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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 18:13
L’anthologie libérale de dix socialistes

Par Guillaume Liégard| 21 février 2014

L'anthologie libérale de dix socialistes (Photo : blog.jmlg.fr) Photo : blog.jmlg.fr

Ou comment des parlementaires PS fustigent la « rigidité » du Code du travail, ânonnent la vulgate droitière sur « nos corporatismes, nos conservatismes et nos égoïsmes » et félicitent François Hollande de « s’élever au dessus des préjugés et des tabous idéologiques »...

Il est parfois des découvertes qui laissent pantois. Ainsi de cette phrase : « Pour l’emploi, il faudra que F. Hollande s’attaque à un ultime et redoutable tabou national : celui des rigidités d’un code du travail qui, de protecteur du salarié, est devenu un puissant répulsif de l’emploi ». Et là, on se dit : Pierre Gattaz, tu exagères, il faut toujours que tu en rajoutes. D’abord, avec le Pacte de responsabilité, tu es déjà bien servi, ensuite, l’Accord national interprofessionnel (ANI) signé le 11 janvier 2013 par trois syndicats (CFE-CGC, CFDT, CFTC) et l’ensemble des organisations patronales (MEDEF, UPA, CGPME) a accordé de nouveaux outils de flexibilité aux entreprises. Oui mais voilà, cette phrase n’émane ni des cercles du patronat français, ni des secteurs les plus libéraux de l’UMP mais d’un texte signé par dix parlementaires socialistes, "Pacte de responsabilité : le pari audacieux de F. Hollande".

Poncifs ultralibéraux

Anciens aficionados de Dominique Strauss-Kahn, ces députés et sénateurs dont Jean-Marie Le Guen ou Christophe Caresche députés de Paris se livrent à une véritable anthologie du renoncement. Fini les faux semblants, les ruses de la raison pour préserver un petit vernis progressiste, le discours s’affirme résolument libéral : « en donnant la priorité à une politique économique dite "de l’offre", F. Hollande transgresse la frontière entre les prétendus "libéraux de droite" et "keynésiens de gauche" ». Les « prétendus libéraux de droite », il faut oser : jusque là seuls des sites ultralibéraux comme atlantico.fr occupaient ce créneau. Il faut croire que depuis la conférence de presse de François Hollande, toutes les digues ont cédé au sein du Parti Socialiste.

Le Monde, rendant compte d’une étude lexicale des discours du président de la République, vient de publier "La sarkozysation du discours hollandais"… L’étonnante tribune de ces dix socialistes reprend quant à elle tous les poncifs ultra-libéraux : « la France, comblée d’atouts mais aussi percluse de conservatismes », « le vieux et inavouable corporatisme de nos corps intermédiaires » ou encore « les abus et les dérives de nos dépenses sociales ». Il y a peu, de tels propos exprimés, même avec un luxe de précaution, par l’UMP auraient suscité une levée de boucliers. Qu’ils puissent sans ambages être proférés par des parlementaires bien installés dans l’appareil socialiste en dit long sur la dégradation du rapport de forces et l’état du PS.

« Essayer aujourd’hui toutes les solutions »

Avec son Pacte de responsabilité, le gouvernement laisse miroiter d’éventuelles contreparties en matière d’embauches. Chacun le sait, il n’en sera rien, et la tribune le reconnaît sans difficulté : « Si F. Hollande a le mérite d’affronter le problème du coût du travail, on peut douter qu’il obtienne en contrepartie des engagements fermes d’embauche dans un contexte économique très incertain ». Mais pas de souci car le véritable problème pour l’emploi c’est « la rigidité du code du travail ».

Les convictions, la volonté d’un peu de justice sociale – on ne parle pas ici de transformation de la société, abandonnée depuis belle lurette –, c’est terminé. Désormais, « on caractérise un homme d’État par sa capacité à s’élever au dessus des préjugés et des tabous idéologiques de son camp pour faire prévaloir une vision de l’intérêt supérieur du pays » . Et le texte de conclure : « il faut essayer aujourd’hui toutes les solutions que nos retenues idéologiques, nos conservatismes et nos égoïsmes, ont trop longtemps interdites à la France ». Reconnaissons aux signataires de cette tribune, qu’effectivement, il n’y a plus aucune retenue.

Ce texte est une nouvelle illustration de ce qu’incarne le quinquennat de François Hollande : l’adieu définitif à la gauche. Ce n’est pas une bonne nouvelle, mais c’est une réalité à laquelle il faut désormais se confronter.

Source: Revue Regards.fr

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 10:34

Pour une "Gauche de Gauche": PIerre Bourdieu au pays du néolibéralisme déconcertant

A l'heure où, sous la pression des futures débacles électorales, s'élaborent les tactiques dilatoires et les remaniements de circonstances, je soumets à la lecture des jeunes générations, le texte de Pierre Bourdieu, "Pour une Gauche de Gauche" rédigé sous un autre gouvernement socialiste,  après le choc d'une "nouvelle" poussée électorale du FN.

Ce texte qui a plus de quinze ans est l'analyse la plus actuelle qu'on puisse trouver sur la situation politique. Les pièces du jeu politique sont inchangées et disposées de la même manière sur l'échiquier immobile de la Cinquième République: poussée des extrémismes, éclatement de la droite, électoralisme à courte vue du PS. Troïka néolibérale. Rien ne change décidemment au pays du néolibéralisme déconcertant.

Cassandre avait raison. Peut-être n'est-il pas trop tard pour l' écouter...

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Pour une "Gauche de Gauche"

par Pierre Bourdieu, Christophe Charle, Bernard Lacroix, Frédéric Lebaron et Gérard Mauger.

Il est temps que le quatuor Jospin, Chevènement, Hue, Voynet se rappelle que les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques.

pointg.gif (57 octets) Quinze jours après le vendredi noir des élections aux présidences régionales, les guérisseurs en tout genre s'affairent au chevet de la République. Pour l'un, un changement de régime électoral permettrait à la démocratie de retrouver ses belles couleurs modérées. Pour un autre, juriste savant, une révision du système électoral remettrait en état de marche une démocratie paralytique. Pour un troisième, ancien ministre et fin stratège, c'est l'absence d'un "centre" qui a transformé l'Etat en bateau ivre, oscillant de droite à gauche et de gauche à droite, au risque de sombrer à l'extrême droite.

pointg.gif (57 octets) Le plus haut personnage de l'État, dans un rôle de père noble un peu trop grand pour lui, tance les partis comme des gamins turbulents et promet le changement de règle qui permettrait au jeu de reprendre sans les skinheads. Un ancien candidat à la présidence de la République, dans un éclair de lucidité tardive, se demande si les électeurs n'en ont pas assez de revoir depuis trente ans la même comédie. Les experts en résultats électoraux évaluent au pour cent près les potentiels électoraux des nouvelles coalitions en gestation. Les trois derniers présidents de région mal élus plastronnent déjà sur les plateaux de télévision : loin d'être des otages, ils sont des remparts, ils n'ont embrassé le Front national que pour mieux l'étouffer. Pour un peu, ils convieraient leur conseil régional à voter d'urgence l'érection de leur propre statue, histoire d'aider les artistes locaux, la culture régionale et le civisme républicain.

pointg.gif (57 octets) Mais devant le triste spectacle de nos médicastres politico-médiatiques, la dérision ne suffit pas. La réponse "nouvelle"qu'ils prétendent apporter à la fascisation d'une partie de la classe politique et de la société française est à leur image, superficielle.

pointg.gif (57 octets) Ils restreignent le cercle des questions gênantes au vade-mecum habituel du futur candidat à la prochaine élection : comment ne pas perdre les européennes, comment préparer les législatives en cas de nouvelle dissolution, à quel nouveau parti vaut-il mieux adhérer ? Et bientôt : comment rallier les voix du centre en déshérence ? etc. C'est cette conception de la politique qui est depuis plusieurs années l'alliée la plus sûre du FN : instrumentale et cynique, plus attentive aux intérêts des élus qu'aux problèmes des électeurs, elle n'attend de solution que de la manipulation des règles du jeu électoral et médiatique.

pointg.gif (57 octets) Les vraies questions sont d'une tout autre ampleur : pourquoi, en moins d'un an, la gauche "plurielle" a-t-elle cassé la dynamique de sa victoire à l'arraché alors qu'elle n'a pas même l'alibi d'indicateurs économiques en déroute ? Pourquoi a-t-elle suscité des déceptions dont ses résultats électoraux interprétés comme des victoires ne donnent qu'une faible idée ? Pourquoi, par exemple, tant de suffrages pour les organisations qui se veulent ou se disent hors du jeu politique ? Pourquoi une partie de la droite en perdition préfère-t-elle se radicaliser alors qu'elle est au pouvoir à travers une gauche qui réalise tous ses rêves ?

pointg.gif (57 octets) Avec sa tentation extrémiste, la droite rejoue une partie déjà perdue par le centre et la droite allemands au début des années 30, sous la République de Weimar. L'Etat impotent suscite l'indifférence massive des électeurs pour la République : il est clair qu'on ne va pas voter pour répartir des prébendes, étouffer des scandales, vendre des services publics au plus offrant, s'en remettre à des bureaucraties inamovibles et inaccessibles, nationales et internationales.

pointg.gif (57 octets) En implosant, la droite française retourne aux origines troubles du régime qu'elle a fondé. Quand les conservateurs ne savent plus quoi conserver, ils sont prêts à toutes les révolutions conservatrices. La persistance du succès électoral d'un parti comme le Front national, dont le programme appliqué ferait la ruine de ses électeurs les plus démunis, n'exprime souvent rien d'autre que l'aversion à l'égard d'un personnel politique obstinément sourd et aveugle au désarroi des classes populaires.

pointg.gif (57 octets) Les faux-semblants de la gauche "plurielle" déçoivent les électeurs de gauche, démobilisent les militants, renvoient vers l'extrême gauche les plus exaspérés. Il n'est guère étonnant que les premiers à protester aient été les premiers floués de la démagogie "plurielle" d'une gauche vraiment singulière : les sans-papiers, les chômeurs, les enseignants.

pointg.gif (57 octets) Une réforme électorale ne suffira pas à calmer les revendications auxquelles des ministres répondent par la charité ostentatoire, le saupoudrage calculé ou les tours de passe-passe rusés. Quand ils ne se laissent pas aller à des outrances verbales arrogantes ou démagogiques, toutes à l'opposé de la générosité enthousiaste d'un message mobilisateur, voire à des pratiques tragiquement semblables à celles de leurs prédécesseurs.

pointg.gif (57 octets) La gauche officielle a bien du mal à se débarrasser de l'héritage douteux du mitterrandisme. Elle irrite ses fidèles sans pouvoir attendre de ses ennemis le moindre signe de satisfaction. Elle profite provisoirement de la médiocrité de ses adversaires sans proposer autre chose qu'une politique au jour le jour qui ne change rien d'essentiel dans la vie quotidienne de la grande majorité des citoyens. Le jour du bilan, peut-être plus proche qu'elle ne croit, avec la menace de nouveau disponible de la dissolution, que pourra-t-elle invoquer pour mobiliser les abstentionnistes, les dissuader de voter pour le FN ? Les emplois-jeunes pour quelques-uns, les 35 heures en peau de chagrin, la rigueur ininterrompue, une réforme de l'éducation transformée en show ministériel, la fuite en avant vers l'Europe des banquiers ? Croit-on pouvoir tromper longtemps l'attente d'une Europe sociale avec une "gauche plurielle européenne" animée par la troïka néo-libérale Blair-Jospin-Schröder ?

pointg.gif (57 octets) La gauche de base croit encore à la République sociale : il est temps que le quatuor Jospin, Chevènement, Hue, Voynet se rappelle que les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques.
Les vraies réponses à la fascisation rampante ou déclarée ne peuvent venir que des mouvements sociaux qui se développent depuis 1995. A condition que l'on sache les entendre et les exprimer au lieu de travailler à les déconsidérer par la diffamation publique ou les coups fourrés d'anciens apparatchiks politiques convertis en hommes d'appareil d'Etat. Ils suggèrent en effet des perspectives politiques et avancent même parfois des projets et des programmes constitués.

pointg.gif (57 octets) La pression locale, dans certaines régions de gauche, a contribué à rappeler à la raison la droite la moins aveugle. Les manifestations anti-FN témoignent d'une capacité militante qui ne demande qu'à défendre des causes plus ambitieuses que le seul refus du fascisme. Le mouvement pour le renouveau des services publics - et notamment pour une éducation nationale plus juste, tel qu'il s'exprime aujourd'hui en Seine-Saint-Denis - est à l'opposé de la crispation identitaire sur une institution archaïque : il affirme la nécessité de services publics efficaces et égalitaires dans leur fonctionnement et dans leurs effets.

pointg.gif (57 octets) Le mouvement des sans-papiers, voué aux gémonies par les "responsables" de tous bords, est une résistance collective face à la politique obtuse qui, au nom de la lutte contre Le Pen, prend souvent ses idées et ses armes chez Le Pen (avec le succès que l'on sait...). Le mouvement des chômeurs apparaît comme une "lutte tournante", sans cesse recommencée contre les effets destructeurs de la précarisation généralisée. Les mouvements récents contre l'AMI et pour la taxation des capitaux témoignent de la montée en puissance de la résistance au néolibéralisme : elle est, par nature, internationale.

pointg.gif (57 octets) Ces forces que nos professionnels de la manipulation suspectent d'être sous l'emprise de manipulateurs extérieurs sont encore minoritaires mais, déjà, profondément enracinées, en France comme dans d'autres pays européens, dans la pratique de groupes militants, syndicaux et associatifs. Ce sont elles qui, en 'internationalisant, peuvent commencer à s'opposer pratiquement à la prétendue fatalité des "lois économiques" et à humaniser le monde social. L'horizon du mouvement social est une internationale de la résistance au néolibéralisme et à toutes les formes de conservatisme.

 

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 08:40

Parti socialiste

Pouria Amirshahi : "À gauche, les lignes ne peuvent que bouger"

 

 

 

Le député PS Pouria Amirshahi lance un pavé dans la mare 
en appelant 
les socialistes 
à retrouver 
le chemin 
de l’espérance tracé lors 
du discours 
du Bourget. 
Pour l’élu, le pacte 
de responsabilité est voué à l’échec. Entretien.

Député PS de la 9e circonscription des Français de l’étranger, ancien président de l’Unef, Pouria Amirshahi exprime avec vigueur ce qui se dit désormais dans la majorité sur la politique suivie par François Hollande, au-delà du courant auquel il appartient, 
Un monde d’avance, qui regroupe les amis de Benoît 
Hamon et Henri Emmanuelli. Il lance un appel à tous les socialistes à « reprendre le chemin du 6 mai ».

Ainsi, le pacte de responsabilité, qui « permettrait aux entreprises d’échapper à l’effort 
de redressement demandé 
à tous et diminuerait 
les capacités de la puissance publique par une baisse drastique et programmée 
des budgets », illustre un double renoncement, dites-vous ?

Pouria Amirshahi. Le premier renoncement, avec la philosophie de la baisse des cotisations sociales, est la diminution de la capacité de l’État à se donner les moyens de reconstruire notre appareil productif. Le second renoncement, ou en tout cas déni, par rapport à la feuille de route initiale, est ce quinquennat en deux temps, deux ans de rigueur pour faire vite, et trois ans de relance. On nous dit désormais que ce sera cinq ans de rigueur en continu : ce n’est plus simplement le discours du Bourget que l’on met dans le rétroviseur, c’est aussi cette feuille de route-là, qui avait été acceptée en 2012 parce qu’elle donnait un horizon de relance. Tous les pays qui sont dans des stratégies de relance pour le nouveau monde qui s’ouvre procèdent à des investissements massifs et agissent sur plusieurs leviers : le levier monétaire lorsqu’ils en disposent – ce n’est pas le cas de l’Union européenne aujourd’hui, c’est un problème –, le levier du déficit – celui de 
la dette ou de l’inflation. L’investissement n’est pas de l’argent perdu.

Même le président américain Barack Obama se prononce pour une hausse substantielle du salaire minimum…

Pouria Amirshahi. On en vient aux contreparties. À partir du moment où l’on acte qu’un virage est pris, le seul espace ouvert par le président de la République est là. Je vois trois niveaux d’exigence : les salaires, l’emploi, l’investissement. Si les entreprises s’engagent clairement de manière chiffrée, avec des conditionnalités, alors ce sera un plus pour les salariés. Pour l’heure, avec les seuls engagements très évasifs de M. Gattaz, on ne va pas beaucoup avancer. C’est pourquoi il faut des formes de mobilisation, car nous sommes nombreux à penser ce que je vous dis là et à être en capacité de sortir d’un débat finalement assez pauvre entre la stricte fidélité à ses idées 
et la totale loyauté à l’égard d’un homme.

Jusqu’à présent, votre courant, 
Un monde d’avance, 
semblait en retrait pour, 
en somme, « laisser 
sa chance » au chef 
de l’État. Le ton est-il en train de changer ?

Pouria Amirshahi. Ce n’est pas le seul reflet d’un courant ou d’une chapelle. C’est un état d’esprit partagé par de nombreux responsables socialistes de renouer avec l’esprit du Bourget et porter un autre modèle de société. « Donner sa chance » était légitime et loyal, mais la loyauté est à double sens et vaut d’abord par rapport aux engagements pris. Chacun avait conscience que ce serait long, mais chacun avait l’ardent désir aussi de voir, étape par étape, le cours des choses, en Europe comme en France, s’inverser. Le sursaut collectif, de toute façon, viendra ; dans le débat sur le pacte de responsabilité ou sur un autre sujet, il se construira, car on voit bien que ce n’est pas simplement la question économique qui est au cœur de notre préoccupation, c’est le sens global de notre engagement aujourd’hui. Et peut-être aussi notre capacité à mobiliser notre camp, car même quand nous faisons de bonnes réformes, nous sommes bien en peine de dire que la gauche est en situation de consolider la République. Il faut des signes concrets, dans les partis et entre les partis, dans les associations et entre les associations, que le drapeau du Bourget est à nouveau hissé. Les semaines qui viennent seront marquées, à n’en pas douter, par de nouveaux jalons, c’est indispensable, sauf à considérer qu’il n’y a qu’une seule politique possible. La gauche est ainsi faite que les lignes vont bouger, c’est une évidence et je le souhaite.

« L’écrasante majorité des Français pour la PMA ». Rétropédalage sur le projet de loi famille : Jean-Marc Ayrault a assuré jeudi que le gouvernement était disposé à « examiner sans tarder » certains 
aspects contenus dans l’avant-projet, dont le report 
a entraîné des critiques dans la majorité. 
Par exemple, « il y a des pères divorcés qui montent 
dans les grues […], ça exprime un malaise », 
selon le premier ministre. « Je comprends que 
l’on cherche à apaiser le climat, objecte Pouria 
Amirshahi, mais n’oublions pas l’écrasante 
majorité de Français en faveur de la PMA. Après 
la mobilisation de 30 000 personnes en soutien au droit à l’avortement en Espagne, donner à ce point satisfaction à l’ultraréaction qui parade aujourd’hui coupe les pattes à ceux qui se mobilisent pour l’égalité des droits et la reconnaissance 
de toutes les familles. Il y a sur les questions 
de droit, de libertés, des esprits éclairés, nombreux, contrairement à ce que le discours ambiant laisse entendre, et disponibles pour progresser 
et non régresser. Encore faut-il les soutenir, 
les encourager et les faire aboutir par la loi. »

Lire aussi :

Entretien réalisé par Lionel Venturini 

Publié dans lHumanité

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 11:07

 

 

    Pour la gauche gouvernementale, le "réalisme" s'avère irréaliste : le ralliement au sens commun de droite attise "l'insécurité culturelle" sans apaiser l'insécurité économique. La cote de François Hollande dans les sondages baisse à mesure que progresse celle de Manuel Valls. De même, la "démagogie" sarkozyenne s'était révélée impopulaire : les "grands débats" sur l'identité nationale ou l'islam n'ont pas évité la défaite de 2012. Bref, "réalisme" de gauche et "démagogie" de droite ne paient pas.  

 

Pour autant, la désaffection pour la gauche "réaliste" ne bénéficie guère à la gauche de gauche. En revanche, l'extrême droite prospère à la faveur de la dérive idéologique de la droite. C'est une raison supplémentaire pour ne pas reprendre à son compte la fausse symétrie entre les "extrêmes". De fait, si la droitisation du paysage politique, depuis les années 1980, justifie plus que jamais de qualifier leFront national de parti d'extrême droite, être à la gauche du Parti socialiste n'est plus synonyme de radicalité !

 

Pourquoi l'échec de la première ne fait-il pas le succès de la seconde ? On aurait tort d'invoquer quelque logique mécanique, la crise économique déterminant la droitisation de la société française. D'une part, l'expérience historique nous rappelle que, en même temps que les fascismes européens, les années de la Grande Dépression ont vu fleurir le New Deal aux Etats-Unis et le Front populaire en France.

 

D'autre part, l'analyse des évolutions de l'opinion dément l'hypothèse d'une droitisation de la société – culturelle mais aussi économique. Quant au racisme, il ne date pas d'aujourd'hui ; il a surtout changé d'habits, puisqu'il s'autorise le plus souvent de rhétorique républicaine. Bref, la droitisation de la politique n'est pas l'effet d'une droitisation de la société française. Il faut expliquer la politique par la politique – et non par la société qu'elle prétend pourtant refléter.

 

Sur le terrain du FN pour le contrer

 

Cette droitisation résulte donc d'un choix politique – celui qui prévaut depuis trente ans. En 1984, comment comprendre la percée du Front national ? Au lieu d'interroger le tournant de la rigueur de 1983, droite puis gauche vont s'employer àcontrer le parti de Jean-Marie Le Pen en allant sur son terrain – insécurité, immigration. C'était faire comme si l'extrême droite posait les bonnes questions. On mesure toutefois le chemin parcouru : aujourd'hui, les mêmes diraient que le Front national apporte les bonnes réponses. Certes, la gauche socialiste continue de revendiquer un "juste milieu" entre les "extrêmes" ; mais à mesure que le paysage se déporte, ce "milieu" est moins juste. Il suffit, pour s'en convaincre, de le comparer à celui de 1974.

 

Reste le paradoxe actuel : le Front national accuse droite et gauche de mener la même politique. Il est vrai qu'il est le seul ou presque à vouloir rompre avec l'Europe. Mais en matière d'immigration, si la gauche finit par rejoindre la droite, depuis longtemps, celle-ci chasse sur les terres de l'extrême droite. S'il faut fairel'amalgame, en matière "identitaire", c'est donc d'UMPSFN que devrait parlerMarine Le Pen. Or, comme le disait son père, les électeurs préfèrent l'original à la copie. Les partis majoritaires semblent ainsi pasticher Sacha Guitry : contre le FN, tout contre…

 

Loin de rompre avec cette stratégie, François Hollande la reconduit

 

C'est ainsi qu'il choisit de mettre en avant le candidat le plus marginal, car le plus droitier, des primaires socialistes. C'est valider l'opposition chère à la droite entre angélisme et réalisme – qui débouche toujours sur le renoncement aux principes. On en voit les effets : comme Nicolas Sarkozy hier, comme Jean-Marie Le Pen avant-hier, Manuel Valls prend régulièrement le parti de choquer par des propos sulfureux (sur le regroupement familial, ou l'incapacité culturelle des Roms à s'intégrer). Et à chaque fois, un sondage vient valider son pari "auto-réalisateur" de droitisation. C'est que, comme toujours, "l'opinion" répond aux questions qu'on lui pose. Lui en soumettrait-on d'autres (si d'aventure la gauche parlait redistribution, et plus largement lutte contre les inégalités) qu'elle donnerait d'autres réponses.

 

C'est dans ce contexte que la "gauche de gauche", qui se veut populaire, se trouve marginalisée. Le consensus politique, que redouble le sens commun médiatique, repose en effet sur un préjugé : le "peuple" serait forcément "populiste", xénophobe et raciste. Mais c'est surtout qu'il devient impossible deparler d'autre chose. Jusqu'aux années 2000, il fallait 200 000 à 300 000 sans-papiers pour occuper le terrain médiatico-politique ; aujourd'hui, dans un pays de 65 millions d'habitants, il suffit de 20 000 Roms.

 

Mieux : François Hollande préfère s'exprimer sur le cas Leonarda, au risque de l'absurdité d'un jugement de Salomon, plutôt que de devoir justifier son choix d'une politique conforme aux attentes des marchés. Sans doute aura-t-il réussi, tel Mitterrand, à affaiblir sa gauche ; mais en se livrant aux seules pressions de la droite, il paiera son habile victoire au prix fort. Pour l'Histoire, il pourrait bien resterle président "de gauche", entre guillemets, qui a permis en France l'avènement de l'extrême droite – sans guillemets.

 

  LE MONDE | 24.10.2013

|Par Eric Fassin (Sociologue, université Paris-VIII)  

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 21:23

 

      PROPOSITIONS POUR SAUVEGARDER

DE 500.000 à 1.000 000 D'EMPLOIS 2014 à 2018

PAR LA CREATION D’UN DROIT DE PREEMPTION OU DE PREFERENCE

AU PROFIT DES SALARIES EN CAS DE CESSION OU DE CESSATION

DE L'ACTIVITE DE LEUR ENTREPRISE

 

       Signez la lettre pétition.

     

 

   Demandez à vos proches et amis de signer cette Lettre pétition en leur adressant par mail cette adresse: /cessionentreprise-droitprioritaireauxsalaries

Destinataires

François Hollande Président de la République lire ses engagements

Jean Marc Ayrault Premier Ministre

Benoît Hamon Ministre délégué à l’Economie Sociale et Solidaire

Arnaud Montebourg Ministre du Redressement productif

Pierre Moscovici Ministre de l’Economie et des Finances

Michel Sapin Ministre du travail, de l’emploi

Christiane Taubira Garde des Sceaux

Président de l’Assemblée Nationale et Mesdames et Messieurs les Députés

Président du Sénat et Mesdames et Messieurs les Sénateurs    

 

Objet: Lettre Pétition http://www.petitions24.net/cessionentreprise-prioriteauxsalaries

 

Mesdames, Messieurs,

Les 6 et 7 novembre 2013, le Sénat puis l'Assemblée Nationale début 2014 vont débattre d'un projet de loi sur l'Economie Sociale et Solidaire.

La loi prévoit que lors d’une cession d’entreprise, les salariés disposent d’un droit d’information notamment par affichage, et la possibilité de se porter acheteurs dans les deux mois qui suivent l’annonce de la vente. Ce dispositif exclut expressément les entreprises concernées par une procédure judiciaire (redressement, liquidation).

**En France, chaque année 15 à 20.000 entreprises sont vendues ou fermées. (1.300.000 salariés) dont 2950 entreprises saines faute de repreneur. (2014 à 2018, 600.000 emplois - 9 milliards de cotisations sociales en moins) Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Décembre 2012

   Des savoirs faire, des compétences et des cotisations perdus.

Des territoires (citoyens, réseaux économiques, communes…) touchés par ces fermetures.

 

** Il est possible que les salariés reprennent leur entreprise sous forme coopérative et sauvegardent leur emploi. Depuis la montée du chômage, aucun gouvernement n’a favorisé cette solution.

 

Le projet de loi gouvernemental doit aller au-delà d’une simple information. Il doit être amendé   

Comme cela existe déjà pour les locataires ou les agriculteurs, un droit de préemption est nécessaire aux salariés qui choisiraient de coopérer pour sauvegarder leur entreprise et leurs emplois.

Les salariés solidaires disposent aussi de l’argent nécessaire. L'épargne salariale est aujourd'hui orientée vers des placements spéculatifs destructeurs d'emplois. Si la loi le permettait, elle pourrait aussi être affectée à la reprise d’entreprise sous forme coopérative par les salariés. Sur 85,3 milliards d'euros (2011) d'épargne salariale spéculative seulement 5 à 8% seraient nécessaires ! Le conseil économique et social, dans son avis de janvier 2013 a repris cette idée.

Lors des élections Présidentielles la priorité aux salariés pour la reprise d’entreprise a été soutenue publiquement par les candidats ou leurs représentants: UMP, CAP 21, PS, EELV, Front de Gauche, Modem.

 

Nous demandons par conséquent:    

· que la loi réintègre cette priorité aux salariés, sous forme d’un vrai droit d'information complété d’«un droit de préférence de rachat à égalité d’offre au bénéfice des salariés » (engagement n°6 du candidat François Hollande 02/03/2012), avec les éléments d’accompagnement techniques et financiers nécessaires à sa mise en œuvre.

· que la loi vise toutes les formes de cessation d’activité y compris judiciaire en prévoyant tout particulièrement un accompagnement judiciaire des salariés, s’ils le souhaitent, pour proposer un projet alternatif aux autres projets de reprise.

· que la loi permette l’investissement de 5 à 8 % (4 à 7 milliards) de l’Epargne salariale dans la reprise des entreprises par les salariés sous forme coopérative.

        

- adressez un courriel à votre Maire et vos Conseillers municipaux,  vos Conseillers généraux, vos Conseillers régionaux , vos sénateurs et vos députés voir modèles

 - demandez à vos proches, amis et réseaux de signer la pétition

 

 

Auteur de la pétition :

Collectif

à l'initiative de Ap2E - Agir pour une Economie Equitable

Contact : Jean Pierre Caldier

Tél : 06 85 71 79 40 Courriel : ap2e@orange.fr

Ap2e.org

En savoir plus se documenter Repères : 2012 Campagne présidentielle

 

 

 

 

 

       votre visite sur le site Ap2e.org http://www.ap2e.info/

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16 août 2013 5 16 /08 /août /2013 19:45

Selon l’INSEE, divine surprise, la croissance du PIB rebondit au deuxième trimestre 2013 :    + 0,5 % (voir l’analyse de l’INSEE ci-dessous).Globalement, pour la zone euro, la hausse du PIB est de + 0,3 %, et atteint 0,7 % en Allemagne. Aussitôt, l’information fait la une des grands médias et les choux gras de nos gouvernants Après F. Hollande, J.M. Ayrault en rajoute une couche : « Ne croyez pas que les bons chiffres du deuxième trimestre soient dus au hasard, mais aux capacités de notre économie, de notre appareil productif, à notre politique et aux orientations nouvelles entamées en Europe. ».


Les raisons de ce rebond : d’abord une consommation conjoncturelle.

     « Les dépenses de consommation des ménages accélèrent (+0,4 % après –0,1 %) »,  mais « La formation brute de capital fixe (FBCF) totale diminue de nouveau » écrit l’Insee. En clair ce sont les dépenses des ménages, des familles qui tirent la croissance, alors que les entreprises diminuent leurs investissements (appelés « formation brute de capital fixe », du moins… en France ! Elles préfèrent investir dans la …finance ou à l’étranger pour faire plus de profits, y compris en bénéficiant toujours des paradis fiscaux. Or « une reprise ne peut être durable que s’il y a de l’investissement. Or, il n’y en a pas aujourd’hui » affirme l’économiste Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

 

     « Les dépenses d’énergie restent dynamiques (+2,4 % après +2,0 %), favorisées par des températures de nouveau inférieures aux normales saisonnières au printemps. Les dépenses en automobiles se reprennent (+2,1 % après –5,5 %) pour la première fois depuis fin 2011. En revanche, les achats d’habillement baissent de nouveau (–2,4 % après –2,2 %) et les dépenses en alimentation se replient (–1,2 % après +1,0 %) » analyse l’Insee. Ainsi, les mauvaises conditions météorologiques (le froid du printemps) ont poussé à une plus forte consommation de fuel de chauffage, de gaz ou d’électricité, gonflant les factures énergétiques. Mais cela ne constitue pas une évolution durable, permanente. Quand à la vente des voitures, il faut remarquer que nombre de ménages ont retardé l’échéance de l’achat d’un nouveau véhicule et font cet achat aujourd’hui, bénéficiant de réductions importantes des vendeurs. Mais cela durera-t-il et atteindra-t-il les niveaux de 2011 ? Rien n’est sûr.

 

Et une reconstitution des stocks de produits finis, en particulier de véhicules

     « Les variations de stocks des entreprises contribuent de nouveau positivement à la croissance du PIB (+0,2 point, après +0,1 point au premier trimestre). Cela concerne en particulier les matériels de transports ». A force de réduire la production, de réduire les stocks, ceux-ci deviennent trop limités, doivent être renouvelés. Phénomène la encore conjoncturel, qui risque de na pas durer, si la consommation des ménages ne se maintient pas.

 

     Le contexte européen un peu plus favorable est un facteur qui booste les exportations, mais la aussi pour combien de temps, avec les politiques d’austérité, si celles-ci ne sont pas remises en cause ?

 

Le chômage lui continue d’augmenter et l’Insee prévoit sa progression en 2014

     Il s’agit d’une croissance en fait bien limitée, sans investissement, nous l’avons souligné déjà, et sans emplois. La France a continué a détruire27 800 emplois sur la même période, contre 8.300  les trois mois précédents.


     Quant à la consommation, elle risque bien de ne pas durablement augmenter compte-tenu de la réduction du pouvoir d’achat, voire d’une éventuelle hausse de la CSG pour « équilibrer »les retraites, alors qu’elle a surtout été liée à l’alourdissement de la facture énergétique d’un printemps froid.

 

Un changement de cap politique est nécessaire

     Car il n’y a pas de quoi pavoiser, F. Hollande. C’est bien d’une autre politique que la France et l’Europe ont  besoin, une politique de relance qui mise sur l’augmentation des salaires, du pouvoir d’achat et sur  les services publics. Dans notre pays, un salarié sur deux vit avec moins de 1.500 euros par mois et la pauvreté s’étend.

Et pourquoi ne pas "s'attaquer à la finance, cet ennemi" que dénonçait le candidat F. Hollande lors de son grand meeting électoral avant... le premier tour des présidentielles,  en mettant à contribution les revenus financiers des entreprises, en particulier les dividendes des actionnaires, par une taxation au même niveau que les salaires. Pourquoi ne pas mettre à plat les 200 milliards d'euros d'aide versésaux entreprises, sans aucun contrôle, sans aucune contrepartie en matière d'emploi, de formation et d'investissement productif ?

 

Henri Moulinier

Le 16 août 2013

 

Autres articles sur ce blog:

    *Sortir de l'euro ou combattre les marchés financiers et les politiques d'austérité?

    *Avec F. Hollande: régulons ou ... régalons la finance?

    *Retraites: pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

 

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L’analyse de l’INSEE :

            Au deuxième trimestre 2013, le PIB rebondit (+0,5 %)


Au deuxième trimestre 2013, le PIB en volume* augmente de 0,5 % après un recul de 0,2 % chacun des deux trimestres précédents. C’est la plus forte hausse depuis le premier trimestre 2011. L’acquis de croissance annuelle à mi-année est de +0,1 %.

 

Les dépenses de consommation des ménages accélèrent (+0,4 % après –0,1 %). La formation brute de capital fixe (FBCF) totale diminue de nouveau, mais moins fortement qu’en début d’année (–0,5 % après –1,0 %). Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) contribue nettement à l’accélération du PIB : +0,3 point au deuxième trimestre, après –0,1 point au trimestre précédent.

 

Les exportations (+2,0 % après –0,5 %) et les importations (+1,9 % après +0,1 %) rebondissent de conserve. En conséquence, le solde extérieur a une contribution comptable nulle sur la croissance du PIB ce trimestre (après –0,2 point).

Les variations de stocks des entreprises contribuent de nouveau positivement à la croissance de l’activité : +0,2 point, après +0,1 point au premier trimestre 2013.

 

La production est à nouveau dynamique

Au deuxième trimestre 2013, la production totale de biens et services accélère vivement : +0,9 % après 0,0 %. La production de biens manufacturés se redresse (+2,0 % après +0,2 %), portée par le rebond de la production de matériels de transport (+8,2 % après –1,0 %), notamment dans les industries automobile et aéronautique. L’activité progresse dans toutes les autres branches manufacturières. La production de services marchands accélère également (+0,7 % après 0,0 %), notamment dans les services aux entreprises.

 

La consommation des ménages accélère

Au deuxième trimestre 2013, les dépenses de consommation des ménages augmentent à nouveau (+0,4 % après –0,1 %). Les dépenses d’énergie restent dynamiques (+2,4 % après +2,0 %), favorisées par des températures de nouveau inférieures aux normales saisonnières au printemps. Les dépenses en automobiles se reprennent (+2,1 % après –5,5 %) pour la première fois depuis fin 2011. En revanche, les achats d’habillement baissent de nouveau (–2,4 % après –2,2 %) et les dépenses en alimentation se replient (–1,2 % après +1,0 %). Du côté des services, la consommation accélère modérément (+0,3 % après –0,1 %), avec notamment une reprise des dépenses en hébergement-restauration.

 

L’investissement recule moins fortement

Après quatre trimestres de repli en 2012 et un net recul début 2013 (–1,0 %), la FBCF diminue plus modérément au deuxième trimestre (–0,5 %). L’investissement des entreprises non financières est quasi stable (–0,1 % après –0,9 %). En particulier, leurs dépenses en services se redressent (+0,4 % après –0,6 %). La FBCF des administrations publiques se stabilise également (+0,1 % après –0,6 %). En revanche l’investissement des ménages diminue de nouveau nettement (–1,7 % après –1,4 %), notamment leurs dépenses en logement.

 

Les échanges extérieurs rebondissent

Au deuxième trimestre 2013, les importations accélèrent (+1,9 % après +0,1 % début 2013), de même que les exportations (+2,0 % après –0,5%). L’accélération des échanges concerne quasiment tous les grands postes de biens, plus particulièrement les achats et ventes de matériels de transports. La contribution comptable du commerce extérieur à la hausse de l’activité est au total neutre ce trimestre, après –0,2 point au premier trimestre.

 

Les variations de stocks contribuent positivement à la croissance

Les variations de stocks des entreprises contribuent de nouveau positivement à la croissance du PIB (+0,2 point, après +0,1 point au premier trimestre). Cela concerne en particulier les matériels de transports.

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 07:49
Banques à l’Élysée : "Avec François Hollande, régalons la finance"

Le 22 janvier 2012, le candidat Hollande lançait devant une foule conquise, réunie au Bourget : « si l’adversaire est la finance, alors, il faut l’affronter ! » C’est sans nul doute dans cet état d’esprit qu’il a décidé de convoquer les banques françaises à l’Elysée ce vendredi 19 juillet. Un rapide examen de son bilan suffit pour s’en persuader.

« Maîtriser la finance commencera ici par le vote d’une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit par rapport aux opérations spéculatives » annonçait Hollande au Bourget. La loi adoptée le 18 juillet ne prévoit en rien une séparation, mais une « filialisation des activités ». Pour le chercheur Gaël Giraud, celle-ci revient « à exiger la reconduction du statu quo ».

« Les produits financiers toxiques […] seront purement et simplement interdits » lançait le candidat socialiste. La loi bancaire ne prévoit aucune disposition dans ce sens. Idem pour l’encadrement des bonus des traders ou l’interdiction des stock-options. [1]

« Aucune banque française ne pourra avoir de présence dans les paradis fiscaux » promettait le futur Président. Là encore : promesse non tenue. La loi bancaire prévoit des règles de transparence renforcée, loin d’être suffisantes. Les mesures annoncées au lendemain de la démission du ministre du Budget pour évasion fiscale, relève quant à elle de la pure diversion… [2]

« Enfin, concluait Hollande, je proposerais une véritable taxe sur les transactions financières avec ceux en Europe qui voudront la mettre en œuvre avec nous ». Le hic, c’est que, de l’aveu même du Ministre de l’économie, la France veut désormais couler la taxe sur les transactions financières, sous le prétexte qu’elle coûterait trop cher pour les banques françaises ! [3]

Il faudrait ajouter à cette liste les récentes déclarations concernant le livret A, dont le taux va à nouveau baisser au plus grand bénéfice des assurances-vie. L’épargne du livret A pourrait même en partie bénéficier aux banques françaises !

N’en jetez plus : les chroniques de l’« affrontement » entre Hollande et la finance se résument à une succession de reculades, de pantalonnades en volte-face et promesses non tenues. Il faut dire qu’Hollande a su s’entourer d’un ministre du budget qui s’est avéré être un fraudeur fiscal, ainsi que d’un ministre de l’économie qui s’autoproclame « ministre des banques » et leur « partenaires »… Lui-même ancien Vice-président du Cercle de l’industrie, lobby patronal fondé avec l’actif soutien de Dominique Strauss-Kahn.

Dans ce contexte, aucun doute que cette rencontre du 19 juillet avec les banques françaises s’avérera fructueuse… pour la finance !

Le programme du candidat socialiste annonçait : « avec François Hollande, régulons la finance ». Une faute de frappe, sans doute. « Avec François Hollande, régalons la finance » semble plus proche de la réalité.

Attac France, le 19 juillet 2013

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Voir la vidéo annotée des promesses de François Hollande au Bourget : http://youtu.be/tf1UXLoaR2g

[1] « Un collectif dénonce la "non-réforme" bancaire » : http://www.france.attac.org/articles/un-collectif-denonce-la-non-reforme-bancaire
[2] « Éradication des paradis fiscaux » : assez d’effets d’annonce, la France doit agir : http://www.france.attac.org/articles/eradication-des-paradis-fiscaux-assez-deffets-dannonce-la-france-doit-agir
[3] L’aveu de M. Moscovici : la France veut couler la taxe sur les transactions financières proposée par la Commission européenne : http://www.france.attac.org/articles/laveu-de-m-moscovici-la-france-veut-couler-la-taxe-sur-les-transactions-financieres-propose
Voir également la tribune de Peter Wahl et Dominique Plihon : http://blogs.mediapart.fr/blog/attac-france/080713/alerte-la-france-sabote-la-taxation-des-transactions-financieres

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 21:33

Un excellent dossier d'analyse et de propositions

du Rapse  lettre rapse N°112 juillet 2013 lettre rapse N°112 juillet 2013

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Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins ! un appel à signer et faire signer

Ensemble, défendons nos retraites !

Lors de la Conférence sociale du 20 juin, François Hollande a annoncé que, dans le cadre de la prochaine réforme des retraites, l’allongement de la durée de cotisation sera « la mesure la plus juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ». Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et 2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant les inégalités déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des hommes. Elles doivent donc être remises en cause.

                                   www.retraites2013.org

Refusons les régressions sociales

« On vit plus vieux, il faut donc travailler plus longtemps », tel est l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser qu’augmenter la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la moitié des nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou de l’inactivité, à la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre cette durée. Baisse à venir pour les nouvelles générations entrées plus tard dans la vie professionnelle du fait de l’allongement des études et qui connaissent déjà un chômage massif, aggravé par l’incitation faite aux seniors qui le peuvent de prolonger leur activité. On oublie aussi de rappeler que l’allongement de la durée de cotisation et la décote pénalisent plus fortement les personnes aux carrières courtes, en majorité des femmes.

L’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La souffrance au travail se développe, de nouvelles pathologies apparaissent. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double peine. Nous ne pouvons pas l’accepter.

L’austérité sans fin est suicidaire

Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme par l’allongement de la durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au vieillissement de la population. Il s’explique par la récession qui se creuse en Europe, détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des politiques de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du travail » menées partout en Europe par les gouvernements en accord avec la Commission.

Si, comme cela semble être le cas, le gouvernement inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra que retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des pensions. Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités, aggraverait la récession et entraînerait une nouvelle hausse du chômage. Sans qu’au bout du compte les déficits ne soient réduits !

Il est possible de faire autrement

L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.

Pour augmenter le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de solidarité.

Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des dividendes.

Pour une large mobilisation citoyenne

La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition n’est pas un fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes générations. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, la destruction des solidarités sociales, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » dans une société productiviste et inégalitaire. Cet engrenage favorise l’extrême droite et menace à terme la démocratie. Comme en Europe du Sud et dans bien d’autres pays du monde, la société doit se mettre en mouvement. Pour y contribuer nous organiserons partout des réunions, des initiatives de rue, des ateliers d’éducation populaire et nous soutiendrons les initiatives prises par le mouvement syndical. Nous voulons un système de retraites solidaire.

Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

Premiers signataires

Gérard Aschieri (président de l’institut de la FSU) - Clémentine Autain (FASE) - Ana Azaria (Femmes Egalité) - Marinette Bache (Résistance sociale) - Guillaume Etiévant (économiste) - Fatima-Ezzahra Benomar (Les Effronté-e-s) - Michel Barthélémy (CEMS-IMM CNRS) - Nicolas Belorgey (sociologue, CNRS) - Nicolas Béniès (économiste) - Gérard Berthiot (vice-président PS de la région Champagne Ardenne) - Sophie Béroud (politiste, université Lyon 2) - Eric Beynel (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Jean Bigot (producteur de cinéma) - Martine Billard (co-présidente du Parti de Gauche) - Bernard Bosc (Réseau Féministe Ruptures) - Jean-Jacques Boislaroussie (les Alternatifs) - Gérard Billon (CGT) - Jean Marc Canon (secrétaire général UGFF CGT) - Bernard Cassen (Mémoire des luttes) - Nadine Castellani (secrétaire nationale CGT-Educ’action) - Jean-Claude Chailley (Résistance sociale) - Isabelle Charpentier (sociologue, université Versailles-Saint Quentin) - Chantal Charvy (Femmes Egalités) - Gérard Chaouat (Bureau national SNCS FSU) - Philippe Corcuff (sociologue, IEP de Lyon) - Laurent Cordonnier (économiste Lille 1) - Annick Coupé (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Pierre Cours-Salies (sociologue) - Thomas Coutrot (économiste) - Alexis Cukier (Editions La Dispute) - Isabelle De Almeida (présidente du Conseil National du PCF) - Marielle Debos (politiste, université Paris Ouest Nanterre) - Claude Debons (syndicaliste) - Bernard Defaix (Convergence de Défense des services publics) - Laure Delair (Vice Présidente de l’UNEF) - Christophe Delecourt (CGT Finances) - Karima Delli (députée européenne EuropeEcologie/Les Verts) - Monique Dental (Réseau Féministe Ruptures) - Ivan Dementhon (président de l’Union Nationale Lycéenne) - Patrick Désiré (secrétaire général de la CGT-Educ’action) - Michèle Dessenne (M’PEP porte parole national) - Jean-Michel Drevon (Etats Généraux du Service Public) - Paul Dirkx (sociologue, université de Lorraine) - Denis Durand (CGT Banque de France) - Cédric Durand (économiste, université Paris 13) - Philippe Enclos (juriste, université Lille 2) - Anne Eydoux (économistes atterrés) - Anne Féray (Secrétaire Nationale de la FSU) - Gwenaëlle Ferré (CNDF) - Jacqueline Fraysse (Député des Hauts de Seine FASE-Gauche citoyenne) - Gerard Gueniffey (retraité CGT) - Jérôme Gleizes (économiste, université Paris 13) - Jean-Marie Harribey (ATTAC) - Clémence Helfter (militante d’Osez le féminisme !) - Gérad Filoche (membre du Bureau National du PS) - Daniel Gascard (Syndicat national de l’environnement - FSU) - Bertrand Geay (politiste, université de Picardie) - Guillaume Floris (Gauche Anticapitaliste) - Cyril Gispert (agrégé d’économie) - Lucas Gomez (Les Effronté-e-s) - Bernadette Groison (Secrétaire Générale de la FSU) - Elsa Hardouineau (trésorière nationale de l’Union Nationale Lycéenne) - Nordine Idir (Secrétaire général du MJCF) - Lucien Jallamion (secrétaire général de République et Socialisme) - Wandrille Jumeaux, (Secrétaire fédéral des Jeunes Écologistes) - Nicolas Jounin (sociologue, université Paris 8) - Marianne Journiac (porte-parole de République et Socialisme) - Pierre Khalfa (co-président de la Fondation Copernic) - Razmig Keucheyan (sociologue, université Paris 4) - Lucile Koch-Schlund, (Secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes) - Michel Koebel (sociologue, université de Strasbourg) - Bernard Lacroix (politiste, Institut Universitaire de France) - Rose-Marie Lagrave (sociologue, EHESS) - Véronique Lamy (porte-parole PCOF) - Pierre Laurent (secrétaire national du PCF) - Jacques Le Bohec (professeur de sciences de la communication, Lyon 2) - Isabelle Le Roux-Meunier (CGT Banque de France) - Catherine Lebrun (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Alain Lipietz (économiste EuropeEcologie/Les Verts) - Wenceslas Lizé (sociologue, université de Picardie) - Christian Mahieux (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Marc Mangenot (économiste) - Jean-Claude Mamet (Convergences et Alternative) - Alain Marcu (secrétariat d’AC) - Nathalie Marcu (les Alternatifs) - Olivier Masclet (sociologue, université Paris 5) - Lilian Mathieu (sociologue CNRS) - Philippe Marlière (politiste, université de Londres) - Myriam Martin (Gauche Anticapitaliste) - Christiane Marty (Bureau de la Fondation Copernic) - Gustave Massiah (fondateur d’IPAM) - Gérard Mauger (sociologue, CNRS) - Jean-Luc Mélenchon (co-président du Parti de Gauche) - Olivier Michel (informaticien, université Paris Est) - Catherine Mills (rédactrice d’Economie et Politique) - Jean-Marie Monnier (économiste Paris 1) - Christian de Montlibert (sociologue, université de Strasbourg) - Julie Muret (porte-parole d’Osez le féminisme !) - Corinne Nativel (géographe, université Paris Est) - Toni Negri (philosophe) - Frédéric Neyrat (sociologue, université de Limoges) - Jacques Nikonoff (M’PEP porte parole national) - Martine Noël (CADAC) - Daniele Obono (Convergences et alternatives) - Alain Oriot (Editions du Croquant) - Ugo Palheta (sociologue, université Lille 3) - Roland Pfefferkorn (sociologue, université de Strasbourg) - Willy Pelletier (sociologue, université de Picardie) - Matthias Perez (secrétaire académique de la CGT Educ’action Créteil) - Jean-Marie Pernaut (IRES) - Michel Pialoux (sociologue, CNRS) - Christian Pierrel (porte-parole PCOF) - Christine Poupin (porte-parole du NPA) - Philippe Poutou (porte-parole du NPA) - Frédéric Rauch (rédacteur en chef d’Economie et Politique) - Suzy Rojtman (CNDF) - Michel Rousseau (Marches européennes contre le chômage) - Henri Sterdyniak (économistes atterrés) - Maya Surduts (CADAC) - Baptiste Talbot, (secrétaire général, fédération des services publics CGT) - Patricia Tejas (CGT Finances) - Sylvie Tissot (sociologue, université Paris8) - Christian Topalov (sociologue, CSU) - Marie-Pierre Toubhans (porte-parole de Gauche Unitaire) - Stéphanie Treillet (Convergences et alternatives) - Marcel Trillat (réalisateur) - Aurélie Trouvé (ATTAC) - Denis Turbet-Delof (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Janine Vaux (Convergence de Défense des services publics) - Christophe Ventura (Mémoire des luttes) - Christophe Voilliot (politiste, université Paris Ouest Nanterre) - Louis Weber (responsable éditorial) - Laurent Willemez (politiste, université Versailles St Quentin) - Emmanuel Zemmour (président de l’UNEF).

Pour vous informer, signer l’appel et vous mobiliser : www.retraites2013.org

 

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 12:55
Les fausses leçons de Villeneuve-sur-Lot
Par Roger Martelli| 24 juin 2013
Les fausses leçons de Villeneuve-sur-Lot
 

Ce dimanche, lors des élections partielles de Villeneuve-sur-lot, le candidat UMP, Jean-Louis Costes a battu le FN avec 53,76% des voix. De là à en conclure que la solution d’un front républicain constitue l’unique rempart contre le FN, il n’y a qu’un pas…qu’il ne faut pas franchir.

 

Le Front républicain n’a pas fait pas recette à Villeneuve-sur Lot. L’UMP a battu le FN au second tour, mais près de 15 % des votants ont déposé un bulletin blanc ou nul. Ce niveau élevé d’électeurs faisant le geste de ne pas choisir est le fruit d’une radicalisation de la droite. Depuis un an, elle fait tant de cadeaux symboliques à l’extrême droite, qu’elle ne peut espérer apparaître comme le meilleur rempart, même par défaut. Les leaders de la droite classique ne peuvent pas défiler avec les amis de Marine Le Pen un dimanche et, le dimanche suivant, appeler droite et gauche à se rassembler contre le FN.

Comment contrer la montée du Front ? La droite est confrontée à un dilemme : doit-elle s’en démarquer ou rivaliser. La situation n’est pas plus simple à gauche. Le Front républicain y est une réponse fréquemment évoquée. Mais on sait désormais qu’il nourrit la confusion de la droite et de la gauche. Il démobilise donc la gauche et stimule le transfert de l’électorat déçu vers la solution extrême. Solution alternative : refuser le clivage droite-gauche et s’installer en dehors du « système ». Ce serait, au fond, l’équivalent à gauche de la posture à droite du Front national. Il y a fort à parier que cette voie conduirait au désastre.

Historiquement, le refus du clivage gauche/droite a toujours marché à l’extrémité de la droite ; il n’a jamais créé de dynamique politique à gauche. Vouloir sortir du système revient à attiser le ressentiment, des « petits » contre les « gros » ou du « haut » contre le « bas ». Le ressentiment, c’est la colère des désespérés ; c’est tout ce qui reste, quand on ne croit plus à une société de justice et de liberté. Sortir du système, au lieu de le contester et de le subvertir, c’est renoncer à l’espérance et au partage ; qu’on le veuille ou non, c’est renoncer à la République, et donc s’abandonner aux despotes, ceux du pouvoir ou ceux de l’argent.

Faut-il donc s’ancrer à gauche et, pour assurer une présence de la gauche au second tour, faut-il se résoudre à l’union de toute la gauche au premier tour ? C’est LA fausse bonne idée… Si la gauche perd, ce n’est pas parce qu’elle est plurielle, mais parce qu’elle ne donne plus d’espérance. Or la base de la désespérance, c’est l’idée selon laquelle on ne peut pas grand-chose face aux contraintes présumées de l’économie, aux lois d’airain de la concurrence sur les marchés. La désespérance commence quand on se met à accepter les inégalités pour peu qu’elles ne soient pas « exagérées », quand on prône la « gouvernance » parce que l’on ne croit plus à la possibilité de gouverner, quand on préfère l’ordre réputé « juste » au partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

Pour retrouver l’espérance, il n’est pas de voie plus courte que de restaurer la gauche dans ses valeurs fondamentales. Non pas la répéter dans ses mots et ses formes d’hier, mais la continuer en la transformant, en cultivant ce qui a fait sa force, en corrigeant ce qui l’a fourvoyée. Or l’erreur la plus grave est celle qui s’est amorcée, voilà un peu plus de trente ans, quand le premier gouvernement de gauche de la Ve République a fait le choix de la rigueur et de l’austérité. Ni Front républicain ni union de la gauche à l’ancienne. Seule une gauche transformée saura faire la preuve de son dynamisme et de son pouvoir d’attraction. Et alors, la droite, toute la droite, aura du souci à se faire…

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 09:02

Libre parole: 

Le premier tour de l’élection législative de Villeneuve sur Lot a donné lieu à divers commentaires et analyses. Mais les plus marquantes pour ne pas dire les plus stupéfiantes viennent des dirigeants socialistes:

Ainsi, la responsabilité de l’échec serait due :

à Cahuzac et ses turpitudes selon le premier ministre,

à l’éparpillement de la gauche, sous entendu aux vilains écologistes et sans doute aussi un peu au méchant Front de gauche, selon Bruno Le Roux et Harlem Désir,

 à la météo qui a incité les électeurs à déserter les bureaux de vote selon le candidat.

Autrement dit, c’est la faute aux autres et à pas de chance, on se dédouane comme on peut.

Que le cas Cahuzac ait pesé sur le scrutin, personne ne le niera mais reporter les responsabilités sur la désunion et la météo ressemble furieusement à du foutage de gueule.

Il manque un élément dans les raisons invoquées : la politique menée depuis un an par le Président et le Gouvernement.

Sans doute considéré comme secondaire par les dirigeants et élus socialistes il a dû néanmoins titiller négativement nombre d’électeurs qui avaient cru voter à gauche au second tour de la présidentielle.

Ce n’est pas en occultant ou en niant cette réalité que la majorité PS pourra reconquérir un électorat mécontent.

Un commentaire sur le net a résumé à sa façon la situation : « Les socialistes sont formidables, ils arrivent à décevoir même ceux qui n’avaient aucune illusion ». 

Le 18/06/2013

 

Alain Daramy

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  • : Henri MOULINIER
  • : Espace de débat pour contribuer à l'élargissement du Front de gauche, la victoire de la gauche pour une réelle alternative au néolibéralisme et au capitalisme
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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