Depuis sa déclaration, Martine Aubry, et la direction nationale du PS, ont réaffirmé leur attachement au droit de partir en retraité dès 6O ans. Cela ne résout pas le problème de la possibilité effective de partir, du montant des retraites, des conditions de cotisation et donc de leur financement. Car le débat essentiel est là.
Il devra avoir lieu, face aux propositions que fera Sarkozy et son gouvernement
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Pour se procurer le texte complet du 3e Rapport du Comité d'Orientation des Retraites: perspectives 2020 et 2050"
http://www.oboulo.com/troisieme-rapport-conseil-orientation-retraites-cor-retraites-perspectives-2020-2050-36885.html
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DECLARATION SOLENNELLE SUR LES RETRAITES
Les député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche ne se plieront pas à un appel au consensus pour démolir la retraite à 60 ans.
° Depuis plusieurs jours, une succession de déclarations de dirigeants politiques affichent une « volonté de consensus » pour remettre en cause la retraite à 60 ans.
- Le Président de la république Nicolas Sarkozy dans ses vœux aux Parlementaires s'est félicité d'un rapprochement de points de vue entre la majorité présidentielle et la gauche. François Fillon a assuré le service après-vente d'une telle déclaration.
- Le Parti socialiste, sa première secrétaire, ses dirigeants les plus influents, François Hollande, Jean-Marie Le Guen et Manuel Valls actent chacun à leur façon du caractère inéluctable d'un premier recul à 61 ans ou 62 ans de l'âge légal. Ils remettent ainsi en cause la première mesure prise en 1981 : l'abaissement de 65 à 60 ans de l'âge légal de la retraite, qui était un choix de société.
Tous, au nom d'un modernisme qui irait de soi, avancent que ce serait le seul moyen de sauver notre système de retraite.
° Le Medef par la voix de madame Parisot, se réjouit d'un consensus en construction sur des bases... qu'il a toujours préconisées !
Si l'allongement de l'espérance de vie est un fait, il n'entraine pas, contrairement à ce que d'aucun affirme, l'obligation ou la nécessité de reporter l'âge de départ à la retraite. Le Medef oublie de s'interroger sur les plans de licenciements qui frappent des centaines de milliers de nos concitoyens de plus de 50 ans et les confinent à l'assurance chômage puis aux allocations de fin de droits, sans jamais pouvoir retrouver un emploi. Dans le même temps, faire travailler plus longtemps les salarié-e-s, c'est également réduire les possibilités d'accès à l'emploi pour les jeunes.
° Le gouvernement et le Medef portent ensemble la lourde responsabilité d'avoir amené dans l'impasse les discussions sur les métiers pénibles. N'oublions pas non plus les gains considérables de productivité et les profits qui continuent de battre des records malgré la crise financière.
C'est cette politique qui fragilise gravement les ressources de l'assurance vieillesse.
Les député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche exigent une réforme profonde du financement des retraites par la mise à contribution des revenus financiers des entreprises et des banques et par une politique de création d'emplois, d’augmentation du pouvoir d'achat, des salaires et des pensions.
Au même titre que la taxe Tobin dédiée à l'aide au développement, une telle taxation permettrait sur ce secteur de l'économie d'apporter des dizaines de milliards d'euros au financement des retraites. Elle permettrait également de ne plus faire supporter aux seuls revenus du travail la charge du financement.
La droite a clairement annoncé que 2010 serait l'année de la révision de notre système de retraites.
La gauche, le parti socialiste, ne doivent nourrir d'aucune manière cette nouvelle atteinte aux droits des salarié-e-s qui est en préparation.
L'appel au «réalisme» est trop souvent annonciateur de capitulation. Nous disons non, résolument non, à ce recul de civilisation.
Nous proposons une réforme progressiste des retraites et des pensions.
Paris le 20 Janvier 2010
Les Député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche : Marie-Hélène Amiable, François Asensi, Huguette Bello, Martine Billard, Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean-Pierre Brard, Marie-George Buffet, Jean-Jacques Candelier, André Chassaigne, Jacques Desallangre, Marc Dolez, Jacqueline Fraysse, André Gérin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean-Paul Lecoq, Roland Muzeau, Daniel Paul, Jean-Claude Sandrier, Michel Vaxès
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Propositions de la CGT www.cgt.fr
(...)La Cgt propose que soit confortée l’ouverture du droit à la retraite à 60 ans avec, pour une carrière complète qui intégrerait les années d’études et les périodes de précarité subies, un taux de remplacement d’au moins 75 % du salaire de référence (dernier salaire dans le public, 10 meilleures années dans le privé). Les travailleurs ayant effectué des travaux pénibles bénéficieraient d’un départ anticipé.
Elle propose également un élargissement de l’assiette de cotisation à tous les revenus du travail, aux revenus financiers des entreprises, ainsi qu’une modulation de l’assiette de cotisation en fonction notamment du ratio valeur ajoutée/masse salariale.
La Cgt rappelle que la question du financement de la protection sociale, dont les retraites, appelle une autre politique de l’emploi, d’une toute autre dimension que les « mesurettes » relatives à l’emploi des seniors, avec des dispositions véritablement efficaces pour l’emploi des salariés de 50 à 60 ans, comme pour celui des salariés de moins de 30 ans.
La Cgt propose enfin la création d’une maison commune des régimes de retraite qui aurait pour mission de solidariser les différents régimes en définissant et en promouvant des mesures de progrès social.
Montreuil, le 15 janvier 2010
(...) le financement des futures retraites n'est pas seulement un problème du niveau de richesses disponibles dans quarante ans mais avant tout un problème de répartition de celles-ci. Le fil conducteur de notre argumentation en faveur de retraites solidaires est donc le principe d'une affectation équitable des futurs gains de productivité du travail. Ce principe a maintenant fait le tour de France des mobilisations mais il a suscité une question cruciale : quand on sait les dangers écologiques que fait courir la croissance économique, est-il raisonnable de parier sur une augmentation de la productivité pour promouvoir une croissance de la production nécessaire à la prise en charge d'un plus grand nombre de retraités auxquels on assurerait de surcroît une amélioration du niveau de vie semblable à celle des actifs ? En d'autres termes, les retraites solidaires peuvent-elles être également écologiques ? L'hypothèse retenue la plus fréquemment est celle d'un doublement de la production entre 2000 et 2040. Cela correspond à un taux annuel moyen de 1,75%. Est-ce assez, compte tenu des besoins à couvrir ? Est-ce trop, compte tenu des risques d'épuisement et de dégradation de la planète ? Sur la base des prévisions démographiques relativement fiables - un accroissement annuel moyen de 1,41% du rapport retraités/actifs correspondant au passage de 4 retraités pour 10 actifs à 7 pour 10, soit + 75% sur 40 ans - une croissance de la production de 1,75% est largement suffisante pour couvrir les besoins d'une population totale en augmentation moyenne de 0,23% par an. Elle autorise une hausse du niveau de vie moyen de tous - certes moins élevée que la croissance économique globale - et elle compense la diminution relative du nombre d'actifs par rapport aux inactifs. Cette conclusion est d'autant plus rassurante que, dans un premier temps, le calcul est effectué en conservant l'hypothèse pourtant défavorable aux salariés d'un maintien de la part de la masse salariale dans la valeur produite au niveau actuel de 60%. Donc, pas de panique. Mais cette prévision de croissance aussi modérée soit-elle - elle se situe autour de la tendance moyenne en vigueur en France depuis près de 30 ans que le capitalisme peine à assurer sa propre accumulation - n'est-elle pas encore trop forte et son contenu ne mérite-t-il pas d'être révisé alors que les ressources naturelles s'épuisent et que la pollution due à un développement dévastateur submerge tout ? Lier le financement des retraites à la progression de la productivité ne reviendrait-il pas à abandonner tout espoir et toute volonté de passer d'un mode de production et de consommation gaspilleur et prédateur à un mode de production économe ? La productivité au service de quoi ? ° Primo, on ne répétera jamais assez qu'il n'y a pas d'autre source de biens et services pour satisfaire nos besoins et donc d'autre source des revenus - qui sont la contrepartie monétaire de ces biens et services - que l'activité productive humaine. Ainsi, la capitalisation n'est en aucune manière une solution au vieillissement démographique ; elle ne fait que redistribuer aux plus riches la valeur produite. Dès l'instant où la société estime que le niveau de vie moyen doit s'élever, la production doit progresser. Celle-ci progresse par le nombre d'actifs et par la productivité de chacun, cette dernière étant elle-même liée au savoir, au savoir-faire et à l'amélioration des équipements et de l'organisation du travail. Sans être un indicateur absolu l'augmentation de la productivité est acceptable tant qu'elle n'est pas obtenue par une intensification du travail et qu'au contraire elle est utilisée au moins en partie pour diminuer le temps de travail, c'est-à-dire alléger la peine des humains : à la semaine (35 heures, 32, …), à l'année (congés) ou durant toute la vie (durée d'activité). Telle est la raison profonde du refus de voir la durée de cotisations s'allonger à 40 ou 45 ans : c'est absurde dès lors que la productivité augmente, et ce d'autant plus si le chômage est élevé. La défense des retraites est inséparable de l'exigence du plein emploi. Plus on s'acheminera vers un droit effectif à l'emploi pour tous, mieux la charge de travail à accomplir pour satisfaire nos besoins sera répartie et plus faible elle sera pour chacun. Que le débat sur les retraites ne soit pas l'occasion de ressortir les bizarreries sur la fin du travail entendues ces dernières années ou bien les illusions sur un revenu d'existence s'il était conçu comme un substitut au plein emploi ! En revanche, les finalités du travail ainsi que sa place dans la vie sont bien en filigrane des problèmes débattus : conquérir la maîtrise des temps de la vie est l'un des enjeux principaux de la lutte du travail contre le capital, ce dernier n'ayant de cesse que de s'accaparer de la valeur produite par le premier ou bien de rejeter toute prise en charge des périodes de la vie de non-travail. Le taux de croissance économique modéré ci-dessus qui conduit à un doublement de la production en 40 ans suffit-il pour retrouver le plein emploi ? Au regard de l'histoire récente, certainement pas. Mais c'est ainsi uniquement parce que la conception du retour au plein emploi qui a prévalu était prioritairement fondée sur la croissance, en considérant comme immuables ou presque la répartition des revenus - essentiellement entre salaires et profits - et la durée du travail. Il n'y a que dans le cas où ces deux dernières sont figées par un rapport de forces défavorable au salariat qu'une croissance économique forte est indispensable pour restaurer le plein emploi. On retrouve sur le sujet de l'emploi la même problématique que sur celui des retraites : la réduction du temps de travail et l'augmentation des retraites se heurtent à l'hostilité du patronat et des propriétaires du capital parce qu'elles impliquent nécessairement toutes les deux une refonte de la répartition des revenus. Il est une deuxième condition pour que l'augmentation de la productivité soit acceptable : elle ne doit pas provoquer une ponction sur les ressources naturelles supérieure à leur renouvellement ni une dégradation par une pollution inassimilable. Il s'agit ici d'assurer la soutenabilité à long terme du mode de vie qui exige une révision radicale du contenu du développement. A ces deux conditions sociale et écologique, l'amélioration de la productivité peut rester un objectif d'économie . Il ne faut pas la confondre avec le productivisme qui se moque bien d'économiser puisqu'il vise à produire indéfiniment pour le profit. Ce n'est que lorsque la hausse de la productivité est utilisée exclusivement afin d'augmenter la production pour le profit qu'elle s'identifie au productivisme. D'où les nécessités d'arbitrer démocratiquement entre l'augmentation du niveau de vie et la baisse du temps de travail au fur et à mesure des gains de productivité et d'ouvrir dès maintenant la discussion sur le contenu de la croissance et à terme la discussion sur une décélération progressive et raisonnée de la croissance dans les pays riches. Il est par conséquent logique de retrouver, à travers la question des retraites, celle du contenu de la production. Car ce qui se passe dans le champ de la production n'est pas sans conséquence dans le champ de la répartition, et réciproquement. La productivité au service de qui ?` ° Secundo, après avoir mis l'évolution démographique et donc le financement des retraites en relation avec la taille du gâteau produit, il faut les relier à la répartition de celui-ci. Le MEDEF et le gouvernement veulent faire oublier que ce partage s'est considérablement dégradé au détriment des salariés au cours des vingt dernières années : ceux-ci ont perdu près de 10 points de PIB, ce qui représente en euros 2003 environ 150 milliards par an, presque autant que le montant total des retraites versées qui s'élèvent à près de 180 milliards. Ce véritable hold-up du siècle est à rapprocher du minuscule 0,3 point de PIB que coûterait à l'horizon 2040 le retour de tous les salariés du privé à 37,5 ans de cotisations d'après le calcul du Conseil d'orientation des retraites. Si l'on ne veut pas voir ce hold-up s'accentuer au fur et à mesure que le PIB augmentera, il faut inverser immédiatement la tendance à la régression de la part qui va aux salariés sous forme soit de salaires, soit de réduction du temps de travail, soit de retraites. Il y a là un gisement de revenus monétaires actuellement accaparés par les détenteurs de capitaux et dont il faut organiser pour l'avenir une autre affectation. Le rééquilibrage de la masse salariale dans la valeur ajoutée donne ainsi une latitude plus grande pour financer les retraites si nous sommes contraints d'adopter des modes de développement plus économes des ressources de la planète et si nous devons donc être moins obnubilés par la croissance. Quelle forme donner à cette inversion et à ce rééquilibrage ? Plusieurs méthodes peuvent être envisagées complémentairement, mais qui se ramènent toutes à une autre répartition de la valeur ajoutée. La première est d'augmenter simplement les salaires versés aux salariés actifs parallèlement à l'évolution de la productivité ; ainsi, les cotisations sociales vieillesses suivent le même mouvement, sans même changer leur taux. La seconde méthode consiste à augmenter le taux de cotisations dites patronales. Dans ces deux cas, on déplace directement la frontière entre la masse salariale et les profits à l'avantage de la première. Une troisième méthode, que l'on appelle souvent élargissement de l'assiette des cotisations, peut être envisagée pour déplacer indirectement cette frontière en appliquant un taux de cotisations à l'ensemble de la valeur ajoutée (masse salariale + profits). Elle présente l'avantage de moins frapper les entreprises qui emploient beaucoup de main d'œuvre par rapport à celles qui sont plus équipées techniquement ou qui, pire, sous-traitent ou ont une activité purement financière et captent ainsi de la valeur produite ailleurs . Dans tous les cas imaginables, l'important est de cibler les profits versés aux actionnaires pour ne pas pénaliser l'investissement. A l'heure de la mondialisation du capital, il est essentiel de remettre en cause le statu quo du partage de la valeur ajoutée inscrit dans la logique libérale. Sinon, il y a un risque de voir les salariés les mieux rémunérés se laisser séduire par les placements mirifiques effectués aux quatre coins du monde, là où la main d'œuvre est payée au lance-pierre. C'en serait fini des espoirs de solidarité entre les salariés du Nord et du Sud. Main basse sur la vie versus solidarité Les retraites sont des salaires indirects socialisés. Elles sont une conquête, un droit arraché au capital de disposer d'un revenu même lorsque la période de travail s'est achevée. On comprend l'acharnement du patronat à restreindre ce droit par tous les moyens. Sachant très bien que pratiquement personne ne pourra jamais atteindre la durée de cotisations requise, les 40, puis 42 et 45 ans réclamés par le MEDEF pour obtenir une retraite à taux plein, le gouvernement envisage froidement d'organiser la baisse systématique des retraites. Après avoir volé une fraction de leur vie aux salariés en prélevant une partie du fruit de leur travail, le capital veut leur enlever les moyens de poursuivre leur vie au moment de leur retraite. Comme si cela ne suffisait point, il exige la mise en place de fonds de pension pour pouvoir ravir le magot socialisé au sein des caisses de la Sécurité sociale. Gageons que la soi-disante impossibilité d'augmenter les cotisations sociales disparaîtrait comme par enchantement si elles alimentaient les caisses de fonds de pension qui iraient les jouer en Bourse. Le FMI, toujours à la pointe du combat capitaliste, ne fait pas dans la dentelle : " Un système de retraite par répartition peut déprimer l'épargne nationale parce qu'il crée de la sécurité dans le corps social" Des retraites solidaires et écologiques sont un seul et même combat car, dans le cadre du " social " comme dans celui de l'" écologie ", il s'agit de construire une solidarité intergénérationnelle. Au final, les solidarités se nouent dans un espace en trois dimensions : entre les travailleurs du monde entier eux-mêmes pour disputer la valeur créée au capital, entre deux générations pour le partage entre actifs et inactifs, entre toutes les générations pour l'accès aux ressources naturelles. Ce qui se joue à travers les retraites, c'est beaucoup plus que les retraites. C'est la reconnaissance d'une forme essentielle de bien public : l'existence d'une dette sociale qui s'éteint au moment même où elle renaît. On est aux antipodes du capitalisme et de son idéologie libérale qui ne reconnaissent que des dettes privées. La totalité de l'article: www.france.attac.org/spip.php?article2000 | |
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Rapport du Conseil d'orientation des retraites :
les retraites mises au régime
L’orchestration de la propagande en faveur d’une nouvelle réforme des retraites a accéléré son tempo. Après les exigences exprimées par le Medef tout au long de l’année 2009 pour reculer l’âge de la retraite et la certitude affichée par le gouvernement d’y procéder, le Conseil d’orientation des retraites a remis au Parlement son rapport qui étudie le passage d’un système par répartition par annuités à un système par points ou par comptes notionnels.
Le résultat des réformes de 1993, 2003 et 2007 est désastreux :
° l’allongement de la durée de cotisation à 40 et bientôt 41 ans, le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé et l’indexation sur les prix et non plus sur les salaires et la productivité ont conduit à une baisse des pensions de 15 à 20 %.
° Cela n’empêche pas l’aggravation des déficits des caisses de retraite, essentiellement due à la crise, et les entreprises continuent d’évincer les salariés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits.
3 leviers possibles, mais un seul est mis en avant par le C.O.R.
Le COR examine les effets des trois leviers disponibles pour piloter l’équilibre du système de retraite.
° Il note que « l’effet positif d’une hausse du taux de cotisation sur le solde du régime est immédiat et durable » et c’est le seul levier pour lequel les effets sont si positifs.
Pourtant, l’augmentation du taux de cotisation est absente des solutions et le gouvernement s’apprête à utiliser une fois de plus un seul levier, celui de l’allongement de la vie active, soit en reculant l’âge légal du départ à la retraite, soit en allongeant encore la durée de cotisations, dont les conséquences seraient pires que celles des précédentes réformes, compte tenu de l’aggravation des conditions de travail et de la précarité accrue. En focalisant sur l’emploi des seniors, il ne favorise pas la lutte contre le chômage des jeunes, ni le taux d’emploi des femmes. Et il ignore le fait que la descendance finale des femmes est à un niveau suffisant pour renouveler les générations.
Ce serait une catastrophe!
Le COR imagine alors ce que donnerait un changement complet de système. Disons-le nettement : ce serait une catastrophe.
° Que ce soit par points ou par comptes notionnels, il s’agirait de se débarrasser de la contrainte d’avoir à assurer un taux de remplacement minimal du salaire. Cet objectif serait atteint dans un système par points en jouant sur la diminution de la valeur du point, et, dans un système par comptes notionnels, en neutralisant l’effet de l’âge de départ à la retraite puisque la somme perçue par le retraité pendant tout son temps de retraite serait répartie en fonction de l’espérance de vie de sa génération. Dans les deux cas, la plupart des salariés, et surtout les salariés pauvres et effectuant les travaux pénibles, seraient obligés de travailler toujours plus longtemps.
° Le résultat serait sans appel : le COR estime à 15 % la nouvelle baisse des pensions à prévoir.
° De plus, le COR reconnaît qu’un système notionnel, censé s’équilibrer automatiquement, n’y parvient pas car les incertitudes tenant aux évolutions économique et démographique, qui sont le propre de tout système de retraites, ne sont pas atténuées. En revanche, un système par points ou par comptes notionnels qui serait accompagné d’une diminution des droits non contributifs tendrait à aligner le système par répartition, vidé ainsi de son contenu, sur un régime d’épargne individuelle. Il ne resterait plus qu’à reprendre une campagne de publicité pour promouvoir des fonds de pension aujourd’hui défaillants.
S'attaquer à la racine du problème: la répartition des revenus du travail et du capital!
La question des retraites ne sera pas résolue tant qu’on ne s’attaquera pas à la racine du problème : la répartition fondamentale entre revenus du travail (retraites incluses) et revenus du capital, qui est elle-même liée à l’emploi et à la durée du travail. Tant que le tabou de ne pas accroître les cotisations patronales, soit en augmentant le taux, soit en élargissant l’assiette, dominera, rien ne sera possible hormis l’aggravation de la pauvreté, des inégalités et des discriminations envers les femmes.
Attac, qui a joué un rôle important en 2003 pour décrypter les mensonges et les bêtises entourant la question des retraites, s’engagera résolument au côté de ceux qui prendront le parti de la solidarité et qui refuseront celui de l’accaparement des richesses par une minorité.
Attac France,
Montreuil, le 28 janvier 2010
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L'heure de la retraite
Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques | Article Web - 21 janvier 2010
Les retraites figurent en haut de l'agenda du sommet social auquel l'Elysée a convié, lundi 15 février, les partenaires sociaux. Du fait de la crise, la négociation sur les retraites s'annonce encore plus délicate que les précédentes. Les comptes se sont dégradés mais, dans un contexte de chômage de masse, repousser l'âge de départ à la retraite reviendrait surtout à diminuer encore le montant des pensions et aggraverait le chômage des jeunes. Il faudra donc bien, à terme, augmenter les cotisations...
Les retraites vont être un des grands sujets de l'année : lors de la dernière réforme, en 2003, rendez-vous avait en effet été pris pour 2010 afin de réajuster les dispositifs en fonction des évolutions constatées.
° Dans un premier temps, le gouvernement avait même caressé l'idée d'une refonte complète. Il se serait agi de transformer le régime général, qui aujourd'hui accorde une pension au prorata des revenus touchés pendant les meilleures années de la carrière professionnelle, en un système par point, analogue à celui des régimes de retraite complémentaire, selon le modèle de la réforme des retraites suédoises décidée dans les années 1990 (1).
Compte tenu de la dégradation de la situation économique et de l'ampleur des incertitudes qu'une telle révolution aurait suscitée, cette hypothèse semble désormais écartée.
° L'autre possibilité, longtemps soutenue par la droite, mais aussi parfois par la gauche, consisterait à faire évoluer le système de retraite pour y introduire davantage de capitalisation, c'est-à-dire d'épargne individuelle encouragée par des avantages fiscaux en vue de la retraite, sur le modèle anglo-saxon.
Les crises financières successives de 2000-2001, puis de 2008-2009 ont montré combien ces modèles étaient risqués et dangereux pour les salariés et les retraités.
Mais ces déboires n'empêchent pas les partisans de la retraite par capitalisation de revenir toujours à la charge. Pour une raison simple : ce serait l'intérêt du secteur financier pour développer son business et les capacités de lobbying de ces acteurs restent considérables malgré la crise, compte tenu des profits toujours colossaux qu'ils engrangent... On peut espérer que les louanges de la retraite par capitalisation nous seront cependant épargnées au moins cette année, mais ce n'est pas sûr : les fonds de pension comptent en effet toujours de chauds partisans au sein de la majorité actuelle...
La négociation qui s'ouvre portera donc, a priori, surtout sur les paramètres habituels : niveau des retraites et des cotisations, durée de cotisation et âge minimal de départ en retraite.
La crise a cependant profondément transformé le paysage par rapport aux négociations précédentes. Elle a en effet aggravé le déficit du régime du fait de l'évolution négative des cotisations. Tout en démentant les prévisions antérieures : avec le papy-boom enclenché en 2007 (60 ans après 1947 et le moment du démarrage du baby-boom d'après-guerre), l'hypothèse d'un recul rapide du chômage était envisagée. Or, nous ne sommes manifestement plus dans cette perspective.
D'où une négociation qui s'annonce très difficile. Les réformes antérieures ont déjà entraîné une baisse importante du niveau des retraites futures. Il serait déraisonnable d'aller plus loin sur ce plan. La question qui se pose est plutôt celle de la remontée des niveaux de retraite garantis par le système dans certains cas de figure, ainsi qu'une interrogation sur les règles d'évolution du niveau des pensions, une fois la retraite prise, très défavorable actuellement aux personnes âgées.
° Du côté de l'allongement des carrières, le gouvernement souhaiterait aller plus loin que les étapes d'ores et déjà prévues. Mais dans un contexte de chômage de masse où les seniors se retrouvent fréquemment à la porte des entreprises avant même 60 ans, cela revient en pratique à amputer encore le niveau des retraites. De plus, à un moment où la jeunesse se désespère de voir les portes des entreprises (et de la fonction publique) se fermer devant elle, celle-ci recevrait probablement le signal très négativement si on accentuait encore l'allongement des carrières, comme si rien n'avait changé par rapport au temps où on menait cette politique au nom d'une future pénurie de main-d'œuvre...
° Le gouvernement voudrait également relever l'âge légal de départ en retraite, actuellement à 60 ans. Mais ce seuil a une valeur symbolique forte, et ce changement toucherait surtout les salariés les moins qualifiés entrés sur le marché du travail très tôt. Alors que ce sont aussi souvent eux qui subissent les conditions de travail les plus difficiles et qui ont l'espérance de vie la plus courte. La question de la prise en compte de la pénibilité des tâches, non réglée depuis 2003 malgré les engagements pris à l'époque, sera d'ailleurs une des clés des compromis éventuels. Il ne faut jamais oublier en particulier dans ce dossier que, certes l'espérance de vie s'allonge, mais que l'espérance de vie « en bonne santé » (sans incapacité majeure) n'est toujours que de 64,2 ans pour les femmes et 63,1 ans pour les hommes, selon une note récente de l'Insee. Même s'ils meurent désormais fréquemment à 80 ans ou plus, les salariés ont en réalité toujours relativement peu de temps pour profiter vraiment de la retraite...
° Reste enfin la question des cotisations. Le patronat ne veut pas entendre parler de hausse et le gouvernement ne l'envisage pas pour l'instant. Même s'il faut être prudent tant que la crise dure, c'est pourtant à moyen terme un paramètre sur lequel il faudra bien jouer. En particulier pour boucher les multiples « niches sociales », régulièrement dénoncées par la Cour des comptes, notamment toutes celles qui sont liées au développement des rémunérations sous forme d'intéressement, participation et autres stock-options...
Redonner confiance aux Français dans l'avenir de leur système de retraite, dans sa capacité à assurer leurs revenus futurs n'est pas simplement un impératif social et politique, c'est aussi un enjeu économique essentiel dans le moment présent. En effet, si la négociation à venir échouait sur ce plan, et si les Français(es) en tiraient comme conclusion qu'ils n'auront probablement pas de retraite suffisante dans dix ou vingt ans, ils se mettront à épargner encore plus qu'aujourd'hui, et l'activité économique, loin de repartir, sera encore plus durablement anémiée...
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