il ne restait que du pain. Il l'a mangé sous le
préau avec ceux dont les parents ne peuvent déjà plus payer la cantine.
Il a commencé  l'école l'an dernier, à 5 ans. L'école maternelle n'est plus
obligatoire, c'est un choix des mairies, et la mairie de son village ne
pouvait pas payer pour maintenir une école. Son cousin Brice a eu plus de
chance ; il est allé à l'école à 3 ans mais ses parents ont  dû payer.


 La sieste, l'accueil et le goûter n'existent plus, place à la
morale, à l'alphabet ;
il faut vouvoyer les adultes, obéir, ne pas
parler et apprendre à se débrouiller seul pour les habits et les
 toilettes : pas assez de personnel.


Les enseignants, mal payés par la commune, gèrent leurs quarante élèves chacun comme une garderie.
 L'école privée en face a une vraie maternelle, mais seuls  les riches y ont accès.
 Mais Brice a moins de mal, malgré tout, à comprendre les règles de l'école et ses
leçons de CP. En plus, le soir il va à des cours particuliers, car ses
 parents ne peuvent pas l'aider pour les devoirs, ils font trop d'heures
supplémentaires.

Mais Enzo a toujours plus de chance que son voisin Kévin ; il doit se lever plus tôt
 et livrer les journaux avant de venir à l'école, pour aider son grand-père qui n'a presque plus de retraite.
 Enzo est au fond de la classe. La chaise à coté de lui est vide. Son ami Saïd est parti,
 son père a été expulsé le lendemain du jour où le directeur (un gendarme en
 retraite choisi par le maire) a rentré le dossier de Saïd dans Base
élèves. Il ne reviendra jamais. Enzo n'oubliera jamais son ami pleurant dans
 le fourgon de la police, à côté de son père menotté. Il paraît qu'il n'avait
 pas de papiers...
Enzo fait très attention : chaque matin il met du papier dans son cartable, dans le sac
 de sa maman et dans celui de son frère.


 Du fond, Enzo ne voit pas très bien le tableau. Il est trop loin, et il a besoin de lunettes.
Mais les lunettes ne sont plus remboursées. Il faut payer l'assurance, et ses
 parents n'ont pas les moyens.
L'an prochain Enzo devra prendre le bus pour
 aller à l'école. Il devra se lever plus tôt. Et rentrer plus tard.


 L'EPEP (Etablissement Public d'Enseignement Primaire) qui gère son école a
décidé de regrouper les CP dans le village voisin, pour économiser un poste
d'enseignant. Ils seront 36 par classe. Que des garçons. Les filles sont dans une autre école..
Enzo se demande si après le CM2 il ira au collège ou, comme son grand frère Théo, en centre de préformation professionnelle. Peut-être que les cours en atelier sont
 moins ennuyeux que toutes ces leçons à apprendre par cœur. Mais sa mère
 dit qu'il n'y a plus de travail, que ça ne sert à rien.


Le père d'Enzo a dû aller travailler en Roumanie, l'usine est partie là -bas.. Il ne l'a
 pas vu depuis des mois. La délocalisation, ça s'appelle à cause de la
mondialisation. Pourtant la vieille dame disait hier que c'était très bien la
mondialisation, que ça apportait de la richesse. Ils sont fous, ces Roumains !


Il lui tarde d'être en récréation. Il retrouvera Cathy, la jeune sœur de maman.. Elle fait sa
deuxième année de stage pour être maîtresse d'école, dans la classe de
 Monsieur Luc. Il remplace Monsieur Jacques, qui a été renvoyé, car il
avait fait grève.
On dit que c'était un syndicaliste qui faisait de la
pédagogie. Il y avait aussi madame Paulette en CP ; elle apprenait
à lire aux enfants avec de vrais livres ; un inspecteur venait
 régulièrement la gronder ; elle a fini par démissionner.

Cathy a les yeux cernés : le soir elle est serveuse dans un café car sa formation n'est
pas payée. Elle dit : « A 28 ans et bac +5, servir des bières le
soir, faire classe la journée, c'est épuisant». Surtout qu'elle dort dans un
salon chez Enzo, elle n'a pas assez d'argent pour se payer un loyer.
Après la récréation, il y a le cours de religion et de morale avec l'abbé Georges. Il
faut lui réciter la vie de Jeanne d'Arc et les dix commandements par cœur.
 C'est lui qui organise le voyage scolaire à Lourdes, à Pâques. Sauf
 pour ceux qui seront convoqués pour le soutien.

 Enzo se demande pourquoi il est là ,

 Pourquoi Saïd a dû partir,
 
Pourquoi Cathy et sa mère pleurent la nuit,
 
 Pourquoi et comment les usines s'en vont en emportant le
travail,
 
Pourquoi ils sont si nombreux en classe,

Pourquoi il n'a pas une maîtresse toute l'année,

 Pourquoi il devra prendre le bus,

Pourquoi il passe ses vacances à faire des stages,
 
Pourquoi on le punit ainsi,  
 Pourquoi il n'a pas de lunettes,

 Pourquoi il a faim.

Projection :

Basée sur les textes actuels, les expérimentations en cours et les annonces du gouvernement trouvées sur le net. Si vous ne voulez pas que vos enfants, petits-enfants, neveux, nièces, petits voisins,... deviennent des copains de classe de ce petit Enzo, faites suivre ce texte à votre carnet d'adresse Il faut que tout le monde prenne conscience que c'est ce qui les attend à plus ou moins court terme !
Merci pour eux.

 

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 21:18

Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services

              à la nation



Propos du Ministre de la Fonction publique (sic) rapportés par
Charlie-Hebdo, tenus lors d'une réunion de la Fondation Concorde, proche de
la majorité actuelle, le mercredi 20 octobre au Café Restaurant Pépita à
Paris :


> "Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la
> nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très
> lourdement.
La pension d'un retraité, c'est presque 75% du coût d'un
> fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème."


> "Le grand problème de l'État, c'est la rigidité de sa main-d'oeuvre.

Pour  faire passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage de la place
> Beauvau, il faut un an. Non pas à cause de l'escalier [rires dans la
> salle], mais des corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps
> morts [rires], comme par exemple l'administration des télécoms. Je vais
> les remplacer par cinq filières professionnelle qui permettront la
> mobilité des ressources humaines : éducation, administration générale,
> économie et finances, sécurité sanitaire et sociale. Si on ne fait pas ça,
> la réforme de l'État est impossible. Parce que les corps abritent des
> emplois inutiles."


> "A l'heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires.


> Leur pouvoir d'achat a perdu 4,5% depuis 2000."
> "Comme tous les hommes politiques de droite, j'étais impressionné par
> l'adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette
> force de résistance. Ce qui compte en France, c'est la psychologie,
> débloquer tous ces verrous psychologiques."


> "C'est sur l'Éducation nationale que doit peser l'effort principal de
> réduction des effectifs de la fonction publique.
Sur le 1,2 million de
> fonctionnaires de l'Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants.
> Licencier dans les back office de l'Éducation nationale, c'est facile, on
> sait comment faire, avec Éric Woerth [secrétaire d'État à la Réforme de
> l'État] : on prend un cabinet de conseil et on change les process de
> travail, on supprime quelques missions. Mais pour les enseignants, c'est
> plus délicat. Il faudra faire un grand audit."
>
> "Le problème que nous avons en France, c'est que les gens sont contents
> des services publics.

L'hôpital fonctionne bien, l'école fonctionne bien,
> la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que
> nous sommes à deux doigts d'une crise majeure
- c'est ce que fait très
> bien Michel Camdessus , mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là,
> ils se recroquevillent comme des tortues."


Commentaire:


> Il admet dans ses propos que les français sont satisfaits de la qualité du
> service public rendu par les fonctionnaires, quels qu'ils soient.

C'est   bien en les fragilisant de l'intérieur (sous effectif, baisse
> d'investissements etc.) qu'il compte rendre les services publics
> impopulaires auprès des populations. Une impopularité qui lui servira de
> prétexte pour les privatisations à venir. Alors que ce sont bien les
> attaques à l'oeuvre depuis de nombreuses années qui dégradent la qualité
> des services publics.


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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 22:23


L'encadré au stylo:

Périgueux.-
Le tribunal de grande instance a mis en délibéré au 15 Juin son jugement dans l'affaire des fuites du bac de français à Périgueux en juin 82. L'enquête judiciaire a abouti à l'inculpation du professeur de français d'une classe de terminale. Xavier Darcos, membre de la commission académique de choix de sujets

Source: "Dordogne libre"
     Mardi 27 Mai 2008





                                       Est-ce bien le même Xavier Darcos, ancien Maire de Périgueux, ancien prof, et toujours Ministre de l'Education Nationale? Il semble que ce soit bien le même!
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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 14:52

Exceptionnelle mobilisation pour la reconnaissance de l'enseignement de Sciences Economiques et Sociales


Plus de 1500 enseignants de S.E.S. venus de toute la France (soit près d'un enseignant de S.E.S. sur trois !) 
se sont retrouvés à Paris ce mercredi 3 décembre pour participer à une 
manifestation nationale suivie d'un meeting pour exprimer leur désaccord 
avec une réforme du lycée qui, dans son état actuel, marginalise l'enseignement de S.E.S.
Cette mobilisation a reçu le soutien, entre autres, de plusieurs syndicats (CGT Educ'action, SGEN, SNALC, SNES, SNFOLC, Sud Education, UNSA), d'organisations lycéennes et étudiantes mais aussi de nombreux universitaires et chercheurs (dont Pierre Rosanvallon, 
Professeur au Collège de France).


Les participants à cette journée d'action ont voulu rappeler leur 
attachement à l'enseignement de S.E.S. et réitérer la demande d'intégration 
des S.E.S. aux enseignements obligatoires en classe de seconde.
Le Ministre Xavier Darcos doit entendre la demande sociale d'une 
meilleure compréhension des questions économiques et sociales. La 
réforme du lycée doit être l'occasion d'enrichir la formation générale 
des lycéens du 21e siècle en y intégrant la culture économique et 
sociale.
Les annonces d'une éventuelle introduction dans les enseignements 
généraux d'une « Initiation à l'Économie » ne répondent pas à cette 
demande. Pourquoi l'accès au tronc commun devrait-il conduire à appauvrir un enseignement qui réussit depuis plus de 40 ans à faire découvrir et aimer les Sciences Sociales et parmi elles l'Économie et la Sociologie aux lycéens ? L'APSES n'acceptera pas que la réforme du lycée constitue 
l'occasion de détourner la demande exprimée notamment par les lycéens et 
plus globalement par l'ensemble de la société.


Aussi, l'APSES ne peut que s'interroger sur le sens de cette proposition.
S'agirait-il d'évacuer les Sciences Sociales autres que l'Économie de la 
formation des lycéens ?

C'est bien une formation économique et sociale permettant de mieux se 
repérer dans la société qui est demandée et pas autre chose !
Les annonces en provenance du Ministère demandent à être clarifiées de toute urgence.
Aussi, l'APSES réitère sa demande d'entrevue dans les meilleurs délais 
avec Xavier Darcos.
Après plusieurs mois, d'attaques répétées 
contre les S.E.S., il serait temps qu'un véritable dialogue constructif s'engage 
enfin avec le Ministre.
La balle est désormais dans son camp.

---

Marjorie GALY, Co-secrétaire générale de l'APSES

http://www.apses.org



__._,_.___

La réforme du lycée et les SES :
Pas cette réforme-là, pas comme cela !


Logo Apses Logo unef Logo UNL Logo SNES Logo SudEduc Logo FIDL Logo CGTeduc

La réforme du lycée présentée par le ministre Xavier Darcos et confiée à Jean-Paul de Gaudemar, remet en question des principes essentiels concernant l’enseignement des Sciences Economiques et Sociales notamment.

NON à la précipitation, OUI à la concertation

En voulant appliquer sa réforme en seconde dès septembre 2009, le Ministre indique qu’il ne souhaite pas prendre le temps d’une réelle concertation et d’une réflexion approfondie. Il est inacceptable qu’une réforme d’une telle ampleur, qui va engager l’Education nationale pour plusieurs décennies, soit conduite en si peu de temps.

NON au lobbying, OUI à la laïcité

Un lobby financé par de grandes entreprises, l’Institut de l’Entreprise, s’est autorisé à transmettre au Ministre un nouveau programme de SES pour la seconde, sans que ce dernier n’émette la moindre protestation. Qu'aurait-il dit si les représentants syndicaux avaient proposé de nouveaux programmes de SES, ou si ceux d’une confession religieuse étaient intervenus pour modifier les programmes de science ou d’histoire ?
Qui sera chargé de rénover les programmes? Des groupes d’experts composés d’universitaires et d’enseignants du secondaire ou un pilotage direct par le Ministère recueillant les avis de quelques « visiteurs du soir » ?

NON aux SES en miettes, OUI à des Sciences Economiques ET Sociales

Le projet de réforme prévoit un parcours à dominante « Sciences de la société » en première et en terminale où les élèves auraient à choisir sur l’ensemble du cycle 16 modules semestriels de spécialisation, dont 9 à choisir parmi les modules de cette dominante (économie, sociologie, droit, gestion etc.). Cette modularisation risque de déboucher sur une juxtaposition de fragments d'économie et de sociologie . Il s’agira alors d’une disparition pure et simple des SES au lycée : plus de possibilité de croiser les démarches économiques et sociologiques et une probable relégation de la sociologie. Pourquoi dénaturer ainsi les SES, un enseignement qui s’attache à la fois à présenter et à croiser de manière féconde les regards économiques et sociologiques ? Comment préserver des parcours cohérents de formation ?

NON à la transmission d’une simple « boîte à outils », OUI à des SES pour comprendre l’économie et la société d’aujourd’hui

Certains rapports sur les SES demandent à ce que l’acquisition d’une « boite à outils » de « fondamentaux » soit l’objectif principal de l’enseignement de SES. Le succès de l’actuel enseignement des SES montre que l’intérêt et la motivation des élèves partent de l’étude des questions économiques et sociales contemporaines pour mobiliser les analyses des économistes et des sociologues. Imagine-t-on un lycée où les élèves ne pourraient plus se saisir rigoureusement de questions comme la monnaie et le financement de l’économie, la mondialisation, la mobilité sociale, le développement durable, l’Europe … alors que ces mêmes élèves seront amenés à participer au débat démocratique et à se prononcer par leur vote ?

Pour toutes ces raisons, nous refusons le contenu d'une réforme qui remet en cause l'enseignement de Sciences Economiques et Sociales et nous demandons la mise en place d'une réflexion collective associant réellement les différents acteurs et partenaires de l’Éducation pour une réforme du lycée.


Logo Apses Logo unef Logo UNL Logo SNES Logo SudEduc Logo FIDL Logo CGTeduc



Initiateurs de l'Appel
  • APSES (Association des professeurs de sciences economiques et sociales),
  • CGT EDUC'ACTION (Union nationale des syndicats de l'education nationale, unsencgt),
  • FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne),
  • SNES (Syndicat national des enseignements du second degré),
  • SUD ÉDUCATION (Fédération des syndicats sud de l'éducation nationale),
  • UNEF (Union nationale des Étudiants de france),
  • UNL (Union nationale des lycéens)

Signer la pétition - Voir les signataires



Les lycéens hors du monde?


Tribune parue dans Libération le 1er décembre 2008
par Sylvain David, président de l'association des professeurs de SES (APSES) - Yves Déloye,
professeur de science politique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Bernard Lahire,
professeur de sociologie à l’ENS-LSH - Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation à
l’université LUMIERE-Lyon 2 - Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS et professeur à
l'Ecole d'économie de Paris


La réforme annoncée par Xavier Darcos aurait pu constituer une réelle opportunité pour améliorer
le fonctionnement du lycée, remédier à ses carences actuelles et renouveler le défi d'une
démocratisation en panne depuis plus de dix ans.


Mais rénover le lycée pour lui donner une nouvelle dynamique suppose de se donner le temps de la
réflexion et le temps de la concertation.
Malheureusement, le projet de réforme que le Ministère
souhaite mettre en oeuvre coûte que coûte ne répond à aucune de ces deux exigences.
La précipitation dans laquelle se déroule actuellement sa mise en oeuvre (entrée en application de la
nouvelle organisation des enseignements en classe de seconde dès la rentrée 2009 alors même que
le contenu du cycle première-terminale n'est pas défini, rénovation des programmes d'enseignement
en moins d'un mois...) ne permet pas d'aborder réellement des questions qui sont centrales: quelle
formation doit être dispensée dans le lycée du 21e siècle? Quels objectifs lui assigne-t-on et quelles
méthodes d'apprentissages souhaite-t-on favoriser?


C'est dans ce contexte qu'il convient de s'intéresser à la place et aux finalités de l'enseignement deSciences Economiques et Sociales (SES) au sein de la réforme proposée par Xavier Darcos.


Il apparaît ainsi clairement que cet enseignement paie un lourd tribu à cette réforme.
Alors même que la crise financière actuelle montre avec une rare acuité la nécessité de doter
l'ensemble des citoyens des moyens de comprendre les questions économiques, sociales et
politiques contemporaines, le Ministre présente une réforme qui va marginaliser un enseignement
dont un des objectifs consiste justement à permettre aux élèves de mieux comprendre la société

dans laquelle ils vivent en mobilisant pour cela les connaissances et les méthodes des différentes
sciences sociales comme l'économie, la sociologie, la science politique afin d'étudier des thèmes
comme l'entreprise, le financement de l'économie, le changement social, l'emploi, les pratiques
culturelles, la consommation, le rôle de l'Etat, la mondialisation, l'Europe, la protection sociale ou
encore le fonctionnement du marché pour ne citer que quelques exemples.


Le décalage entre la demande sociale et les exigences citoyennes, d’une part, et le contenu de la
réforme proposée, d’autre part, est saisissant.


Si elle devait rester en l'état, un lycéen pourrait quitter l'enseignement de second degré sans avoir
jamais reçu la moindre formation en sciences sociales.


Par ailleurs, un des objectifs affichés par le Ministre est d'améliorer le processus d'orientation des
élèves au cours de la classe de seconde. C'est un objectif légitime. Mais comment peut-on parler
d'orientation «éclairée » quand un enseignement central d'un des parcours de formation du cycle
terminal comme le sont les SES ne fait pas partie des enseignements communs proposés en classe
de seconde (et, rappelons-le, est absent du collège). Il y a là encore une contradiction entre les
objectifs affichés et le contenu de la réforme proposée.


Enfin, le Ministre souhaite favoriser la poursuite d'études supérieures chez les lycéens. Pour cela,
Xavier Darcos met en avant la nécessité de développer leur autonomie, leur capacité de réflexion et
d'analyse. Mais c'est justement un des apports de l'enseignement de SES que de développer ces
qualités chez les élèves.

A travers les thèmes étudiés, les démarches pédagogiques employées, les
connaissances et les méthodes mobilisées, il s'agit bien de permettre aux élèves d'acquérir à la fois
une démarche intellectuelle rigoureuse et les capacités nécessaires à la construction d'une réflexion
autonome. Un tel enseignement vise bien à leur donner les moyens de dépasser le discours des
acteurs pour leur permettre d'approcher une connaissance rationnelle des phénomènes économiques
et sociaux. Cela suppose la mise en oeuvre de méthodes pédagogiques adaptées où les élèves sont
mis en situation d’effectuer un travail documentaire exigeant, de travailler par petits groupes, de
rédiger des textes argumentés pour construire des connaissances rigoureuses. Ainsi les SES
permettent-elles d’accéder à plus de rigueur tout en développant la curiosité, d’acquérir des savoirs
conceptuels et un esprit critique tout en développant l’ouverture sur le monde. Les SES ont donc
toute leur place dans le lycée du 21e siècle.


Derrière les choix qui sont faits en matière éducative, ce sont des choix de société qui sont opérés.
Estime-t-on nécessaire aujourd’hui de doter tous les lycéens d'une formation économique et sociale
leur permettant de mieux se repérer au sein de la société et mieux appréhender les enjeux qui la
traversent ?


Une réponse positive à cette interrogation semblera évidente à la majeure partie de la population.
Pourtant, dans son état actuel, la réforme du lycée proposée par Xavier Darcos aboutira à court
terme à la disparition des sciences sociales de la formation des lycéens et à la liquidation d'un
enseignement qui peut se prévaloir d'un réel succès auprès des élèves qui l'ont suivi,
comme a pu le
mettre en évidence l'enquête menée par Roger Establet dans son ouvrage « Radiographie du peuple
lycéen ».


Si la réforme du lycée doit être l'occasion d'améliorer son fonctionnement en remédiant aux
dysfonctionnements constatés, elle doit aussi s'appuyer sur les réussites qui le caractérisent.
Assurément, l'enseignement de SES en fait partie et s'il peut sans doute être amélioré, il ne saurait
être question de le faire disparaître.


Pour toutes ces raisons nous vous demandons solennellement, Monsieur le Ministre, de donnertoute sa place à l'enseignement de SES en classe de seconde et de l'intégrer aux enseignementsobligatoires.


C'est aussi le sens de la journée de mobilisation pour la défense des SES prévue ce mercredi 3
décembre à Paris.

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Le ministère de l'Education
"se pose la question" d'introduire de l'économie obligatoire en seconde - 2/3/08

Le ministère de l'Education "se pose la question" d'introduire de l'économie dans le tronc commun des enseignements obligatoires de la future seconde, qui entrera en vigueur à la rentrée 2009, a affirmé mardi le ministère à l'AFP, confirmant une information de La Tribune.

"On se pose la question, c'est à prendre au conditionnel", a-t-on déclaré au ministère, précisant qu'il s'agirait d'"économie" et non de "sciences économiques et sociales" (SES), actuellement une option de seconde choisie par un peu moins de la moitié des élèves.

Selon le schéma de la nouvelle seconde présenté par Xavier Darcos le 21 octobre dans le cadre de la réforme du lycée, les SES seront en concurrence avec 15 autres modules optionnels d'"exploration".

De ce fait, selon l'Association des professeurs de SES (Apses) qui appelle à une journée de mobilisation mercredi, les sciences économiques et sociales, qui constituent la matière dominante de la série ES (un bachelier général sur trois), sont condamnées à "un déclin certain" si cette réforme reste en l'état.

"Deux raisons poussent à se poser la question: d'une part parce qu'il est important de mieux comprendre la crise et la marche du monde, et d'autre part parce que les lycées ont demandé d'avoir de l'économie lors d'une journée de rencontre entre le ministre et 600 lycéens réunis à Palaiseau" le 15 novembre pour débattre de cette réforme, a ajouté le ministère.


   ( voir le site du Ministère de l'EN)

   



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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 14:35

Le lycée de Xavier Darcos : un miroir aux alouettes ?
Par Christian Laval
Institut de Recherches de la FSU


  + en document annexe, une lettre interne de l'UMP du 24/10/08 de son secrétaire général sur l'école et les réformes entreprises: édifiante!!!

  + site "Main basse sur l'école publique"


La réforme du lycée préparée par Xavier Darcos présente des risques sérieux de régression.

Si elle est mise en oeuvre comme prévu à la rentrée 2009, elle peut déboucher sur un lycée moins
démocratique et moins efficace que l’actuel. Au-delà de la propagande paradoxale qui
voudrait qu’en diminuant l’encadrement pédagogique tout devrait aller mieux,
les acteurs de
l’éducation doivent analyser attentivement les tenants et aboutissants d’une transformation
majeure du lycée. Il est vrai que la réforme prévue est d’une complexité telle que même les
plus avertis ne s’y retrouvent pas facilement. Et la célérité inquiétante de Xavier Darcos n’est
pas faite pour éclairer les choses.


Il faut prendre d’abord la mesure du trompe-l’oeil, ce que l’on appelle « l’habillage » :

moins d’heures de cours, architecture « modulaire », rythme semestriel. Pourquoi cette réforme ?
Officiellement, il s’agirait de rapprocher le lycée de l’université, en rendant les lycéens plus
« autonomes ». En somme, ce qui a tant de mal à convenir à des centaines de milliers
d’étudiants frappés par l’échec du fait d’un sous-encadrement criant devrait être appliqué
rapidement aux lycéens dont beaucoup sont des élèves scolairement fragiles, dont la plupart
n’ont pas à domicile professeurs particuliers et parents en mesure de les aider.


Le raisonnement est étrange. En fait, il est biaisé. Quiconque ne comprend qu’il s’agit
exclusivement « d’habiller » la baisse d'effectif de 80 000 enseignants dans les quatre années qui viennent, dans le cadre d’une politique de réduction de l’emploi public, ne peut vraiment juger de la réforme dans ses fins, ses modalités, ses conséquences.

La raison financière de cette réforme est aujourd’hui masquée, elle ne l’était pas hier. En 2007 dans sa Lettre aux
éducateurs, Nicolas Sarkozy avait dit clairement ses intentions : « Dans l’école que j’appelle
de mes voeux où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins
d’heures de cours, où les moyens seront mieux employés parce que l’autonomie permettra de
les gérer davantage selon les besoins, les enseignants, les professeurs seront moins
nombreux. »

La reconstruction totale du lycée qui est en cours aujourd’hui n’a donc, selon les propos
même de Nicolas Sarkozy, qu’un seul véritable objectif : la réduction du nombre
d’enseignants.
Rien d’autre ne compte, ni l’évolution des contenus, ni la poursuite de la
démocratisation, ni l’élévation des niveaux de savoir. C’est sans doute la première fois qu’une
si profonde mutation est entièrement commandée par des impératifs strictement comptables.
Tout changer pour diminuer le nombre d’enseignants ?


La réforme du lycée s’inscrit dans le cadre plus général de la « Révision générale des
politiques publiques » (RGPP) engagée depuis l’été 2007 et conduite directement par l’Élysée

(cette grande opération de « modernisation » est menée dans le cadre du Conseil de
modernisation des politiques publiques présidé par Nicolas Sarkozy).


Un rapport d’audit confidentiel rédigé par Pierre Lepetit (inspecteur général des finances) et
par Françoise Mallet (inspectrice générale de l’Éducation nationale) et remis le 15 novembre
2007 à Claude Guéant (secrétaire général de l'Élysée) et à Jean-Paul Faugère (directeur de
cabinet de François Fillon) a été rendu opportunément public par l’AEF, une agence de
presse spécialisée dans les questions d’enseignement (communiqué AEF n°83598), au mois
d’août 2008. Il éclaire singulièrement les intentions ministérielles.


La problématique du rapport est simple. Pour parvenir aux objectifs de réduction du nombre
de fonctionnaires (suppression d’un poste sur deux de fonctionnaires à la retraite dans
l’Éducation nationale), il faut entreprendre des réformes structurelles profondes : "Comment
assurer la poursuite voire l'accélération de l'effort d'assainissement budgétaire sur la période
2009-2011-2012 sans réformes structurelles du système éducatif ?" se demandent les experts
commandités. Leur réponse est limpide, en dépit d’une certaine langue de bois : "À défaut de
réforme, le scénario d'optimisation des moyens sera insuffisant pour atteindre les objectifs
budgétaires et conduira à dégrader les résultats du système éducatif", estiment-ils. En d’autres
termes, pour parvenir à ces baisses d’emplois, il faut opérer une série de grandes réformes du
système éducatif dans tous les domaines : pédagogiques, organisationnelles, statutaires.
Les trois scénarios de réforme proposés valent la peine d’être examinés. Ces scénarios
(optimisation, autonomie maîtrisée, autonomie complète), conformément à la logique
strictement comptable de la RGPP, sont évalués uniquement en termes d’économie de postes.


 ° Le premier scénario de "l'optimisation de la gestion des ressources sans réforme majeure de
l'offre éducative" permettrait "une économie potentielle de 41 000 à 43 000 emplois temps
plein (ETP) nets sur cinq ans".

 ° Le second scénario d’autonomie maîtrisée, "comprend des
réformes importantes sur l'offre éducative et sur les conditions de travail des enseignants dans
le cadre d'une plus grande autonomie des établissements pilotée par l'État". L'économie
réalisée est évaluée entre 85 000 à 93 000 ETP nets sur cinq ans.

  ° Le troisième scénario
correspond à une "autonomie complète" du système, c’est-à-dire à la déconcentration totale
de l'offre éducative et à la décentralisation des financements. L'économie réalisée est la même
que celle du deuxième scénario.


Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les auteurs valorisent le deuxième
scénario, qui permet de réduire le nombre total d’enseignants de plus de 10 % en cinq ans,
mais au prix d’une baisse importante de « l’offre d’éducation » et d’une transformation de
l’organisation du travail des enseignants.


On s’intéressera ici spécialement aux conséquences de ce scénario sur le second degré, mais il
n’est pas inutile de savoir que dans le premier degré, cette politique impose déjà un recul
considérable de l’offre d’éducation puisqu’il suppose une réduction du nombre d’heures de
cours, la réduction de la scolarisation à deux ans voire à trois ans, la suppression des réseaux
de soutien et d’aide aux élèves en difficulté.

Cette réduction importante sera donc prolongée dans le second degré, en commençant par le
lycée dès 2009. Fin des redoublements, plafonnement et annualisation des horaires élèves,
simplification des programmes d’enseignement, telles sont quelques-unes des préconisations
du rapport concernant l’offre éducative (à côté de celles qui concernent les conditions de
travail des enseignants).
On voit sans doute mieux le sens de la mission confiée à Jean-Paul de Gaudemar par Xavier
Darcos : proposer une réforme qui puisse satisfaire aux impératifs de la RGPP pilotée par
Nicolas Sarkozy. La FSU par la voix de son secrétaire général Gérard Aschiéri a estimé que le
lycée pourrait « rendre » par l’application de la réforme entre 15 000 et 20 000 postes, soit un
quart ou un cinquième de la réduction totale espérée, le reste des suppressions devant être
trouvé dans le primaire et dans le collège.


Une telle économie de professeurs est-elle « rentable » ?


Vaut-il la peine d’entreprendre dans la précipitation le bouleversement du lycée pour réaliser
une telle économie en personnel enseignant ? En langage profane voire cynique qui sied à
notre époque, la question est : est-on bien sûr que les effets de cette réforme ne coûteront pas
plus cher que les économies souhaitées dans le court terme ? Il faut pour cela mettre en
balance les économies réalisées (770 millions d’euros) et les coûts scolaires et sociaux à très
long terme de ce chamboulement des études secondaires.
Il y a d’abord, les risques propres à une précipitation encore inédite pour une réforme aussi
radicale de l’enseignement. Sans aucune préparation, sans aucune expérimentation, sans
évaluation sérieuse des conséquences de cette « refondation » d’ampleur inégalée depuis
1902, avec pour seule référence une vague évocation du « système finlandais » ou du
« système anglo-saxon » parés soudain de toutes les vertus, on entend bouleverser le système
du lycée français jugé péremptoirement « obsolète ».


Les lycées seront-ils prêts à accueillir en septembre prochain les 500 000 élèves de la nouvelle
seconde ?
Ces derniers ne vont-ils pas devoir « essuyer » les plâtres d’une « rupture »
improvisée qui se poursuivra en Première et en Terminale les deux années suivantes ? Il suffit
d’observer qu’il a été demandé à toutes les Inspections générales de refaire tous les
programmes de Seconde en quelques semaines, pour se rendre compte du caractère hâtif de
cette entreprise radicale.


La question est également de savoir comment faire des programmes si l’on ne sait rien de la
suite et en particulier de l’évaluation des études secondaires (suppression ou transformation
du bac, contrôle continu, crédits d’enseignement par modules, autres ?)
. Rappelons que la
grande réforme historique de 1902, laquelle a introduit officiellement l’enseignement
moderne dans les lycées, avait été précédée de mois d’enquêtes et de discussions
parlementaires d’un très haut niveau intellectuel. Dès 1899, plus de 200 personnalités de
l’enseignement, de la politique, de l’économie, avaient ainsi été auditionnés. Autres temps,
autres moeurs.


Au-delà du risque inhérent à l’impréparation, se pose la question de la pertinence
pédagogique de la réorganisation prévue.

Recensons quelques points de la réforme qui
devraient faire débat et sur lesquels professeurs, parents et élèves auraient leur mot à dire.
L’affichage officiel souligne trois caractères majeurs de la réforme : un enseignement
modulaire, un enseignement semestriel, un enseignement moins chargé.


 ° Un enseignement modulaire. Dans l’état actuel du chantier, l’unité de base des études serait le
« module » de 3 heures pour toutes les disciplines. C’est l’idée faite pour séduire aussi bien
les libéraux adeptes du « libre choix » que les tenants du « constructivisme pédagogique » :
les lycéens choisiront leur parcours et construiront leurs savoirs. Ils seront « acteurs de leur
apprentissage » selon la formule officielle. Claude Allègre avait déjà eu cette tentation de
séduire les élèves par la promesse d’études plus sympathiques dans un « lycée allégé» où le
terrible ennui des études et l’impitoyable sélection seraient enfin surmontés. Sans entrer dans
de trop vastes considérations, notons seulement qu’il n’est pas certain que ce « lycée à la
carte», que cet enseignement « au choix », soit nécessairement plus démocratique et plus
efficace. Ni même qu’il soit nécessairement plus « sympathique ». Le « choix » des modules,
qui vient s’ajouter à celui des établissements avec la suppression de la carte scolaire, risque de
favoriser ceux qui détiennent les clés des meilleurs parcours et qui sont déjà ceux qui ont les
atouts pour obtenir une place dans les lycées de leur supposé « libre choix ».

Les lycéens et leurs familles pourront choisir, à côté d’un tronc commun de 21 heures (3h x 7
modules), entre de nombreuses options « modulaires » (2 par semestre) pour le reste (soit 3h x
2 modules). Les modules de trois heures pour chaque discipline, sans dédoublement, peuvent
aggraver un travers déjà existant : la fragmentation du savoir transmis en petites unités
dispersées
. C’est d’autant plus dommageable que ce dispositif est susceptible de faire éclater
le « groupe-classe », lieu d’intégration et de stabilité pour de nouveaux lycéens, qui en ont
d’autant plus besoin qu’ils sont scolairement fragiles.


Un autre inconvénient apparaît vite. Un certain nombre de « modules » dits
d’approfondissement peuvent être pris dans des disciplines déjà présentes dans le tronc
commun. C’est en particulier le cas pour le français, les mathématiques, les sciences
expérimentales (Physique-chimie, Sciences de la Vie et de la Terre), l’histoire-géographie.
On pourra donc être élève « scientifique » avec peu de français ou élève « littéraire » avec peu
de maths. On risque donc de retrouver bien vite les polarisations archaïques entre culture
scientifique et culture littéraire que quarante ou cinquante ans de transformation avaient peu à
peu réussi à surmonter, spécialement grâce au développement de la filière « économique et
sociale » qui a introduit à grande échelle la « troisième culture » des sciences humaines. On
notera que les Sciences Economiques et Sociales, l’une des seules véritables innovations
disciplinaires du lycée dans la deuxième moitié du XXe siècle, paraissent être les grandes
sacrifiées de la réforme. Il est vrai que cette discipline a eu le malheur de déplaire aux
fanatiques du marché qui, avec leurs lobbies puissants, n’ont eu de cesse de vouloir la
supprimer ou de la dénaturer.


En un mot, la première rupture voulue par Xavier Darcos pourrait bien accentuer inégalités
entre élèves et perturbations dans un rapport pédagogique qui ne se porte déjà pas toujours et
partout au mieux, comme elle pourrait conforter l’ancienne et stérile dualité des « matheux »
et des « littéraires », au détriment de la culture économique et sociologique.


° Un enseignement semestriel. C’est la seconde rupture. Il ne s’agit pas simplement de
remplacer les trimestres actuels par des semestres, ce qui n’aurait aucun sens. Il s’agit de
remplacer des enseignements annuels par des enseignements semestriels. L’évaluation se fera
lors de quatre conseils de classe de mi-semestre (en octobre et en avril) et de fin de semestre
(en février et en juin). Cette « semestrialisation », calquée sur l’organisation universitaire, est
le dispositif complémentaire de la « modularisation » : les élèves changeront de modules à la
mi-année, du moins pour ceux qui ne relèvent pas du « tronc commun ». Ils composeront
donc une sorte de menu de leur choix. Il faudrait s’interroger sur le « détail » de
l’organisation, qui a son importance : comment évaluer ? Un élève redoublera-t-il le
module choisi ? Comment suivre Maths 2 si l’on n’a pas choisi Maths 1 au premier semestre ?
Il serait logique que cette réforme implique la disparition de l’examen terminal, remplacé par
des examens multiples tout au long des études. Évaluation continue dont on peut se demander
si les lycéens la trouveront plus « sympathique » que le vieux baccalauréat.
La question reste de savoir quel sens pédagogique peut bien avoir un dispositif qui peut
favoriser un certain « zapping ». Ceux qui ont quelque pratique de l’enseignement savent qu’il
faut du temps avec des élèves relativement jeunes pour installer des méthodes régulières de
travail, des modes stabilisés de réflexion, des pratiques scolaires et des dispositions
intellectuelles durables. C’est grâce à cette durée que l’enseignement a une portée réellement
formatrice. L’éducation ne ressemble pas au speed dating avec des disciplines que l’on essaye
au gré de ses envies. Le caractère éphémère des cours risque par contre de faire perdre
beaucoup de temps puisqu’il faudra refaire à chaque semestre le même travail d’installation
de la relation pédagogique, le même effort d’adaptation à une nouvelle discipline et à un
nouveau professeur. Les effets de cette semestrialisation sur des élèves qui pour beaucoup
manquent de « maturité » seront sans doute sensibles sur ceux qui ont le plus besoin d’un
encadrement régulier et stable. On notera ici, en passant, que le système scolaire annuellement
organisé, s’il va sans doute à contre-courant d’un certain « bougisme » économique,
technologique et sociétal, apporte peut-être à beaucoup de jeunes, un sentiment de stabilité,
une capacité de se projeter dans l’avenir, une possibilité d’évoluer dans un cadre établi ;
toutes dimensions qu’ils trouvent de moins en moins en dehors de l’école.


° Un enseignement plus court. C’est un objectif fondamental, mais un peu caché, puisqu’il va
permettre cette baisse tant souhaitée du nombre d’enseignants de lycée. Les heures de cours
étant posées comme trop nombreuses, il convient de les « plafonner » pour les élèves. L’un
des objectifs de la réforme est de faire baisser la durée hebdomadaire de cours en seconde à
30 heures maximum (après avoir envisagé une diminution à 27 heures), au lieu de 32 ou
même dans certains cas de 35. Les autres niveaux de Première et de Terminale devraient
connaître les coupes de même ampleur les années prochaines. Mettant toutes les disciplines
sous la même règle des « trois heures », cette organisation réduit le nombre d’heures de cours
dans de nombreuses disciplines, dont celles que l’on considère par ailleurs comme
« fondamentales » : français ou maths, pour ne citer qu’elles. Sauf, comme on l’a dit plus haut
à se spécialiser en prenant ces disciplines en « modules d’approfondissement », les élèves
risquent fort de n’avoir droit qu’à un enseignement très appauvri.


La réforme combine deux principes complémentaires, habilement présentés. Celui du « libre
choix » et celui du « plafonnement »
. Deux risques en découlent : l’appauvrissement du choix
effectif de formation proposé au lycée, illustré notamment par la marginalisation possible de
l’enseignement économique et social, au profit d’une concentration sur certaines matières
« rentables » ; la difficulté de transmettre un savoir construit et solide avec un nombre réduit
d’heures de cours.


Notre dette à l’égard des nouvelles générations


Le lycée, trop hiérarchisé et trop cloisonné, doit connaître une réforme. Mais celle que
propose Xavier Darcos, faute d’avoir fait l’objet d’une discussion, d’une réflexion et d’une
évaluation sérieuse est peut-être la pire que l’on puisse imaginer. Elle présente en effet des
risques sérieux de régression à court comme à long terme, risques accrus du fait que cette
politique n’a pas d’objectifs pédagogiques et intellectuels propres, que son seul but est
financier.


Xavier Darcos, à la suite de Nicolas Sarkozy, martèle un slogan : « moins mais mieux »,
c’est-à-dire moins d’heures de cours et moins d’enseignants. La formule incantatoire laisse
dans l’ombre les conséquences réelles de la diminution de l’encadrement sur la formation.
Chacun devrait pourtant se demander quel sera le prix de la suppression de dizaines de
milliers de postes de professeurs, et qui en supportera les conséquences. D’autant que ce
« lycée light » va dans le même sens que les mesures d’économie prises dans le primaire avec
la fin de la scolarisation avant 3 ans et la réduction des heures de cours du CP au CM2. Ne
doit-on pas craindre une explosion des cours particuliers que pourront seuls s’offrir les jeunes
des milieux les plus favorisés ? Ne doit-on pas redouter, à l’heure de MSN et de Facebook,
une pure et simple diminution de la formation scolaire qui nuira à tous mais surtout aux
jeunes issus des classes les plus modestes ? On peut se demander s’il est bien raisonnable de
prendre le risque d’un recul de la formation culturelle des jeunes Français, à l’heure où l’on ne
parle que « d’économie de la connaissance » et d’intégration par l’école. La réduction de
l’enseignement professionnel de 25 % avec le passage du bac pro de 4 à 3 ans était déjà une
mauvaise orientation. Elle est accentuée par la mutilation de l’enseignement général et
technologique.


Dans un récent entretien au journal Le Monde, Xavier Darcos justifiait la diminution des
dépenses dans l’éducation en disant que « notre devoir est de continuer à alléger le fardeau
que nous léguons aux générations futures »(Le Monde, 7 novembre 2008). On pourrait lui
objecter que nous n’avons pas à leur faire payer les frasques passées et présentes d’une
finance sans limites par un enseignement au rabais. Bien au contraire, notre devoir est plutôt
de donner aux nouvelles générations plus encore qu’hier les moyens de comprendre le monde.
C’était bien là ce qu’entendait Condorcet quand il écrivait que « l'instruction publique est un
devoir de la société à l'égard des citoyens ». Ce « devoir de justice » a un prix. Ne pas vouloir
le payer aujourd’hui, c’est courir le risque de devoir en payer chèrement les conséquences
demain.


Christian Laval
Novembre 2008

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 13:47
Ci-dessous la copie de 2 commentaires de proviseur laissés sur le blog Conseils de classe, instructif... (en bas de page)


directeur furieux ( d'un établissement privé)
le 14 nov 2008 à 11:39

Est-ce que nos dirigeants se rendent compte des conséquences que cette réforme va avoir sur le travail des chefs d’établissement ?

Quelques exemples des difficiultés auxquelles je dois me préparer dans mon lycée :

1. Que vais je faire avec les professeurs dont les horaires seront réduits (je pense aux SES, au latin, aux arts, aux langues 3…) et auxquels je ne saurai quel service confier ? Est ce que l’on sait en haut lieu que dans les établissements privés sous contrat les enseignants ne sont pas fonctionnaires, et n’ont donc pas la garantie de l’emploi, même quand ils ont réussi les concours (au contraire du public) ? Je vais donc devoir mettre en temps partiel imposé des enseignants qui ne le demandent pas, ne pas renouveler le contrat de quelques uns … Génial ! le “chef d’établissement manager” c’est donc ça !

2. Comment vais je faire pour offrir des salles en nombre suffisant pour les multiples “groupes élèves” que cette réforme va créer, avec la multiplication des enseignements “modulaires optionnels au choix des élèves”. Comment pousser les murs, tailler des petites salles là ou il y en a des grandes … moi qui dirige un établissement classé dans lequel il m’est interdit de toucher à l’architecture externe et interne ?

3. Comment vais je organiser les services des enseignants qui auront des activités fluctuantes d’un semestre à l’autre. Sur la base actuelle du “18 ou 15 h de service par semaine” (selon qu’ils sont certifiés ou agrégés), je n’y parviendrai pas. Est-ce que le ministre pourrait être plus franc du collier et dire que ce nouveau lycée ne pourra fonctionner qu’en annualisant le service dû par chaque enseignant… et ça ne va pas du tout leur plaire, d’où sans doute le scandaleux silence ministériel sur cet aspect des choses. La “patate” est trop chaude sans doute. Et qui c’est qui va devoir s’y coller ? Les chefs d’établissements bien sur.

On a donc pondu une véritable usine à gaz… et on ne nous permet même pas d’y réfléchir avec un temps digne de ce nom pour mettre cette réforme (dont je ne discute pas les principes, mais les modalités d’application) en oeuvre. Monsieur le Ministre: la rentrée 2010 ç’aurait été très bien ! Pourquoi cette précipitation pour une apllication rentrée 2009 ?

Merci en tous cas d’avoir ouvert cet espace de discussion sur un aussi grave problème. Que les profs se rassurent au moins sur un point : les chefs d’établissements sont conscients eux aussi des difficultés.

------------------------------------

# protalle 15 nov 2008 à 13:24

Merci au chef d’établissement qui a eu le courage (limité cependant puisqu’il reste anonyme, mais je ne le lui reproche pas, d’autant que je fais la même chose), de faire part de son point de vue sur la réforme.

Je suis moi même proviseur d’un lycée de province, installé au centre d’une grande ville.

Je partage tout à fai le point de vue de mon collègue du privé.

Je voudrais mettre le doigt sur une autre difficulté, qui tient à l’évoltion des besoins horaires en enseignement par discipline. Je vois sur ce blog que beaucoup de professeurs de SES sont inquiets pour l’avenir de leur discipline, et leur avenir personnel. Je peux leur dire que dans mon lycée c’est pareil.

Objectivement, avec la nouvelle seconde, je prévois une forte diminution du besoin horaire de SES : il est clair qu’avec la concurrence qui va s’installer entre les “enseignements compémentaires au choix” (et notamment la présence des SVT, de la physique-chime, d’un module d’approfondissement en maths (sous réserve de confirmation dans le texte officiel à venir bien sur), une part beaucoup plus faible des élèves vont opter pour les SES en seconde. Dans mon lycée, nous tablons d’ores et déjà, sur les bases actuellement annoncées, pour une réduction de 30 à 35% des besoins horaires de SES en seconde. Concrètement, cela revient à reprendre un poste à un poste et demie sur les 5 que nous avons (je dirige un gros lycée, et nous avons près de quinze secondes).

Et nous craignons que cela se prolonge dans le cyle terminal. Notre hypothèse est que nous allons avoir nettement plus élèves en “sciences” (S), un peu plus en “humanités” (L) et assez nettement moins en “sciences de la société” (ES) et ce compte tenu de ce qui va se produire en seconde. le fait d’écarter les profs de SES d’un nombre accru d’élèves de seconde ne va probablement pas jouer en faveur d’une envie d’orientation vers la voie “sciences de la société”. Mais j’ai conscience que là, je fais un peu de la lecture dans le marc de café : pour le cycle terminal, rien n’est vraiment fixé, et donc, il faut attendre.

Je termine en signalant que les SES ne sont malheureusement pas la seule discipline ainsi menacée : nos prévoyons de grandes difficultés pour les services de nos professeurs des disciplines artistiques, de latin et grec classique, de LV3 aussi.

J’ai évoqué cette question lors d’une récente réunion des chefs d’établissements, présidée par le recteur et en présence des inspecteur d’académie, consacée à la mise en oeuvre de la réforme du lycée. On m’a répndu que rien n’est encore certain, des “inflexions” pouvant encore survenir en seconde (!), mais que de toutes les façons, grâce à la flexibilité du travail des enseignants (!!), ils pourraient intervenir dans des “disciplines voisines”, faire du soutien “y compris en dehors de leur discipline”, intervenir en orientation, etc.

Terrible réponse non ?

Michel, proviseur

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 19:19

Les sciences économiques et sociales (SES) vont- elles être victimes de la réforme du lycée ?

      La discipline, jugée gauchiste par la droite et les milieux économiques, risque en tout cas d’y perdre des plumes. Craignant une marginalisation, les enseignants de SES se mobilisent et appellent cette semaine à des actions d’information - réunions, courriers aux parents, etc.

       «Nous craignons un démantèlement de notre enseignement, résume Sylvain David, le président de l’association des professeurs de SES (l’Apses). En classe de seconde, il pourrait tomber de 80 heures aujourd’hui pour ceux qui prennent l’option, à 50 heures. En première et en terminale, il risque d’être éclaté avec de la gestion, l’étude de l’entreprise, etc. Du coup, l’essence même de notre discipline, qui vise une formation citoyenne, disparaîtrait.»

       L’Apses a été reçu le 24 septembre par le recteur Jean-Paul de Gaudemar chargé de mener les discussions avec les partenaires pour préparer la réforme du lycée. Il a assuré ses interlocuteurs qu’aucune décision n’était encore prise - le ministre de l’Education Xavier Darcos a prévu d’annoncer lui-même la nouvelle organisation du lycée le 15 octobre. Mais il a donné des indications jugées inquiétantes.

Tronc. En seconde, les SES devraient rester une option. Mais comme l’année sera désormais découpée en semestres, à raison de trois heures par semaine, les heures de cours vont diminuer de 40 %. Jean-Paul de Gaudemar a expliqué que des élèves se lassaient de leur option et que cela leur permettrait d’'en essayer une autre au second semestre. «Mais il n’a pas dit si l’élève intéressé par les SES pourrait, lui, poursuivre cette option au second semestre», regrette Sylvain David. L’Apses demande que les sciences économiques et sociales deviennent une matière du tronc commun, estimant que tous les élèves devaient avoir une culture économique.

        Dans le «cycle terminal» regroupant la première et la terminale, il n’y aura plus de filières mais quatre dominantes - Humanités et arts, Sciences, Technologie et Sciences de la société. A l’intérieur, chaque élève construira son parcours, en prenant des modules en fonction de son projet professionnel. En Sciences de la société, il pourra choisir gestion ou droit - deux nouveautés -, mais aussi «Economie de l’entreprise», «sociologie des organisations», etc. Les SES voleraient ainsi en éclats. «C’est pour nous inacceptable, tranche Sylvain David, on ne peut éclater le programme de SES puisqu’il s’agit d’utiliser les sciences sociales pour comprendre les enjeux économiques.»

Oreille. Pour l’Apses, il est clair que les lobbies anti-SES - des associations comme l’Institut de l’entreprise - ont l’oreille du ministère. «Le recteur a souligné qu’il fallait réconcilier les SES avec les milieux économiques, précise Sylvain David, nous n’avons rien contre organiser des visites d’entreprises ou faire venir des acteurs économiques à l’école. Mais il ne faudrait pas qu’ils se mêlent des programmes.»

   Article paru dans "Libération" du 1/9/08

               ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++


"Il faut sauver les sciences économiques et sociales au lycée"
               
                Nous avons besoin de votre aide. L'enseignement des sciences économiques et sociales est aujourd'hui menacé de disparition, comme  l'inspection pédagogique  l'indique dans un courrier "son avenir n'est pas assuré". Vous avez en tant qu'élèves, parents d'élèves ou simple citoyen, pu apprécier la valeur de cet enseignement, vous pouvez le défendre avant qu'il ne soit trop tard en signant la pétition initiée par l'Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales en vous rendant à l'adresse suivante :
Pétition pour sauver l'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée

Faites vite car il y a urgence, et merci de faire circuler cet appel, l'avenir des SES au lycée dépend aussi de vous...

 

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 12:00
Appel des 21 organisations

          Notre pays a cette chance extraordinaire de disposer d’un grand service public laïque d’Education. Il traduit notre choix républicain d’une société où tous les citoyens vivent ensemble. Mais imagine-t-on ce que deviendrait ce principe, sans ce tour de force de l’accueil de tous les jeunes, sans distinction, réalisé quotidiennement par notre École ?

         Cette Ecole publique, que nous aimons pour ses réussites incontestables, rencontre aussi des difficultés. C’est pourquoi nous souhaitons passionnément qu’elle évolue et se transforme pour s’acquitter vraiment de sa mission démocratique : faire réussir tous les jeunes, pas seulement les plus favorisés ou les plus « méritants ».

         Pour nous, ce débat et cet effort concernent tous les citoyens car, à travers l’avenir de la jeunesse, c’est celui du pays qui se joue.

L'éducation est notre avenir: il ne doit pas se décider sans nous!

 

            Or, en lieu et place de ce que devrait nécessiter cette grande cause nationale, rassemblant largement les citoyens, à quoi assistons-nous ?

           Au spectacle d’une politique gouvernementale qui, au-delà des habillages, ne voit dans l’Education qu’un moyen d’économiser. Plus que tout discours, la préparation du budget 2009 en est la démonstration : 13500 suppressions d’emplois programmées, soit, dans le cadre triennal dans lequel ce budget s’inscrit, plus de 40 000 postes promis à disparition sur les 3 ans, à rajouter aux 11 200 suppressions de cette année !

         Tout n’est sans doute pas question que de postes en matière éducative, mais nous affirmons que rien ne pourra se faire dans cet acharnement d’un « toujours moins de postes » ! Rien ne pourra davantage se faire avec des réformes à marche forcée encore moins lorsqu’elles aboutissent à de vraies régressions. Rien ne pourra se faire non plus si l’Etat ne cesse de se désengager de ses missions, déléguant hors de l’école ce qu’elle doit assurer pour tous.

         Aussi, nous poussons aujourd’hui un cri d’alerte :

 

            cette politique va détériorer sur le long terme le service public d’Education. Elle porte tous les ingrédients pour que se développe une école à deux vitesses dans une société minée par les injustices et les inégalités.

 

           De ce projet, nous ne voulons pas !

 

        Nous voulons une politique éducative ambitieuse faisant avancer notre Ecole publique en mettant au cœur la réussite de tous les jeunes. Nous voulons pour cela d’autres choix.
Nous en appelons à toutes celles et tous ceux qui pensent que l’Education est une richesse pour notre pays, que l’avenir se joue aujourd’hui, à toutes celles et tous ceux qui refusent que la politique suivie n’entraîne, pour de nombreuses années, le service public d’Education dans l’affaiblissement.

 

        Quelle place veut-on donner à l’Education dans notre pays ? Quel citoyen, quelle citoyenne, veut-on préparer ? Nous n’acceptons pas que la société découvre a posteriori qu’on aurait répondu à sa place, en catimini, à ces questions fondamentales !

Alors, mobilisons-nous ensemble, débattons, parlons, proposons, interpellons l’opinion, agissons sans attendre !

 

    Rassemblons-nous tous dans une grande manifestation nationale le dimanche 19 octobre à Paris.

    Et signez, faites signer sans attendre la pétition nationale: http://wwwuneecole-votre avenir.org


Les organisations qui ont signé cet appel :
AFL - Cé - CEMEA - CRAP-Cahiers pédagogiques - FAEN - FCPE - FEP-CFDT - FERC-CGT - FGPEP - FIDL - Les FRANCAS - FSU - GFEN - ICEM-pédagogie Freinet - JPA - La Ligue de l’Enseignement - SGEN-CFDT - SUD Education - UNEF - UNL - UNSA Education


Les organisations qui soutiennent cet appel :
AEAT - AGEEM - ANATEEP - APSES - CFDT - CGT - CNAL - EEDF - FNDDEN - LDH - MRAP - PRISME - UDPPC - UNSA


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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 06:32

Réforme des lycées: "Darcos recule, ça avance!": voir article récent"

                    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


Le texte complet de la conférence de presse de Xavier Darcos - 21/10/08

   ° Une première remarque. L'Histoire-Geo et les maths ne disparaissent, contrairement à l'annonce ( ci-dessous) du "Journal du Dimanche". C'était tellement gros!? N'était-ce pas une "fuite" savamment organisée ou diffusée par ce journal pour vendre du papier, ou encore pour permettre au Ministre de faire passer sa réforme, comme bien plus "sérieuse" que dit par le Journal?

° Cela dit rien sur les SES (Sciences Economiques et Sociales" qui ne sont pas dans le tronc commun des connaissances de base, à l'heure de la crise financière et du besoin citoyen de comprendre l'économie!!! Mais, n'était-ce pas un des objectifs de la réforme(**)

° Rien sur les emplois qui sont supprimés et le seront encore avec le projet de budget pour 2009


(**) Bon triste soir (écrit un Prof de SES sur la liste inter-ES, ce 21/10/08)

> Nous sommes un module semestriel de 3 heures, en concurrence avec
> tout ce qu'il y avait déjà, et, en plus :
> Litttérature française /  Arts et histoire des arts / Mathématiques /
> Informatique et société numérique.

> Autrement dit, aucun élève n'a intérêt à faire des SES (mathématiques
> et informatique et société numérique vont devenir des modules
> obligatoires pour toute orientation d'excellence…).

> Les élèves vont nous prendre… par plaisir (c'est dit exprès). J'ai de
> plus en plus l'impression que l'objectif fondamental de cette réforme
> est de supprimer les SES.
(...)

> Pascal Binet
> Professeur de Sciences Économiques et Sociales
> Lycée Ambroise Croizat
> 73 Moûtiers

 ++++++++++++++++++++++++++++++++

Articles précedant cette conférence de presse:


1- Exclusif: Le nouveau lycée Par Alexandre DUYCK – 5 10 08
Le Journal du Dimanche

En juin prochain, le lycée d'aujourd'hui aura vécu. "Poussé par l'Elysée", selon un observateur, le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos confirmera prochainement la naissance d'une nouvelle classe de seconde dès septembre 2009 (première en 2010, terminale en 2011). Une annonce qui aurait dû être faite dans dix jours mais qui, selon nos informations, sera repoussée au moins d'une semaine, voire reportée à la rentrée des vacances de la Toussaint.

Une classe de seconde profondément remodelée. La piste de travail actuellement privilégiée par le "Monsieur Réforme du lycée" -le recteur d'Aix-Marseille, Jean-Paul de Gaudemar- consiste à bâtir un tronc commun pour tous les élèves dans lequel on trouverait lettres, maths, histoire-géo, deux langues vivantes et sport. A ce jour, la physique-chimie, l'éducation civique et les sciences naturelles ne font donc plus partie des enseignements obligatoires. Pas plus que l'économie, déjà exclue par une précédente réforme contestée. Ce tronc commun devrait représenter 60% des cours. Le reste sera divisé en deux types de modules, les "exploratoires" (25% du total) et ceux "d'accompagnement" (15%). L'année scolaire sera découpée en deux semestres au lieu de trois trimestres. A la fin du premier semestre, les élèves pourront changer de module, ce qui constitue une révolution: la fin du programme figé pour l'année entière.

La suppression du redoublement. Chaque année, 15% des lycéens de seconde redoublent. "L'idée est que les élèves en difficulté dans tel domaine se renforcent lors du second semestre par le jeu des modules, explique le cabinet de Xavier Darcos, et que le redoublement devienne anecdotique." Quitte à imposer aux lycéens de prendre tel module et pas tel autre, ce qui va à l'encontre de l'esprit initial de la réforme, résumée dans un premier temps comme "lycée à la carte" par le ministre. Une expression abandonnée depuis à la suite de critiques de Nicolas Sarkozy et d'élus UMP. "Je suis attaqué sur ma droite", aurait confié récemment Darcos.

L'histoire-géographie et les mathématiques disparaîtraient du tronc commun

Vingt-sept heures pour tous. Tel devrait être, de la seconde à la terminale, le nouveau volume horaire hebdomadaire de tous les lycéens des filières générales. Actuellement, les élèves ont entre vingt-huit et trente-cinq heures de cours. "On restera dans la moyenne européenne", se défend le ministère. Les syndicats jugent l'hypothèse "inadmissible" et craignent qu'un tel allégement des emplois du temps ne serve à justifier la politique de réduction du nombre d'enseignants. "La réforme se veut au service des élèves, elle n'est pas motivée par des questions budgétaires, réplique un proche de Xavier Darcos. Cela dit, si l'on peut en même temps réformer et réduire les coûts..."

La fin des filières, la fin des maths obligatoires. Les élèves de première et de terminale disposeront eux aussi d'un enseignement découpé en trois. La proportion actuellement retenue est de 45% (tronc commun), 45% (modules exploratoires), 10% (modules d'accompagnement). L'histoire-géographie et les mathématiques disparaîtraient du tronc commun mais pas la philo, qui pourra être débutée (en option) dès la première. Un élève pourrait donc ne plus faire de maths après la seconde! Quant aux filières scientifique (S), économique et sociale (ES) et littéraire (L), trop déséquilibrées (sur fréquentation en ES, pénurie en L) et injustes socialement (les enfants des familles les plus favorisées sont largement majoritaires en S, qui ouvre toutes les portes), elles tombent aux oubliettes. Quatre "dominantes" (humanité et arts, sciences, sciences de la société, technologie) les remplaceront plus souplement grâce au principe des modules (dont le droit, autre nouveauté) interchangeables en cours d'année. Reste le bac : "Je ne suis pas payé pour démonter la tour Eiffel" dit pour le moment Xavier Darcos...

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2- Réforme du lycée: rien d'"arrêté", assure Darcos 7/10/08

PARIS (AFP) — Le ministre de l'Education Xavier Darcos a affirmé mardi sur i-télé que rien n'était encore "arrêté" sur la réforme du lycée, "niant" la "disparition supposée" des mathématiques et de l'histoire-géographie à ce niveau d'étude.

Le ministre répondait à plusieurs organisations de professeurs par discipline, à des syndicats enseignants et aux deux principales organisations lycéennes, qui se sont émus ces derniers jours, dans des communiqués, du fait que certaines disciplines pourraient disparaître d'un futur tronc commun des enseignements, à la suite d'informations de presse allant en ce sens.

"Rien de ce qui est publié n'est définitif et avéré. Je pourrais même aller plus loin: concernant par exemple la disparition supposée des mathématiques et de l'histoire, et autres inventions, je nie absolument que ceci soit arrêté", a déclaré Xavier Darcos.

Parlant de la réforme, le ministre a dit: "Nous ne voulons pas l'arrêter (maintenant, ndlr) car nous souhaitons que les lycéens soient associés le plus possible au processus" de concertation.(...)


La réforme du lycée, dont les grands axes doivent être présentés "entre le 15 octobre et la Toussaint", selon le ministère, a pour objectif de favoriser l'émergence d'un lycée plus souple et d'une plus grande autonomie des lycéens. La nouvelle seconde doit être mise en place à la rentrée 2009.

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3- Le SNES a décidé de quitter les discussions
 sur le lycée avec de Gaudemar
9/10/08

Le SNES s'est engagé en juin dans des discussions sur la réforme des lycées, avec la volonté de promouvoir des changements dans l'intérêt des personnels et des élèves, dans un cadre ouvert.
La méthode employée par le chargé de mission ne permet pas l'exploration d'autres pistes de réflexion que celles qu'il propose.
L'absence de réponses aux questions centrales que nous posons rend la poursuite des discussions impossible.

L' US en ligne

la pétition SNES -SNEP à signer en ligne
"Pour une réforme du lycée répondant à l’intérêt des élèves et à l’amélioration du travail des personnels"

Si  le SNES quitte la discussion dans ce cadre imposé, il entend bien continuer à mobiliser et mettre en débat la profession, pour arracher les améliorations nécessaires, tant au collège qu’au lycée, faire enfin ouvrir le dossier de la revalorisation de nos métiers, pour tous.

Une étape importante a lieu le dimanche 19 octobre: manifestation nationale à Paris
                                soyons nombreux à y participer.

 

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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 08:27
      Professeur de Sciences Economiques et Sociales en Lycée de 1971 à 2OO8 ( correspondant au Bac ES, ex bac T' que j'ai passé il y a bien longtemps, devenu après le bac B, puis ES), je continue à partager l'action de mes collègues et de l'APSES, Association des Profs de SES, et je vous propose:
- l'article ci-dessous de Thierry Rogel de décembre 07, mais son analyse est fort pertinente et toujours d'actualité
- un lien vers le site de l'APSES
- un autre lien vers l'appel d'Alain Beitoine
- une clarification récente et très positive de Mr Guesrnerie

- une excellente approche de profs du supérieur http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/171008/les-sciences-economiques-et-sociales-par-temps-

- Ce 21/10/08: X Darcos annonce sa réforme des Lycées: les SES y sont marginalisées

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Courrier envoyé à Michel Rocard
De l’à peu-près à la calomnie : dix ans de contre vérités
Par Thierry Rogel

dimanche 16 décembre 2007


- Le dossier complet, avec les tableaux statistiques peut être téléchargé au bas de cette page.

Monsieur, En tant que professeur de « sciences économiques et sociales », je me permets de vous adresser un dossier concernant les attaques récurrentes dont ma discipline fait l’objet depuis au moins une dizaine d’années. J’utilise ici le terme « attaques » et non « critiques » ; non que cet enseignement ne puisse pas faire l’objet de critiques, il est bien entendu loin d’être parfait et les professeurs de SES sont en mesure d’entendre et de prendre en considération toutes les critiques constructives, d’où qu’elles viennent, pourvu qu’elles soient fondées sur des données réelles et exactes. Mais nous devons également essuyer régulièrement des critiques non fondées voire malveillantes ; c’est de celles ci que j’aimerais vous parler.


MONSIEUR DARCOS ET L’HORREUR DES CHIFFRES.

- A tout seigneur, tout honneur : nous pouvons commencer par divers ministres de l’Education Nationale. Vous avez encore en mémoire les propos de Xavier Darcos sur la filière ES aux débouchés incertains (Droit, sociologie, psychologie), propos entièrement remis en cause par les données statistiques officielles de son propre ministère : ainsi, les élèves de ES allant en Droit (15,6%), sociologie (2,3%) et économie (13,6%) ne représentent pas l’essentiel des bacheliers ES puisque 68,5% des bacheliers ES font autre chose que les licences pré-citées (données 2006 du MEN).

- Par ailleurs, 62,5% d’entre eux poursuivent des études supérieures longues, 25% des études supérieures courtes (IUT, BTS, Ecoles spécialisées) ; enfin, ils représentent 12% des entrants en classes préparatoires (dont la majorité, les classes préparatoires scientifiques ne leur sont pas accessibles) ainsi que 44% des entrants dans les grandes écoles de commerce,

- Pour finir, leur réussite en Licence n’a rien à envier à celle des autres bacheliers : 74,9 % des bacheliers ES réussissent leur licence sans redoubler, contre 70,4 % des bacheliers S et 69,8 % des bacheliers L.

- Enfin, soulignons que si les bacheliers de la série ES représentent une faible proportion des élèves des classes préparatoires (13,6 %), c’est avant tout parce que les deux tiers des effectifs de ces dernières vont dans des formations destinées "par nature" aux bacheliers S. Mais si on se limite aux seuls classes préparatoires économiques et commerciales, on s’aperçoit que les bacheliers ES représentent alors 44 % des entrants !

 

LE CAS LUC FERRY : LA MEMOIRE DE L’AVENIR.

Mais il n’est pas le seul ; les propos de monsieur Luc Ferry sont étonnants par leur inexactitude. Ainsi, dans le numéro de l’Expansion du 1er Juin 2006, en réponse à la question : « Est-il possible de réconcilier l’école et l’entreprise quand une grande partie de l’enseignement est hostile à l’économie de marché ? Il déclare : « Les programmes d’économie me semblent, en effet, hors du monde, bourrés d’idéologie. Je n’ai pas réussi à les changer autant que je l’aurais voulu, mais j’y ai quand même introduit des notions aussi extravagantes qu’« entreprise » ou « marché », qui étaient absentes des textes avant mon arrivée. » (LUC FERRY : Les jeunes m’effarent par leur conservatisme - Propos recueillis par Bernard Poulet - 01/06/2006 - L’Expansion )

Or, il est facile de voir que les thèmes de l’entreprise et du marché sont présents dans les programmes des sciences économiques et sociales et ce dès leur origine. Pour preuve, l’encadré ci-dessous :

 

PROGRAMME : CLASSES DE PREMIERE B (Quatre heures)

 

LA VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE LA NATION

Introduction : Les agents de l’économie. Eléments d’analyse sociale (vocabulaire, méthodes élémentaires).

 

I. L’entreprise

1° Les problèmes économiques de l’entreprise : les facteurs de production et leur combinaison ; l’équilibre de l’entreprise. comptes d’exploitation. résultats et bilan.

2° Les différentes formes d’entreprises : statut juridique et dimension.

3° L’organisation de l’entreprise et ses problèmes humains.

 

L’entreprise apparaît bien comme le premier chapitre du programme de première B ; j’ai oublié d’indiquer la date ; voyez ci-dessous :

- A compter de la rentrée 1967, l’enseignement de l’instruction civique sera donné dans le cadre du programme d’initiation aux faits économiques et sociaux dont l’horaire global est porté à 4 heures 30.
- Et oui ! Il s’agit des programmes d’origine de l’année 1967. Mais on peut excuser monsieur Ferry qui, né en 1951, n’avait alors que 16 ans (l’âge pour entrer en première justement) ou bien admirer sa précocité puisqu’en toute logique, on doit tirer de ses propos qu’il a été nommé ministre de l’Education Nationale avant même sa majorité.

 

Et le marché, me direz-vous ?

Il était abordé dans la troisième partie du même programme de première.

 

III. L’économie nationale

A. La monnaie et les institutions financières. 1°Création. Formes et fonction de la monnaie. 2° Crédit et système bancaire

B. La production et sa répartition. 1° Composition et évaluation du produit national ; le revenu national et sa répartition. 2° La formation des différents revenus (salaires, bénéfices. etc.) ; la redistribution des revenus.

C. Mouvements et équilibres économiques. 1° Les marchés et les prix : notions sommaires sur la formation des prix ; types de marché et types de prix ; les mouvements des prix.

- Mais peut-être Mai 68 ou le socialisme au pouvoir sont ils passés par là et auraient jeté l’entreprise aux oubliettes ? Examinons les programmes du début des années 1980.

 

Programmes officiels. Arrêtés du 26/01/81 et du 9/03/82 Classe de Seconde

OPTION « INITIATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE" (Deux heures hebdomadaires)


I Récapitulation et mise en ordre des connaissances acquises, permettant de situer l’économie et la société françaises, dans leur état actuel par rapport aux principales formes d’organisation économique et sociale passées et présentes et de rappeler la notion de circuit économique


II La population active (définition et mesure, répartition par secteurs, évolution). Les catégories socio-professionnelles.
- L’entreprise, productrice de biens et de services : La diversité des entreprises, selon la nature de leurs activités, leur statut, leurs dimensions.
- Le fonctionnement de l’entreprise.
- L’organisation du travail et les problèmes sociaux dans l’entreprise

- L’entreprise est remontée d’un cran. On ne l’enseigne plus en première mais en seconde (rappelons qu’à l’époque, tous les élèves de seconde générale doivent suivre cet enseignement, ce qui n’est le cas aujourd’hui que de pour 43,3% d’entre eux).

Et le marché ? Il est enseigné en classe de première et ce, de manière assez approfondie.


CLASSE DE PREMIERE B (Horaire hebdomadaire trois + une heure) Economie et société française L’étude de ce programme sera conduite de façon à mettre en valeur les liens d’interdépendance qui unissent les réalités économiques. sociales, politiques sur lesquelles il porte.

 

II. STRUCTURES ET MÉCANISMES ÉCONOMIQUES
- 1. Description et mesure des activités macro-économiques et micro-économiques : Principes et présentation simplifiée de la comptabilité nationale (secteurs institutionnels, opérations, agrégats, tableau économique d’ensemble) ; Présentation simplifiée des comptes d’entreprise.
- 2. Analyse structurelle de la production : branches, secteurs, filières ; stratégies d’entreprise.
- 3. La monnaie création, formes, fonctions ; le rôle des banques.
- 4. Marchés et prix.
- 5. L’échange international.

 

ON N’EST JAMAIS TRAHI QUE PAR LES SIENS : L’EPISODE DE L’EXPANSION.

Mais ces critiques sont parfois plus anciennes, à l’image d’un article publié dans l’Expansion du 19 Février 1998, et consacré à l’enseignement de l’économie. La critique avait paru honnête à de nombreux professeurs de SES même si on trouvait de curieux commentaires comme : « En somme, résume avec brutalité un professeur d’économie d’une grande école, on apprend aux lycéens que les lois du marché sont le masque d’une idéologie au service des puissants, que l’intervention des Etats est indispensable, que la crise est le corollaire normal du capitalisme, et que les prétentions de l’économie au statut scientifique sont très suspectes ! » Il semble curieux que l’appréciation d’un programme soit faite par un professeur anonyme d’une grande Ecole qui n’a peut-être jamais enseigné en lycée. Mais passons !

 

- En revanche, les intertitres et les encadrés étaient assassins. Celui-ci est typique : « L’étude de l’économie est délaissée : de moins en moins de bacheliers, tous bacs confondus, s’inscrivent en sciences éco. Et le bac ES (section économique et sociale) est en crise : seuls 17 % des bacheliers ES se retrouvent effectivement dans les filières économiques de l’université. »


- A priori, on pourrait penser que ce résultat illustre plus un échec de l’enseignement supérieur que de la filière E.S. Parlerait-on d’échec de la série scientifique en s’appuyant sur le faible pourcentage de bacheliers S faisant polytechnique ou entamant des études de médecine ? Ce qui frappe d’ailleurs, c’est la faute de raisonnement de base de ce journaliste (faute de lecture basique de pourcentage que nous tentons de combattre dans nos cours : en effet en 2006 seuls 8,9% des bacheliers ES vont en licence économie-gestion mais les bacheliers ES représentent 45,1% des étudiants en licence économie-gestion, contre 22,7% pour les bacheliers S et 1,3% des bacheliers L, le reste étant constitué de bacheliers technologiques et professionnels et d’étudiants étrangers (source MEN).


- Enfin, notre programme était présenté ainsi : « Mais le programme définit une économie « vue par les sociologues », et, sur le fond, très inspirée par la tradition keynésienne ». C’est oublier que le programme officiel à l’époque prévoyait explicitement l’étude de plusieurs grands auteurs en économie : Adam Smith, Karl Marx (mais vu sous l’angle de ses travaux sociologiques), David Ricardo, J.M. Keynes, J. Schumpeter et Milton Friedman (ce dernier a disparu des programmes depuis). Si on compte bien cela fait quatre auteurs classés généralement parmi les libéraux sur un total de six auteurs. Effectivement, la balance n’est pas très équilibrée, mais pas dans le sens supposé par l’Expansion. A la suite de nombreuses lettres de protestation, l’auteur de l’article, Gérard Moatti, a adressé un mot d’excuse où l’on peut lire ceci : « En particulier, le fait qu’une minorité d’élèves de la filière ES poursuive des études supérieures en science-éco ne signifie nullement que la filière soit « dans l’impasse », comme l’indique l’un des encadrés(…) De fait, cet article a été « édité » (titre, chapeau, intertitres, encadrés , légendes) à un moment où ses auteurs étaient absents de Paris, d’où ce malentendu et ce décalage-regrettables, je l’avoue » « Il est exact que l’entreprise est étudiée dans la filière ES – mais davantage en première qu’en terminale, à en croire les programmes. Or les sujets du Bac portent surtout sur le programme de terminale, sur lequel se concentrent bien naturellement les efforts des candidats ».

 

LE MAGAZINE « CAPITAL » ET DE L’USAGE DU « ON DIT » ET DE L’A PEU PRES.

Le plus beau fut quand même un article du 22 Juin 1999, paru dans le magazine Capital, « L’économie au lycée, çà craint ! » (article qui pour nous, enseignants en sciences économiques et sociales, reste mythique), et dont le sous-titre est : « Programmes indigestes, profs mal formés, faible niveau des élèves qui ont choisi cette discipline », et dont un des intertitres était : « Des programmes inadaptés, des profs complexés, des débouchés aléatoires ... Autant de maux qui accablent la série ES ». Difficile pour un « petit prof » de se relever de tels propos. Fort heureusement, l’auteur de l’article, Hervé Jannic, use plus de l’insinuation que de l’argumentation. Passons sur le fait qu’il débute par une erreur pardonnable : « Il a d’ailleurs fallu attendre 1966 pour que cette discipline soit officiellement reconnue, mais en n’étant obligatoire qu’à partir de la première et en restant cantonnée dans une filière créée pour la circonstance, la série B ». La discipline était enseignée dès la seconde dans une filière nommée « AB » et ouvrant soit sur la filière B soit sur la filière G.


- Pour le reste, qu’on en juge : « Justifiés ou non, au moins trois reproches visent la série ES. D’abord, le faible niveau des élèves qui l’ont choisie. Ou plutôt qui s’y retrouvent parce qu’ils ne brillent ni en sciences ni en lettres. « La plupart sont là faute de mieux », soupire un professeur d’économie ». « Justifiés ou non » : apparemment, l’auteur ne s’inquiète pas de savoir si les reproches sont justifiés, nous ne sommes pas loin de la rumeur malveillante. Puis : « Le deuxième reproche s’en prend au contenu de l’enseignement, qualifié par un inspecteur d’académie de « mauvais potage fait d’abstractions indigestes et de bavardages superficiels ». Qui est cet inspecteur anonyme ? Et inspecteur de quelle discipline ? Egalement : « Le troisième, le plus grave, dérive des deux précédents : manquant de bases solides, la plupart des bacheliers ES n’ont aucune chance d’intégrer une grande école de gestion et risquent même de décrocher vite dans une fac de sciences éco. » La consultation des données statistiques déjà fournies permet de se faire une opinion sur ces propos.

 

- L’usage de la contradiction n’émeut pas non plus notre journaliste. Ainsi, il écrit : « Aujourd’hui, les débats continuent en interne, mais les partisans d’un enseignement à forte coloration théorique l’ont manifestement remporté (lire l’encadré page suivante) ». Puis, quelques pages plus loin, parlant des bacheliers ES qui tentent une première année en faculté de sciences économiques : « En fait, rares sont les bacheliers ES - seulement 10% d’une promotion - qui tentent encore l’aventure. Les autres ont compris qu’ils n’avaient rien à faire dans ces facultés où, sélection oblige, l’enseignement est théorisé à l’extrême. Heureusement, les facultés commencent à mettre de l’eau dans leur vin. »


- Malheur ! nous avons beau fait un cours théorique, nous ne sommes pas encore suffisamment théoriques pour l’université. Enfin : « Significatif : l’entreprise est pratiquement ignorée ». Eternel refrain dont nous avons déjà vu la valeur…

 

UN INSTITUT DE SONDAGE EN VOGUE A L’ASSAUT DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES.

Enfin, une des dernières critiques, qui semble voir porté ses fruits est celle de monsieur Lanxade président de la jeune association « Positive entreprise » qui publie un rapport sur l’enseignement de l’économie au lycée dans le cadre d’une association, « positive entreprise ». D’après lui, « Les jeunes mesurent un profond décalage entre leur génération et les attentes du monde de l’entreprise. À 55%, ils jugent l’école responsable de ce fossé. Tel est le résultat du sondage Positive Entreprise – Opinion way publié en juin 20071. Tout cela laisse penser que les solutions d’améliorations doivent se concentrer sur le projet pédagogique de l’école ainsi que sur le discours et les actions que les entreprises doivent tenir à l’égard des jeunes générations ».

Et, bien entendu, ce serait l’enseignement de l’économie au lycée qui serait responsable de cet état de fait.

 

A) UN SONDAGE DOUTEUX

Son analyse porte sur un sondage effectué par « Opinion Way » (institut récemment critiqué par diverses personnalités politiques), en juin 2007 auprès d’un échantillon de 325 jeunes. 325 jeunes ! On appréciera l’importance de l’échantillon interrogé.

 

B) UNE PROBLEMATISATION ETONNANTE

La démarche de « Positive entreprise » est clairement présentée par l’économiste Olivier Bouba-Olga (http://obouba.over-blog.com/article-12211612.html) : « (…) la question posée est « selon vous, pourquoi existe-t-il un profond décalage entre les jeunes et l’entreprise ? » avec comme proposition de réponse : I) en raison du fossé qui existe entre l’école et l’entreprise II) parce que la nouvelle génération ne croît plus aux promesses de l’entreprise, III) parce que la nouvelle génération ne souhaite pas s’impliquer autant dans l’entreprise, IV) en raison du chômage des jeunes, V) aucune de ces raisons.

 

Résultat des courses : 55% attribuent « le profond décalage » au fossé « école-entreprise ». Deux remarques : I) la question est d’emblée biaisée, on ne demande pas aux jeunes s’il existe un décalage, on leur dit qu’il existe un décalage et on leur demande quelle explication ils en donnent. Incomplet, réducteur et idéologiquement orienté, comme démarche. II) considérer qu’il existe « un décalage entre jeune et entreprise » n’est pas synonyme de « les jeunes n’aiment pas l’entreprise ». Or, c’est l’assimilation qui est faite dans 20 minutes, ainsi que par Thibault Lanxade à plusieurs reprises dans les interviews.

 

- Par ailleurs, on peut être surpris par la thèse selon laquelle cette situation serait le résultat de l’enseignement de « l’économie » en seconde, enseignement qui ne touche, en 2006, que 43,3% des élèves de seconde générale et environ 25 % du total des élèves de seconde. Peu de corporations ont une telle « capacité de nuisance » !

 

C) UNE LECTURE BIAISEE DES MANUELS ET DU PROGRAMME.

L’analyse des manuels de sciences économiques et sociales de seconde qu’on peut trouver dans le « Rapport Lanxade » est pour le moins étonnant et souvent baisée.

 

1) UN PROGRAMME EXCESSIVEMENT SOCIOLOGIQUE ?

D’après le rapport Lanxade : « Le programme de Seconde de Sciences économiques et sociales traite largement de questions sociologiques, au détriment d’une approche purement économique ».
- La simple lecture du programme officiel montre que tel n’est pas le cas. Et, par ailleurs, on peut se demander pourquoi la compréhension du monde contemporain devrait exclure ou minorer la composante sociologique des problèmes. On peut le vérifier ci dessous : les points 2 (la famille), 3.2 (la classification professionnelle), voire 4.3 (organisation du travail et relations sociales) et 5.2 (consommation et mode vie) peuvent effectivement être considérés comme des problèmes sociologiques et non économiques (mais on peut supposer que Jean Fourastié qui s’est tant intéressé à la question du mode de vie ne soutiendrait pas exactement cette classification). En contrepartie, les points 3.1 (La population active), 4.1 (diversité des organisations productives), 4.2 (La production dans l’entreprise) et 5.1 (les ressources : revenus et crédit) relève de l’approche économique.

 

PROGRAMME NOTIONS QUE LES ÉLEVES DOIVENT CONNAITRE, SAVOIR UTILISER ET PRÉCISER

1 - Introduction : La démarche des sciences économiques et sociales

2 - La famille : une institution en évolution Diversité des formes familiales, Relations de parenté, Ménage

3 - L’emploi : une question de société 3.1 La population active Actifs / inactifs, Emploi salarié / non salarié, contrat à durée indéterminée / emplois précaires, Chômage

3.2 La classification socioprofessionnelle Catégories socioprofessionnelles

4 - La production : un espace de relations économiques et sociales 4.1 La diversité des organisations et leurs objectifs Entreprise, Administration, Association

4.2 La production dans l’entreprise Facteurs de production (capital et travail), Productivité du travail, Investissement, Valeur ajoutée

4.3 L’organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production Organisation du travail, Contrat de travail, Représentation des salariés

5 - La consommation : une activité économique, sociale et culturelle 5.1 Les ressources : revenus et crédit Revenus primaires, Revenus de transfert, Revenu disponible, Salaire

5.2 Consommation et mode de vie Biens privés / Biens collectifs, Pouvoir d’achat, Niveau de vie, Effet de signe

 

On peut tirer deux conclusions de cette rapide inspection du programme de seconde :


- Quatre items sont consacrés à des problèmes sociologiques et quatre items à des problèmes économiques. Le programme officiel propose une durée approximative pour chaque chapitre (famille : 4 à 5 semaines, Emploi : 6 à 7 semaines, Production : 9 à 10 semaines, consommation : 8 à 9 semaines). Chaque chapitre ayant des composantes à la fois économiques et sociologiques, il est difficile de faire une quantification précise mais on peut évaluer le temps passé aux problèmes sociologiques entre 14 et 16 semaines et celui passé aux problèmes économiques entre 13 et 15 semaines. La suprématie des questions sociologiques apparaît tout de même comme très relative.


- On voit également la distinction entre questions sociologiques et questions économiques est rarement simple : certes l’effet de signe peut renvoyer à des analyses sociologiques (Baudrillard) mais son utilisation par les publicitaires entre pleinement dans le cadre de l’analyse économique et, plus précisément, de l’analyse de l’entreprise (à moins que les entreprises ne fassent pas de publicité ?). de même, nous avons arbitrairement classé l’Item « organisation du travail et relations sociales » dans la catégorie « questions sociologiques » ce qui surprendrait probablement monsieur Rocard qui, dans le cadre de la commission Pochard , a déclaré : « Nous sommes le seul pays d’Europe où le dialogue social n’existe à peu près pas » (réponse aux enseignants ), montrant que l’analyse économique ne peut être déconnecté de l’analyse des relations sociales. Enfin, même un sujet aussi sociologique que la famille peut être relié aux problèmes économiques (une des causes essentielles de la montée des prix de l’immobilier n’est elle pas la multiplication des ménages consécutive à celle des divorces ?)

 

2) L’ENTREPRISE, PARENT PAUVRE DU PROGRAMME ?

D’après le « rapport Lanxade » : « L’entreprise apparaît comme le parent pauvre du programme.
- Les thèmes spécifiques à l’entreprise sont peu nombreux ; donc peu de temps d’enseignement leur est consacré. Citons le profit et la répartition de la valeur ajoutée, les systèmes de production, les investissements, l’organisation du travail et les relations sociales. On peut craindre que certains de ces thèmes ouvrent la voie, dans les manuels et certainement en cours, à des présentations tendancieuses de l’entreprise. » La aussi, la simple lecture du programme permet de montrer que l’entreprise occupe 9 à 10 semaines dans le programme de seconde (sans même compter les aspects de la consommation liés à la publicité), soit environ un tiers de l’année.


- Le thème de l’entreprise revient à plusieurs occasions dans les programmes de première et de terminale. En première, elle est notamment abordée dans le cadre du chapitre consacré au marché sous l’item « l’entreprise et les marchés » (« Les stratégies des entreprises » et « le contrôle de la concurrence ») mais il est bien entendu qu’on doit aussi en parler dans les chapitres consacrés aux « agents économiques » et au « financement de l’économie ».


- En terminale, le thème de l’entreprise est explicitement traité dans le cadre des « stratégies internationales des entreprises » (ajoutons l’analyse des textes de Schumpeter et donc la présentation de la notion « d’esprit d’entreprise » dans le cadre de l’enseignement de spécialité) mais aussi en filigrane lorsque l’on aborde les déterminants de l’investissement, les sources de la croissance économique, les évolutions de l’organisation du travail répondant aux besoins de flexibilité des entreprises ou le rôle central du travail dans l’intégration sociale des individus.


- On peut reconnaître qu’on est loin de la place de « parent pauvre » que monsieur Lanxade prétend déceler, à moins que comme dans trop d’affaires d’héritage familial, la convoitise fausse la vision de la réalité. Relevons également la dernière phrase du texte précédent : « On peut craindre que certains de ces thèmes ouvrent la voie, dans les manuels et certainement en cours, à des présentations tendancieuses de l’entreprise ». Il n’y a là pas de constat mais un procès d’intention.

 

3) DES DEBATS DEPASSES ?

Toujours selon monsieur Lanxade : « Le programme n’évite pas quelques débats dépassés (exemples des nationalisations, des dimensions symboliques de la consommation, de la transformation de certaines fonction , tels les services aux personnes, en activités salariées) »

La consultation du programme officiel montre que la notion de nationalisation n’est pas présente.

 

PROGRAMME NOTIONS QUE LES ÉLEVES DOIVENT CONNAITRE, SAVOIR UTILISER ET PRÉCISER

4 - La production : un espace de relations économiques et sociales 4.1 La diversité des organisations et leurs objectifs Entreprise, Administration, Association

4.2 La production dans l’entreprise Facteurs de production (capital et travail), Productivité du travail, Investissement, Valeur ajoutée

4.3 L’organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production Organisation du travail, Contrat de travail, Représentation des salariés

- En revanche, on doit bien parler des dimensions symboliques de la consommation (sous l’appellation « effet de signe ») mais en quoi s’agit-il d’un « débat dépassé » ? Les publicitaires n’usent ils pas tous les jours de cette dimension symbolique ?

 

PROGRAMME NOTIONS QUE LES ÉLEVES DOIVENT CONNAITRE, SAVOIR UTILISER ET PRÉCISER

5.1 Les ressources : revenus et crédit Revenus primaires, Revenus de transfert, Revenu disponible, Salaire

5.2 Consommation et mode de vie - Biens privés / Biens collectifs Pouvoir d’achat, Niveau de vie, Effet de signe

 

4) DES INTERPRETATIONS SURPRENANTES.

Par ailleurs, la lecture et l’interprétation des textes proposés dans un des manuels incriminés est pour le moins surprenante. Qu’on en juge : monsieur Lanxade reprend un texte tiré d’un manuel puis le commente :

 

- « Le partage de la valeur ajoutée peut être conflictuel puisque ce qui est gagné par les uns est perdu par les autres. L’entreprise peut être tentée de licencier des salariés, d’accroître la productivité du travail pour obtenir plus de profit et mieux rémunérer ses actionnaires. Lorsque les salariés sont en position de force, ils réussissent à obtenir une part plus importante de la valeur ajoutée, mais cela peut conduire les entreprises à moins investir, provoquant un vieillissement de l’appareil productif. » Les salariés sont donc systématiquement défavorisés (pression sur les salaires, plans de licenciements…), à la différence des actionnaires, que les entreprises doivent « choyer, attirer, rassurer, écouter puisqu’ils détiennent le nerf de la guerre »

 

- Voilà un texte où on met en balance les risques d’un partage déséquilibré soit dans le sens d’un profit trop important soit dans un sens trop favorable aux salaires (« mais cela peut conduire les entreprises à moins investir, provoquant un vieillissement de l’appareil productif ») et l’auteur de ce rapport y voit une présentation biaisée uniquement en faveur des salariés. Plus intéressant aurait été de critiquer le fait que le partage de la VA est conçu ici uniquement comme un jeu à somme nulle (cela a-t-il été fait dans la suite du texte du manuel ?).

 

Autre analyse de monsieur Lanxade :

- « Le progrès technique est présenté de façon essentiellement négative. Un seul exemple en la matière, le QCM proposé : « Le progrès technique : a/ provoque toujours une augmentation du chômage ; b/ détruit des emplois mais peut aussi créer de nouvelles activités ; c/ a un effet négatif sur l’emploi à court terme, mais variable à long terme. »

 

- Quel économiste prétendrait que le progrès technique ne détruit pas des emplois à court terme puisque, comme le rappelle Alfred Sauvy, c’est bien pour cela qu’il a été conçu ? La grande question est de savoir sil crée plus d’emplois qu’il n’en détruit, occasion de présenter la notion de déversement de Sauvy (qui, nous semble-t-il, n’était pas spécialement gauchiste).

 

CONCLUSION

Evidemment, nous sommes conscients que ce compte-rendu pourrait créer ou renforcer une image de « professeurs de sciences économiques et sociales » renfermés dans leur forteresse et quelque peu paranoïaques. Il s’agirait là d’une grossière erreur car nous ne refusons pas les critiques, surtout constructives, pourvu qu’elles soient fondées sur des éléments fiables et avérés et il en existe heureusement. Notre discipline est loin d’être parfaite et doit évoluer, d’ailleurs nos programmes ont une durée de vie moyenne de 4 à 5 ans (quelle autre discipline du lycée peut en dire autant ?) et nos manuels sont réédités tous les 3-4 ans pour coller au plus près des statistiques et de l’actualité sociale et économique. Mais nous avons voulu montrer ici que trop de critiques sont non fondées, élaborées rapidement et avec bien peu de rigueur intellectuelle or, à force d’être répétées, elles ne sont diffusent pas moins dans la société (« Calomniez ! Calomniez ! Il en restera toujours quelque chose ! »).





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  • : Henri MOULINIER
  • : Espace de débat pour contribuer à l'élargissement du Front de gauche, la victoire de la gauche pour une réelle alternative au néolibéralisme et au capitalisme
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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