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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 20:00

 

* Les élections législatives grecques, dimanche 6 mai 2012, ont bouleversé le paysage politique. Les deux grands partis traditionnels s'effondrent. La coalition de la gauche radicale (Syriza) est devenue le parti numéro deux du paysage politique grec, avec 16,75 % des voix, trois points derrière Nouvelle démocratie (ND, droite) et surtout devant le Pasok (Parti Socialiste grec) qui domine le paysage de la gauche depuis 1981. A cette occasion, Mdiapart a republié un entretien avec son leader, initialement mis en ligne le 28 décembre 2011.

* Surprise en Grèce : La mission de former un gouvernement en Grèce revient à la Gauche radicale !

Le leader des conservateurs grecs Antonis Samaras s’est déclaré incapable, lundi soir 7 mai, de former un gouvernement de coalition, au lendemain d’un cinglant désaveu infligé par les électeurs aux deux partis qui avaient accepté les politiques d’austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays. « Nous avons fait tout ce que nous pouvions. C’était impossible. Je remets mon mandat », a-t-il déclaré.

Le président Karolos Papoulias , qui l’avait chargé en premier lieu de former un gouvernement, va désormais confier cette tâche à la Coalition de la gauche radicale, Syriza, arrivée en deuxième position des législatives. Il recevra son chef de file Alexis Tsipras mardi  8 mai à 14 heures (13 heures à Paris), qui aura trois jours pour former un exécutif. Alexis Tsipras a déclaré qu’il essaierait de former une coalition de gauche afin de rejeter les « mesures barbares » liées à l’accord sur le remboursement de la dette. « Nous allons épuiser toutes les possibilités de parvenir à un accord, en priorité avec les forces de gauche ».

Si la Grèce ne parvient pas à former un gouvernement à même de négocier une nouvelle tranche d’aide avec l’UE et le Fonds monétaire international (FMI), elle pourrait se retrouver à court de liquidités d’ici la fin du mois de juin, a-t-on appris auprès de trois responsables du ministère des finances. La Commission européenne a lancé un avertissement à Athènes, affirmant qu’elle devait mettre en œuvre les réformes auxquelles elle s’était engagée dans le cadre de son deuxième plan de renflouement.

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Alexis Tsipras (parti Syriza):

   «Peut-être que l'Allemagne sera le premier pays à quitter l'euro»

28 décembre 2011 | Par La rédaction de Mediapart

Propos recueillis à Athènes par Amélie Poinssot

Alexis Tsipras est le leader de la Syriza, la gauche radicale grecque – un parti fondé en 2004 à partir de différentes formations d'extrême gauche, dont le parti qu'il préside, le Synaspismos. Cette coalition avait obtenu neuf députés au parlement en octobre 2009.

Quelle alternative proposez-vous en Grèce ?

La question n'est pas une politique alternative en Grèce, mais une politique alternative en Europe. Très tôt, on a vu que c'était une crise systémique liée à l'architecture de l'euro. Or la façon dont on a affronté cette crise, en Grèce, était probablement ce qu'on pouvait faire de pire: quand on a un problème de dette publique, on ne peut pas le résoudre en s'endettant encore davantage, et en exigeant en même temps de l'économie qu'elle s'arrête de fonctionner… Pour venir à bout de ses dettes, il faut au contraire produire afin de dégager des excédents pour rembourser. Je suis donc pour un règlement de la dette à un niveau européen et pour une politique de relance en Grèce pour contrer la récession.

Le gouvernement grec devrait en outre s'engager très rapidement dans un programme de redistribution des richesses. Un exemple: en ce moment, dans les banques suisses, d'après certains rapports, il y a plus de 600 milliards d'euros d'argent grec – c'est presque deux fois la dette publique du pays – soit sortis par les banques grecques, soit placés directement par les particuliers à l'étranger. Il y a donc de la richessemais elle n'est pas soumise à l'impôt.

Comment peut-on remédier à cela ?

Notre proposition est la suivante: que chacun, en Grèce, soit obligé de faire une déclaration qui comprend tous ses biens, ses propriétés immobilières, mais aussi ses dépôts dans les banques nationales et étrangères, et ses capitaux mobiliers. Aujourd'hui, le contribuable n'a pas cette obligation. Bien entendu, vous allez me dire: qu'est-ce qui peut l'empêcher de faire une déclaration mensongère? Il faut mettre en place des règles très strictes. Par exemple, si quelqu'un se fait prendre en ayant fait une fausse déclaration, il faut qu'il soit menacé de se voir confisquer ses biens. Jusqu'à présent, le système fiscal en Grèce est resté un système injuste et inégalitaire.

Autre piste que nous proposons: une cotisation exceptionnelle des armateurs. Vous savez que la Grèce possède la plus grande flotte commerciale au monde. Savez-vous à quelle hauteur les armateurs grecs contribuent aux caisses publiques dans une période si difficile pour notre pays? Moins que les immigrés quand ils doivent payer pour leur carte de séjour! Les armateurs bénéficient de 58 abattements fiscaux différents. Il faut absolument exercer une pression là-dessus et changer la législation.

Vous êtes donc partisan d'une profonde réforme fiscale, et d'une solution européenne à la dette grecque. Vous êtes donc favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro ?

Oui, je ne crois pas qu'il puisse y avoir une solution politique en dehors de l'euro. Je crois cependant que la Grèce ou tout autre pays qui voit reculer ses droits souverains et les intérêts de son peuple a le droit et le devoir de défendre son intérêt national, même sous la menace de l'effondrement de l'euro.

En réalité, on se dirige vers l'autre extrême: l'euro est menacé à cause de l'obstination de l'Allemagne à mener cette politique d'austérité. S'il n'y a pas un changement dans l'architecture de l'euro, c'est-à-dire si l'on ne donne pas la possibilité à la Banque centrale européenne d'émettre de la monnaie et de constituer un refuge pour les besoins d'emprunts des pays qui affrontent des problèmes, alors l'euro ne survivra pas.

Et peut-être que l'Allemagne sera le premier pays à quitter l'euro… Or si un pays quitte la zone euro, la zone euro s'effondrera.

Quels rapprochements envisagez-vous avec les autres formations de la gauche européenne ?

Je suis le vice-président du Parti de la gauche européenne, le président étant Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste français. Nous sommes en contact régulier, il y a une semaine encore nous nous sommes vus pour discuter des développements après les décisions du sommet de Bruxelles. Je suis aussi proche de Jean-Luc Mélenchon – j'espère qu'il va obtenir un bon score à l'élection présidentielle.

Le parti de la gauche européenne a déposé il y a quelque temps une série de propositions alternatives pour faire face à la crise. Tout d'abord, nous prônons une refondation de la zone euro et de l'euro, nous voulons changer les critères de stabilité: non plus le déficit, la dette, et l'inflation, mais le développement – il faut qu'une économie soit obligée d'avoir des chiffres positifs de croissance –, un chômage le plus bas possible, et une balance des paiements équilibrée entre les importations et les exportations. Afin que l'on ne tombe pas dans ce grand dumping entre les pays du Nord et les pays du Sud, où les avantages du Nord sont les carences du Sud. 

Notre deuxième axe, c'est le rôle de la Banque centrale européenne. Il n'y a nulle part au monde une économie avec une monnaie unique et une politique monétaire commune, sans banque centrale qui puisse financer et imprimer de l'argent… Enfin, troisième axe: il faut un budget européen, généreux, afin de financer la croissance. Une caisse communautaire peut être financée par les pays en fonction de leurs capacités.

En Grèce, pourtant, vous n'avez pas réussi à constituer un “front de gauche” et vous irez probablement en rangs dispersés aux élections anticipées, pourquoi ?

C'est une question qui nous tourmente nous-mêmes. Or toutes les enquêtes d'opinion montrent que si l'on avait en Grèce un front de gauche, il deviendrait certainement la première force politique du pays. Mais au sein du parti communiste, c'est la tendance orthodoxe qui domine, qui dit que toute collaboration avec les partis voisins est compromission… 

La Grèce a malheureusement cette particularité d'une gauche très forte, mais une gauche qui, embourbée dans des oppositions d'une autre époque, ne peut pas s'entendre et travailler ensemble. Cela dit, je pense que plus le temps passe, plus les membres du parti communiste changent et exercent une pression sur la direction. Car aujourd'hui, le risque n'est pas de voir l'autre recueillir plus de voix et élire plus de députés…

La question est de savoir si l'on peut mettre un frein à une attaque barbare! La seule façon de s'opposer à cette attaque, c'est d'unir les forces de gauche.

Dernièrement, vous avez tendu la main au parti communiste. Que leur avez-vous proposé ?

Nous avons proposé une action commune pour faire front par exemple au nouvel impôt immobilier qui vient d'être mis en place, et créer la possibilité, pour les gens qui ne peuvent pas le payer, de ne pas le payer. Nous avons proposé aussi un front commun pour s'opposer aux licenciements dans le secteur public, et nous avons proposé un dialogue afin de se mettre d'accord sur un programme commun minimum dans le but d'agir de manière groupée au moment des élections.

Si nous étions ensemble, nous serions les vainqueurs du scrutin et pourrions arriver au pouvoir. C'est dommage de laisser cela à M. Samaras, le leader de Nouvelle Démocratie (parti de droite)… lequel, sans aucun doute, va poursuivre la cure d'austérité. Mais nous n'arrivons pas à nous entendre car le parti communiste veut d'abord que l'on soit d'accord sur le socialisme que l'on appliquera une fois au pouvoir, avant d'aller ensemble aux élections. C'est une position absurde et intransigeante.

N'est-ce pas tout de même étrange que la gauche grecque, qui attendait la crise du capitalisme depuis si longtemps, n'arrive pas à s'unir maintenant qu'elle a lieu ?

À vrai dire, ce n'est pas que la gauche attendait la crise du capitalisme – nous ne sommes pas malveillants –, simplement, la gauche l'avait prédite! Je dois ajouter qu'à chaque effondrement historique, la gauche n'a jamais gagné, elle gagne plutôt quand la société prend conscience qu'il y a une possibilité de changement dans l'organisation sociale. Lors de la crise de 1929, par exemple, ce n'est pas la gauche qui a gagné en Europe, mais le fascisme. L'histoire donne raison à la gauche aujourd'hui, car elle avait prédit que le capitalisme était un système si injuste qu'il allait se détruire lui-même, mais pour que la gauche retrouve son hégémonie, cela ne suffit pas de dire que l'on avait raison, il faut que l'on donne aussi des solutions… et que l'on arrive à convaincre. Cela demande un peu de temps.

En raison de sa politique d'austérité, le Pasok a définitivement perdu un large soutien dans l'électorat. D'un autre côté, abstention et indécision dominent… Comment espérez-vous capitaliser ces voix ?

Le Pasok est confronté à un problème existentiel. Car avec cette politique qu'il a mise en place, il a cessé de représenter une grande partie des catégories sociales qu'il incarnait jusqu'alors: les classes moyennes, qui ne voient plus aucune raison de soutenir le Pasok car il ne porte plus du tout leurs intérêts. Cette dissolution du Pasok, c'est aussi la décomposition de la société – et on voit la même chose du côté de Nouvelle Démocratie, qui ne représente plus non plus les intérêts des classes moyennes. 

Nous avons là une occasion réelle pour la gauche de parler avec ces gens, de les représenter: nous devons saisir cette chance. Nous représentons les travailleurs, les foyers aux revenus moyens, les citoyens non privilégiés. Nous leur parlons donc d'une société plus juste, d'une économie des besoins – et non des marchés –, nous disons que les hommes doivent être au-dessus des profits, qu'il peut y avoir une plus juste répartition de la richesse et que chacun a le droit de vivre dignement, d'avoir accès aux biens fondamentaux, tels l'électricité, le travail, l'éducation… des choses qui il y a quinze ans étaient peut-être évidentes, mais qui malheureusement ne le sont plus aujourd'hui.

L'extrême droite est entrée dans le gouvernement grec. Ne craignez-vous pas de perdre du poids tandis qu'elle va gagner en légitimité ?

Je n'ai pas peur de Karatzaféris (le leader de l'extrême droite), c'est quelqu'un qui retourne sa veste en permanence… Il est vrai que l'extrême droite constitue un danger dans la mesure où la crise peut la renforcer. Elle vient même piquer des slogans à la gauche… Je pense que la seule possibilité de constituer un bouclier face à cette politique démagogique, c'est d'expliquer aux gens qu'au cœur de la pensée de gauche, il y a l'humanisme, à l'inverse du cœur de l'extrême droite qui est l'intolérance, la peur de son prochain, et en aucun cas la solidarité. Ce qu'ils proposent, c'est uniquement la haine de ce qui est différent. Une telle haine ne pourra jamais servir à construire une société plus juste.

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Alexis Tsipras :

http://lci.tf1.fr/monde/europe/qui-sont-le-melenchon-grec-et-les-neo-nazis-vainqueurs-de-l-austerite-7224669.html

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00442040-portrait-tsipras-l-homme-qui-a-su-catalyser-la-colere-des-grecs-320224.php

http://www.rfi.fr/europe/20120507-grece-recomposition-pasok-nouvelle-democratie-extreme-droite-nazis-legislatives

 

 

 

 

 

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 21:14

Feu vert des députés au Mécanisme européen de stabilité, le PS s'abstient

L'Assemblée nationale a ratifié mardi 21-2 le Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à devenir le pare-feu de la zone euro contre les crises de la dette, contre lequel ont voté Front de gauche et Verts, alors que les socialistes se sont abstenus sous les huées de la droite.

 Les députés, qui, par un hasard du calendrier parlementaire, débattaient au lendemain de l'accord sur la Grèce, ont ainsi donné leur feu vert à deux traités remplaçant à terme l'actuel Fonds européen de solidarité (FESF), par un mécanisme permanent, disposant d'une capacité de prêt de 500 milliards d'euros.  

Le premier texte, qui modifie un article du traité de l'Union européenne, autorise la création d'un tel mécanisme, tandis que le second traité fixe ses modalités de fonctionnement.  

Ces deux traités sont juridiquement distincts du pacte de stabilité budgétaire conclu entre 25 pays de l'UE, qui doit être officiellement signé le 1er mars et que François Hollande veut renégocier. Mais un lien fort existe entre les deux car les prêts du MES ne pourront être accordés qu'à des pays membres du Pacte.

"Nos concitoyens ne comprendraient pas que la solidarité ne soit pas assortie de discipline", a déclaré le ministre des Affaires européennes Jean Leonetti pour justifier ce lien. "Nous prendrions alors le risque de rendre l'Europe impopulaire. Et rendre l'Europe impopulaire, c'est la livrer aux populismes".

S'abstenir de s'opposer au médicament qui va tuer la Grèce !? 

Ce lien a justifié l'abstention socialiste car le pacte de stabilité budgétaire, "tel qu'il se présente aujourd'hui, ne prévoit pas d'engagement fort en faveur de la croissance", a déclaré le président du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault.

"Nous nous abstiendrons pour que l'Europe ne soit pas celle de l'austérité et du déclin", a-t-il dit à la tribune, sous les huées et les claquements de pupitres des députés UMP. 

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, ne s'est pas du tout satisfait de cette abstention. "Comment un parlementaire de gauche peut s'abstenir" sur le MES qui donne "le médicament qui va tuer la Grèce" et impose à tous "le modèle austéritaire?", a-t-il demandé devant la presse.

Pour le député apparenté communiste Jean-Pierre Brard, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel "veulent faire de la Grèce un exemple pour nous faire peur, pour que nous votions sans les regarder de trop près ces textes".

"Ich bin Deutsch", a rétorqué le député centriste Charles de Courson, car "l'équilibre budgétaire, ce n'est pas un vice, mais une vertu que tous les démocrates doivent défendre".  

Les écologistes ont voté contre le MES car "il n'est pas question de donner un quitus au couple Merkozy", a expliqué le député d'EELV François de Rugy. Ils se sont toutefois abstenus sur le premier traité, car ils approuvent le principe "d'une mutualisation des dettes dans l'UE".

Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidentielle, a brandi dans l'hémicycle, lors des questions au gouvernement, un faux chèque géant de 140 milliards d'euros à "l'Union européenne" prétendument signé par Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou.  

Cette somme correspond à la part de la France dans le capital du MES, d'un total de 700 milliards d'euros. Mais seulement 80 mds, dont 16 mds venant de Paris, doivent être pour le moment libérés, a rappelé Jean Leonetti. (...)

 (A.F.P. 21-2-12)

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Les députés PS vont-il ratifier le Mécanisme européen de solidarité le 21/2 ?

  L'Argentine en 2002: «Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques»

  Un référendum ? Oui, sur le Pacte budgétaire d'austérité européen !

François Hollande: "Il n'y a pas de crainte à avoir" pour les marchés financiers !?

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 09:38

 

L’article 136 du traité de l’Union Européenne autorise la création d’un Mécanisme européen de solidarité (MES). Il est proposé à la ratification du Parlement français ce mardi 21 février.

La gauche dans son ensemble et les élus socialistes en particulier devraient voter contre cette ratification pour 2 raisons essentielles.

1. Parce que le MES est un mécanisme de solidarité à l’usage exclusif de la Finance

Les « plans d’aides » de l’Union européenne et du FMI se présentent comme des plans d’aide à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal. En réalité, les Grecs, les Irlandais, les Portugais n’ont jamais vu la couleur d’un seul euro des aides qui leur ont été soi-disant apportées par l’Union européenne, le Fonds européen de stabilité financière FESF) dont le MES devrait prendre la succession) et par le FMI. Les fonds prêtés par ces institutions vont directement rembourser les banques, les assurances et les fonds spéculatifs lorsque les titres des dettes publiques grecques, irlandaises ou portugaises qu’ils détiennent arrivent à échéance.

Par contre, c’est bien aux peuples grecs, irlandais ou Portugais de rembourser les sommes versées directement à la Finance par le Fonds européen de Stabilité financière (FESF). Il en irait de même, demain, pour les sommes directement versées à la Finance par le MES si des pays européens (l’Italie, l’Espagne…) choisissaient de faire appel à l’Union européenne et au FMI.

Par contre, ces sommes versées directement à la Finance seront assorties de conditions, c’est-à-dire de plan de destruction sociale tels que ceux qui ont été imposés à la Grèce, au Portugal ou à l’Irlande. Cette institutionnalisation des pratiques du FMI et de l’Union européenne serait inscrite dans le traité puisque le texte soumis à la ratification du Parlement stipule expressément : « l’octroi au titre du mécanisme de toute assistance financière nécessaire sera subordonné à une stricte conditionnalité ».

Constater les effets économiques, financiers et sociaux de ces « conditionnalités » en Grèce ne peut qu’entrainer le refus de ratifier le MES.

La Grèce subira en 2012 sa cinquième année de récession consécutive. Les plans de destruction sociale qui lui ont été imposés ne lui ont pas permis de sortir de la récession liée à la crise bancaire de 2007-2008. En 2011, son PIB a encore diminué de 6 %. L’année 2012 sera encore pire 

En 2010, la dette publique grecque s’élevait à 140 milliards d’euros. Moins de deux ans plus tard, les conditions imposées à la Grèce ont amené cette dette à 162 milliards d’euro.

Le chômage dépasse les 22 % de la population active et atteint 45 % chez les jeunes (49,5 % chez les jeunes femmes). Les salaires et les retraites ont été amputés de 50 % et même, dans certains cas, de 70 %. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire. La faim fait sa réapparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est occupé par des dizaines de milliers de SDF, misérables, affamés et en haillon. Les hôpitaux ne peuvent plus fournir les médicaments de base. 35 % des grecs font maintenant appel aux hôpitaux de rue pour pouvoir se soigner (5 % avant la crise)… Le nouveau plan de restructuration sociale que vient de voter le Parlement grec supprimera les conventions collectives, imposera la suppression immédiate de 15 000 emplois dans le secteur privé et abaissera de 22 % le salaire minimum, de 32 % pour les jeunes qui ne percevront plus que 527 euros par mois quand ils auront la chance d’avoir un travail à temps plein. Les retraites complémentaires diminueront de 15 %. Par contre les cotisations sociales patronales diminueront de 2 % en 2012 et de 13 % en 2013 !

2. Parce que le MES est indissociable du traité européen que veulent nous infliger Sarkozy et Merkel : le « Traité sur la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire » (TSCG) 

L’octroi d’une « assistance financière » par le MES sera conditionné à partir du 1er mars 2013 à la ratification du TSCG qui inclut, notamment, la « règle d’or » de Merkozy.

Qui accepte l’un, accepte l’autre.

Pour appuyer la volonté de François Hollande de renégocier le traité de Merkozy, il est nécessaire de ne pas lui entraver les mains en votant pour une ratification du MES et par là-même du TSCG.

En votant contre cette ratification, les élus socialistes aideraient François Hollande à créer un rapport de forces qui lui faciliterait la tâche lorsqu’il ira, comme il l’a annoncé, rencontrer Angela Merkel pour renégocier le TSCG.

Jean-Jacques Chavigné/ Gérard Filoche

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Double jeu du PS: Hollande fustige les financiers, les députés Ps s'abstiennent sur le M.E.S.

  Un référendum ? Oui, sur le Pacte budgétaire d'austérité européen !     

François Hollande: "Il n'y a pas de crainte à avoir" pour les marchés financiers !?

L'Argentine en 2002: «Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques»

 

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 16:50

 

L'ancien ministre de l’Économie argentin, Roberto Lavagna, a sorti son pays de la crise en 2002, en se passant des services du FMI. Il préconise la même solution pour la Grèce. 

Recueilli par Gérard Thomas, à Buenos Aires

 

L'ancien ministre de l’Économie argentin Roberto Lavagna, 69 ans, est le principal artisan du redressement de l'Argentine engluée dans une terrible crise économique il y a dix ans. Lorsqu'il prend ses fonctions, en avril 2002, le peso vient d'être dévalué de 70%, le pays est en cessation de paiement, la dette privée s'élève à plus de 72 milliards d'euros, l'inflation annuelle flirte avec les 125% par an, le chômage explose, les petits épargnants sont ruinés et les troubles sociaux ont déjà fait plus de 30 morts dans le pays. Cet ancien ambassadeur auprès de l'Union européenne décide immédiatement de se passer de « l'aide » du Fonds monétaire international (FMI) et des marchés financiers. Quelques pistes à suivre pour la Grèce. 

Quelles sont les grandes similitudes entre la crise argentine de 2001-2002 et la crise grecque ?

Au plan économique, tout est semblable. L’Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, la Grèce est ficelée à l'euro, perdant ainsi le contrôle de sa monnaie. Un taux de change fixe associant des pays à forte productivité et d'autres dont la compétitivité est beaucoup plus faible ne peut qu'engendrer une crise. La Grèce est déjà dans sa quatrième année de récession, l'Argentine l'était également. Le déficit fiscal, le déficit des comptes courants, la chute vertigineuse du PIB, l'endettement, l'explosion du chômage... toutes les grandes données macro-économiques sont similaires. En revanche, la situation sociale de la Grèce est bien meilleure que celle de l'Argentine à l'époque. Au plan institutionnel, l'Argentine était par ailleurs un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l'ensemble économique le plus puissant du monde.

Comment avez-vous tiré l'Argentine du chaos ?

Dès mon entrée en fonction, en avril 2002, j'ai décidé de changer radicalement notre manière de penser la sortie de crise.. Le mois suivant, j'étais à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds monétaire international et leur expliquer que nos rapports allaient s'en ressentir. Depuis le début du marasme économique, en 1998, nous avions déjà eu deux programmes du Fonds pour un total de 51 milliards d'euros. Les deux ont été des échecs retentissants et certaines voix s'élevaient pour demander une troisième tournée de quelque 17 milliards supplémentaires.

Je n'ai pas voulu suivre cette voie et j'ai expliqué au Fonds que nous ne voulions plus de prêt et que nous sortirions seuls de la crise. La seule chose que j'ai demandé était un roll over partiel de toutes les échéances. Je me suis également engagé à payer les intérêts de la dette et une partie du capital. Mais pas tout et pas tout de suite. Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous même notre propre politique économique. J'ai du leur expliquer trois fois de suite ma position avant qu'ils finissent par comprendre. A partir de là nous avons arrêté de soutenir financièrement les banques alors que le FMI nous l'imposait, exigeant même que nous privatisions la Banque de la Nation. Mais comme nous étions sorti du jeu, le Fonds n'avait plus de moyen de pression sur l'Argentine!

Vous avez donc œuvré contre le FMI et vos principaux créanciers ?

Le sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI. Cette institution propose toujours le même type de contrat d'ajustement fiscal qui consiste à diminuer l'argent qu'on donne aux gens - les salaires, les pensions, les aides publiques, mais également les grands travaux publics qui génèrent de l'emploi - pour consacrer l'argent économisé à payer les créanciers. C'est absurde. Après 4 ans de crise on ne peut pas continuer à prélever l'argent aux mêmes. Or c'est exactement ce qu'on veut imposer à la Grèce! Tout diminuer pour donner aux banques. Le FMI s'est transformé en une institution chargée de protéger les seuls intérêts financiers. Quand on est dans une situation désespérée, comme l'était l'Argentine en 2001, il faut savoir changer la donne.

Selon vous les plans d'austérité et de rigueur ne sont pas nécessaires mais c'est pourtant ce qu'on impose à la Grèce...

A tort, car l'argent prêté risque de ne jamais être remboursé et le déficit fiscal grec est plus élevé aujourd'hui qu'avant la première injection d'argent frais. Ce sont les mêmes éternelles erreurs. C'est le secteur financier qui impose sa manière de voir les choses au monde entier. On préfère sauver les banques plutôt que les gens qui ont des crédits immobiliers à rembourser. La première chose qu'on a faite nous, c'est de rallonger les échéances pour les propriétaires endettés. Les fonctionnaires du FMI nous ont alors dit que nous violions les règles essentielles du capitalisme! Ils oubliaient simplement que des gens ruinés ne consomment plus, ce qui obère une relance par la croissance.

Au lieu de payer les banques, la Grèce devrait investir dans l'éducation, les sciences et la technologie, financer des infrastructures et récupérer ainsi une certaine productivité, ne serait-ce que dans les secteurs des services ou du tourisme.

Vous devez avoir beaucoup d'ennemis chez les banquiers...

Ils me détestent! Ce qui ne les a pas empêché de frapper à notre porte pour nous prêter de l'argent 48 heures exactement après que nous avons terminé la restructuration de notre dette en 2005! Or j'ai refusé ces offres intéressées en leur répondant que nous ne reviendrons pas sur le marché financier avant 2014 car nous n'en avons plus besoin. Pourquoi 2014, simplement parce qu'a cette époque la dette sera seulement de 30% du PIB, la moitié des critères européens de Maastricht! Je pense qu'un pays comme l'Argentine ne doit pas être tout le temps présent sur le marché financier. C'est un risque beaucoup trop grand d'augmenter à nouveau la dette. Le problème c'est que ce sont les banquiers eux-mêmes qui estiment qu'il est positif pour l'image d'un pays d'emprunter à l'international. Il est clair que si je vendais des tomates, je trouverai très bien qu'on en mange! Eux ils vendent de l'argent.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 09:10

Attac s’adresse aux candidats à l’élection présidentielle :

                 quelle démocratie proposez-vous ? 

« Chaque fois qu'il y aura blocage, je ferai parler le peuple français », a déclaré Nicolas Sarkozy en annonçant hier sa candidature. Étrangement, il s'était bien gardé de le faire pour le traité de Lisbonne, la réforme de la Poste ou celle des retraites. Il l'envisage maintenant volontiers contre les chômeurs et les étrangers.

Cette instrumentalisation du référendum au service d'une politique de boucs émissaires est nauséabonde. Nicolas Sarkozy essaie cyniquement de jouer de l'opposition entre les élites – dont il est la caricature – et le peuple.

N'esquivez pas le débat démocratique, M. Hollande

Dans le même temps, François Hollande fait le jeu de Nicolas Sarkozy quand il déclare au Guardian que, s’il est élu Président de la République, il fera ratifier le Pacte budgétaire par le Parlement et non par référendum : il donne ainsi l'impression de vouloir esquiver le débat démocratique. Le dévoiement de la procédure référendaire par Nicolas Sarkozy n'autorise pas à évacuer le droit du peuple à se prononcer directement sur un enjeu historique après un débat éclairé.

En fait de renégociation du Pacte budgétaire, le candidat socialiste se satisferait en effet, toujours selon ses déclarations au Guardian, d’une « clause sur la croissance économique, dans ou à côté du Traité ». Mais rajouter une déclaration de principe sur la croissance à un Pacte qui aggravera la récession, en radicalisant l’austérité, n’aurait aucune signification. Pas plus d'ailleurs que d'implorer le retour de la croissance sans se poser de questions sur ses finalités ou sa viabilité écologique.

Devant la gravité des enjeux, la nécessité d'un référendum est posée. Pourtant Nicolas Sarkozy n'a pas évoqué l’idée d’un référendum sur le Pacte budgétaire, préférant stigmatiser les chômeurs et les étrangers. François Fillon, lui, en a parlé le 14 février devant les députés UMP, à propos de l'ajout de la « règle d'or » dans la Constitution. Bien sûr les motivations de M. Fillon sont tout sauf désintéressées : il veut obliger le Parti socialiste à défendre le « oui » devant des électeurs de gauche plus que sceptiques.

Devant la gravité des enjeux, la nécessité d'un référendum est posée 

La question des politiques budgétaires et fiscales en France et en Europe est bien au cœur des enjeux d'avenir ; le peuple doit pouvoir en décider directement. C’est pourquoi Attac demande à tous les candidats aux élections présidentielles et législatives s’ils ont l’intention de donner aux citoyens français la possibilité de délibérer et de décider eux-mêmes de leur avenir et de celui de l’Europe.

Après les quatre questions que nous avons posées en octobre dernier sur la finance, nous soumettons aujourd’hui aux candidats trois nouvelles questions (ci-jointes) qui portent sur la démocratie en France et en Europe, et auxquelles nous souhaitons obtenir des réponses avant le 15 mars.

Six candidats nous ont déjà répondu en octobre sur la finance, nous espérons qu’ils répondront sur la démocratie. Nicolas Sarkozy nous avait alors répondu ne pas être encore candidat: il peut désormais répondre sans obstacle à l’ensemble de nos questions. Il en est de même pour François Hollande, qui n’avait pas souhaité préciser ses projets sur la régulation de la finance.

Après les élections, au cas où le nouveau président élu et sa majorité décideraient de ratifier le Pacte sans consulter le peuple, Attac proposera au mouvement social l'organisation d'un référendum d'initiative citoyenne ou d'une votation citoyenne, en France et en Europe, pour imposer un véritable débat démocratique sur le Pacte budgétaire. 

Attac France,

Paris le 16 février 2012

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  CHAQUE CITOYEN PEUT INTERVENIR CONTRE LE COUP D'ÉTAT QUI SE PRÉPARE LE 21 FÉVRIER

Voici un événement dont on ne parle pas ou si peu dans les journaux, à la télévision, à la radio. Pourtant, c'est un virage dangereux où la démocratie peut basculer ! Le président-candidat ou vice-versa qui se targue de vouloir consulter le peuple dans des référendums, ce qu'il n'a jamais fait toutes ces années et qu'il a même refusé quand la nécessité en était si évidente (pour la réforme des retraites par exemple), se garde bien de s'y risquer quand la souveraineté populaire est pourtant en jeu...

Comme en 2005 déjà pour le Traité Européen et encore pour le même sujet, les citoyens doivent s'informer et réagir. Mais le délai est beaucoup plus court, car la forfaiture va se jouer au Parlement le 21 février.

 

  http://partidegauche-charente-maritime.blogspot.com/2012/02/un-veritable-coup-detat-se-prepare-le.html

  http://www.dailymotion.com/video/xopx4c_j-l-melenchon-lutte-contre-le-mesf_news#from=embed

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Pétition Rejet du Mécanisme Européen de Stabilité par nos députés !

Pour:Assemblée Nationale

Mesdames et Messieurs les députés français,

Comme des millions de personnes dans toute l'Europe, nous nous inquiétons des dérives autoritaires, des politiques d'austérité et de la casse systématique des services publics qui sont mis en oeuvre, sous prétexte d'une dette dont la légitimité n'est d'ailleurs toujours pas questionnée.

Nous voyons bien la réalité des conséquences de ces politiques en Grèce, où un véritable pillage du pays a lieu. Nous ne développons pas cette situation tragique pour eux, que vous connaissez.

Nous vous écrivons concernant le traité européen instituant le mécanisme européen de stabilité sur lequel vous devrez vous prononcer le 21 Février. Vous savez que ce mécanisme donnera des pouvoirs complètement anti-démocratiques à la Commission Européenne. Vous savez que les États européens seront soumis à une discipline budgétaire qui obligera à tout vendre, service public après service public. A travers ce véritable pillage organisé, c'est toute la cohésion sociale et la qualité de vie dans notre pays, déjà bien entamée, qui seront mis à mal. Nous nous étonnons du silence qui entoure ce traité crucial et nous indignons de l’absence de consultation populaire à ce sujet.

Au sein de ce mécanisme, les décisions seront prises par le Conseil des gouverneurs composé exclusivement des ministres des finances de la zone euro. Aucun veto, ni aucune autorité des parlements nationaux n’est prévu sur ces ministres lorsqu’ils agissent au titre de gouverneurs. De plus, ils jouiront en cette qualité d’une immunité totale leur permettant d’échapper à toute poursuite judiciaire. Pourtant, ils disposeront alors librement des caisses de l’État qui devra accéder de façon « irrévocable et inconditionnelle » à leurs demandes. Il est aussi intéressant de noter que le budget de départ du MES pouvant être réclamé aux États-membres dans un délai de sept jours seulement n’est pas plafonné et peut donc augmenter de façon illimitée sur décision du Conseil des gouverneurs.

Aucun membre ou employé de cette structure ne sera élu par la population ni responsable devant elle. Plus fort encore, le MES peut attaquer en justice mais pas être poursuivi, pas même par les gouvernements, les administrations ou les tribunaux. Le manque de transparence concerne aussi les documents « inviolables » , qui ne seront rendus publics que si le Conseil des gouverneurs le souhaite.

Négation des compétences fiscales et budgétaires des parlements nationaux, déni des principes de base de la démocratie, impossibilité d’opposer un veto, immunité judiciaire totale, opacité des documents… Autant de procédés antidémocratiques qui nous amènent aujourd’hui à vous demander d’adopter une position claire quant à ce traité. Allez-vous l’accepter ou le rejeter ?

Cette société devient étouffante d'injustice. Nous vous le demandons, Madame, Monsieur, au nom de la gauche dans ce pays, au nom de la souveraineté populaire, au nom de la justice sociale, au nom de la république et de la démocratie, vous devez rejeter ce texte.

En 2008, beaucoup de députés socialistes se sont abstenus et c'est l'abstention qui a permis une majorité pour valider le traité de Lisbonne. Peut-être avez-vous fait parti des 115 parlementaires socialistes qui ont eu le courage de voter contre ce traité, mais nous vous demandons de bien réfléchir à la portée sans précédent de ce vote du 21 Février. Il va sans dire que nous prendrons en compte votre réaction sur cette question cruciale la prochaine fois que nous serons appelé(e)s aux urnes.

Un monde est en train de basculer et l'issue en est bien incertaine. Nous sommes inquiet(e)s pour notre avenir et c'est peut-être bien la fin de nos démocraties en Europe qui est en train de se jouer.

Mesdames et Messieurs les députés, nous vous souhaitons un bon vote.

http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=MES2012

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Un appel de Patrick Le Hyaric, député européen, directeur de 'Humanité:

http://patricklehyaric.net/2012/02/18/nouveaux-traites-europeens-je-veux-vous-alerter/

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 08:29

 

Une belle synthèse de l'année 2011, de la crise de la construction européenne néolibérale, de ces "ingrédients du désastre"; vus par Frédéric Lordon, le 1/1/2012.

 Merci à Joël Da Silva de m'avoir fait connaître cette analyse pleine de pessimisme, porteuse dans le même temps d'un optimisme politique pour 2012, publiée par les Inrocks! H M

 

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"Les ingrédients du désastre"

 

"Voué à se perdre dans la prolifération des événements de première grandeur, comme seules les crises historiques en réservent, l'exercice de la rétrospective économique a tout d'une gageure. Si vraiment il fallait donner une cohérence à l'année 2011, il est possible que, d'abord entendu en son sens étymologique, et puis peut-être en son sens ordinaire, ce soit le mot d'apocalypse qui, appliqué à la construction européenne, convienne le mieux. L'apocalypse, c'est la révélation, et ce que l'année 2011 aura révélé, visibles sans doute depuis longtemps mais à qui avait au moins le désir de voir, ce sont les irréparables tares de la monnaie européenne, désormais mises en pleine lumière, accablantes, incontestables aux yeux mêmes des plus bornés soutiens de "L'Europe", ce générique qui n'a jamais eu de sens sinon celui de rejeter dans l'enfer "nationaliste" des "anti-Européens" tous ceux qui avaient à redire, non pas à l'Europe, mais à cette Europe.

D'impasses intellectuelles aux conséquences matérielles

Il aura donc fallu l'extrémité de cette crise pour faire apparaître que toute la construction de l'euro a reposé - par négation calculée ou par franche bêtise ? on ne le saura pas - sur l'ignorance crasse de la souveraineté comme principe fondamental de la grammaire politique moderne - où l'on aperçoit que des impasses intellectuelles peuvent emporter de terribles conséquences matérielles. De toutes les atteintes que ce principe aura eu à subir, la pire sans doute aura tenu au choix de remettre délibérément la surveillance et la normalisation des politiques économiques aux marchés de capitaux, agencement expressément voulu par l'Allemagne, soupçonnant, en l'absence de tout mécanisme institutionnel capable de les rendre exécutoires, que les règles des traités (et du pacte de stabilité) ne vaudraient rapidement pas beaucoup plus qu'un "chiffon de papier".

Il suffit d'y ajouter un modèle de Banque centrale européenne (BCE) très exactement décalqué de la Bundesbank et destiné lui aussi à garantir le primat des obsessions allemandes (exclusivité de la mission anti-inflationniste, interdiction des financements monétaires des déficits budgétaires et de toute forme de garantie des dettes publiques) pour avoir, combinés, les principaux ingrédients du désastre. Inexistant en 2007, le "problème des dettes publiques" ne se constitue que par la récession consécutive à la crise des subprimes, mais encore est-il gérable jusqu'au début 2010. C'est la spéculation sur les marchés obligataires qui, faisant monter les taux d'intérêt, donc le service de la dette, le transforme en une insoluble crise dès lors que la BCE refuse obstinément tout crédit direct aux finances publiques, toute garantie des dettes et toute formule de leur restructuration !

Incapables de concevoir l'impasse dans laquelle ils se sont mis, les gouvernements de la zone euro auront passé leur année à explorer des solutions qui ne font que la verrouiller davantage : leur asservissement aux injonctions des marchés les conduit à des politiques d'austérité dont la "coordination" garantit la récession généralisée, donc l'effondrement des recettes fiscales, donc la détérioration des dettes ; chaque tour de vis supplémentaire imposé aux Etats secourus n'a pas d'autre effet que de les plonger dans des difficultés plus profondes et d'intensifier les effets de contagion ; la liste des Etats attaqués par la spéculation n'a donc cessé de s'allonger jusqu'à gagner les pays du coeur de la zone, la France notamment dont la notation ne tient plus qu'à un fil ; et le pauvre Fonds européen de stabilité financière (FESF) est si visiblement débordé qu'aucune des contorsions de l'ingénierie financière ne parvient plus à lui rendre un semblant de pertinence : c'est la BCE, dont les possibilités de création monétaire sont virtuellement infinies, et non un fonds, dont les moyens financiers sont par construction limités, qui devraient faire le back up des dettes souveraines européennes - mais voilà, la BCE ne veut pas...

Ce sont ces inextricables contradictions que, dans leur récurrence presque comique, les sommets de l'eurozone n'ont pas cessé de reparcourir, pour se heurter toujours aux mêmes murs, et se conclure par les mêmes pathétiques communiqués triomphateurs mais dépourvus de toute solution, puisque des solutions, tant que l'on reste dans le cadre actuel, il n'y en a pas !... et qu'il est à craindre que la transformation du cadre, c'est-à-dire la modification des traités, appartienne à un horizon temporel sans rapport avec l'urgence d'une crise au bord de devenir foudroyante.

"Tout ça ne pourra pas durer éternellement"

Pendant ce temps, les corps sociaux, qui ont déjà avalé à leurs frais le sauvetage de la finance, puis assisté, médusés, à son retournement contre les Etats qui l'avaient secourue et, pire encore, la voient exiger de ces derniers des politiques de rigueur n'ayant d'autre finalité que d'éviter au secteur bancaire de nouvelles pertes, les corps sociaux, donc, contemplent l'évanouissement définitif de leur souveraineté et leur dépossession de tout pouvoir politique réel. Car l'Europe n'est plus qu'un gigantesque solécisme politique, où l'on trouve côte à côte :  

° l'empire exclusif des marchés sur la définition des politiques économiques, conduites non plus d'après les intérêts du seul ayant droit légitime de la puissance publique - le peuple -, mais selon les réquisits d'un tiers intrus au contrat social - le groupe informe des créanciers internationaux -

° la neutralisation de toute expression financière de la souveraineté politique par la soumission des budgets nationaux auxdites "règles d'or", ou par leur contrôle a priori par les instances européennes

° la quasi-éviction des gouvernants par des curateurs missionnés par des organisations internationales, à l'image de la Grèce désormais aux mains de ladite "troïka" (FMI, Commission européenne, BCE), ou de l'extravagante feuille de route envoyée telle quelle par la BCE au président du Conseil italien (il s'agissait alors de M. Berlusconi) 

° enfin les tentatives désespérées de réobtenir les faveurs des marchés par la nomination de gouvernements d'"experts", tels ceux de MM. Monti et Papademos, gouvernements prétendument apolitiques, évidemment on ne peut plus politiques.

Tout ça ne pourra pas durer éternellement.

° D'abord parce que la construction économique s'apprête à s'effondrer sous le poids de ses propres malfaçons et que l'on s'approche chaque jour davantage du point critique où la panique financière, en avance même sur les défauts souverains, mettra de nouveau à bas le système bancaire entier, ne laissant plus que les banques centrales comme uniques institutions capables, avec le risque que le refus de la BCE conduise au réarmement forcé des banques centrales nationales, donc à l'éclatement de l'euro.

° Mais ça ne pourra pas durer non plus parce qu'on ne dépouille pas impunément les corps sociaux de leurs prérogatives souveraines, en tout cas sans s'exposer au risque que vienne un jour où ceux-ci décident de la récupérer violemment - et, un peu à la manière de ce qu'avait montré Karl Polanyi à propos des années 30, la chose peut ne pas être belle à voir...

La laideur cependant n'est pas non plus une fatalité, car c'est aussi une opportunité historique de renverser l'ordre néolibéral qui est en train de se former dans ce bouillonnement de contradictions.

Et de se débarrasser par la même occasion de tous ses desservants, ceux-là mêmes qui ont des décennies durant expliqué au bas peuple que l'ordre du monde est idéal, qu'il avait de toute façon la force d'une donnée de nature et que l'on ne saurait se rebeller contre la loi de la gravitation, qu'au demeurant la construction européenne telle qu'elle est (était...), elle aussi intouchable dans sa perfection même, était là pour notre supplément de bonheur, qu'il fallait être au choix archaïque, frileux ou xénophobe pour trouver à y redire. Tous ces gens, hommes politiques de gauche, de droite, experts dévoués, chroniqueurs multicartes, éditorialistes suffisants et insuffisants comme disait non sans cruauté Bourdieu, tous ces répétiteurs, voués à la pédagogie du peuple obtus, se sont trompés sur tout, et les voilà qui contemplent sidérés l'écroulement du monde dont ils ont été si longtemps les oblats. Et l'on se prend à rêver de les voir eux aussi partir par la bonde à l'occasion de la grande lessive."

Frédéric Lordon - 1/1/2012

  http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/74705/date/2012-01-01/article/2011-vu-par-frederic-lordon-les-ingredients-du-desastre/

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 09:00

A quoi, à qui sert la Banque Centrale Européenne ? A faire des prêts aux banques privées, sans aucune contrepartie, à un taux d'intérêt de 1%: 500 milliards sur 3 ans à 523 banques européennes! http://www.actualite-francaise.com/depeches/zone-euro-bce-prete-milliards-euros-trois-ans-banques-europeennes,11124.html

 Mais les Etats, eux, ont interdiction de s'adresser à la B.C.E. et doivent se retourner vers les "marchés financiers", c'est-a-dire les ... mêmes banques privées, les fonds de placement et autre hedge founds. Mais ces banques privées et autres spéculateurs ne prêtent pas à 1 %, mais 3 ou 4 % pour l'Etat français, jusqu'à 24 % pour l'Etat grec !!!!!!!

C'est tout simplement scandaleux. Il y a besoin de changer les règles européens de réécrire le Traité de Lisbonne: pas pour plus d'austérité et d'autoritarisme, comme veulent nous l'imposer N. Sarkozy et A. Merkel, mais pour permettre à la BCE de prêter aux Etats à des taux réduits, voir nuls, pour desserrer l'étau de la spéculation financière!

Voir mes diaporamas ( avec un peu de patiente pour le charger):

DIAPORAMA PERSO réduit Crise financière et projet de tra DIAPORAMA PERSO  Crise financière et projet de nouveau traité européen     

LE---NOUVEAU---TRAITE-EUROPEEN-DE-LISBONNE-DIAPORAMA.ppt LE TRAITE-EUROPEEN-DE-LISBONNE-DIAPORAMA.ppt     

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Noël à la B.C.E. pour les banques, austérité pour les peuples

Le 21 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a accordé le plus gros prêt de son histoire aux banques. Au total, 523 banques ont emprunté à la BCE près de 500 milliards d’euros pour 3 ans à un taux voisin de 1%. Il s’agit là d’un soutien exceptionnel de la BCE, qui est officiellement justifié par la nécessité d’aider les banques à faire face à leurs prochaines échéances de remboursement. 

Des centaines de milliards d'aide aux banques sans aucune contrepartie

Face à la menace d’une grave crise bancaire, de l’ampleur de celle de 2008, la BCE joue a priori son rôle normal de prêteur en dernier ressort en refinançant ainsi les banques. Mais, ce qui est inadmissible, est que – une fois encore – les autorités volent au secours des banques sans exiger aucune contrepartie de ces dernières ! Ainsi lorsque la BCE intervient, avec la Commission européenne et le FMI, en Grèce ou au Portugal, les contreparties sont considérables : pour « expier » un supposé laxisme dans les dépenses publiques, les gouvernements doivent mettre en œuvre de violents plans d’ajustement. Mais lorsqu’il s’agit du « sauvetage » des banques… c’est Noël avant l’heure !

Le même scénario qu'en 2008-2009

Les banques avaient déjà été secourues sans contrepartie par les­­ États et les banques centrales en 2008 – 2009, au début de la crise des subprimes. Résultat : une fois que leur situation s’est améliorée, elles ont recommencé à spéculer contre les dettes publiques (Grèce et Irlande en particulier) et à distribuer des dividendes à leurs actionnaires, et des primes exorbitantes à leurs dirigeants et traders. Le même scénario va se reproduire en 2012 : l’argent prêté aux banques va être replacé sur les marchés à des taux élevés dans une logique purement financière, et ne va pas servir à desserrer le crédit et financer le secteur productif. Ce qui serait pourtant nécessaire pour sortir de la récession et recréer des emplois.

Il est grand temps de mettre la finance au pas

Il est temps de remettre la finance au service de la société et d'une transition écologique et sociale. Ce qui passe nécessairement par une réforme radicale de la BCE et du système bancaire, afin que ceux-ci promeuvent l’intérêt général et ne soient plus dominés par les intérêts particuliers de la haute finance. Il faut sortir l’Europe du cercle destructeur de l’austérité généralisée, inefficace et injuste. Des propositions qui sont au cœur des campagnes menées par Attac pour un audit citoyen de la dette publique, pour un désarmement de la finance et une transformation du système bancaire.

Attac France,

Le 23/12/2011

 

 

 

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 18:25

Crise de la dette ou dette de crise ?

de Jean-Marie Harribey, le 11 novembre 2011

 

Il est certain que Georges Papandréou se serait épargné l’humiliation que lui ont fait subir de manière honteuse Merkel et Sarkozy s’il avait soumis à référendum les plans d’austérité il y a deux ans et non pas en catastrophe maintenant. Et surtout il aurait peut-être épargné à son peuple nombre de désagréments. Pour ce qui concerne Merkel et Sarkozy, leur arrogance de puissants en dit long sur leur cynisme et leur mépris de la démocratie. Il faut bien ça pour éviter d’avoir à reconnaître que ce sont les politiques néolibérales qui ont mené à la crise, la Grèce n’ayant finalement fait qu’appliquer jusqu’au bout le précepte en vogue partout : faire reculer l’impôt à tout prix, surtout celui des riches, de telle sorte que ceux-ci puissent prêter aux États, et amorcer ainsi l’engrenage de la dette.

La monnaie et la dette sont au cœur de l’extraordinaire crise que connaît le capitalisme mondial depuis plus de quatre ans. La finance ayant pris le pouvoir avec la bénédiction de tous les gouvernements pour imposer la « valeur pour l’actionnaire », les classes dominantes ont cru trouver la parade à la crise de suraccumulation du capital (tous les secteurs productifs sont en surcapacité de production), d’une part en développant une gigantesque spirale spéculative, d’autre part en palliant la stagnation des salaires par l’endettement. La catastrophe ne pouvait que survenir : partie du secteur de l’immobilier aux États-Unis, elle a gagné le secteur bancaire et financier, puis toute l’économie qui est entrée en récession ou stagnation, provoquant ainsi un accroissement des déficits publics. L’Union européenne et la zone euro, qui devaient être des remparts, ont été des bombes à retardement.

Les gouvernements des pays membres de la zone euro sont incapables de nous aider à sortir de la crise parce que, jusqu’ici, le rôle d’une monnaie et l’enjeu de la maîtrise de la création monétaire et du crédit ont été sciemment niés. Et il n’est pas étonnant que, au sein des mouvements sociaux, subsistent souvent des incompréhensions, voire des rejets, concernant ces questions.[1]  

La création monétaire

Au cours d’une période donnée et au niveau de l’ensemble de l’économie, il y a création (ou émission) de monnaie lorsque le montant des nouveaux crédits dépasse les remboursements. Cette création est réalisée par l’ensemble du système bancaire, presque intégralement sous forme de monnaie scripturale, à la demande du système économique (les spécialistes parlent de monnaie endogène, alors que le taux d’intérêt déterminé par la banque centrale est exogène). Depuis que les banques ordinaires ont été systématiquement privatisées, la création de monnaie provient donc, pour l’essentiel, de leur fait. Ici commence la première difficulté : lorsque la demande de monnaie émane des ménages pour consommer et des entreprises pour investir dans des moyens de production nouveaux, la chose est supportable sans déséquilibres ; mais lorsque cette demande exprime les seuls besoins de placements financiers pour participer à la restructuration permanente du capital mondial (fusions, absorptions, concentration…) ou à la pure spéculation grâce à l’effet levier, au leveraged buy out, aux produits dérivés, ou aux contrats de types CDS, CDO, sur des marchés de gré à gré, le péril est dans la demeure.

Le risque est d’autant plus grand si la banque centrale restreint la création monétaire destinée à l’investissement et l’emploi et au contraire facilite le crédit appelé à nourrir les activités financières. Telle fut la pratique, entre autres, de la Banque centrale européenne (BCE) qui, depuis sa création, a affirmé ne tolérer qu’une croissance annuelle de la masse monétaire de 4,5 % (2 pour couvrir l’inflation acceptable et 2,5 pour accompagner la croissance économique de la zone euro), tout en la laissant croître à un rythme bien supérieur (plus de 11 % à la veille de la crise de 2007). Le premier rôle d’une banque centrale est en effet d’être le prêteur en dernier ressort : par le biais de son taux directeur, elle fait varier le taux du marché interbancaire sur lequel les banques ordinaires viennent s’approvisionner en monnaie centrale. Cette dernière est doublement nécessaire aux banques : d’abord pour compenser entre elles les multiples ordres de paiement, ensuite pour faire face aux menus besoins des agents économiques en billets et pièces.

 

La dette due à la crise

Or, on a vu récemment, au cours de la crise dite des dettes publiques, combien les banques pouvaient se refinancer à très bas coût auprès de la BCE (1,25 % actuellement) pour ensuite prêter aux États en déficit à des taux exorbitants pouvant aller, comme dans le cas de la Grèce, jusqu’à des dizaines de pour cent. L’affaire était, jusqu’à peu, juteuse pour les banques dans la mesure où, en vertu des statuts de la BCE, les États membres de la zone euro ne pouvaient émettre de bons du Trésor directement auprès de celle-ci et se trouvaient obligés de les placer sur les marchés financiers. Les banques les achetaient, pour leur propre compte ou celui de leurs épargnants, tous étant assurés jusqu’à la crise de percevoir une rente importante non rognée par l’inflation.

Ainsi, la baisse de la fiscalité sur les plus riches, l’interdiction faite aux États d’emprunter à taux zéro auprès de la banque centrale, le recours aux marchés financiers entraînant un effet de boule de neige dès que les taux y sont supérieurs au taux de croissance économique et l’effet récessionniste de la crise expliquent la montée générale des dettes publiques, sans que l’on note une augmentation des dépenses publiques significative.[2]

Comment faut-il comprendre cette obstination à empêcher que la banque centrale puisse prêter aux États, c’est-à-dire « monétiser » les déficits publics ? Cette interdiction date, en France, d’une loi de janvier 1973. Elle fut ensuite consacrée par le traité de Maastricht en 1992 et reprise dans tous les traités européens jusqu’à aujourd’hui. Elle s’inscrit dans le programme néolibéral qui s’ouvre pendant la décennie 1970 où la circulation des capitaux est libérée. Les gouvernements choisissent délibérément de donner la main aux marchés. En quelque sorte, la monnaie en tant que bien public est dépolitisée puisque cette décision vise à neutraliser la politique monétaire au regard de l’activité économique réelle.

Il ne faut cependant pas en conclure qu’avant cette décision la banque centrale était seule à créer de la monnaie. Les banques ordinaires créaient la plus grande partie de la monnaie par le crédit, mais la banque centrale pouvait exercer cette fonction à la demande de l’État. Dans le cadre de la zone euro, la BCE ne peut en théorie que contrôler l’émission de monnaie par les banques ordinaires.

 

Création de monnaie et développement

Pourquoi la perte de la politique monétaire et, par conséquent, de la possibilité d’émettre de la monnaie pour financer des dépenses publiques est-elle dommageable pour la collectivité ? Pour au moins trois raisons.

1) En enlevant à la puissance publique le droit de faire appel à l’émission de monnaie pour répondre à des besoins collectifs lorsque les impôts ne suffisent pas, la monnaie est dévoyée puisqu’elle n’est plus qu’un instrument d’enrichissement privé et qu’elle perd sa capacité à exprimer un lien social. Par exemple, la privatisation de la monnaie va de pair avec la privatisation de la sécurité sociale. Ainsi, il faut voir la monnaie comme une institution sociale qui suppose une double validation : par la légitimation politique qui garantit la confiance que lui accordent les membres de la société et par le travail productif qui lui confère réellement son statut d’à-valoir sur la production.

2) La banque centrale et sa politique étant explicitement mises au service de la rentabilité financière, il en est résulté le développement de mécanismes porteurs de spéculation, d’instabilité, de déréglements et, au bout, de crises.

3) Mais, et c’est l’aspect le plus méconnu, le recours au crédit est indispensable pour financer le développement économique. Il l’est évidemment pour le capitalisme dont la logique est de toujours accumuler davantage. Mais il l’est et le serait aussi pour une société qui, débarrassée de la logique du profit, déciderait de se développer. En effet, pour que le capitalisme récupère plus de monnaie qu’il n’en a engagé pour faire produire des marchandises par le travail et réaliser ainsi du profit monétaire, il faut qu’une quantité de monnaie supplémentaire soit mise en circulation par rapport aux avances. Et le raisonnement vaut aussi pour les services non marchands.[3]   Donc toute création de monnaie se faisant par le crédit, si le développement est jugé nécessaire, il implique un endettement sur le plan macroéconomique.

De ce fait, il y a une suspicion, voire une condamnation, jetée à l’encontre du principe du crédit, qu’on trouve dans beaucoup de commentaires militants mais qui n’est pas justifiée.[4]   Car le crédit est indispensable à une dynamique de l’économie (on suppose ici que la question du bien fondé de cette croissance est résolue s’il s’agit de biens et services utiles et soutenables). La perversion de la politique monétaire néolibérale a été de consacrer l’essentiel de la création monétaire au grossissement de la sphère financière, à la restructuration permanente du capital mondialisé et à la spéculation. Donc, lorsque le crédit est accordé pour le système productif dans son ensemble, il anticipe la création de richesses supplémentaires (par exemple un crédit destiné à augmenter l’investissement). C’est ce qui rassemble sur le plan théorique des grands auteurs comme Marx, Luxemburg, Keynes, Kalecki : l’accumulation n’est possible macroéconomiquement que si le système bancaire anticipe par le crédit l’accroissement de la production qui résultera de l’investissement.

La banque centrale au cœur du problème

Se greffe alors la question de savoir où se situe la frontière entre l’action directe et l’action indirecte de la banque centrale, autrement dit entre le rôle proprement dit de la banque centrale et celui des banques ordinaires. Dans le cas où la banque centrale achète directement à l’État des bons du Trésor (c’est encore possible aux États-Unis et au Royaume-Uni), il y a création de monnaie. Si la banque centrale revend ces bons à des banques de second rang, celles-ci les achètent sur fonds propres ou sur épargne déjà existante (dite préalable) des déposants et donc on peut considérer que la création précédente est annulée puisque la banque centrale va voir arriver dans ses caisses de la liquidité qui est retirée de la circulation. Si ce sont les banques de second rang qui achètent les bons du Trésor en première main pour leur propre compte ou celui de leurs déposants, la quantité de monnaie ne change pas. Ensuite, si elles revendent ces bons à la banque centrale, cette dernière met en circulation une quantité de monnaie supplémentaire. Cette frontière séparant le rôle direct et indirect de la banque centrale est souvent difficile à établir, l’imbroglio de la résolution de la crise de l’euro l’atteste.

La farce tragique

Si la situation n’était pas si dangereuse, on pourrait sourire de l’impuissance des gouvernements des pays membres de l’Union européenne ou de la zone euro à résoudre la crise que leurs politiques ont engendrée. La gravité des difficultés rencontrées par certains pays pour honorer leur dette publique (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie…) a obligé la BCE à renoncer temporairement à son dogme : en quelques mois, elle a racheté 160 milliards d’euros de bons d’État aux banques ravies de se défausser d’une part de leur créances douteuses, ce qui a fait tousser les orthodoxes allemands et autres monétaristes. On remarquera que ces derniers ont été beaucoup moins sensibles au fait que les taux d’intérêt exigés sur les marchés étaient devenus usuraires, tandis que les cours des credit défault swaps (CDS) s’envolaient, puisque les spéculateurs pouvaient parier sur ces contrats d’assurance sans posséder les obligations publiques concernées.

Lors des Conseils européens des 22-23 et 26 octobre 2011, la capacité d’action du Fonds européen de stabilisation financière (FESF) a été accrue et il garantira les emprunts d’État jusqu’à hauteur de 25 %. Comme il lui reste 250 milliards sur les 440 que lui garantissaient les États contributeurs, il pourra donc assurer jusqu’à 1000 milliards de dettes publiques, d’où un effet de levier multiplicatif de 4. Mais l’effet de levier ne suffira pas (la seule dette italienne s’élève à 1900 milliards d’euros). Aussi un mécanisme appelé special purpose vehicle a été adopté, c’est-à-dire un fonds commun de créances ou encore fonds commun de titrisation, adossé au FESF et peut-être au FMI. Cela signifie que le FESF émettra des obligations à taux faible et les sommes levées seront reprêtées aux États en difficulté. Il pourra même placer hors bilan des créances grâce à la procédure de titrisation. Et les pays émergents (Chine, Brésil, Russie…) seront conviés à acheter de la dette européenne.

Cet accord n’a rien résolu au fond. Les gouvernements ont évité de remettre en cause le statut néolibéral de la BCE qui lui interdit de financer directement les États. La chancelière allemande, le président français, et le successeur de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, Mario Draghi, ont encore imposé leur vision néolibérale. Disposant de fonds de garantie dont la fonction essentielle sera d’être des bad banks, les institutions financières spéculatrices achèteront des titres publics, certaines qu’elles seront de pouvoir ainsi s’en débarrasser. On réutilise donc les mêmes mécanismes financiers qui ont conduit à la crise : titrisation, effet de levier, CDS, CDO, garantie publique sans contrepartie exigée des banques. Pendant ce temps, l’austérité imposée aux peuples est renforcée. Et les « dix-sept » se sont engagés à inscrire la règle d’or d’équilibre budgétaire dans leur constitution avant la fin 2012. Sarkozy l’a dit : « un accord pour stabiliser et pacifier les marchés » ; les voilà désormais rassurés. Pourtant, ils devraient se méfier : l’affaire Dexia a prouvé que, à force de pratiquer des taux usuraires, le problème de l’emprunteur devenait celui du prêteur.

Devant ce triste spectacle, la proposition d’audit citoyen sur la dette publique[5] est une mesure de salubrité publique urgente, afin de déclarer illégitimes les dettes publiques engendrées par les politiques néolibérales et la crise et d’annoncer qu’elles ne seront pas honorées, en décidant à l’échelle européenne les pays prioritaires, compte tenu de leurs difficultés. Pour réussir cette opération, la socialisation de tout le secteur bancaire européen, la séparation étanche entre les activités de dépôt et de prêt et les activités de placement des banques, sont indispensables, de même que la restauration d’une forte progressivité de la fiscalité. Il n’y a là aucune impossibilité pratique, il manque seulement encore la volonté politique d’« euthanasier la rente »[6] par une annulation de celle-ci et le relèvement de la part salariale dans la valeur ajoutée. Ajoutons que trop de propositions apparemment iconoclastes se contentent de réclamer la « monétisation de la dette publique ». Or, il s’agit moins de faire racheter par la banque centrale les titres de la dette publique existante (accumulation des déficits passés largement dus aux politiques en faveur des riches) dont il faut annuler une grande partie, que de monétiser les investissements d’avenir pour une transition sociale et écologique, c’est-à-dire de les financer par création monétaire remise au service de la société. Si le crédit anticipe l’avenir en préparant les productions qui seront nécessaires et réalisées, le risque inflationniste est contenu. En l’absence d’une telle réorientation, nous ne sommes pas encore au bout du tunnel. Il serait donc temps qu’on cesse de parler de crise de la dette alors que la dette est due à la crise.


[1] Pour approfondir sans peine, voir la petite nouvelle policière « Le mystère de la chambre forte », in Attac, Le piège de la dette publique, Comment s’en sortir ?, Paris, Les Liens qui libèrent, 2011.

[2] Voir Attac, Le piège de la dette publique, Comment s’en sortir ?op. cit.

[3] Voir J.M. Harribey, « Les vertus oubliées de l’activité non marchande », Le Monde diplomatique, novembre 2008.

[4] On ne peut que regretter les erreurs contenues dans les vidéos telles que « L’argent dette » de Paul Grignon, 2008, ou bien « Comprendre la dette publique », 2011, qui diffusent une vision complotiste de la création monétaire. Sans parler des affirmations niant le crédit comme création monétaire : voir J.M. Harribey, « De quoi l’argent est-il le nom ? », 2010, commentaire du livre de P. Jorion, L’argent, mode d’emploi.

[5] Appel pour un audit citoyen de la dette publique. Voir aussi F. Chesnais, Les dettes illégitimes, Quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Paris, Raisons d’agir, 2011.

[6] L’expression est de Keynes.

Cet article a été posté le Vendredi 11 novembre 2011 dans la catégorie Non classé. Vous pouvez envoyer un commentaire en utilisant le formulaire ci-dessous.

 

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 21:13
Sortir les États de la servitude volontaire

        Pierre Khalfa, Coprésident de la Fondation Copernic

        Thomas Coutrot, coprésident d'Attac

        3 -11-2011

Le mois d’octobre a vu la crise de la zone euro s’aggraver considérablement et les agences de notations s’en donner à coeur joie : dégradation de la note de l’Espagne et de l’Italie, menace sur la Belgique, « mise sous surveillance » de la France qui est ainsi menacée de perdre son triple A.

Tout a déjà été dit sur le rôle des agences de notation. Aveugles lors des crises
financières qu’elles ont été incapables d’anticiper, donnant la note maximale à la banque
Lehman Brothers à la veille de son effondrement, certifiant l’innocuité des produits financiers
hautement toxiques, baignant en permanence dans le conflit d’intérêt, leurs déclarations
devraient susciter l’hilarité générale.

 Pourtant, gouvernements et institutions européennes,
tout en les dénonçant et en promettant de les mater, persistent à se prosterner devant elles.
C’est que les agences de notations, aussi discréditées soient-elles, jouent un rôle indispensable
au fonctionnement des marchés financiers. Le problème n’est pas de savoir si elles ont raison
ou tort ou si leurs jugements sont basés sur une analyse objective de la situation. Il vient du
comportement même des acteurs de la finance qui ont besoin d’une autorité extérieure pour
orienter leurs décisions grégaires.

  Les agences de notation ne jouent pas le rôle de thermomètre, mais d’un virus qui fait monter la fièvre de la cupidité, laquelle pousse à la formation de bulles dans les moments d’euphorie boursière, et qui déchaîne une panique incontrôlée dans les moments de doute. Le problème, ce ne sont pas les agences de notation, mais les marchés financiers. Il est donc criminel d’avoir mis les dettes publiques dans leurs mains.

Car, il faut y insister, ce sont les gouvernements qui ont fait ce choix, ce sont eux qui ont
permis aux marchés de développer leur capacité de nuisance.

*En France, une réforme de la Banque de France, votée en 1973 sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des finances de Georges Pompidou, interdit au Trésor public d’emprunter directement à la Banque de France à des taux d’intérêt nuls ou très faibles. La Banque de France ne peut donc plus financer par de la création monétaire les déficits publics. Le gouvernement français est dès lors obligé de faire appel aux marchés financiers, c’est-à-dire à des banques privées, et ce, aux taux d’intérêt de marché. Il s’agit d’un acte fondateur, et destructeur, car il inaugure la mainmise des marchés financiers sur les États.

* Cette disposition allait être intégralement reprise lors de la création de la Banque centrale européenne (BCE), puis dans tous les traités européens. On a donc abouti à une situation hallucinante. Les États ne peuvent pas être financés par la BCE ; mais celle-ci peut par contre refinancer les banques privées à de très faibles taux. Ces dernières prêtent ensuite aux États à des taux nettement supérieurs, voire carrément usuraires. L’Union européenne se place volontairement sous l’emprise des marchés financiers.

Cette emprise allait être d’autant plus grande qu’une contre-révolution fiscale s’est déployée depuis plus d’un quart de siècle.

 Son fil directeur a été de baisser par de multiples moyens les impôts payés par les ménages les plus riches et par les entreprises, en particulier les plus grandes.

*L’impôt sur le revenu est devenu de moins en moins progressif avec la diminution du
nombre de tranches et les baisses successives du taux marginal supérieur.

*L’impôt sur les sociétés, véritable peau de chagrin, pèse trois fois plus lourd sur les PME que sur le CAC 40.

* Résultat , l'Etat s'est appauvri: ses recettes représentaient 15,1% du PIB en 2009 contre 22,5% en 1982. On trouve là une des raisons de l'accroissement régulier de la dette publique avant même la crise financière. Car, contrairement à une antienne dont on nous rebat les oreilles, ce n'est pas l'explosion des dépenses publiques qui a creusé les déficits.

Avant la crise, elles avaient même tendance à baisser : 55 % du PIB en 1993, 52 % en 2007. La crise, dont il faut rappeler qu’elle trouve son origine dans les délires de la finance, a évidemment gonflé la dette. Baisse des recettes fiscales dues à la récession, plan de relance pour éviter la dépression, et enfin sauvetage des banques, se sont combinés pour arriver à ce résultat.

Alors que faire maintenant pour empêcher les prophéties autoréalisatrices des marchés de se réaliser ?

*Tout d’abord, il faut acter que les plans d’austérité, au-delà même de leur caractère
socialement inacceptable, sont inutiles. Et c’est tout le paradoxe de la situation. Les marchés
veulent que les déficits publics soient réduits pour être sûrs que les États puissent payer la
charge de la dette, mais ils s’inquiètent du fait que les mesures prises vitrifient l’activité
économique. Face à ces injonctions contradictoires, il ne sert à rien de vouloir rassurer les
marchés, puisque plus on les rassure, plus ils s’inquiètent.

La seule solution est de sortir les États de leur emprise.

*Il faut pour cela tout d’abord européaniser et monétiser les dettes publiques. La BCE et les
banques centrales nationales doivent pouvoir, sous contrôle démocratique, financer les États
et les politiques publiques européennes.

* Concernant le stock de la dette existant, un audit citoyen doit pouvoir déterminer la part de la dette qui est illégitime, et donc doit être annulée, et celle qu’il faudra rembourser, la BCE pouvant dans ce cas la racheter.

Les banques doivent être mises sous contrôle social afin qu’elles se tournent vers les financements de l’activité productive et la transformation écologique de la société. Enfin, il faut enfin une réformefiscale d’ampleur qui redonne des marges de manoeuvres à l’action publique. Ces orientations supposent de rompre avec tout ce qui a fait l’orthodoxie néolibérale de ces dernières
décennies.

 Les mouvements sociaux qui commencent à secouer l’Europe devront l’imposer.

Tribune parue dans Libération Jeudi 3 Novembre 2011
Et sur le site d'Attac France

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G20 de Cannes : le sommet de la démission

Rarement un G20 aura donné une telle image de la démission des dirigeants du monde face au pouvoir des marchés financiers. L’agenda des chefs d’État a été chamboulé par l’annonce d’un référendum en Grèce sur le plan de sauvetage de l’euro : tout a été mis en œuvre pour faire renoncer M. Papandréou à son projet « consternant » (comme l’a déclaré Nicolas Sarkozy). Le précédent ainsi créé – consulter le peuple sur une politique d’austérité destinée à satisfaire les marchés financiers ! – était bien trop dangereux pour être toléré par nos oligarchies.

Pour le reste, les résultats sont squelettiques. La taxe sur les transactions financières, grande priorité de la présidence française du G20 ? Barack Obama a accepté que le mot figure dans le communiqué final. Mais dans une formule parfaitement creuse : « nous reconnaissons les initiatives de certains de nos pays pour taxer le secteur financier avec plusieurs objectifs, y compris une taxe sur les transactions financières, pour financer notamment le développement ». Le minimum décent aurait été qu’un groupe de pays annonce la mise en place effective dès 2012 d’une taxe Tobin pour servir d’exemple. Mais cette taxe, que nous réclamons depuis douze ans, va continuer à orner les discours de M. Sarkozy pendant la campagne électorale sans avoir avancé d’un iota pendant sa présidence, en France ou au G20.

La régulation financière ? Rien de nouveau, hormis un recul bienvenu. Devant l’hilarité générale suscitée par la déclaration de Nicolas Sarkozy après le G20 de Londres en 2009 (« les paradis fiscaux, c’est fini ! »), ces « territoires non coopératifs » sont réapparus à Cannes au nombre de 11, dont la Suisse et le Liechtenstein, mais pas Monaco, ciblé par la manifestation du 3 novembre à Cap d’Ail.

La lutte contre la spéculation sur les produits agricoles ? On va « renforcer la transparence sur les marchés de produits agricoles ». Léger progrès toutefois, le G20 invite les régulateurs à limiter, « si nécessaire », les positions spéculatives prises sur les marchés de produits dérivés.

Une réforme du système monétaire international ? « La composition du panier des droits de tirage spéciaux » sera révisée en 2015, et on doit aller « vers des taux de change davantage déterminés par les forces du marché ». La spéculation sur les marchés des changes a de beaux jours devant elle.

Heureusement, sur les places de Grèce, d’Espagne, des Etats-Unis et de nombreux autres pays, les citoyens commencent à organiser l’insurrection civique et pacifique qui sera nécessaire pour mettre un terme à cette démission du politique. A Nice, le forum des peuples a contribué à leur coordination en permettant la rencontre de citoyens et de militants de tous les continents. Le mouvement d’indignation planétaire, qui prolonge et amplifie les méthodes et les revendications altermondialistes, va mettre de plus en plus les dirigeants face à leurs contradictions : veulent-ils continuer à imposer leur gouvernance pour les marchés, ou bien devront-ils s'incliner devant le renouveau de la démocratie ?

 

Attac France,

Paris, le 4 novembre 2011

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 13:33

 

Devant la levée de bouclier en Grèce, le premier ministre socialiste G. Papandréou avait annonceé aux grecs un référendum, en janvier, peut-être en décembre, sur le nouveau plan d’austérité concocté par l’Union Européenne, la BCE et le FMI.

Et aussitôt, les « marchés financiers » (alias les banques et autres spéculateurs sur les marchés boursiers du monde) ont paniqué, dévissé. Stupeur et indignation de leur part et de celui des dirigeants européens.  

Ce nouveau plan d’austérité ne ferait qu’aggraver la situation

Le peuple grec, à plus de 60%, selon un sondage, rejette ce nouveau plan d’austérité, de privatisation, de suppression d’emplois publics, de baisse du pouvoir d’achat de ceux qui travaillent.

Ce rejet, qui s’est traduit par de fortes grèves et manifestations, a contraint Papandréou a écouter, enfin, les grecs et à manœuvrer en recul. Il leur propose, enfin, de donner leur avis ! Alors que les plans précédents n’ont fait qu’aggraver la crise, faisant chuter la croissance économique de plus de 5%, réduisant de ce fait les rentrées fiscales dans les caisses de l‘Etat grec.

Pourquoi avoir peur de consulter le peuple ?

« L’Elysée est consterné quand le peuple est consulté » dit Jean-Luc Mélenchon, qui « se réjouit que douze grèves générales aient contraint M. Papandréou à convoquer un référendum réclamé par le peuple ». Et de « former le vœu que les grecs disent non au plan européen de dix ans d’austérité qui plomberaient leur avenir. Ils imposeront ainsi aux dirigeants européens l’obligation de sauver le peuple autant que la monnaie ».

Tel n’est pas l’avis de Nicolas Sarkozy, qui du haut de perron de l’Elysée, affirmait mardi 1er/10 que « le plan adopté jeudi dernier à l’unanimité par les 17 Etats de la zone euro est la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque ».

Et bien non, l’austérité pour ceux qui bossent, c’est non seulement plus d’injustice sociale, de pauvreté, d’humiliation, mais aussi moins de consommation, donc moins d’activité économique, d’investissement et de rentrée fiscale, pendant que les plus riches continuent de s’enrichir et de ne pas payer d’impôt comme les armateurs des pavillons de complaisance !

« Les citoyens ne se reconnaissent plus dans une classe politique inféodée aux dogmes et aux intérêts de la finance » déclare Attac.(http://www.france.attac.org/). « Vous ne nous représentez pas ! », ce cri des Indignés à la classe politique, est devenu une évidence.

La décision de M. Papandréou de donner la parole au peuple était une bonne nouvelle ! Même si nous ne connaissions pas la question qui sera posée. Mais la machine médiatique s'est mise  en branle, en Grèce, en Europe, comme en France en 2005 à propos du Traité constitutionnel européen.   Les "marchés financiers" et les dirigeants européens ont fait céder Papandréou. Il n'y aura pas de référendum.

    Mais notre solidarité au peuple grec s’impose plus que jamais, car nous sommes tous dans la même galère de l’austérité et du règne des spéculateurs. « Place au peuple ! »

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Un article de Mediapart (offert à notre lecture):

http://www.mediapart.fr/article/offert/875717494085caa9938c1556c3e1353a

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Position du PCF et de Pierre Laurent

Referendum : « la France doit s’engager à respecter le vote grec »

Le peuple grec, par une mobilisation d'une ampleur historique, vient d'obtenir du Gouvernement Papandréou la consultation par référendum sur le plan européen d'hyper-austérité et de pertes de souveraineté.Je veux dire « enfin ! ». Même si des élections législatives auraient permis aux grecs une expression politique plus globale, je me félicite que le peuple soit enfin consulté sur les décisions du sommet de Bruxelles et ce plan d’austérité qui les touche.

Il est incroyable que la simple idée de consulter le peuple grec affole les marchés financiers qui, avec la droite, s'agitent et crient au scandale. La vérité, c’est qu’ils n'aiment pas la démocratie et détestent l'expression de la souveraineté populaire tellement le souvenir du « NON » au TCE leur est insupportable.

Le gouvernement français, plutôt que de participer à ce concert de chantage scandaleux, doit s’engager à respecter le vote et à renégocier un nouvel accord si le résultat de ce vote est négatif.Au nom du PCF, j’apporte, mon soutien au peuple grec. Et je souhaite qu’avec le résultat de ce referendum, l'exigence d'une sortie de crise par un politique de développement, de croissance, de justice et de progrès social l’emporte.

Avec le Front de gauche, le PCF appelle à une mobilisation des peuples européens pour dire haut et fort leur solidarité au peuple grec.

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  • : Espace de débat pour contribuer à l'élargissement du Front de gauche, la victoire de la gauche pour une réelle alternative au néolibéralisme et au capitalisme
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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