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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 06:53

Du danger de croire que la crise économique est finie écrivait par Daniel Cohen dans le quotidien "LE MONDE" du  15.06.09 . "Vue de Wall Street, écrit-il, on pourrait croire que la crise est déjà finie. Le prix du pétrole remonte vers les hauts plateaux de 2007. Les banques américaines s'empressent de rembourser les avances de l'Etat, pour recommencer à payer "dignement" leurs dirigeants. Les Bourses effacent les pertes des six derniers mois. Et le personnel politique semble tenté de leur emboîter le pas."(...)

Un raidissement des Banques centrales, dont la B.C.E.

 * La BCE 'est accusée, comme les autres BC, d'avoir cédé à la panique face à la crise financière et bancaire.    
 * La Réserve fédérale s'est également raidie. Son président, Ben Bernanke, a mis en garde contre les déficits excessifs et rappelé qu'il resterait le gardien vigilant des risques inflationnistes.

L'hypothèse d'une sortie de crise prochaine s'appuie sur un certain nombre de statistiques qui font penser que le plus dur est passé.
° "Aux Etats-Unis, écrit Denis Cohen,  les destructions d'emplois se sont succédé à un rythme mensuel de 600 000 emplois perdus au cours des six derniers mois. En mai, le chiffre est tombé à 350 000. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié, début juin, un indicateur avancé de la conjoncture économique, censé anticiper le cycle économique. Celui-ci indique une "atténuation du rythme de détérioration de la croissance", laissant présager un retour à la croissance dans les six prochains mois... "


Mais ...
 ° Selon les prévisions de l'OCDE et du FMI, le croissance mondiale pourrait redevenir positive début 2010, mais il faudra attendre le dernier trimestre 2010 pour que la croissance redevienne "normale", c'est-à-dire proche de 2 % en rythme annuel...
° Cela veut dire que le chômage va continuer de croître comme une marée montante jusqu'au début de 2011. Les chiffres du chômage en France montrent cette hausse du chômage qui se poursuit.

La détresse sociale menace! 
° Chacun connait autour de lui, voire comme moi dans sa propre famille, des personnes au chômage. Parmi eux, annonçait le quotidien l'Humanité du 21/12/09," un million de privés d'emploi (sont au bord du gouffre". En 2010, "de très nombreux demandeurs d'emploi arriveront au bout de leurs droits à l'assurance chômage. Pour une minorité seulement l'Etat predra le relai. Les syndicats appellent à des mesures d'urgence".
° Et rien n'est fait pour contrer les délocalisation ( libre circulation des capitaux dans et hors de l'Union européenne, dit le Traité de Lisbonne - voir sur ce blog une analyse fouillée de ce Traité ratifié)

° Rien n'est fait pour faire reculer les inégalités de revenu dans nos pays. Les riches plient sous ...l'opulence! Leurs impôts se sont allègés (bouclier fiscal - Merci Mr Sarkozy). Mais des millions de gens grelottent de froid chez eux, faute de ressources pour se payer du chauffage ( 3,4 millions)!

Quel monde!!
° Et le moral des ménages, globalement, résistera-t-il ?

" Dans le cas américain, écrit Denis Cohen dans Le Monde, où les indemnités sont faibles et brèves, le système de protection sociale sera durement mis à l'épreuve. Malgré les "bons chiffres" de mai, le taux de chômage est déjà passé à 9,4 %. Selon le dernier rapport publié par la Banque centrale, le marché du travail demeure très fragile, les salaires restant partout atones ou en baisse."

"Dans le domaine financier, le retour annoncé des banques à la profitabilité est trop rapide pour être crédible"
. Le "stress test", auquel ont été soumis les établissements américains pour mesurer leurs besoins en fonds propres, a été très peu "stressant". (...). L'effondrement des économies des anciens pays communistes d'Europe orientale inquiète les régulateurs, compte tenu de l'exposition de nombre de banques européennes et notamment allemandes à ces pays".

"Le paradoxe central de la situation présente est qu'une anticipation trop précoce de la reprise peut elle-même devenir un facteur de rechute"
 ° La hausse du prix des matières premières montre pourquoi
. Leur effondrement a été l'une des rares bonnes nouvelles de la période récente, pour les pays importateurs. Si les prix devaient repartir trop vite à la hausse, cela casserait le pouvoir d'achat des ménages.
° De même, l'anticipation d'une sortie de crise a fait brutalement monter les taux d'intérêt à long terme, affaiblissant ainsi la portée de la politique monétaire. 
° "Le spectre d'un durcissement plus rapide que prévu de la politique fiscale" plane sur nos porte-monnaie, car les déficits publics ( des Etats en particulier) sont loin devant les 3% du PIB exigés par le Pacte de stabilité Européen. En clair, les impôts devront augmenter. Question: qui va payer??

Conclusion de Denis Cohen: "Le scénario d'une reprise dite en U, l'économie revenant lentement à la surface après avoir touché le fond, reste possible, mais il rivalise avec un scénario dit en W, où une rechute viendrait tout gâcher. Les autorités auraient-elles alors le même tonus pour y faire face ? Rien n'est moins sûr. Les signes de fatigue sont visibles pour l'action publique. Déficits publics et liquidités tous azimuts commencent à avoir mauvaise presse. Pour les gouvernements, une reprise rapide ressemble davantage à une nécessité qu'à une anticipation raisonnée".

Cela dit, n'oublions pas une autre dimension, aussi grave, de la crise: la crise écologique!
LaConférence de Copenhague a été un échec face au réchauffement climatique. Faut-il oublier, voire se résigner? Non! Même si aujourd'hui, chacun se préoccupe plus de la froidure qui couvre notre pays. Mais le "réchauffement climatique" qui réduit la calotte glacière au Pôle Nord n'y est-il pour rien?
Les prévisions des experts du G.I.E.C. sont alarmantes: sans mesures fortes, sans un plan contraigant, la hausse de la température dépassera les 2° officiellement admis comme plafond à cette Conférence. On irait plutôt vers 3-4°. Ce serait dramatique pour la vie humaine sur notre planète!

Il y a la aussi besoin d'élargir la réaction citoyenne mondiale pour que la Conférence de Mexico, en novembre 2010 soit à la hauteur des enjeux.
                                     Henri Moulinier

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Les étrennes du capital

Jean-Marie Harribey - Co-président national d'Attac
Publié dans l’Humanité Dimanche, n° 193, 7 janvier 2010

L’année 2009 s’est terminée sur fond d’impuissance politique mondiale face au réchauffement climatique et de rodomontades face à la crise financière.
Les gouvernements britannique et français ont annoncé à grand renfort de trompettes leur intention de taxer les bonus distribués par les banques pour mieux dissimuler les véritables enjeux : le crédit utilisé pour alimenter les marchés financiers sur lesquels spéculateurs et restructurateurs industriels s’activent fébrilement, des dividendes ahurissants distribués aux actionnaires et des revenus aux managers tels qu’ils ne peuvent avoir qu’un seul objectif, une rentabilité financière astronomique.

Que sera 2010 ?
 Beaucoup d’incertitudes mais une chose est sûre : les contradictions du capitalisme mondial ne disparaîtront pas. La frénésie financière, dont le principal symptôme est la formation de bulles sur tout ce qui peut apparaître comme susceptible de gonfler réellement ou artificiellement, n’a pas faibli : la spéculation sur les matières premières, notamment celles qui se raréfient, et sur les crédits carbone nés avec le Protocole de Kyoto et pérennisés par la conférence de l’ONU à Copenhague, ne demande qu’à s’épanouir.

Même si la machine économique, à coup de centaines de milliards injectés par les pouvoirs publics, se relance, les désastres n’en continueront pas moins.

° D’une part, le chômage va grimper encore car les entreprises auront été durant toute la récession en sous- utilisation de leurs capacités de production, au point que la productivité par tête a diminué.
Le premier réflexe des entreprises sera donc de restaurer ces marges de productivité bien avant l’emploi. L’Union européenne a perdu un million d’emplois au cours du seul troisième trimestre 2009, dont 700 000 dans la zone euro, en dépit de la reprise économique.

° D’autre part, et ceci serait d’autant plus inquiétant que la relance serait vigoureuse, l’hypothèse d’un « capitalisme vert » est maintenant envisagée par les classes dirigeantes. Hypothèse dangereuse car elle suppose
une fuite en avant technique laissée à la discrétion des multinationales, elle parie sur les agrocarburants pour remplacer le pétrole, ce qui implique l’accaparement des terres dans les pays du Sud, et elle confie au marché le soin de répartir les ressources au gré de la rentabilité maximale. Manière de fixer « la » norme, tant sur le terrain social qu’écologique.

De nouveaux acteurs sont entrés en jeu
Comme le capitalisme est devenu planétaire, la concurrence ne s’exprime plus seulement entre vieux pays développés, mais de nouveaux acteurs sont entrés en jeu. La Chine, l’Inde et le Brésil, après avoir ouvert leurs portes aux capitaux des multinationales, bousculent les rapports de force et entendent jouer désormais les premiers rôles.
 
Cependant, la conférence de Copenhague l’a bien montré, s’ils veulent peser dans les négociations internationales, ils sont obligés d’exprimer partiellement les intérêts des pays du Sud pris globalement, sans toutefois oublier ceux qui leur sont propres. Ainsi, le Brésil veut devenir la première puissance agro-industrielle et se fait pour cela le champion du libre-échange. Et la Chine fait la sourde oreille par rapport aux conditions de production chez elle.

Le capitalisme est entré en crise par le biais d’un surendettement privé et a tenté une sortie de crise en transformant celui-ci en endettement public massif et général.
° On montre du doigt un pays comme la Grèce (12,7% de déficit et 113,4% de dette par rapport au PIB), qui subit la double peine : un retard de productivité et le poids de l’euro. Un euro conçu pour pays riche, industriel de pointe, avec déjà dans le passé une monnaie nationale forte ou une monnaie accrochée à la monnaie dominante.
° On parle moins des
États-Unis dont le déficit 2009 est de 1420 Mds de dollars (10 % du PIB) et la dette de 12 000 Mds (80 % du PIB).

Globalement, les États sont assis sur une poudrière :
leur endettement croissant fait courir le risque d’un krach obligataire. Celui-ci est d’autant plus possible que les institutions financières privées bénéficient des taux d’intérêt très bas pratiqués par les banques centrales pour emprunter les sommes dont elles ont besoin pour acheter les bons des Trésors publics et empocher ainsi le différentiel de taux d’intérêt.

 Autrement dit, tout le système financier mondial se réjouit de la croissance des déficits publics
(nés de la socialisation des pertes du privé) jusqu’au jour où l’insoutenabilité des politiques publiques néolibérales éclatera : la croissance des déficits et de la dette sera insupportable si la diminution des impôts et les cadeaux fiscaux aux plus riches se poursuivent, sauf si, dans le même temps, on réduit plus que proportionnellement les dépenses publiques. On aura alors soit une contradiction financière exacerbée, soit une contradiction sociale explosive. En attendant ce moment dont tout le monde sait qu’il se produira, les couches sociales en capacité d’épargner ferment les yeux et se frottent les mains à l’idée qu’elles encaisseront les dividendes de leurs placements, via des institutions financières se repaissant de la dette publique.

L’exemple français est particulièrement éclairant.
Les intérêts du fameux «grand emprunt » de 22 milliards d’euros seront payés grâce à une diminution des dépenses courantes dites de fonctionnement
. C’est anti-social et, en plus, idiot : on affectera 11 milliards à l’enseignement supérieur et 8 milliards à la recherche pendant qu’on supprimera des postes d’enseignants et de chercheurs susceptibles de mettre en œuvre les sommes allouées.

En fait, l’idiotie relève plutôt du calcul le plus sordide : ouvrir une avenue aux capitaux privés. C’est la même philosophie qui sous-tend les projets de nouvelles réformes de la protection sociale. Les hôpitaux publics sont promis à la loi d’airain de la rentabilité. Les retraites sont de nouveau dans le collimateur : le Conseil d’orientation des retraites prépare un projet de passage à un système de retraites par points ou par comptes notionnels. Dans les deux cas, il s’agit d’éviter d’avoir à affronter le mécontentement des salariés – à qui on a déjà infligé plusieurs allongements de la durée de cotisation – en diminuant le montant des pensions soit en baissant la valeur du point, soit en obligeant le salarié à reculer de lui-même son départ à la retraite.

On le voit, pour commencer la nouvelle année, le capital s’offre de belles étrennes et promet le coup de bambou à tous ceux qui lui paieront ses cadeaux.

  
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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