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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 15:44

Jean-Luc Mélenchon et les retraites  <http://eldiablo.over-blog.org/article-jean-luc-melenchon-et-les-retraites-43534616.html>. Extraits de son excellent argumentaire à mettre entre toutes les mains!


 

La population active devait diminuer ! Elle augmentera !

On nous dit que le ratio actifs/retraités est passé de 3 à la fin des années 1970, autour de 2 aujourd’hui. Horrible ! Et il va descendre à moins de 1,5 en 2050. Catastrophe ! De toutes les façons il faut bien se garder de croire sur parole ceux qui brandissent des arguments démographiques. Dans les années 2000, les très savants nous jetaient à la figure l’inéluctable baisse de la population comme argument massue. Le taux de fécondité permettait d’annoncer un effondrement de la population active future. Pschitt ! C’est le contraire qui se produit. Pourtant aucun de ces importants n’a cru bon de réviser ses chiffres et de présenter des excuses. Le démographe Hervé Le bras fut mis au pilori pour avoir rappelé que tous ces chiffres ne valaient rien parce que la fécondité finale des femmes n’était pas prise en compte. Autrement dit ces grands modernes et réalistes continuaient à mesurer le nombre d’enfant par femme au même âge que celui de la génération précédente de femmes, avant la pilule la pilule et le travail de masse des femmes ! Bravo les intellos de connivence ! Les femmes font tout simplement leurs enfants plus tard ! Les gros malins n’étaient pas au courant !

 

Le nombre de retraités baissera !

Et le nombre des retraités ? Autre tableau d’apocalypse !
Selon l’INSEE il devrait augmenter de près de     63 % entre 2006 et 2050. On passerait de 13 millions de retraités en 2007 à 21 millions en 2050. Bigre ! Ils finiraient par nous faire regretter de voir les gens ne pas mourir utilement à l’âge où leur présence ne pèse pas sur les comptes.
Restons zen ! L’augmentation du nombre des retraités vient de deux sources d’égale importance.
° D’abord l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du baby-boom, c'est-à-dire les personnes nées entre 1945 et 1975. Le papy boum ! Peut-on faire remarquer que cet effet est hélas nécessairement limité dans le temps ? Il faut bien mourir et personne n’y échappe. Pour l’instant. Donc suivez la bosse démographique dans le temps et vous verrez que pour finir bientôt la mort la dégonfle.
° Par contre, entre 2036 et 2040 commenceront à arriver à la retraite les classes « creuses », enfants des baby boomers, conçus après l’arrivée de la pilule en France en 1974 ! Le nombre de nouveaux retraités diminuera alors fortement et d’un coup.

 

L’allongement de la durée de la vie ralentira.

Le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) de 2007 a quand même commencé à relativiser certaines déclarations péremptoires. Pour lui, « la mortalité baisserait moins, conduisant en 2050 à une espérance de vie à la naissance inférieur à celle des anciennes projections, de 2 ans pour les femmes et de 0,5 ans pour les hommes ». L’espérance de vie progresserait de 1,1 ans tous les 10 ans, soit 0,44 trimestres tous les ans. En 2050, il y aurait alors 650000 retraités de moins que dans les prévisions du début des années 2000. Total, entre 2006 et 2050, la population en âge de travailler ne diminuerait pas de 4,1 millions comme annoncé par les affoleurs publics ! Elle resterait stable.

 

Espérance de vie, et âge de la retraite : repère bidon !

On nous dit : « l’âge de la retraite doit être relevé parce que l’espérance de vie augmente ». Et ca passe comme si c’était la preuve d’un fait inéluctable.
Pourquoi ? Quel rapport entre la durée de vie et l’obligation de travailler ? Ca n’a jamais été le cas jusqu’à présent. Au contraire. C’est le phénomène inverse, qui s’est produit en continu depuis le 19ème siècle. L’âge de la retraite n’a cessé de baisser là où l’espérance de vie augmentait. En 1910, quand le droit à la retraite à 65 ans est affirmé pour la 1ère fois, l’espérance de vie est à peine de plus de 50 ans. En 1983, quand a été instaurée la retraite à 60 ans, l’espérance de vie approchait 75 ans ! Donc, baisse de population, augmentation du nombre de retraités, allongement de la durée de vie, les trois arguments massue du terrorisme intellectuel sont des réalités discutables et bien plus ambigües que ne le disent d’habitude les manieurs de d’évidences non démontrées. Pour moi le problème est bien mal posé. En vérité où est le problème ? Comme d’habitude il contourne la question centrale de la vie en société : le partage des richesses produites.

 

Moins nombreux mais plus productifs

Les comparaisons des faiseurs de panique ne tiennent pas compte de la hausse de la productivité des actifs. Un actif de 1983 produisait bien moins de richesses qu’un actif de 2010 n’en crée à présent.
Depuis 1983 et l’instauration de la retraite à 60 ans, la richesse créée par chaque actif a augmenté de 30 % en euros constants. Cela signifie que 2 actifs d’aujourd’hui produisent quasiment autant de richesses que 3 actifs de 1983.
Le bon repère n’est donc pas la baisse du nombre d’actifs par retraité. Mais la valeur de la richesse produite et l’affectation de son produit. Car de 1983 à aujourd’hui la part des retraites dans le PIB n’a augmenté que de deux points, passant de 10,3 % à 12,8 % du PIB. Et elle a donc augmenté moins vite que la productivité des actifs.
 Ce repère personne ne le cite jamais. Tout se passe comme si la quantité de richesses produite dans le pays allait stagner. Alors il faudrait calculer à montant de richesse constant au cours des 40 prochaines années! C’est absurde ! Dans les 40 années à venir, avec un taux de croissance moyen de 1,7 % par an, la richesse de notre pays passera à 3 400 milliards d’euros. Et il s’agit d’euros réels, constants, hors inflation. C’est une masse fantastique. Pour faire face à l’augmentation du nombre de retraités tout en annulant les réformes de la droite, il faudrait transvaser 6 % supplémentaire de la part du PIB pour le financement des retraites. Inutile de s’évanouir ! C’est un transfert tout à fait jouable. En 2050, une fois financés les 204 milliards liés à ce transfert, il restera chaque année près de 1 200 milliards d’euros de richesse nouvelles créés ! ca laisse largement de quoi financer les augmentations de salaire direct et les investissements !

 

Le partage des richesses, clef du financement

Le problème du financement des retraites se résume donc à un problème de partage de la richesse créée. Les gains de productivité ont été massivement captés par le capital alors qu’ils devraient contribuer à financer les retraites et à faire progresser les salaires.
C’est la contraction de la masse salariale qui compromet le financement des retraites. Depuis 1982, les salaires ont perdu 10 points dans le partage de la richesse créée passant de 70 % environ à 60 %.Si ces 10 points n’avaient pas été perdus par les salariés on n’aurait aucun mal à financer aujourd’hui les retraites, compte tenu de la masse de cotisations supplémentaires que génèrerait une hausse de la masse salariale.
On peut se demander si l’obstination a toujours faire des comptes pour le futur en oubliant l’augmentation de la richesse n’est pas une autre façon d’annoncer que cette richesse supplémentaire est destinée a devenir des profits plutôt que des salaires ou des pensions !

 

Le recul de l’âge de la retraite : inefficace et injuste

Le recul de l’âge de la retraite par le report de l’âge légal du départ ou le relèvement de la durée de cotisations ne résout nullement le problème financier. Le COR a calculé en 2008 que le report de l’âge légal à 61,5 ans ne couvrirait que le tiers des besoins de financements supplémentaires en 2020 et à peine 9 % en 2050 !
Cette inefficacité, payée si cher par ceux qui souffrent en étant maintenu au travail, est confirmée par le bilan de la réforme Balladur de 1993. Quel est ce bilan sur lequel personne ne demande jamais aucun compte ? L’allongement de la durée de cotisations, de 37,5 à 40 annuités, n’a permis que 4 % des économies obtenues à la suite de cette réforme ! 4% ! Tout ça pour ça ! Le passage des 10 aux 25 meilleures années représente 16 % de l’économie. 80 % de l’économie est venu de l’indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires !
Ces chiffres permettent de mesure la portée réelle de chacun des aspects de la saignée qui a été opérée par Balladur ! On mesure mieux aussi ce que valent les airs d’outrage au bon sens de ceux qui moquaient la revendication du maintien des 37,5 annuités de cotisation ! Le passage à 40 annuités n’a servi à (presque) rien pour l’équilibre des comptes mais il a massacré combien de gens ?

 

Jean-Luc Mélenchon
Président du Parti de Gauche
Député européen

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 08:00

Assurant oeuvrer pour "l'intérêt général", le président a conclu l'émission par un message résolument optimiste: "la stratégie économique et sociale va porter ses fruits, vous verrez le chômage reculer, la consommation reprendre, je m'y suis engagé".


Promesse de recul du chômage: promesse pré-électorale, contraire à toutes les prévisions sérieuses
Balayant l'aveu d'impuissance de François Mitterrand, Nicolas Sarkozy a lancé: "vous ne m'entendrez jamais dire que contre le chômage on a tout essayé".
"Dans les semaines et mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage", a-t-il promis lors d'un exercice inédit de confrontation avec 11 Français, après une interview dans le 20 heures de la chaîne privée. Ce reflux, a-t-il ajouté plus tard, interviendra "dès cette année". Propos rassurants aussi sur les chômeurs de longue durée qui devraient être un million en 2010: "personne ne sera abandonné". Mais, a-t-il dit, "la France n'a pas besoin d'assistanat". Certes ,e statistiques pour décembre dernier annoncent un recul de plus de 10 000 demandeurs d'emplois. Mais cela ne doit pas masquer la très forte augmentation du chômage sur l'année, les vrais chômeurs retirés des statistiques ( formation, ...). Et une hirondelle ne fait pas le printemps, les statistques d'un mois ( décembre, période d'intense activité commerciale avec les Fêtes) ne signifient pas une baisse du chômage sur l'année 2010.
Je vous renvoie à un article que j'ai écrit sur ce blog récemment

C'est bien Sarkozy qui a choisi le PDG d'EDF et son double salaire et il l'a justifié
Face au tollé provoqué par le double salaire de M. Proglio auquel il a finalement renoncé, mais aussi sa double fonction à EDF et Veolia (comme président "non exécutif"), le président a brandi un tract "de toutes les organisations syndicales de Veolia", réclamant qu'il assure la transition.
"Lorsque la transition sera faite, il se consacrera à 100% à ses fonctions" à EDF, a affirmé M. Sarkozy, évoquant une affaire de "quelques mois". C'est nouveau, cette idée de "transition"! Ca vient de sortir!!! En attendant, notre Président a brandi un tract syndical de Veolia, mais sans le lire ni nous laisser le temps de la déchiffrer.

Promesse de maintenir le système des retraites par répartition: mais à quel niveau, avec quel âge de départ?
Alors que déjà les organismes de retraites complémentaires font leurs choux gras, à cause des réformes passées qui remettent en cause, de fait, le système par répartition qui de plus en plus est marginalisé, réduit, mais ... existe toujours sur le principe.
Avant le scrutin régional qui s'annonce difficile pour l'UMP, il s'est engagé à prendre "avant la fin de l'année" des décisions sur les retraites qui "concerneront tout le monde", salariés du privé et agents publics. Le débat doit avoir lieu carte sur table.
"Je garantirai la pérennité des régimes de retraite" par répartition, a-t-il cependant assuré, souhaitant "le consensus le plus large possible".

Les banques: distribution de mauvais points, contre distribution ... de dividendes et bonus!
M. Sarkozy a distribué des mauvais points aux banques qui doivent "faire leur travail", qui n'est "pas d'aller jouer avec les traders sur les marchés boursiers" ou à Renault qui n'a pas été aidé pour "continuer les délocalisations".


Démagogie sur les délocalisations industrielles, en oubliant le Traité de Lisbonne!
Il dit voulpoir imposer le maintien de productions de Renault en France, mais cela reste du domaine de l'incantation, du "forcing" politicien d'un Chef d'Etat qui a impose le Traité de Lisbonne qui prévoit la liberté totale de circulation des capitaux

Haro sur le droit d'asile et le devoir d'accueil, mais guerre accrue en Afghanistan!
° Sur la remise en liberté des 123 clandestins kurdes retrouvés vendredi sur une plage corse, le chef de l'Etat a affirmé qu'ils seraient "raccompagnés chez eux".

° Au chapitre international, le chef des armées a une nouvelle fois exclu d'envoyer "de nouveaux soldats combattants" en Afghanistan, à trois jours de la conférence de Londres. Pour autant, M. Sarkozy a envisagé l'envoi de "davantage de gens pour former (l'armée afghane), encadrer la police, réaliser des travaux de génie civil, aider la population"!


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Chômage : une baisse en trompe l'œil


Malgré la baisse des demandeurs d'emploi de catégorie A, la situation du marché du travail ne s'est malheureusement pas réellement améliorée en décembre dernier.
Le chômage a baissé de 18 000 personnes en décembre entend-on partout. Bonne nouvelle... Sauf que, malheureusement, cette information est partielle et même trompeuse si on en reste là :
° il ne s'agit en fait que des chômeurs dits de catégorie A, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas travaillé du tout pendant le mois.
°  Si on prend en compte les chômeurs des catégories A, B et C (c'est-à-dire aussi ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois) la hausse est cette fois de 8 600 chômeurs, nettement moins cependant que les mois précédents.

° Mais l'affaire n'est pas encore terminée : les listes d'inscrits à Pôle emploi comportent aussi deux catégories supplémentaires (D et E qui ne sont pas considérés comme chômeurs). Elles comprennent les gens qui sont en stage ou en formation, ceux qui sont en Contrat de transition professionnelle (CTP) ou en Convention de reclassement personnalisé (CRP) et enfin ceux qui occupent des emplois aidés.
° Quand on tient compte de l'ensemble des 5 catégories de personnes comptabilisées par Pôle emploi (A, B, C, D et E), on constate une hausse des inscrits de 36 800 personnes en décembre, davantage qu'en novembre et dans la ligne des hausses mensuelles des cinq dernier mois...


Conclusion ?
° A la veille de Noël de nombreux chômeurs ont trouvé sans surprise quelques petits boulots dans les commerces.
° Et le gouvernement a fait monter en puissance les CTP, CRP et les emplois aidés. Et c'est très louable car il était plus que temps : selon l'Insee le nombre des emplois aidés n'avait toujours par retrouvé l'an dernier, malgré la crise, son niveau de 2007...
 Malheureusement la baisse du nombre de chômeurs de catégorie A ne traduit donc pas un retournement de la situation sur le marché du travail. Un chiffre en particulier est inquiétant pour l'avenir : le nombre des chômeurs inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an s'est accru de 37 000 personnes en décembre dernier...

Pour en savoir plus : le site de la Dares

Source : Dares


Rédacteur: Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques

28 Janvier 2010


 

 

 

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 17:52

Depuis sa déclaration, Martine Aubry, et la direction nationale du PS, ont réaffirmé leur attachement au droit de partir en retraité dès 6O ans. Cela ne résout pas le problème de la possibilité effective de partir, du montant des retraites, des conditions de cotisation et donc de leur financement. Car le débat essentiel est là.
Il devra avoir lieu, face aux propositions que fera Sarkozy et son gouvernement

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Pour se procurer le texte complet du 3e Rapport du Comité d'Orientation des Retraites: perspectives 2020 et 2050"
http://www.oboulo.com/troisieme-rapport-conseil-orientation-retraites-cor-retraites-perspectives-2020-2050-36885.html

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DECLARATION SOLENNELLE SUR LES RETRAITES
  

Les député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche ne se plieront pas à un appel au consensus pour démolir la retraite à 60 ans.
° Depuis plusieurs jours, une succession de déclarations de dirigeants politiques affichent une « volonté de consensus » pour remettre en cause la retraite à 60 ans.
- Le Président de la république Nicolas Sarkozy dans ses vœux aux Parlementaires s'est félicité d'un rapprochement de points de vue entre la majorité présidentielle et la gauche. François Fillon a assuré le service après-vente d'une telle déclaration.
- Le Parti socialiste, sa première secrétaire, ses dirigeants les plus influents, François Hollande, Jean-Marie Le Guen et Manuel Valls actent chacun à leur façon du caractère inéluctable d'un premier recul à 61 ans ou 62 ans de l'âge légal. Ils remettent ainsi en cause la première mesure prise en 1981 : l'abaissement de 65 à 60 ans de l'âge légal de la retraite, qui était un choix de société.

Tous, au nom d'un modernisme qui irait de soi, avancent que ce serait le seul moyen de sauver notre système de retraite.

° Le Medef par la voix de madame Parisot, se réjouit d'un consensus en construction sur des bases... qu'il a toujours préconisées !
Si l'allongement de l'espérance de vie est un fait, il n'entraine pas, contrairement à ce que d'aucun affirme, l'obligation ou la nécessité de reporter l'âge de départ à la retraite. Le Medef oublie de s'interroger sur les plans de licenciements qui frappent des centaines de milliers de nos concitoyens de plus de 50 ans et les confinent à l'assurance chômage puis aux allocations de fin de droits, sans jamais pouvoir retrouver un emploi. Dans le même temps, faire travailler plus longtemps les salarié-e-s, c'est également réduire les possibilités d'accès à l'emploi pour les jeunes.

° Le gouvernement et le Medef portent ensemble la lourde responsabilité d'avoir amené dans l'impasse les discussions sur les métiers pénibles. N'oublions pas non plus les gains considérables de productivité et les profits qui continuent de battre des records malgré la crise financière.

C'est cette politique qui fragilise gravement les ressources de l'assurance vieillesse.
Les député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche exigent une réforme profonde du financement des retraites par la mise à contribution des revenus financiers des entreprises et des banques et par une politique de création d'emplois, d’augmentation du pouvoir d'achat, des salaires et des pensions.

Au même titre que la taxe Tobin dédiée à l'aide au développement, une telle taxation permettrait sur ce secteur de l'économie d'apporter des dizaines de milliards d'euros au financement des retraites. Elle permettrait également de ne plus faire supporter aux seuls revenus du travail la charge du financement.
La droite a clairement annoncé que 2010 serait l'année de la révision de notre système de retraites.
La gauche, le parti socialiste, ne doivent nourrir d'aucune manière cette nouvelle atteinte aux droits des salarié-e-s qui est en préparation.

L'appel au «réalisme» est trop souvent annonciateur de capitulation. Nous disons non, résolument non, à ce recul de civilisation.
Nous proposons une réforme progressiste des retraites et des pensions.

Paris le 20 Janvier 2010

Les Député-e-s communistes, républicains, du parti de gauche : Marie-Hélène Amiable, François Asensi, Huguette Bello, Martine Billard, Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean-Pierre Brard, Marie-George Buffet, Jean-Jacques Candelier, André Chassaigne, Jacques Desallangre, Marc Dolez, Jacqueline Fraysse, André Gérin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean-Paul Lecoq, Roland Muzeau, Daniel Paul, Jean-Claude Sandrier, Michel Vaxès

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Propositions de la CGT   www.cgt.fr


(...)La Cgt propose que soit confortée l’ouverture du droit à la retraite à 60 ans avec, pour une carrière complète qui intégrerait les années d’études et les périodes de précarité subies, un taux de remplacement d’au moins 75 % du salaire de référence (dernier salaire dans le public, 10 meilleures années dans le privé). Les travailleurs ayant effectué des travaux pénibles bénéficieraient d’un départ anticipé.


Elle propose également un élargissement de l’assiette de cotisation à tous les revenus du travail, aux revenus financiers des entreprises, ainsi qu’une modulation de l’assiette de cotisation en fonction notamment du ratio valeur ajoutée/masse salariale.


La Cgt rappelle que la question du financement de la protection sociale, dont les retraites, appelle une autre politique de l’emploi, d’une toute autre dimension que les « mesurettes » relatives à l’emploi des seniors, avec des dispositions véritablement efficaces pour l’emploi des salariés de 50 à 60 ans, comme pour celui des salariés de moins de 30 ans.


La Cgt propose enfin la création d’une maison commune des régimes de retraite qui aurait pour mission de solidariser les différents régimes en définissant et en promouvant des mesures de progrès social.

Montreuil, le 15 janvier 2010

 

 

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Analyse économique du financement des retraites

Jean Marie Harribey - Maitre de Conférence - Co-Président d'Attac


(...) le financement des futures retraites n'est pas seulement un problème du niveau de richesses disponibles dans quarante ans mais avant tout un problème de répartition de celles-ci. Le fil conducteur de notre argumentation en faveur de retraites solidaires est donc le principe d'une affectation équitable des futurs gains de productivité du travail. Ce principe a maintenant fait le tour de France des mobilisations mais il a suscité une question cruciale : quand on sait les dangers écologiques que fait courir la croissance économique, est-il raisonnable de parier sur une augmentation de la productivité pour promouvoir une croissance de la production nécessaire à la prise en charge d'un plus grand nombre de retraités auxquels on assurerait de surcroît une amélioration du niveau de vie semblable à celle des actifs ? En d'autres termes, les retraites solidaires peuvent-elles être également écologiques ?

L'hypothèse retenue la plus fréquemment est celle d'un doublement de la production entre 2000 et 2040. Cela correspond à un taux annuel moyen de 1,75%. Est-ce assez, compte tenu des besoins à couvrir ? Est-ce trop, compte tenu des risques d'épuisement et de dégradation de la planète ?

Sur la base des prévisions démographiques relativement fiables - un accroissement annuel moyen de 1,41% du rapport retraités/actifs correspondant au passage de 4 retraités pour 10 actifs à 7 pour 10, soit + 75% sur 40 ans - une croissance de la production de 1,75% est largement suffisante pour couvrir les besoins d'une population totale en augmentation moyenne de 0,23% par an.
 Elle autorise une hausse du niveau de vie moyen de tous - certes moins élevée que la croissance économique globale - et elle compense la diminution relative du nombre d'actifs par rapport aux inactifs.
Cette conclusion est d'autant plus rassurante que, dans un premier temps, le calcul est effectué en conservant l'hypothèse pourtant défavorable aux salariés d'un maintien de la part de la masse salariale dans la valeur produite au niveau actuel de 60%. Donc, pas de panique.
Mais cette prévision de croissance aussi modérée soit-elle - elle se situe autour de la tendance moyenne en vigueur en France depuis près de 30 ans que le capitalisme peine à assurer sa propre accumulation - n'est-elle pas encore trop forte et son contenu ne mérite-t-il pas d'être révisé alors que les ressources naturelles s'épuisent et que la pollution due à un développement dévastateur submerge tout ? Lier le financement des retraites à la progression de la productivité ne reviendrait-il pas à abandonner tout espoir et toute volonté de passer d'un mode de production et de consommation gaspilleur et prédateur à un mode de production économe ?


La productivité au service de quoi ?

° Primo, on ne répétera jamais assez qu'il n'y a pas d'autre source de biens et services pour satisfaire nos besoins et donc d'autre source des revenus - qui sont la contrepartie monétaire de ces biens et services - que l'activité productive humaine.
Ainsi, la capitalisation n'est en aucune manière une solution au vieillissement démographique ; elle ne fait que redistribuer aux plus riches la valeur produite. Dès l'instant où la société estime que le niveau de vie moyen doit s'élever, la production doit progresser. Celle-ci progresse par le nombre d'actifs et par la productivité de chacun, cette dernière étant elle-même liée au savoir, au savoir-faire et à l'amélioration des équipements et de l'organisation du travail.
Sans être un indicateur absolu l'augmentation de la productivité est acceptable tant qu'elle n'est pas obtenue par une intensification du travail et qu'au contraire elle est utilisée au moins en partie pour diminuer le temps de travail, c'est-à-dire alléger la peine des humains : à la semaine (35 heures, 32, …), à l'année (congés) ou durant toute la vie (durée d'activité).
Telle est la raison profonde du refus de voir la durée de cotisations s'allonger à 40 ou 45 ans : c'est absurde dès lors que la productivité augmente, et ce d'autant plus si le chômage est élevé. La défense des retraites est inséparable de l'exigence du plein emploi. Plus on s'acheminera vers un droit effectif à l'emploi pour tous, mieux la charge de travail à accomplir pour satisfaire nos besoins sera répartie et plus faible elle sera pour chacun. Que le débat sur les retraites ne soit pas l'occasion de ressortir les bizarreries sur la fin du travail entendues ces dernières années ou bien les illusions sur un revenu d'existence s'il était conçu comme un substitut au plein emploi ! En revanche, les finalités du travail ainsi que sa place dans la vie sont bien en filigrane des problèmes débattus : conquérir la maîtrise des temps de la vie est l'un des enjeux principaux de la lutte du travail contre le capital, ce dernier n'ayant de cesse que de s'accaparer de la valeur produite par le premier ou bien de rejeter toute prise en charge des périodes de la vie de non-travail.

Le taux de croissance économique modéré ci-dessus qui conduit à un doublement de la production en 40 ans suffit-il pour retrouver le plein emploi ?
Au regard de l'histoire récente, certainement pas. Mais c'est ainsi uniquement parce que la conception du retour au plein emploi qui a prévalu était prioritairement fondée sur la croissance, en considérant comme immuables ou presque la répartition des revenus - essentiellement entre salaires et profits - et la durée du travail. Il n'y a que dans le cas où ces deux dernières sont figées par un rapport de forces défavorable au salariat qu'une croissance économique forte est indispensable pour restaurer le plein emploi. On retrouve sur le sujet de l'emploi la même problématique que sur celui des retraites : la réduction du temps de travail et l'augmentation des retraites se heurtent à l'hostilité du patronat et des propriétaires du capital parce qu'elles impliquent nécessairement toutes les deux une refonte de la répartition des revenus.

Il est une deuxième condition pour que l'augmentation de la productivité soit acceptable : elle ne doit pas provoquer une ponction sur les ressources naturelles supérieure à leur renouvellement ni une dégradation par une pollution inassimilable. Il s'agit ici d'assurer la soutenabilité à long terme du mode de vie qui exige une révision radicale du contenu du développement.

A ces deux conditions sociale et écologique, l'amélioration de la productivité peut rester un objectif d'économie . Il ne faut pas la confondre avec le productivisme qui se moque bien d'économiser puisqu'il vise à produire indéfiniment pour le profit. Ce n'est que lorsque la hausse de la productivité est utilisée exclusivement afin d'augmenter la production pour le profit qu'elle s'identifie au productivisme. D'où les nécessités d'arbitrer démocratiquement entre l'augmentation du niveau de vie et la baisse du temps de travail au fur et à mesure des gains de productivité et d'ouvrir dès maintenant la discussion sur le contenu de la croissance et à terme la discussion sur une décélération progressive et raisonnée de la croissance dans les pays riches. Il est par conséquent logique de retrouver, à travers la question des retraites, celle du contenu de la production. Car ce qui se passe dans le champ de la production n'est pas sans conséquence dans le champ de la répartition, et réciproquement.


La productivité au service de qui ?`

° Secundo, après avoir mis l'évolution démographique et donc le financement des retraites en relation avec la taille du gâteau produit, il faut les relier à la répartition de celui-ci.
Le MEDEF et le gouvernement veulent faire oublier que ce partage s'est considérablement dégradé au détriment des salariés au cours des vingt dernières années : ceux-ci ont perdu près de 10 points de PIB, ce qui représente en euros 2003 environ 150 milliards par an, presque autant que le montant total des retraites versées qui s'élèvent à près de 180 milliards. Ce véritable hold-up du siècle est à rapprocher du minuscule 0,3 point de PIB que coûterait à l'horizon 2040 le retour de tous les salariés du privé à 37,5 ans de cotisations d'après le calcul du Conseil d'orientation des retraites.

Si l'on ne veut pas voir ce hold-up s'accentuer au fur et à mesure que le PIB augmentera, il faut inverser immédiatement la tendance à la régression de la part qui va aux salariés sous forme soit de salaires, soit de réduction du temps de travail, soit de retraites. Il y a là un gisement de revenus monétaires actuellement accaparés par les détenteurs de capitaux et dont il faut organiser pour l'avenir une autre affectation. Le rééquilibrage de la masse salariale dans la valeur ajoutée donne ainsi une latitude plus grande pour financer les retraites si nous sommes contraints d'adopter des modes de développement plus économes des ressources de la planète et si nous devons donc être moins obnubilés par la croissance.
Quelle forme donner à cette inversion et à ce rééquilibrage ? Plusieurs méthodes peuvent être envisagées complémentairement, mais qui se ramènent toutes à une autre répartition de la valeur ajoutée. La première est d'augmenter simplement les salaires versés aux salariés actifs parallèlement à l'évolution de la productivité ; ainsi, les cotisations sociales vieillesses suivent le même mouvement, sans même changer leur taux.

La seconde méthode consiste à augmenter le taux de cotisations dites patronales. Dans ces deux cas, on déplace directement la frontière entre la masse salariale et les profits à l'avantage de la première. Une troisième méthode, que l'on appelle souvent élargissement de l'assiette des cotisations, peut être envisagée pour déplacer indirectement cette frontière en appliquant un taux de cotisations à l'ensemble de la valeur ajoutée (masse salariale + profits). Elle présente l'avantage de moins frapper les entreprises qui emploient beaucoup de main d'œuvre par rapport à celles qui sont plus équipées techniquement ou qui, pire, sous-traitent ou ont une activité purement financière et captent ainsi de la valeur produite ailleurs . Dans tous les cas imaginables, l'important est de cibler les profits versés aux actionnaires pour ne pas pénaliser l'investissement.

A l'heure de la mondialisation du capital, il est essentiel de remettre en cause le statu quo du partage de la valeur ajoutée inscrit dans la logique libérale. Sinon, il y a un risque de voir les salariés les mieux rémunérés se laisser séduire par les placements mirifiques effectués aux quatre coins du monde, là où la main d'œuvre est payée au lance-pierre. C'en serait fini des espoirs de solidarité entre les salariés du Nord et du Sud.

Main basse sur la vie versus solidarité
Les retraites sont des salaires indirects socialisés. Elles sont une conquête, un droit arraché au capital de disposer d'un revenu même lorsque la période de travail s'est achevée. On comprend l'acharnement du patronat à restreindre ce droit par tous les moyens. Sachant très bien que pratiquement personne ne pourra jamais atteindre la durée de cotisations requise, les 40, puis 42 et 45 ans réclamés par le MEDEF pour obtenir une retraite à taux plein, le gouvernement envisage froidement d'organiser la baisse systématique des retraites.

Après avoir volé une fraction de leur vie aux salariés en prélevant une partie du fruit de leur travail, le capital veut leur enlever les moyens de poursuivre leur vie au moment de leur retraite. Comme si cela ne suffisait point, il exige la mise en place de fonds de pension pour pouvoir ravir le magot socialisé au sein des caisses de la Sécurité sociale. Gageons que la soi-disante impossibilité d'augmenter les cotisations sociales disparaîtrait comme par enchantement si elles alimentaient les caisses de fonds de pension qui iraient les jouer en Bourse. Le FMI, toujours à la pointe du combat capitaliste, ne fait pas dans la dentelle : " Un système de retraite par répartition peut déprimer l'épargne nationale parce qu'il crée de la sécurité dans le corps social"

Des retraites solidaires et écologiques sont un seul et même combat car, dans le cadre du " social " comme dans celui de l'" écologie ", il s'agit de construire une solidarité intergénérationnelle. Au final, les solidarités se nouent dans un espace en trois dimensions : entre les travailleurs du monde entier eux-mêmes pour disputer la valeur créée au capital, entre deux générations pour le partage entre actifs et inactifs, entre toutes les générations pour l'accès aux ressources naturelles. Ce qui se joue à travers les retraites, c'est beaucoup plus que les retraites. C'est la reconnaissance d'une forme essentielle de bien public : l'existence d'une dette sociale qui s'éteint au moment même où elle renaît. On est aux antipodes du capitalisme et de son idéologie libérale qui ne reconnaissent que des dettes privées.

      La totalité de l'article: www.france.attac.org/spip.php?article2000


 
 
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Les auteur(e)(s)
 
  Jean-Marie Harribey
 
 
 
 
18/11 : La face cachée des banques
4/11 : Claude Lévi-Strauss : un “régime d'empoisonnement”
26/10 : Copenhague : L'Ultimatum Climatique
22/10 : La poste : une carte pour un référendum
21/10 : Les Yes Men font surchauffer la Chambre de commerce américaine
 
Actualité :
La crise financière
   13/07 Le sommet sur la crise de l’ONU
   11/07 FMI : influence des "distorsions" fiscales dans la crise financière
   10/07 Raconte-moi la crise
   10/05 Vers un tsunami bancaire et social Est/Ouest européen...
   18/04 Les prévisions de la FED et du FOMC
 
 
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Rapport du Conseil d'orientation des retraites :
               les retraites mises au régime

 
article publié le 28/01/2010
auteur-e(s) : Attac France


L’orchestration de la propagande en faveur d’une nouvelle réforme des retraites a accéléré son tempo. Après les exigences exprimées par le Medef tout au long de l’année 2009 pour reculer l’âge de la retraite et la certitude affichée par le gouvernement d’y procéder, le Conseil d’orientation des retraites a remis au Parlement son rapport qui étudie le passage d’un système par répartition par annuités à un système par points ou par comptes notionnels.


Le résultat des réformes de 1993, 2003 et 2007 est désastreux :
° l’allongement de la durée de cotisation à 40 et bientôt 41 ans, le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé et l’indexation sur les prix et non plus sur les salaires et la productivité ont conduit à une baisse des pensions de 15 à 20 %.
 ° Cela n’empêche pas l’aggravation des déficits des caisses de retraite, essentiellement due à la crise, et les entreprises continuent d’évincer les salariés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits.

3 leviers possibles, mais un seul est mis en avant par le C.O.R.
Le COR examine les effets des trois leviers disponibles pour piloter l’équilibre du système de retraite.
°  Il note que « l’effet positif d’une hausse du taux de cotisation sur le solde du régime est immédiat et durable » et c’est le seul levier pour lequel les effets sont si positifs.
Pourtant, l’augmentation du taux de cotisation est absente des solutions et le gouvernement s’apprête à utiliser une fois de plus un seul levier, celui de l’allongement de la vie active, soit en reculant l’âge légal du départ à la retraite, soit en allongeant encore la durée de cotisations, dont les conséquences seraient pires que celles des précédentes réformes, compte tenu de l’aggravation des conditions de travail et de la précarité accrue. En focalisant sur l’emploi des seniors, il ne favorise pas la lutte contre le chômage des jeunes, ni le taux d’emploi des femmes. Et il ignore le fait que la descendance finale des femmes est à un niveau suffisant pour renouveler les générations.


Ce serait une catastrophe!
Le COR imagine alors ce que donnerait un changement complet de système. Disons-le nettement : ce serait une catastrophe.
° Que ce soit par points ou par comptes notionnels, il s’agirait de se débarrasser de la contrainte d’avoir à assurer un taux de remplacement minimal du salaire. Cet objectif serait atteint dans un système par points en jouant sur la diminution de la valeur du point, et, dans un système par comptes notionnels, en neutralisant l’effet de l’âge de départ à la retraite puisque la somme perçue par le retraité pendant tout son temps de retraite serait répartie en fonction de l’espérance de vie de sa génération. Dans les deux cas, la plupart des salariés, et surtout les salariés pauvres et effectuant les travaux pénibles, seraient obligés de travailler toujours plus longtemps.

° Le résultat serait sans appel : le COR estime à 15 % la nouvelle baisse des pensions à prévoir.
 ° De plus, le COR reconnaît qu’un système notionnel, censé s’équilibrer automatiquement, n’y parvient pas car les incertitudes tenant aux évolutions économique et démographique, qui sont le propre de tout système de retraites, ne sont pas atténuées. En revanche, un système par points ou par comptes notionnels qui serait accompagné d’une diminution des droits non contributifs tendrait à aligner le système par répartition, vidé ainsi de son contenu, sur un régime d’épargne individuelle. Il ne resterait plus qu’à reprendre une campagne de publicité pour promouvoir des fonds de pension aujourd’hui défaillants.


S'attaquer à la racine du problème: la répartition des revenus du travail et du capital!
La question des retraites ne sera pas résolue tant qu’on ne s’attaquera pas à la racine du problème : la répartition fondamentale entre revenus du travail (retraites incluses) et revenus du capital, qui est elle-même liée à l’emploi et à la durée du travail. Tant que le tabou de ne pas accroître les cotisations patronales, soit en augmentant le taux, soit en élargissant l’assiette, dominera, rien ne sera possible hormis l’aggravation de la pauvreté, des inégalités et des discriminations envers les femmes.


Attac, qui a joué un rôle important en 2003 pour décrypter les mensonges et les bêtises entourant la question des retraites, s’engagera résolument au côté de ceux qui prendront le parti de la solidarité et qui refuseront celui de l’accaparement des richesses par une minorité.


Attac France,
Montreuil, le 28 janvier 2010
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L'heure de la retraite

Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques | Article Web - 21 janvier 2010

Les retraites figurent en haut de l'agenda du sommet social auquel l'Elysée a convié, lundi 15 février, les partenaires sociaux. Du fait de la crise, la négociation sur les retraites s'annonce encore plus délicate que les précédentes. Les comptes se sont dégradés mais, dans un contexte de chômage de masse, repousser l'âge de départ à la retraite reviendrait surtout à diminuer encore le montant des pensions et aggraverait le chômage des jeunes. Il faudra donc bien, à terme, augmenter les cotisations...

 


Les retraites vont être un des grands sujets de l'année : lors de la dernière réforme, en 2003, rendez-vous avait en effet été pris pour 2010 afin de réajuster les dispositifs en fonction des évolutions constatées.

° Dans un premier temps, le gouvernement avait même caressé l'idée d'une refonte complète. Il se serait agi de transformer le régime général, qui aujourd'hui accorde une pension au prorata des revenus touchés pendant les meilleures années de la carrière professionnelle, en un système par point, analogue à celui des régimes de retraite complémentaire, selon le modèle de la réforme des retraites suédoises décidée dans les années 1990 (1).
 Compte tenu de la dégradation de la situation économique et de l'ampleur des incertitudes qu'une telle révolution aurait suscitée, cette hypothèse semble désormais écartée.


° L'autre possibilité, longtemps soutenue par la droite, mais aussi parfois par la gauche, consisterait à faire évoluer le système de retraite pour y introduire davantage de capitalisation, c'est-à-dire d'épargne individuelle encouragée par des avantages fiscaux en vue de la retraite, sur le modèle anglo-saxon.
 Les crises financières successives de 2000-2001, puis de 2008-2009 ont montré combien ces modèles étaient risqués et dangereux pour les salariés et les retraités.
Mais ces déboires n'empêchent pas les partisans de la retraite par capitalisation de revenir toujours à la charge. Pour une raison simple : ce serait l'intérêt du secteur financier pour développer son business et les capacités de lobbying de ces acteurs restent considérables malgré la crise, compte tenu des profits toujours colossaux qu'ils engrangent... On peut espérer que les louanges de la retraite par capitalisation nous seront cependant épargnées au moins cette année, mais ce n'est pas sûr : les fonds de pension comptent en effet toujours de chauds partisans au sein de la majorité actuelle...


La négociation qui s'ouvre portera donc, a priori, surtout sur les paramètres habituels : niveau des retraites et des cotisations, durée de cotisation et âge minimal de départ en retraite.
 La crise a cependant profondément transformé le paysage par rapport aux négociations précédentes. Elle a en effet aggravé le déficit du régime du fait de l'évolution négative des cotisations. Tout en démentant les prévisions antérieures : avec le papy-boom enclenché en 2007 (60 ans après 1947 et le moment du démarrage du baby-boom d'après-guerre), l'hypothèse d'un recul rapide du chômage était envisagée. Or, nous ne sommes manifestement plus dans cette perspective.

D'où une négociation qui s'annonce très difficile. Les réformes antérieures ont déjà entraîné une baisse importante du niveau des retraites futures. Il serait déraisonnable d'aller plus loin sur ce plan. La question qui se pose est plutôt celle de la remontée des niveaux de retraite garantis par le système dans certains cas de figure, ainsi qu'une interrogation sur les règles d'évolution du niveau des pensions, une fois la retraite prise, très défavorable actuellement aux personnes âgées.


° Du côté de l'allongement des carrières, le gouvernement souhaiterait aller plus loin que les étapes d'ores et déjà prévues. Mais dans un contexte de chômage de masse où les seniors se retrouvent fréquemment à la porte des entreprises avant même 60 ans, cela revient en pratique à amputer encore le niveau des retraites. De plus, à un moment où la jeunesse se désespère de voir les portes des entreprises (et de la fonction publique) se fermer devant elle, celle-ci recevrait probablement le signal très négativement si on accentuait encore l'allongement des carrières, comme si rien n'avait changé par rapport au temps où on menait cette politique au nom d'une future pénurie de main-d'œuvre...


° Le gouvernement voudrait également relever l'âge légal de départ en retraite, actuellement à 60 ans. Mais ce seuil a une valeur symbolique forte, et ce changement toucherait surtout les salariés les moins qualifiés entrés sur le marché du travail très tôt. Alors que ce sont aussi souvent eux qui subissent les conditions de travail les plus difficiles et qui ont l'espérance de vie la plus courte. La question de la prise en compte de la pénibilité des tâches, non réglée depuis 2003 malgré les engagements pris à l'époque, sera d'ailleurs une des clés des compromis éventuels. Il ne faut jamais oublier en particulier dans ce dossier que, certes l'espérance de vie s'allonge, mais que l'espérance de vie « en bonne santé » (sans incapacité majeure) n'est toujours que de 64,2 ans pour les femmes et 63,1 ans pour les hommes, selon une note récente de l'Insee. Même s'ils meurent désormais fréquemment à 80 ans ou plus, les salariés ont en réalité toujours relativement peu de temps pour profiter vraiment de la retraite...


° Reste enfin la question des cotisations. Le patronat ne veut pas entendre parler de hausse et le gouvernement ne l'envisage pas pour l'instant. Même s'il faut être prudent tant que la crise dure, c'est pourtant à moyen terme un paramètre sur lequel il faudra bien jouer. En particulier pour boucher les multiples « niches sociales », régulièrement dénoncées par la Cour des comptes, notamment toutes celles qui sont liées au développement des rémunérations sous forme d'intéressement, participation et autres stock-options...


Redonner confiance aux Français dans l'avenir de leur système de retraite, dans sa capacité à assurer leurs revenus futurs n'est pas simplement un impératif social et politique, c'est aussi un enjeu économique essentiel dans le moment présent. En effet, si la négociation à venir échouait sur ce plan, et si les Français(es) en tiraient comme conclusion qu'ils n'auront probablement pas de retraite suffisante dans dix ou vingt ans, ils se mettront à épargner encore plus qu'aujourd'hui, et l'activité économique, loin de repartir, sera encore plus durablement anémiée...

 

 

Retrouvez la chronique de Guillaume Duval sur France Inter ici

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 13:20
Autoliv ou les aléas de la délocalisation
mardi 12 JANVIER 2010, 20:49   
 

Après s'être délocalisée en Tunisie, l'entreprise Autoliv a voulu rapatrier une partie de ses salariés tunisiens, ce que refuse le préfet.


Le préfet de la Vienne vient de refuser la demande de l’entreprise Autoliv-Isodelta
de pouvoir rapatrier ses salariés tunisiens sur son site de Chiré-en-Montreuil. La préfecture a demandé au consulat français en Tunisie de ne pas délivrer de visas aux salariés de l’entreprise délocalisée.

Cette entreprise suédoise, qui produit des volants, avait délocalisé début 2009 une partie de ses activités en Tunisie à El Nadhour, licenciant une centaine d'employés sur son site de Chiré-en-Montreuil. Mais l'incendie de sa nouvelle usine tunisienne au lendemain de Noël l’a décidé à accroître sa production en France. Alors que l’entreprise tunisienne est au chômage technique, le site de la Vienne connait une surcharge de travail. Autoliv a donc souhaité faire venir dans la Vienne une trentaine de salariés tunisiens, ce que refuse le préfet.
 

"L'argument est simple. Il y a un an, Isodelta a licencié une centaine de personnes. Ils ont fait le choix de délocaliser en Tunisie. Très bien. Mais qu'ils l'assument et qu'ils ne fassent pas venir ici des travailleurs tunisiens", a ajouté le secrétaire général de la préfecture Jean-Philippe Setbon. "Lorsque ces pays à bas coût ont des soucis, on ne veut pas ramener le travail, on veut ramener le personnel". Patrice Adam, délégué CFDT d’Autoliv, ne décolère pas. Les syndicats soutiennent donc la décision du préfet, rappelant que l’entreprise peut trouver des personnes qualifiées pour ce travail dans le département.
 

Une décision prévisible, d’autant que depuis 2006, la loi oblige les entreprises à consulter le Pôle emploi avant de recruter à l’étranger, afin de chercher des travailleurs qualifiés sur le territoire local. "On a fait une erreur", reconnaît discrètement l’équipementier automobile, qui assure que "la prochaine fois, on recrutera des intérimaires".
                                                                                                                   (Source Europe 1)

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 06:53

Du danger de croire que la crise économique est finie écrivait par Daniel Cohen dans le quotidien "LE MONDE" du  15.06.09 . "Vue de Wall Street, écrit-il, on pourrait croire que la crise est déjà finie. Le prix du pétrole remonte vers les hauts plateaux de 2007. Les banques américaines s'empressent de rembourser les avances de l'Etat, pour recommencer à payer "dignement" leurs dirigeants. Les Bourses effacent les pertes des six derniers mois. Et le personnel politique semble tenté de leur emboîter le pas."(...)

Un raidissement des Banques centrales, dont la B.C.E.

 * La BCE 'est accusée, comme les autres BC, d'avoir cédé à la panique face à la crise financière et bancaire.    
 * La Réserve fédérale s'est également raidie. Son président, Ben Bernanke, a mis en garde contre les déficits excessifs et rappelé qu'il resterait le gardien vigilant des risques inflationnistes.

L'hypothèse d'une sortie de crise prochaine s'appuie sur un certain nombre de statistiques qui font penser que le plus dur est passé.
° "Aux Etats-Unis, écrit Denis Cohen,  les destructions d'emplois se sont succédé à un rythme mensuel de 600 000 emplois perdus au cours des six derniers mois. En mai, le chiffre est tombé à 350 000. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié, début juin, un indicateur avancé de la conjoncture économique, censé anticiper le cycle économique. Celui-ci indique une "atténuation du rythme de détérioration de la croissance", laissant présager un retour à la croissance dans les six prochains mois... "


Mais ...
 ° Selon les prévisions de l'OCDE et du FMI, le croissance mondiale pourrait redevenir positive début 2010, mais il faudra attendre le dernier trimestre 2010 pour que la croissance redevienne "normale", c'est-à-dire proche de 2 % en rythme annuel...
° Cela veut dire que le chômage va continuer de croître comme une marée montante jusqu'au début de 2011. Les chiffres du chômage en France montrent cette hausse du chômage qui se poursuit.

La détresse sociale menace! 
° Chacun connait autour de lui, voire comme moi dans sa propre famille, des personnes au chômage. Parmi eux, annonçait le quotidien l'Humanité du 21/12/09," un million de privés d'emploi (sont au bord du gouffre". En 2010, "de très nombreux demandeurs d'emploi arriveront au bout de leurs droits à l'assurance chômage. Pour une minorité seulement l'Etat predra le relai. Les syndicats appellent à des mesures d'urgence".
° Et rien n'est fait pour contrer les délocalisation ( libre circulation des capitaux dans et hors de l'Union européenne, dit le Traité de Lisbonne - voir sur ce blog une analyse fouillée de ce Traité ratifié)

° Rien n'est fait pour faire reculer les inégalités de revenu dans nos pays. Les riches plient sous ...l'opulence! Leurs impôts se sont allègés (bouclier fiscal - Merci Mr Sarkozy). Mais des millions de gens grelottent de froid chez eux, faute de ressources pour se payer du chauffage ( 3,4 millions)!

Quel monde!!
° Et le moral des ménages, globalement, résistera-t-il ?

" Dans le cas américain, écrit Denis Cohen dans Le Monde, où les indemnités sont faibles et brèves, le système de protection sociale sera durement mis à l'épreuve. Malgré les "bons chiffres" de mai, le taux de chômage est déjà passé à 9,4 %. Selon le dernier rapport publié par la Banque centrale, le marché du travail demeure très fragile, les salaires restant partout atones ou en baisse."

"Dans le domaine financier, le retour annoncé des banques à la profitabilité est trop rapide pour être crédible"
. Le "stress test", auquel ont été soumis les établissements américains pour mesurer leurs besoins en fonds propres, a été très peu "stressant". (...). L'effondrement des économies des anciens pays communistes d'Europe orientale inquiète les régulateurs, compte tenu de l'exposition de nombre de banques européennes et notamment allemandes à ces pays".

"Le paradoxe central de la situation présente est qu'une anticipation trop précoce de la reprise peut elle-même devenir un facteur de rechute"
 ° La hausse du prix des matières premières montre pourquoi
. Leur effondrement a été l'une des rares bonnes nouvelles de la période récente, pour les pays importateurs. Si les prix devaient repartir trop vite à la hausse, cela casserait le pouvoir d'achat des ménages.
° De même, l'anticipation d'une sortie de crise a fait brutalement monter les taux d'intérêt à long terme, affaiblissant ainsi la portée de la politique monétaire. 
° "Le spectre d'un durcissement plus rapide que prévu de la politique fiscale" plane sur nos porte-monnaie, car les déficits publics ( des Etats en particulier) sont loin devant les 3% du PIB exigés par le Pacte de stabilité Européen. En clair, les impôts devront augmenter. Question: qui va payer??

Conclusion de Denis Cohen: "Le scénario d'une reprise dite en U, l'économie revenant lentement à la surface après avoir touché le fond, reste possible, mais il rivalise avec un scénario dit en W, où une rechute viendrait tout gâcher. Les autorités auraient-elles alors le même tonus pour y faire face ? Rien n'est moins sûr. Les signes de fatigue sont visibles pour l'action publique. Déficits publics et liquidités tous azimuts commencent à avoir mauvaise presse. Pour les gouvernements, une reprise rapide ressemble davantage à une nécessité qu'à une anticipation raisonnée".

Cela dit, n'oublions pas une autre dimension, aussi grave, de la crise: la crise écologique!
LaConférence de Copenhague a été un échec face au réchauffement climatique. Faut-il oublier, voire se résigner? Non! Même si aujourd'hui, chacun se préoccupe plus de la froidure qui couvre notre pays. Mais le "réchauffement climatique" qui réduit la calotte glacière au Pôle Nord n'y est-il pour rien?
Les prévisions des experts du G.I.E.C. sont alarmantes: sans mesures fortes, sans un plan contraigant, la hausse de la température dépassera les 2° officiellement admis comme plafond à cette Conférence. On irait plutôt vers 3-4°. Ce serait dramatique pour la vie humaine sur notre planète!

Il y a la aussi besoin d'élargir la réaction citoyenne mondiale pour que la Conférence de Mexico, en novembre 2010 soit à la hauteur des enjeux.
                                     Henri Moulinier

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Les étrennes du capital

Jean-Marie Harribey - Co-président national d'Attac
Publié dans l’Humanité Dimanche, n° 193, 7 janvier 2010

L’année 2009 s’est terminée sur fond d’impuissance politique mondiale face au réchauffement climatique et de rodomontades face à la crise financière.
Les gouvernements britannique et français ont annoncé à grand renfort de trompettes leur intention de taxer les bonus distribués par les banques pour mieux dissimuler les véritables enjeux : le crédit utilisé pour alimenter les marchés financiers sur lesquels spéculateurs et restructurateurs industriels s’activent fébrilement, des dividendes ahurissants distribués aux actionnaires et des revenus aux managers tels qu’ils ne peuvent avoir qu’un seul objectif, une rentabilité financière astronomique.

Que sera 2010 ?
 Beaucoup d’incertitudes mais une chose est sûre : les contradictions du capitalisme mondial ne disparaîtront pas. La frénésie financière, dont le principal symptôme est la formation de bulles sur tout ce qui peut apparaître comme susceptible de gonfler réellement ou artificiellement, n’a pas faibli : la spéculation sur les matières premières, notamment celles qui se raréfient, et sur les crédits carbone nés avec le Protocole de Kyoto et pérennisés par la conférence de l’ONU à Copenhague, ne demande qu’à s’épanouir.

Même si la machine économique, à coup de centaines de milliards injectés par les pouvoirs publics, se relance, les désastres n’en continueront pas moins.

° D’une part, le chômage va grimper encore car les entreprises auront été durant toute la récession en sous- utilisation de leurs capacités de production, au point que la productivité par tête a diminué.
Le premier réflexe des entreprises sera donc de restaurer ces marges de productivité bien avant l’emploi. L’Union européenne a perdu un million d’emplois au cours du seul troisième trimestre 2009, dont 700 000 dans la zone euro, en dépit de la reprise économique.

° D’autre part, et ceci serait d’autant plus inquiétant que la relance serait vigoureuse, l’hypothèse d’un « capitalisme vert » est maintenant envisagée par les classes dirigeantes. Hypothèse dangereuse car elle suppose
une fuite en avant technique laissée à la discrétion des multinationales, elle parie sur les agrocarburants pour remplacer le pétrole, ce qui implique l’accaparement des terres dans les pays du Sud, et elle confie au marché le soin de répartir les ressources au gré de la rentabilité maximale. Manière de fixer « la » norme, tant sur le terrain social qu’écologique.

De nouveaux acteurs sont entrés en jeu
Comme le capitalisme est devenu planétaire, la concurrence ne s’exprime plus seulement entre vieux pays développés, mais de nouveaux acteurs sont entrés en jeu. La Chine, l’Inde et le Brésil, après avoir ouvert leurs portes aux capitaux des multinationales, bousculent les rapports de force et entendent jouer désormais les premiers rôles.
 
Cependant, la conférence de Copenhague l’a bien montré, s’ils veulent peser dans les négociations internationales, ils sont obligés d’exprimer partiellement les intérêts des pays du Sud pris globalement, sans toutefois oublier ceux qui leur sont propres. Ainsi, le Brésil veut devenir la première puissance agro-industrielle et se fait pour cela le champion du libre-échange. Et la Chine fait la sourde oreille par rapport aux conditions de production chez elle.

Le capitalisme est entré en crise par le biais d’un surendettement privé et a tenté une sortie de crise en transformant celui-ci en endettement public massif et général.
° On montre du doigt un pays comme la Grèce (12,7% de déficit et 113,4% de dette par rapport au PIB), qui subit la double peine : un retard de productivité et le poids de l’euro. Un euro conçu pour pays riche, industriel de pointe, avec déjà dans le passé une monnaie nationale forte ou une monnaie accrochée à la monnaie dominante.
° On parle moins des
États-Unis dont le déficit 2009 est de 1420 Mds de dollars (10 % du PIB) et la dette de 12 000 Mds (80 % du PIB).

Globalement, les États sont assis sur une poudrière :
leur endettement croissant fait courir le risque d’un krach obligataire. Celui-ci est d’autant plus possible que les institutions financières privées bénéficient des taux d’intérêt très bas pratiqués par les banques centrales pour emprunter les sommes dont elles ont besoin pour acheter les bons des Trésors publics et empocher ainsi le différentiel de taux d’intérêt.

 Autrement dit, tout le système financier mondial se réjouit de la croissance des déficits publics
(nés de la socialisation des pertes du privé) jusqu’au jour où l’insoutenabilité des politiques publiques néolibérales éclatera : la croissance des déficits et de la dette sera insupportable si la diminution des impôts et les cadeaux fiscaux aux plus riches se poursuivent, sauf si, dans le même temps, on réduit plus que proportionnellement les dépenses publiques. On aura alors soit une contradiction financière exacerbée, soit une contradiction sociale explosive. En attendant ce moment dont tout le monde sait qu’il se produira, les couches sociales en capacité d’épargner ferment les yeux et se frottent les mains à l’idée qu’elles encaisseront les dividendes de leurs placements, via des institutions financières se repaissant de la dette publique.

L’exemple français est particulièrement éclairant.
Les intérêts du fameux «grand emprunt » de 22 milliards d’euros seront payés grâce à une diminution des dépenses courantes dites de fonctionnement
. C’est anti-social et, en plus, idiot : on affectera 11 milliards à l’enseignement supérieur et 8 milliards à la recherche pendant qu’on supprimera des postes d’enseignants et de chercheurs susceptibles de mettre en œuvre les sommes allouées.

En fait, l’idiotie relève plutôt du calcul le plus sordide : ouvrir une avenue aux capitaux privés. C’est la même philosophie qui sous-tend les projets de nouvelles réformes de la protection sociale. Les hôpitaux publics sont promis à la loi d’airain de la rentabilité. Les retraites sont de nouveau dans le collimateur : le Conseil d’orientation des retraites prépare un projet de passage à un système de retraites par points ou par comptes notionnels. Dans les deux cas, il s’agit d’éviter d’avoir à affronter le mécontentement des salariés – à qui on a déjà infligé plusieurs allongements de la durée de cotisation – en diminuant le montant des pensions soit en baissant la valeur du point, soit en obligeant le salarié à reculer de lui-même son départ à la retraite.

On le voit, pour commencer la nouvelle année, le capital s’offre de belles étrennes et promet le coup de bambou à tous ceux qui lui paieront ses cadeaux.

  
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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 11:27
Voici un article sur la Chine qui reprend, en forme de réponse,  le titre d'un livre "Quand la Chine s'éveillera". Il met en évidence la montée de la Chine, avec l'aide inconsciente (?) des puissants du capitalisme mondial, qui ne voient qu' à court terme,  leur seul intérêt égoîste ( leur profit maximum en terme commercial) dans l'achat et le revente de produits "Made in China", au prix de la liquidation de nos bases industrielles, en Europe, en France et ailleurs,  de la mise en jachère de compétences chez nous, de centaines de milliers de salariés jetés au chômage.

Cette "concentration" de la production réelle en Chine, que maîtrisent, somme toute, les autorités chinoises, ne va-t-elle pas à l'encontre d'un développement durable, équilibré de la planête, ne serait-ce que par les coûts en terme de transport et de pollution, mais aussi d'emplois.
Il ne s'agit pas, dans mon esprit de crier Haro sur la Chine, mais de cesser cette vision à court terme des intérêts économiques d'une minorité.

Qu'en pensez-vous?
Je vous invite à lire cet article en entier et à réagir, par vos "commentaires" si vous le souhaitez
.

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La Chine éveillée

Napoléon, puis Peyrefitte… on nous l’avait bien dit qu’elle nous ferait trembler… Si vous avez moins de 50 ans, je vais vous annoncer une mélancolique nouvelle. Cette idée d’être les meilleurs en tout, parce qu’on est blanc, judéo-chrétien, gréco-latin, Occidental, quoi, n’a plus beaucoup d’avenir.

Vous croyez qu’on aura toujours les meilleurs sièges au spectacle du monde, parce qu’on est créatif, aventureux, rationnel, qu’on a inventé la liberté et la démocratie, la science et la technologie, l’altruisme et la charité ? Vous allez être déçus. Le résultat le plus permanent de la crise actuelle, c’est que, lorsqu’elle sera terminée, l’Occident ne sera plus dans le fauteuil, mais sur le strapontin.

La Chine prend le volant. Tragique ?
 N’exagérons rien. Sur le plan cosmique, sub specie aeternitatis, une vaguelette imperceptible. Sans importance pour Gaïa et un détail pour ce qui, on l’espère, sera la longue histoire de l’humanité. Mais peut-être éprouverez-vous une vague nostalgie, dans vos vieux jours, à penser que vous aurez été les derniers dans le siège du conducteur. Un rétablissement psychologique à faire, aussi, pour la génération de vos enfants qui ne seront plus la Race des Seigneurs.

On écrira certainement des livres sur la longue décadence de notre civilisation, mais bornons nous ici au dernier chapitre. La double déconstruction, depuis deux générations, d’une part de nos valeurs et, d’autre part, de notre structure de production.(...)

Sans autre valeur que son cynique égoïsme, l’Occident, qui a bradé les outils de création de la richesse réelle, se retrouve avec des symboles monétaires qui ne valent plus rien et une force militaire qui peut encore détruire, mais dont il a été amplement prouvé, au Vietnmam et en Irak, que ses effectifs n’auraient ni la motivation ni la vertu, au sens romain du terme, de gagner une véritable guerre. L’Occident est devenu ce « tigre en papier » dont parlait Mao.

La Chine va sortir grande gagnante de cette crise. Elle a tous les atouts.

Extrait d'un article de Pierre JC Allard: Voir l'article complet à l'adresse ci-dessous
 
             http://les7duquebec.wordpress.com/2009/12/28/la-chine-eveillee/

                  Blog "Les 7 du Québec"
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 18:20

Alternatives Economiques


Paradis fiscaux : la vraie liste !

Non, les paradis fiscaux n'ont pas miraculeusement disparu depuis que le G 20 s'y intéresse. Non, la liste grise établie par l'OCDE depuis avril dernier n'est pas fiable. C'est ce que démontre le nouveau classement des « juridictions à secrets » du réseau Tax justice network (TJN), relayé en France par la Plate-forme des paradis fiscaux et judiciaires.

« Sur les dix territoires qui arrivent en tête de cette liste, seul Singapour figure encore sur la liste de l'OCDE », commente Jean Merckaert du CCFD-Terre solidaire, membre de la Plate-forme. Ces dix premiers sont, dans l'ordre, l'Etat du Delaware aux Etats-Unis, le Luxembourg, la Suisse, les Îles Caïman, la City de Londres, l'Irlande, les Bermudes, Singapour, la Belgique et Hong-Kong.

Au total, 60 territoires sont épinglés à partir d'un indice forgé par le réseau qui combine le degré d'opacité, évalué à partir de 12 critères, au poids des différentes places financières dans l'économie mondiale. L'indice de TJN prend notamment en compte la présence (ou non) de politiques anti-trust (les trusts sont des mécanismes de prête-noms qui permettent de masquer donneurs d'ordre et détenteurs de fonds), la mise en place (ou non) de lois anti-blanchiment et l'effort qui est fait (ou n'est pas fait) pour développer une vraie coopération fiscale multilatérale... Sur ce point, les exigences de l'OCDE sont jugées très insuffisantes, puisqu'il suffit de signer 12 conventions d'échanges de renseignements fiscaux avec d'autres territoires pour être retiré de sa liste grise, alors que l'indice de TJN en réclame au moins la signature de 60.

Le réseau a également cartographié les juridictions à secrets. Car comme le rappelle Jean Merckaert, « on sait que le préjudice subi par les pays en développement est très important ». Le véritable enjeu aujourd'hui, comme le montre cette cartographie, est de réguler ce qui se passe sur les grandes places financières occidentales bien plus que dans quelques îles exotiques.

Les 20 plus importants paradis fiscaux

(voir la liste complète ici)

  

Indice global de secret financier

Etats-Unis (Delaware)

1504

Luxembourg

1127

Suisse

513

Iles Caïmans

403

Royaume Uni (City de Londres)

348

Irlande

144

Bermudes

122

Singapour

109

Belgique

79

Hong Kong

76

Jersey

76

Autriche

42

Guernesey

36

Bahrain

24

Pays Bas

23

Iles vierges britanniques

15

Portugal (Madère)

12

Chypre

12

Panama

11

Israel

10

Pour en savoir plus :

Le site de la plate-forme : www.argentsale.org

La base de données de TJN : www.secrecyjurdisctions.com

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Un article précédant sur mon blog:

Le G20 et les paradis fiscaux : une posture de matamore !  

 

 

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 06:01

 

Attac France analyse la déclaration finale du G20 de Pittsburgh. 

 

http://www.france.attac.org/spip.php?article10337

 

Pour la troisième fois en moins d’un an, le G20 vient d’administrer la preuve de son obstination à conforter le système financier mondial dans ses pires travers, ceux qui ont conduit à la plus grave crise depuis quatre-vingts ans.

 

Les décisions


° Bonus : l’arbre qui cache la forêt 

Le G20 braque les projecteurs sur les bonus des traders : les bonus pourront être fixés "en pourcentage du revenu net bancaire", lorsqu’une banque "ne dispose pas de fonds propres suffisants". Les traders seraient récompensés quand ils font faire des bénéfices à leur banque et seraient pénalisés en cas de perte. Qu’est-ce que ce système, sinon une légitimation des profits d’une finance « socialement inutile » par définition, selon les propres termes de M. Adair Turner, président de l’Autorité des services financiers du Royaume-Uni ?


° G20 et FMI : les nouveaux directoires de l’économie mondiale 

Le G20 annonce le retrait du G8 pour se promouvoir nouveau gouvernement de l’économie mondiale, laissant de côté une grande partie de l’humanité, celle qui est la plus pauvre. La modification minime des droits de vote au sein du Fonds monétaire international en faveur des pays émergents n’est pas en mesure de changer véritablement la réalité du pouvoir ni les fondements de ses politiques d’ajustement structurel.


° OMC : la libéralisation des marchés reste la seule solution

Encore une fois, le G20 a défendu une conclusion du cycle de Doha à l’OMC dès l’année prochaine. "Nous maintiendrons l’ouverture et la liberté des marchés et réaffirmons les engagements pris à Washington et à Londres : nous nous abstiendrons d’élever des obstacles aux investissements ou aux échanges de biens et de services ou d’en imposer de nouveaux" et "nous ne recourrons pas au protectionnisme financier, notamment à des mesures qui restreindraient les flux de capitaux à l’échelle mondiale". L’idéologie néolibérale est intacte, malgré les dégâts qu’elle a entrainés depuis 30 ans.

Les absences


° Les paradis fiscaux seront-ils démantelés ? 

Non, ils sont blanchis, alors qu’à peine 5% d’entre eux ont signé des accords de coopération qui ne les engagent à pas grand-chose tant que les banques et les fonds spéculatifs ne seront pas empêchés d’y faire des opérations marquées par la fraude et l’évasion fiscales. Et la plupart des secrets des banquiers resteront bien enfouis.


° Les marchés de gré à gré et les hedge funds seront-ils interdits, et les produits dérivés et la titrisation fortement encadrés ?
Les banques de dépôts et les banques d’affaires seront-elles séparées ?
 

Non, tous les mécanismes financiers pratiquement incontrôlables sont maintenus et ils continueront à imposer des critères de rentabilité exorbitants et à générer des actifs financiers dont la valeur sera d’autant plus fictive qu’elle sera énorme.


° Les transactions financières seront-elles taxées ? 

Non, et pour donner le change, quelques voix gouvernementales parlent de la taxe Tobin, mais c’est aussitôt pour la rendre facultative, pour lui fixer un taux ridiculement bas, ou conditionner sa mise en œuvre à l’accord de l’ensemble des places boursières. De quoi rassurer les financiers.


° Des mesures concrètes et efficaces seront-elles prises au niveau international contre le changement climatique ? 

Non, l’appel des pays du G20 sur la question apparaît complètement creux, puisqu’aucune proposition concrète en terme de mesure et de financement n’est avancée. Leur intention affichée de "ne pas ménager leurs efforts pour conclure un accord à Copenhague" ne doit pas faire oublier que les positions actuelles des pays riches empêchent tout accord sérieux, à la hauteur des exigences écologiques.

Les conclusions d’Attac


Le G20, dans ses trois réunions de Washington (novembre 2008), Londres (avril 2009) et Pittsburgh, confirme que les gouvernements des pays les plus puissants considèrent que le système financier doit être remis en selle et non pas remis en cause : la foi en la capacité des marchés à s’autoréguler reste globalement intacte. Pourtant, la gravité de la crise, s’étendant de la finance à l’économie, au social et à l’écologie aurait dû servir de dernier avertissement.

Le sauvetage des banques et de l’ensemble du système financier sans aucune contrepartie pour la société, la relance de l’économie à coups de déficits publics sans imaginer un mode de développement écologique, et les atermoiements face au dérèglement climatique dont la régulation est confiée au marché créeront malheureusement les conditions d’une prochaine crise encore plus grave.

Les services publics, l’assurance maladie et les retraites continuent d’être privatisés dans les pays du G20, sous la pression des compagnies d’assurance et des fonds de pension, acteurs majeurs de la spéculation financière.

Les revenus du capital ne seront pas limités et ceux du travail attendront d’être revalorisés. Le G20 ne dit rien sur cette question d’autant plus cruciale que la montée extraordinaire des inégalités est l’une des principales raisons du caractère systémique de la crise.


L’association Attac réaffirme son opposition radicale à un système économique et financier prédateur et inégalitaire et son engagement en faveur :

  - d’une socialisation du secteur bancaire et financier avec un contrôle citoyen ;
  - d’une taxation internationale des transactions financières ;
  - d’une limitation stricte des revenus financiers ;
  - du placement hors marché des biens publics mondiaux ;
  - d’une régulation mondiale de la finance, de l’économie et de l’écologie (en particulier du climat) sous l’égide de l’ONU.


Contacts presse : 

 Dominique Plihon : 06 82 22 27 11
 Jean-Marie Harribey : 06 85 71 25 82

 

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 07:31
Tout est bon pour faire du profit, le maximum de profit! Même la mort!
Le capitalisme financiarisé n'est pas mort, ni même "moralisé" comme le proposait notre Président. Il bande encore!  Et la spéculation reprend aussi sur le pétrole dont les prix du brut remontent. En définitive, on reprend les mêmes et on continue, car les racines de la crise systèmiques sont toujours là!
L'alternative à ce capitalisme financiarisé s'impose. Des propositions sont sur la table, qui doivent mobiliser la gauche digne de ce nom!

Je vous invite à lire l'article ci-dessous de "Marianne                               HM

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Extraits d'un article de l'Hebdomadaire "Mariane"
:
http://www.marianne2.fr

         Et maintenant, les subprimes de la mort

"Après avoir épuisé le filon des emprunts immobiliers des pauvres, les banques américaines se jettent sur une nouvelle manne : les polices d'assurance décès. En rachetant à bas prix celles des grands malades et des vieux, elles refabriquent des produits dérivés basés sur la durée de vie des détenteurs

Pour relancer la « machine à titriser », le plan des établissements financier est simple : racheter massivement les assurances décès à de personnes âgées ou gravement malades en cash mais sous leur prix (à 30 ou 40% de leur valeur), les grouper en titres et les revendre comme des produits financiers.

Quant aux profits, ils viennent avec le corbillard.

« La mort, seule, est une certitude », faisait dire Maupassant à un de ses personnages.

Suivant la leçon, les banques américaines exploitent ce qu'il reste aux épargnants américains, dégoûtés de la Bourse et échaudés par les fonds : les polices d'assurance décès.

Comme le révélait le New York Times <http://www.nytimes.com/2009/09/06/business/06insurance.html>,Wall Street s'agite aujourd'hui autour de ce nouveau matériau et les banques d'affaires, de Goldman Sachs au Crédit Suisse, frappent par dizaine à la porte du cabinet DBRS, spécialisé dans les risques liés à l'épargne sur la vie.
 
Le plus gros risque : les progrès de la médecine !

Car, dans ce petit arrangement macabre avec la finance, plus le titulaire de la police d'assurance meurt vite, moins l'acquéreur a à cotiser longtemps et plus les profits sont hauts. D'où l'intérêt de viser les vieux et les malades.

Or, si, dans la crise des subprimes, le risque était l'insolvabilité des foyers américains ayant emprunté pour acheter un bien immobilier, le risque de ces « subprimes de la mort », c'est que les détenteurs des polices vivent trop longtemps !(...)

 
Un marché potentiel de 500 milliards de dollars rien qu'aux Etats-Unis

Dans cette histoire, les financiers de Wall Street se moquent du moment où les sujets passeront de vie à trépas : leurs bénéfices reposent très majoritairement sur la titrisation et la commercialisation de ces produits.

Et il y a du produit à titriser : le New Yortk Times <http://www.nytimes.com/2009/09/06/business/06insurance.html> évoque un marché potentiel de 500 milliards, alors que 26000 milliards de dollars d'assurances décès sont actuellement commercialisés aux Etats-Unis(...)


En France, les opérateurs sont déjà prêts !

Mais il ne faut pas croire que nous soyons protégés par le mur de l'Atlantique. Outre les filiales londoniennes des établissements financiers titriseurs de bons sur la mort, la France a elle-même une petite expérience en la matière.

Au début des années 2000, la Macif avait déjà commercialisé des titres d'assurance auto : rachetant les polices d'assurances aux conducteurs, elle avait permis de fabriquer des produits pour spéculer sur les accidents de voiture ! (...)



Car, sans l'intermédiation des assureurs, rien n'est possible !

Et l'un des plus éminents d'entre eux, Axa, présentait déjà en mai 2007 <http://www.google.fr/url?sa=t&amp;source=web&amp;ct=res&amp;cd=1&amp;url=http%3A%2F%2Fwww.ifpass.fr%2Fclasseurs%2Fmpd_27%2Ftitrisation_-_chea_-_10052007.pdf&amp;ei=cx-oSr6GHabKjAe5vsG7CA&amp;usg=AFQjCNFvztJFKr1EoSV_eQKYyA9N56PB3Q&amp;sig2=VBEWCzSP07M5sf0v> , dans le cadre d'un « séminaire innovation » le formidable potentiel de la titrisation des risques assurances.

Dans un document disponible en ligne <http://www.google.fr/url?sa=t&amp;source=web&amp;ct=res&amp;cd=1&amp;url=http%3A%2F%2Fwww.ifpass.fr%2Fclasseurs%2Fmpd_27%2Ftitrisation_-_chea_-_10052007.pdf&amp;ei=cx-oSr6GHabKjAe5vsG7CA&amp;usg=AFQjCNFvztJFKr1EoSV_eQKYyA9N56PB3Q&amp;sig2=VBEWCzSP07M5sf0v> , les experts évaluent les coûts de mise en place d'un système de titrisation des polices d'assurance décès dans le cadre d'une pandémie, la sévérité étant mesurée en pourcentage de décès par rapport à la grippe espagnole de 1918 !(...)

Le capitalisme financier a réussi à contredire Bossuet :
 la mort est aujourd'hui l'outil de la vanité !"


Jeudi 10 Septembre 2009
Sylvain Lapoix - Marianne
Source : http://www.marianne2.fr
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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 14:47
Le 10 Juillet 2009

L'électrochoc... Après les étincelles de l'emprunt obligataire, EDF demande une augmentation de 20% de ses tarifs à l'Etat. Ce qui rapporterait 13 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires... à ajouter aux 19 milliards cumulés sur les cinq dernières années. Pourtant, l'endettement d'EDF frisera les 50 milliards à la fin 2009...

Décryptage.

EDF, un groupe solide et plein d'avenir... Sur tous les canaux, les spécialistes patentés nous vantaient par voie hertzienne (ou numérique) les mérites de notre pépite franco-française.

 Et ça a marché : le grand emprunt obligataire a permis de lever 3,2 milliards d'euros, trois fois plus qu'attendu. Et encore, le chiffre n'est pas tout à fait définitif, puisque le groupe servira toutes les demandes datées du 6 juillet au plus tard. Bravo.

Mais deux jours après cette date butoir, le mercredi 8 juillet, le Pédégé Pierre Gadonneix sifflait la fin de la récré en déclarant dans une interview à Paris-Match (Le journaliste de Voici était indisponible ?) que le niveau d'endettement de sa société menace sa stabilité et qu'"il faudrait une hausse de 20% des tarifs" !
Ce qui rapporterait 13 milliards d'euros, de quoi payer les intérêts de l'emprunt...

Une dette de 50 milliards d'euros !

"En France, nous sommes contraints de nous endetter car nos tarifs ne suivent pas l'inflation" a ajouté Gadonneix.

Curieux... 3,2 milliards d'euros d'emprunt, 5 milliards d'euros de cessions d'actifs prévus en
2009, ajoutés au pactole de 19 milliards d'euros de bénéfices cumulés sur 5 ans... et l'on apprend qu'EDF est en réalité criblée de dettes et que ces piscines de lingots ne suffiront pas à combler la fuite de 24,5 milliards, qui devrait exploser à 50 milliards d'ici la fin de l'année, selon Mediapart (dont cet article s'inspire allègrement, bouh).

 On frise l'apoplexie. Mais il est vrai que le groupe distribue généreusement ses dividendes, près de 75% pour l'année 2008. Il est même probable qu'il se soit endetté pour combler ses actionnaires, dont l'Etat, propriétaire à 85%. Tout ça pour assumer des pertes liées à des décisions plus que douteuses...

Le cours boursier avant tout

Les dépenses d'investissement sont tombées à un seuil critique.
Au cours des dix dernières années, EDF n'aura guère engagé que quatre milliards d'euros par an dans l'entretien et le renouvellement de ses équipements, affirme Mediapart. Le réseau de distribution est dans un état calamiteux, le parc nucléaire est sujet aux pannes à répétition et "des maintenances préventives sont parfois reportées, faute de pièces de rechange disponibles", comme l'a constaté Pierre Wiroth, l'inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection d'EDF, dans Sciences et vie (sept 2008).

Mais la vérité était ailleurs, pour la  direction, qui préférait de loin mettre en avant ses profits records et qui s'enflammait à l'idée de multiplier les acquisitions à  l'international. Résultat : le groupe est contraint d'acheter son électricité à l'étranger et dépense des milliards pour assurer l'approvisionnement de la France.

Des acquisitions en court jus

Entre 1990 et 2005, EDF a acheté l'allemand EnbW, le britannique London Electricity et l'italien Edison, le tout pour une vingtaine de milliards d'euros. 10 milliards on aussi été engloutis dans des opérations un brin foireuses au Brésil et en Argentine.

Ces investissements plombent encore  aujourd'hui les comptes, mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin
? En 2008, Pierre Gadonneix a décidé de racheter British Energy pour 13,9 milliards d'euros, entre deux et trois fois son prix réel, selon un nombre d'analystes. Justification du boss, visionnaire : une fois implanté en Grande-Bretagne, EDF se verrait confier la mise en service
de 4 EPR. Comme si c'était fait... sauf que le Times a révélé, le 1er juillet, que l'autorité de sûreté nucléaire britannique remet fermement en cause la technologie frenchy et envisage d'interdire la construction de ce type de réacteur. Dommage.

On continue. Aux Etats-Unis, EDF a racheté 9% du groupe américain Constellation, en vue de la construction d'EPR. Et Pierre Gadonneix est prêt à remettre 4,5 milliards d'euros sur la table... pour éviter la faillite de sa nouvelle filiale.
Problème : l'EPR n'est pas certifié aux USA et ne le sera peut-être jamais car il n'est pas conçu pour résister au crash d'un avion de ligne, comme l'a révélé le Réseau Sortir du Nucléaire en 2006. Sans compter les déconvenues hexagonales liées notamment aux retards du chantier du réacteur EPR de Flamanville dont la facture risque de s'avérer bien plus lourde que prévue.

Un démantèlement ruineux et des pertes boursières

Faut-il aussi évoquer le coût du démantèlement des centrales ? En France, la durée de vie d'une centrale est théoriquement limitée à 30 ans. 34 réacteurs sur les 58 que compte la France sont menacés de fermeture dans les années qui viennent. En 2005, la Cour des Comptes estimait que le démantèlement du parc électronucléaire français coûterait 71 milliards d'euros. Chiffre contesté par le Réseau Sortir du nucléaire qui évalue l'affaire à plusieurs centaines de milliards, s'appuyant sur l'exemple de la Grande-Bretagne qui prévoit 103 milliards pour le démantèlement de son parc, bien moins important que celui de la France. "Sous-estimation" confirmée par le document de référence 2008 de l'électricien. Ce rapport précise en outre que "la valeur de marché du
portefeuille d'actifs dédiés [au démantèlement] s'élevait, au 31 décembre 2008, à environ 8 658 millions d'euros contre 8 604 millions d'euros au 31 décembre 2007". Soit une perte nette de 54 millions d'euros, dont 600 millions au titre de placements en actions ! Hasard complet : l'Autorité de Sureté Nucléaire vient d'autoriser EDF à exploiter ses vieilles centrales dix ans de plus...

Version officielle : depuis des années, les Français bénéficient des généreux tarifs d'EDF. Maintenant, il va falloir qu'ils paient... la générosité a un prix. Aussi simple !


Source :
http://www.lesmotsontunsens.com/hausse-tarifs-edf-scandale-belle-facture-5041 <http://www.lesmotsontunsens.com/hausse-tarifs-edf-scandale-belle-facture-5041>
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  • henri Moulinier
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.
  • Adjoint au maire honoraire de La Rochelle. Ancien professeur de lycée en S.E.S. et chargé de cours d'éco Université de La Rochelle. Docteur en histoire. Militant LDH La Rochelle.

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