La sixième réforme du système des retraites ne marque pas d’inflexion profonde de gauche, même si quelques mesures limitées semblent vouloir prendre en compte la pénibilité du travail et les études des jeunes. Même si le gouvernement manœuvre en recul en évitant d’augmenter la CSG (supportée à 70 % par les salariés) et de toucher au régime des retraites des fonctionnaires ou de désindexer totalement les retraites (dont la revalorisation est cependant décalée dans l’année de plusieurs mois, d’avril à octobre) .
La continuité de la politique de la droite …
L’essentiel est bien ailleurs, dans la continuité des mesures imposées par la droite :
- L’indexation des retraites demeure calculée sur l’indice des prix, qui minore le poids de l’inflation des dépenses du quotidien (chauffage, alimentation, …). Balladur, en 1993, avait mis en cause l’indexation prenant en compte l’inflation ET la hausse des richesses créés (hausse du PIB). Hollande maintient ce choix qui contribue à réduire le pouvoir d’achat des retraités, alors que des millions d’entre eux connaissent la pauvreté, après toute une vie de labeur.
- Le montant des retraites demeure, pour le privé, calculé sur les 25 dernières années d’activité, et non plus comme avant sur les dix meilleures années. Autre coup de couteau amputant les retraites. La droite l’a fait. Hollande le maintient.
- F. Fillon avait fait voter un texte de loi comportant un article indexant automatiquement espérance de vie et durée des cotisations. Hollande maintient cette indexation. Alors que l’espérance de vie en bonne santé a diminué d’un an depuis 2010 selon l’INSEE, à cause des conditions de vie et de travail de millions de chômeurs et de travailleurs précaires, mais aussi de l’allongement du l’âge de départ à la retraite.
- L’âge effectif de départ à la retraite n’a plus rien à voir avec l’âge légal, officiel permettant de partir en retraite, qui demeure à 60 ans. En fait le départs effectifs se font de plus en plus au-delà de 60 ans.
Et l’aggravation de la politique anti-jeunes
Au lieu de revenir à l’âge de départ possible à 60 ans à taux plein, Hollande et son gouvernement en rajoutent une couche en durcissant les conditions pour avoir une retraite à taux plein et en allongeant encore la durée de cotisation. La barre est mise à 43 ans, contre 41 ans aujourd’hui, d’ici 2020. Cette durée de cotisation sera portée à 41 ans et 3 trimestres en 2020 pour atteindre 43 annuités d’ici à 2035. Ce sont les actifs nés à partir de 1973 qui vont en supporter les conséquences. Un jeune âgé aujourd’hui de 30 ans, qui a alors, en moyenne, cotisé 30 trimestres, serait amené à devoir cotiser encore 142 trimestres pour profiter d’une retraite pleine, a calculé Nicolat Dutant, journaliste à l’Humanité (29 août 2013).
Ce calcul, tous les jeunes peuvent le faire. Cela veut dire, dénonce l’UNEF, le syndicat étudiant, que les jeunes devront « attendre 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein ». « Le message est clair : au chômage aujourd’hui, il faut en plus renoncer à une retraite de qualité demain ». Certes, le gouvernement évoque la possibilité de favoriser le rachat de trimestres d’études, en mettant en place une aide forfaitaire (environ .1.000 euros) tout en limitant ces participations à 4 trimestres. Une mesure insuffisante car le coût du rachat d’une seule année d’étude revenant à 4.000 euros, beaucoup de jeunes seront pénalisés en raison de parcours professionnels chaotiques ou faute d’épargne disponible. Ce qui fait dire à l’UNEF que c’est « un dispositif inopérant».
Une période catastrophique pour l’emploi qui n’est pas finie !
Un salarié sur 2 est encore en activité à l’âge de 60 ans ! Donc cette mesure d’allongement de la durée de cotisation arrêtée par F. Hollande et le gouvernement va pénaliser les jeunes, parce qu’ils entrent tardivement sur le marché du travail. Et nous l’avons vu le rachat possible de 4 trimestre est un leurre. Ce qui est significatif c’est que les experts gouvernementaux ne mises pas sur une baisse notable du chômage dans les années à venir ! Sinon, ils se seraient rendus compte que moins de chômeurs, ce serait plus d’actifs employés DONC COTISANTS, de quoi mieux équilibrer les comptes !!!
En fait, une réforme peut en cacher une autre, scandaleuse !!!
Le Medef est sorti satisfait récemment de sa rencontre avec le Premier Ministre. Pourquoi ? Tout … simplement ca ce dernier a répondu favorablement à la vieille exigence du Medef de basculer les cotisations familles vers l’impôt. Ce n’est pas rien comme enjeu : 34 milliards, alors que l’augmentation des cotisations sociale vont augmenter pour les salariés, mais aussi pour les entreprises. Celles-ci débourseraient alors 2,2 milliards d’euros. A comparer avec les 34 milliards que le patronat pourrait récupérer !!! Et qui paierait l’augmentation des impôts ? Pas les actionnaires des grandes sociétés, soigneusement ignorés, alors qu’il ne paient pas de cotisation sociale ! Pas les grandes sociétés qui minorent leurs impôts en France en jouant avec les prix de transfert vers les paradis fiscaux, dont beaucoup sont liés à des pays membres de … l’Union Européenne !
Ne laissons pas faire : agissons ensemble !
Ne nous laissons pas abuser par cette prétendue « réforme » de F. Hollande et son gouvernement ! Il faut la combattre et mettre dans le débat politique d’autres solutions, telle la taxation de ces fameux dividendes des actionnaires et cela au même niveau de cotisation sociale que les salariés !
Alors le 10 septembre, mais aussi après, ouvrons le débat, agissons ensemble, très largement.
Henri Moulinier
30 août 2013